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1°Pâques, Jn 21.1-14.
Christ est ressuscité ! C'est ainsi que les premiers chrétiens se saluaient, au matin de Pâques. Un mort était revenu à la vie, et ce mort était leur Seigneur. Les disciples avaient eu leur moment de doute, mais très rapidement ils se sont rendus à l'évidence. Même Thomas, l'incrédule, le sceptique, le rationaliste qui ne veut croire que ce qu'il peut voir. Christ est ressuscité. Il est véritablement ressuscité !
"Oui, et ça change quoi ? Qu'est-ce qui va être différent maintenant, dans notre vie de tous les jours ? " Je pourrais vous répondre avec l'apôtre Paul que nous ressusciterons nous aussi et revivrons en Christ. La mort a perdu son pouvoir. Celui qui vit et croit en lui ne mourra jamais, il est passé de la mort à la vie.
"Oui, dira-t-on, mais ça c'est pour plus tard, quand il faudra mourir ! Ma question, c'est : qu'est-ce que la résurrection change aujourd'hui pour moi ? "
Déjà, le "plus tard, quand il faudra mourir" peut venir beaucoup plus vite que prévu. On ne choisit pas l'heure de sa mort. Ensuite, et ce sera la première des leçons de notre texte : il y a des choses que la résurrection du Christ ne change pas dans notre vie.
Jésus ressuscité change bien des choses dans notre existence, mais pas tout. Simon Pierre est le premier à s'en rendre compte quand il dit aux autres : "Je vais pêcher". Après avoir revu deux fois Jésus vivant, les disciples sont retournés en Galilée, sur leur lieu de travail. Et Simon Pierre est le premier à dire : "Je vais pêcher". C'est un peu comme s'il disait : "Assez rêvé ! Pâques est passé ! Nous avons vécu un bon moment en compagnie du Maître. C'est bien beau de l'avoir revu, mais cela ne suffit pas pour vivre. Ce n'est pas ce qui nous fera manger. Au boulot ! Demain, nous aurons faim !" D'autant plus que Pierre a une belle-mère. Il est donc marié, et probablement soutien de famille. L'homme ne vit pas de pain seulement, mais il ne vit pas non plus sans pain. Alors on a l'impression que Pierre remet sobrement les pieds sur terre. On va lui réclamer à manger quand il rentrera à la maison, et lui-même sait que, dans quelques heures au plus, il aura faim.
Christ est ressuscité. Cela change beaucoup de choses dans la vie, mais pas tout. Cela ne rassasie pas un homme affamé ni un enfant qui demande à manger. La résurrection du Christ ne nous soustrait pas aux contingences de la vie. Nous avons été baptisés en sa mort, pour vivre avec lui d'une vie nouvelle. Mais cela ne fait pas de nous des anges détachés des choses matérielles.
"Je vais pêcher !" dit Pierre. Comme d'autres disent : "Je vais à mes cours, sur le chantier ou à mon bureau". Voilà ce qui n'a pas changé. La foi en Christ ressuscité ne nous procure pas non plus de rente confortable qui nous autoriserait à rendre notre tablier et à ne plus aller au travail.
Pierre retourne sur le lac. Il est pêcheur. C'est sans doute ce qu'on a été dans sa famille, de père en fils. Autant dire qu'il connaît toutes les ficelles de son métier ; la pêche n'a pas de secret pour lui. Elle lui a toujours permis de vivre ; modestement sans doute, mais il en vit. Il va donc chercher ses filets. Les autres le suivent. Allez, au travail ! Tout redevient comme avant. C'est le soir, le soleil vient de se coucher. Le vent souffle dans la bonne direction. Ils connaissent les bons endroits, là où se trouvent les bancs de poissons. Et ils pêchent toute la nuit. Le résultat est déprimant : "Cette nuit-là, ils ne prirent rien".
"Rien". Ce n'est qu'un petit mot, mais il cache beaucoup de choses. Une nuit de travail, dans l'obscurité et le vent, à jeter et tirer les filets que l'on remonte lentement dans la barque et qui restent désespérément vides. "Rien !" La plupart d'entre-nous ne connaît plus cela depuis que l'on est payé au mois et non plus à la tâche, depuis que le salaire ou la pension tombe régulièrement tous les trente du mois. Il faut être un patron comme Stéphane pour constater avec inquiétude que les dépenses filent plus vite que les rentrées, que le nouveau contrat que l'on espérait ne sera pas signé, que cela fait longtemps que l'on a pas pu se payer et qu'il faudra peut-être se séparer de l'unique employé ; "rien, le cahier des charges est vide" ! Ou bien il faut être un chômeur sortant de pôle emploi : "rien ! Il n'y a rien pour moi ! Personne n'a besoin de moi".
Qu'est-ce que la résurrection de Jésus change dans le quotidien des disciples, s'ils travaillent toute la nuit sans rien prendre ? Et pour commencer, pourquoi n'ont-ils rien pris, alors que Jésus leur avait prêché qu'ils valaient beaucoup plus que les moineaux que le Père céleste nourrit ou que les fleurs des champs qu'il habille mieux que Salomon ? "Rien !" Alors qu'il leur avait enseigné : "Ne dites pas : que mangerons-nous ? De quoi serons-nous vêtus ? Ne vous inquiétez pas du lendemain. A chaque jour suffit sa peine !"
Rien ! Pourquoi rien ? Auraient-ils oublié de prier et de demander à Dieu de bénir leur pêche ? Peut-être, et dans ce cas ils avaient besoin d'une leçon. Dieu voulait peut-être leur rappeler qu'il ne sert à rien de se lever bon matin et même de travailler toute la nuit si lui n'est pas là pour bénir le travail. Je dis : peut-être, car j'ai quand même un problème avec cette explication. Elle laisse entendre qu'un marin-pêcheur qui ne prie pas n'attrape pas de poissons, que lorsqu'on ne prie pas, on n'a rien à manger. Et nous savons très bien que ce n'est pas vrai. Nous connaissons tous un tas de gens qui ne prient pas et qui mangent, et même très bien. Certains gagnent leur vie beaucoup mieux que nous. Inversement, il y a des chrétiens qui prient, qui prient probablement plus que moi et mieux que moi, et qui ne mangent pas tous les jours.
Alors peut-être que les disciples ont prié et pourtant ils n'ont rien pris. Oui, peut-être. Mais pourquoi ? Pour que le lendemain leur filet soit vide et qu'ils reviennent bredouilles ? Non, car vous le savez, notre histoire se termine autrement. Mais nous avons parfois besoin d'une leçon ; il faut quelquefois que Jésus nous rappelle deux choses : Un : qu'il ne nous doit rien, puisque le sol a été maudit à cause de nos péchés. Deux : que tout vient de lui. Or s'il ne nous doit rien, il a droit à notre reconnaissance et ne veut pas que nous mangions notre pain sans lui dire merci. Et si tout vient de lui, il a droit à notre confiance. Et ça aussi, c'est quelque chose qu'on lui exprime dans la prière. Dans ces conditions, un chrétien ne laisse passer aucune journée sans se tourner vers Dieu dans la prière.
C'était la première leçon : la vie du chrétien au quotidien. Voici la deuxième : le Christ ressuscité veut entrer dans ma vie!
"Cette nuit-là ils ne prirent rien !" L'histoire ne s'arrête pas là, car Christ est ressuscité. Jésus leur dit : "Les enfants, n'avez-vous rien à manger ? Ils lui répondirent : Non. Il leur dit : Jetez le filet du côté droit de la barque et vous trouverez". Le Christ ressuscité entre dans la vie des disciples. La preuve ? Il leur adresse la parole. Il a quelque chose à leur dire. Il a de quoi dissiper leur déception, chasser leur tristesse et remplir leur cœur de joie.
Bien des gens se moquent du christianisme et nous disent : "Votre Dieu ne vous parle que du ciel, mais il ne répond pas présent quand on a besoin de lui dans la vie de tous les jours. Il ne vous parle pas emploi, crédit, avancement, carrière, placements". Il est vrai que Dieu n'est ni le patron du Crédit Mutuel, ni le chef du personnel de Peugeot, ni la plus douée des assistantes sociales. Il est vrai qu'il nous parle du ciel, c'est-à-dire de pardon et de salut, parce qu'il n'y a rien de plus important que cela et qu'il ne servirait à rien à un homme de gagner le monde entier, s'il perdait son âme. Mais il nous parle aussi nourriture et habits. Songez à ces paroles du Sermon sur la montagne : "Ne dites pas : que mangerons-nous ? De quoi serons-nous vêtus ? Votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain". De même ce matin : "Jetez le filet du côté droit de la barque et vous trouverez".
Les disciples ne savent pas que c'est Jésus. Ils sont à une centaine de mètres du rivage. Ce que l'inconnu leur demande de faire est contraire à toutes les règles de la pêche. Le lac de Tibériade fait 30 km de long et 15 de large, et Jésus leur demande de jeter le filet près de la rive, dans une eau peu profonde où il n'y a que des petits poissons. Or que se passe-t-il ? Ils en prennent 153, et des gros en plus ! Leur nombre est tellement impressionnant qu'ils les comptent, et la prise tellement bonne que le filet menace de se déchirer. Alors le disciple que Jésus aimait, Jean, le plus jeune de la bande, se rend à l'évidence. Il dit à Pierre : "C'est le Seigneur !" Le Crucifié est tout près, alors qu'ils le croyaient bien loin. Il est vivant et les disciples expérimentent sa puissance là, maintenant, jusque dans leur métier de pêcheurs.
Une nuit d'efforts et de fatigue ; ils n'en peuvent plus et vont rentrer fourbus à la maison, avec le moral à zéro. Et tout à coup, la surprise : "C'est le Seigneur !" Ils pensaient être tous seuls sur le lac, loin du Christ et loin de Dieu, puisque la pêche n'avait rien donné. Mais Jésus, lui, était tout près.
Il nous dit pourtant :"Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde". Jésus est là, dans ta vie, sur la rive de ton lac, de jour comme de nuit. Non, tu n'es pas seul quand tu prends ta voiture et te rends au travail. Tu n'es pas seul quand tu peines et que tu te fatigues, quand ton job te déçoit, quand tu es mal payé de tes efforts. Tu n'es pas seul quand tu lis les petites annonces et que tu cherches un emploi. Souvent ton filet reste désespérément vide, tu as l'impression de courir et de travailler pour rien. C'est faux. Jésus est là, sur ton rivage, même si les soucis t'empêchent de le reconnaître. Il est là et il te voit. Il te bénit aussi. Le filet désespérément vide finit par se remplir. Le Christ ressuscité veut entrer dans ta vie. Il t'adresse la parole et te demande : "Aimes-tu ma grâce ? Désires-tu mon pardon ? Veux-tu ma vie ?" Mais aussi, comme aux disciples : "Enfant, n'as-tu rien à manger ? Jette ton filet et tu trouveras".
C'était la deuxième leçon de notre texte : le Christ ressuscité veut entrer dans notre vie. Troisièmement : le laissons-nous entrer chez nous ?
A peine a-t-il entendu parler du Seigneur que Pierre agit. Il est comme ça, lui. Son caractère spontané nous le rend sympathique. Déshabillé pour la pêche, il enfile son vêtement et se jette à l'eau. Il veut être le premier à parler au Seigneur. Vous vous souvenez : dans la cour de Caïphe, il avait dit : "Je ne connais pas cet homme". Le problème de son reniement n'a pas encore été réglé. Jésus ne l'a pas interrogé à ce sujet.
Mais qu'importe. N'avait-il pas dit : "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos ?" Ou encore : "Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi" ? "Je ne suis pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs" ? Pierre a hâte d'être auprès de lui. N'avait-il pas couru jusqu'à la tombe en compagnie de Jean ? Ce qui l'intéresse, ce n'est plus tant le filet plein à craquer, qui les mettra tous à l'abri du besoin pendant plusieurs jours, mais celui qui l'a rempli.
Frères et sœurs, on reproche parfois aux chrétiens de ne pas faire ce que Dieu leur demande. Souvent malheureusement, c'est vrai. Notre vie a tendance à être partagée en deux. D'un côté il y a le travail, la maison, nos loisirs, la famille et de l'autre côté : le Seigneur et sa Parole. La place de Dieu, c'est le culte, pensons-nous. Là il est notre Seigneur. Ailleurs, c'est nous qui décidons.
Le dimanche ou pendant la méditation, c'est lui qui domine. Mais en semaine, quand il s'agit de nos sous, de pain et de loisirs, de salaire et d'économies, c'est notre loi ou notre volonté qui prime. Mais s'il en est ainsi, la résurrection du Christ a-t-elle réellement sa place dans nos vies ? Quand on la cloisonne en deux de cette façon, n'est-ce pas la porte ouverte au mécontentement, à l'insatisfaction, voire à l'hypocrisie ? Frères et sœurs, puisse-t-il ne pas en être ainsi ! Qu'il n'y ait pas le métier d'un côté et le Seigneur, de l'autre. Que Jésus-Christ soit partout dans notre vie, y compris dans notre travail et les fruits de ce travail. Puisse le Ressuscité être là quand nous jetons notre filet, quand il est vide et quand il est plein, car Jésus veut entrer chez nous.
Pour finir, une dernière leçon : Jésus nous invite à sa table.
Il leur dit : venez manger ! Aucun des disciples n'osait lui demander : qui es-tu ? Car ils savaient que c'était le Seigneur. Jésus s'approcha, prit le pain et leur en donna. Il fit de même avec le poisson". Il leur donne ce dont ils ont besoin, et en abondance !
Mes amis, le Christ nous invite à sa table. Savez-vous que chaque fois que nous nous mettons à table chez nous pour manger, c'est à sa table que nous nous asseyons ? Savons-nous que, alors même que nous vivons sous notre toit, dans un appartement dont nous payons régulièrement le loyer ou un logement dont nous payons sagement les traites, nous sommes chez Jésus, sous son toit, dans sa maison ? Savons-nous que tout ce que nous avons lui appartient, qu'il le met à notre disposition pour nous permettre de vivre et nous rendre heureux ?
"Venez, mangez...". Jésus invite les siens à vivre en communion avec lui. Malheureusement, il en manque un. Judas qui l'a trahi n'est pas là. Il est allé se pendre car il n'osait plus croire en son pardon. Mais il y a là Pierre qui l'avait renié en jurant : "Je ne connais pas cet homme". Il y a là Thomas qui ne voulait pas croire en sa résurrection. Il y a là les deux fils de Zébédée, Jacques et Jean, qui voulaient les meilleures places dans son Royaume. Et il y a tous ceux qui n'étaient pas là quand Jésus a agonisé sur la croix ! Ils sont tous là, près du Christ, assis à sa table, du moins autour d'un feu qu'il a allumé pour eux, pour y griller du poisson. Ils sont là, pitoyables, avec toute leur misère, petits dans leur foi et leur courage. Mais ils sont là parce qu'ils ont le droit d'y être. Ils sont les bienvenus à la table du Ressuscité, les invités du Seigneur. Jésus les aime tels qu'ils sont. Il est venu non pour les bien-portants, mais pour les malades, non pour les justes, mais pour les pécheurs.
Nous pouvons venir à lui tels que nous sommes, les Thomas, les Pierre, les Jacques et les Jean. Les Judas même et les larrons, les Marie-Madeleine, les aveugles, les boiteux, les estropiés de la parabole. Nous sommes les bienvenus aussi longtemps que nous savons tendre la main et vivre de sa grâce. Tous les jours, Jésus nous invite à sa table quand nous mangeons. Il nous invite aussi à sa table le dimanche, quand nous sommes réunis autour de sa Parole qui est pour nous le pain et l'eau de la vie. Et tout spécialement, quand il nous dit : "Venez, car tout est prêt" et qu'il nous nourrit de son corps et de son sang dans le sacrement de la cène. C'est là qu'il nous revêt de son pardon et de sa justice et nous rend participants de sa vie.
Ne l'oublions pas : les 153 gros poissons devaient nourrir les disciples et leurs familles. Mais ils représentaient aussi d'autres richesses, impérissables cette fois, un trésor qui nous vient d'un autre monde. Je pense au festin glorieux auquel nous sommes invités sur les rives de l'éternité, là où la mort est vaincue pour toujours, où, comme le dit l'apôtre Pierre, nous serons rendus participants de sa nature divine.
Alors puissions-nous, comme les disciples, lui faire confiance. Après une nuit de pêche infructueuse, de fatigues et de peines, Jésus était là pour eux, sur les rives du lac ; il leur a dit : "Venez, mangez !" Et ils sont venus et ils ont mangé. Heureux ceux qui participeront au festin de l'Agneau !
Amen.
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JESUS, SAUVEUR ADMIRABLE (rév) Amour du Christ, Carême, Passion, Suivre Jésus-Christ
AMOUR DU CHRIST
CAREME
PASSION
SUIVRE JESUS-CHRISTJESUS, SAUVEUR ADMIRABLE
( Révision de LP 260 )1. Jésus, Sauveur admirable,
Rédempteur d'un monde coupable,
Brillant de toute sainteté,
La lumière des saints anges,
Toute la splendeur des archanges
N'est devant toi qu'obscurité !
Viens graver, mon Sauveur,
Ton image en mon cœur :
Qu'il te serve !
Jésus, mon Roi, Accorde-moi
D'être pur et saint comme toi !2. Jésus, Serviteur fidèle,
Toi qui, jusqu'à la mort cruelle,
Restas toujours obéissant,
Qu'en moi tout orgueil s'abaisse,
Et que je suive sans faiblesse
Les ordres du Dieu tout-puissant !
Que, comme un simple enfant,
Je sois doux et patient,
Plein de zèle !
Jésus, mon Roi, Accorde-moi
D'être obéissant comme toi.3. Jésus, toi qui ne sommeilles,
Mais qui toujours sur les tiens veilles
Par les regards de ton amour,
Nous louons ta vigilance,
Car, dans ta vie et ta souffrance,
Pour nous tu priais nuit et jour.
Donne à tous les croyants
De demeurer patients
Et fidèles.
Jésus, mon Roi, Accorde-moi
D'être vigilant comme toi !4. Jésus, bon comme ton Père,
Sur tous tu répands ta lumière,
Les bons ainsi que les mauvais;
Et tu fais tomber la pluie
Sur le juste autant que l'impie,
Et tu les combles de bienfaits.
Tu t'es donné pour nous,
Tu fais du bien à tous,
Riche ou pauvre.
Jésus, mon Roi, Accorde-moi
D'être juste et bon comme toi.5. O Christ, Roi puissant de gloire,
Tu n'as voulu d'autre victoire
Que celle de l'abaissement.
Tu vins souffrir sur la terre
Une pauvreté volontaire
Et prendre sur nous nos tourments.
Transforme donc mon cœur,
Prends-moi pour serviteur,
Je t'en prie :
Jésus, mon Roi, Accorde-moi
D'être humble de cœur comme toi !6. Je voudrais, Sauveur fidèle,
Suivre en tout ton parfait modèle
Et devenir semblable à toi.
Viens, Jésus, par ta puissance
Me former à ta ressemblance,
Pour porter les fruits de la foi !
Que ton œuvre, ô Seigneur,
S'opère dans mon cœur,
Qu'elle avance !
Jésus, mon Roi, Accorde-moi
De vivre et de mourir en toi !Texte : Jésus, Sauveur adorable
Anonyme
Psaumes et Cantiques de Strasbourg 1841
Recueil de Cantiques luthérien 1923, 6 str
LP 260, 5 str
Rév : Yves Kéler 1985, 2008Mélodie : Wachet auf, ruft uns die Stimme
Philipp Nicolaï 1599
RA 153, EG 147
Frs: Entonnons un saint Cantique
LP 135 et 260, NCTC 186, ARC 254Le texte :
Louange et Prière 1938 a repris ce chant du Recueil de Cantiques luthérien de 1923, en l'amputant d'une strophe. L'original est dans l'édition de 1841 des Cantiques spirituels de Strasbourg.
Ce cantique est une remarquable composition sur le thème de l'Imitation de Jésus-Chrit et de suivre le Christ, en allemand " Jesu Nachfolge ". L'auteur a développé six thèmes, un par strophe : la pureté et la sainteté ; l'obéissance ; la patience et la vigilance ; la bonté et la générosité; l'humilité ; la ressemblance. La dernière strophe s'achève, comme beaucoup de ces chants, sur la mort en Christ, aboutissement de la suite du Christ et de sin imitation.
L'auteur a employé un procédé classique en Allemagne : Le premier vers de chaque strophe donne la titulature du Christ : Sauveur admirable ; Jésus fidèle ; Toi qui jamais ne sommeilles ; O Christ, puissant Roi de gloire ; ...Sauveur fidèle. Les deux derniers vers reprennent cette titulature à travers l'unique titre " Jésus, mon Roi ", et expriment 1° le vœu : Accorde-moi, 2° son contenu : D'être.... comme toi. Ce qui indique que ce chant, soit a un original allemand qu'un auteur a traduit, soit que ce dernier s'est inspiré d'un modèle allemand.
Car à cette époque, il n'y pas de composition française autre que traduite de l'allemand ou inspirée de lui, le protestantisme français se dégageant à peine de l'usage exclusif des Psaumes français. Dans les Psaumes, ce type de construction poétique n'existe pas, puisque le texte suit l'hébreu, qui ne connaît pas cette structure, même si les acrostiches et autres systèmes alphabétiques y sont connus. De plus, ce cantique est un chant christologique, sujet d'une part inconnu du Psautier, d'autre part disparu de la composition française après le 16e Siècle. Les " cantiques supplémentaires " du Psautier, par exemple ceux de Bénédict Pictet, de 1705, suivent le modèle du Psautier français. Les cantiques de langue française, publiés d'ailleurs en Allemagne (Francfort et Strasbourg) sont d'inspiration luthérienne et suivent les modèles prosodiques allemands. Ce sont le plus souvent des traductions des originaux allemands, comme dans les " Cantiques Spirituels de Strasbourg " du 18e Siècle.
J'ai mis en évidence cette structure poétique en écrivant les vers concernés en gras.
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Vendredi Saint - psaume 22.1-27
Frères et sœurs, voulons-nous vraiment savoir ce qui s'est passé ce jour à Golgotha ? Alors écoutons bien ce psaume : le Sauveur crie au monde ce qu'il a enduré sur la croix, pour qu'en jaillisse un torrent d'amour et de consolation.
Oui, cette supplique nous parle des deux visages de la croix : Un sujet d'effroi et de bénédiction.
I
Un sujet d'effroi. Je me souviens d'une moquerie, il y a des années, qui m'avait particulièrement frappée. La personne disait : « Vous les chrétiens, vous portez l'instrument de torture de votre dieu autour du cou ! S'il avait été exécuté sous la Terreur, en 1793, auriez-vous une guillotine à la place de votre croix ? »
De même, à Paris, chaque samedi, notre temple est occupé par une communauté adventiste ; eh bien, j'ai découvert un jour que le crucifix sur l'autel était systématiquement remisé à la sacristie. On le remettait en place en partant. Et très récemment, vous vous rappelez peut-être du service de sainte cène que je vous ai présenté au cours d'un après-midi paroissial ; au magasin où je l'avais emprunté, on m'avait bien précisé que la croix sur le plateau était amovible. Dans beaucoup d'assemblées évangéliques, en effet, on ne voudrait pas de ce symbole qui ferait trop catholique...
Sujet de moquerie, d'incompréhension, de rejet, voulons-nous savoir pourquoi l'Eglise a choisi la croix comme signe de ralliement ? Alors oui, écoutons bien le psaume 22. C'est une confession publique du crucifié, le cri de son agonie pour notre salut.
Mais vous direz peut-être : Pasteur ! Le journal télévisé nous a déjà montré tant horreurs ; faut-il venir au temple pour continuer à broyer du noir ?
Hélas ! Un bon médecin va-t-il cacher son mal à un patient ? Faut-il taire le diagnostic sous prétexte qu'il me donne des angoisses ?
Sommes-nous jamais assez sensibles au péché, et touchés par le mal que nous faisons ? Avons-nous suffisamment peur de nous-mêmes et de nos réactions ? Et savons-nous seulement pourquoi le ministère de Jésus s'achève par de tels tourments ? Ici, il n'y en a pas que pour les adversaires comme Caïphe, les enragés du sanhédrin, les complices comme Pilate, les traîtres comme Judas, les désespérés comme Pierre : il y en a aussi pour nous. « Nous étions par nature des enfants de colère - écrira Paul un peu plus tard (Ep 2) - comme les autres ». Et il ajoute : « Le salaire du péché, c'est la mort » (Rm 6.23).
Tout au long des siècles dans la chrétienté, les artistes ont représenté le Christ en croix ; la vision la plus saisissante étant à mon avis tout près d'ici, à Colmar. Un crucifix plus ou moins réaliste orne ainsi l'autel de quantité d'églises, dans notre synode et chez nos voisins, tandis que d'autres lui préfèrent la croix nue - comme celle-ci - qui évoque aussi la résurrection. Cependant, quelle que soit sa forme et la représentation qu'elle propose, ne cachons pas cette croix à la sacristie ! Et si le retable d'Issenheim nous donne des malaises, tant mieux. C'est dans l'esprit du Seigneur de nous infliger cette thérapie. Apprenons le dégoût du péché sous cette croix. Si elle domine Golgotha depuis deux mille ans, c'est à cause de nous finalement.
Mais là encore, quelques-uns diront : si je relis les Dix Commandements, ben... je ne suis pas un si mauvais croyant !
Personnellement, je n'oserais jamais m'exprimer de cette façon. En chaque être humain réside une part d'ombre. Heureux celui qui a la chance de ne jamais l'avoir vue émerger. Mais malheureux celui qui nie cette part de lui-même.
Jésus ne m'apprend-il pas à demander le pardon de mes offenses, comme je pardonne - en théorie ! - à ceux qui m'ont offensé ? Car je ne suis pas très beau quand je tourne le dos à ma femme, quand je me défile devant les problèmes ou la solitude d'un frère, en faisant semblant de ne pas les voir. Je suis moche dans ma foi chaque fois que j'ai honte du crucifié, que je préfère ne pas en parler... Où est mon amour pour son Evangile, ma vocation de baptisé, mon serment de confirmands, ma réponse à le servir quand je considère l'emploi du temps de mes semaines, des mois écoulés...
Maudite croix qui doit harceler nos consciences ! Car « maudit quiconque est pendu au bois » écrit Paul. Le Christ fut maudit parce qu'il portait toutes les offenses du monde. D'où la plainte du crucifié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné » ! Le péché privait effectivement le Fils de Dieu de tout secours pour qu'il endure la peine des damnés. Etre damné, c'est n'avoir plus de Dieu. C'est l'absence totale d'espoir et de secours. C'est effrayant. Ceux qui sont passés par cette pénible impression comprennent cette plainte.
Le psaume 22 annonce les terreurs de celui qui crie le jour, et Dieu ne répond pas ; la nuit, et il ne trouve pas de repos. Il envie les patriarches auxquels Dieu répondait toujours. Mais lui, il est traité comme un ver et non comme un homme ; il n'inspire que répulsion et dégoût !
Pourquoi cet abandon ? Esaïe nous répond : « Ce sont nos souffrances qu'il a portées, c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé. Il était blessé par nos transgressions, brisé à cause de nos fautes. » En d'autres termes, tous les péchés du monde sont là, dans son cœur, et le tourmentent. Et de fait, toute la réprobation de Dieu pèse sur lui.
J'entends dire que les cultes seraient plus agréables sans confession des péchés. Quelqu'un me disait récemment : dans votre Eglise, vous parlez toujours de repentance ; si Dieu nous a déjà pardonnés, pourquoi le lui demander à nouveau ?
Mes amis, ne sous-estimons jamais le péché ! Ne raisonnons pas comme s'il s'agissait d'une illusion ou d'une affaire classée ! Gardons du psaume 22 au moins un enseignement : il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant ! Cet avertissement contient une angoisse nécessaire. Christ nous parle ici de souffrances et de plaintes réelles. Alors tirons des leçons de sa plainte, pour notre piété et notre louange !
Aux tourments de l'âme s'ajoutent les railleries du monde : « Tous ceux qui me voient se moquent de moi, ils ricanent, ils hochent la tête, dit le psalmiste : Recommande ton sort à l'Eternel ! L'Eternel le sauvera, il le délivrera, puisqu'il l'aime » ! Ces paroles prophétiques s'accompliront à Golgotha.
On inflige au supplicié des insultes qui font très mal. On se moque de lui, parce qu'il prétend être le Fils de Dieu. On rit de ce qu'il a de plus cher : son pouvoir d'aimer et de sauver. Il ne peut même pas compter sur un peu de solidarité, comme on en trouve chez les gens qui partagent la même galère.
C'est ce que Jésus appelle lui-même « le péché contre le saint Esprit », c'est-à-dire le mépris de son Evangile. Ce péché fait que tous les autres restent impardonnables.
Pourtant, le condamné prie : « Oui, tu m'as fait sortir du ventre de ma mère, tu m'as mis en sécurité contre sa poitrine ; dès ma conception, j'ai été sous ta garde, dès le ventre de ma mère tu as été mon Dieu. Ne t'éloigne pas de moi quand la détresse est proche, quand personne ne vient à mon secours » !
Vous avez expérimenté, je pense, combien il est difficile, dans la douleur, de rester docile et confiant ! On souffre, on doute, on est abattu ! Ou alors on accuse l'Eglise, le pasteur : ses manques, ses lacunes... Je comptabilise ses maladresses comme si j'étais la vertu incarnée. Rien de semblable dans la plainte du crucifié. Lui qui n'avait jamais commis de péché, Dieu l'a pourtant fait devenir péché pour nous. Plus tard, il mettra cette obéissance à notre crédit pour que Dieu nous regarde comme des justes.
Tourments de l'âme, moqueries... Puis vient le supplice des criminels : ils ont percé ses mains et ses pieds, annonce le psaume. On le méprise assez pour se distribuer le peu qu'il avait. On se partage ses vêtements. On tire au sort son habit. Voilà tout le bénéfice que les soldats pensent en tirer. Alors que lui, en cet instant, prépare pour les coupables le manteau blanc de la justice et de l'innocence.
Oui, c'est vrai, le malaise est profond quand on lit ce psaume. Dimanche dernier, nous avons entendu Jésus demander : « Si l'on traite ainsi le bois vert, qu'arrivera-t-il au bois mort ? » (Lc 23.31) Cela voulait dire : Si j'ai tant souffert à cause de péchés qui m'étaient étrangers, quel ne sera pas le sort des vrais coupables ?
Ici, nous devrions faire une minute de silence, non seulement par respect pour le crucifié, mais pour réfléchir, chacun pour soi, dans l'intimité de son cœur, à sa part de responsabilité.
II
Mais attention : il ne faut surtout pas s'arrêter là ! Si l'homme ne voit que ce visage de la croix, il la rejettera violemment. Il condamnera de toutes ses forces ce père qui laisse ainsi mourir son enfant. Enlever à la croix une partie d'elle-même, c'est aussi tomber dans le piège du légalisme. En effet, sans sacrifice expiatoire, la malédiction de la loi demeure et il me faudra trouver d'autres chemins pour l'apaiser. Je serai toujours dans la logique du donnant-donnant et la tyrannie des œuvres ! Dans les deux cas, Christ est mort en vain. C'est pourquoi rappelons quelle bénédiction offre cette croix !
Je vais vous faire une confidence : cela ne me choque pas de voir un chrétien embrasser un crucifix, pourvu qu'il le fasse en mettant sa confiance dans le crucifié, et non dans une pièce de bois ou de métal ! Car il y a de quoi aimer cette croix à cause de celui qu'elle porte !
Frères et sœurs, Jésus n'a pas souffert pour que nous sortions du culte avec la nausée, comme on peut sortir d'un cinéma après avoir vu la passion selon Mel Gibson. Notre Sauveur ne veut pas non plus que sa croix soit pour nous un sujet de lamentations ou de contemplation morbide. Il nous aime trop pour nous laisser sur cette impression.
Dieu désire qu'un bien immense couvre notre peine. A l'exemple de cette femme en larme qui, un jour, a versé un parfum précieux sur les pieds du Maître ! Elle avait compris le prix de l'amour dans l'annonce de sa mort pour les péchés du monde, donc pour les siens, les tiens et les miens.
Puisse le Saint Esprit nous donner pareillement des larmes de bonheur lorsque nous regardons la croix. En effet, Jésus est mort pour nous éviter ce que la Bible appelle la seconde mort : la mort spirituelle qui nous aurait maintenus éternellement sous la domination du péché. Cela fait plus de 2000 ans que des enfants, les femmes et des hommes trouvent au pied de la croix le pardon qui guérit, la lumière qui libère, la confiance et la joie de se savoir aimé tel que l'on est, parfaitement et totalement aimé. Ecoutez comme il en parle, dans ce psaume : « Il ne méprise pas, il ne repousse pas le malheureux dans sa misère et ne lui cache pas son visage... Les malheureux mangeront et seront rassasiés, ceux qui cherchent l'Eternel le célébreront ! »
Nous avons dit que ce psaume nous parle des deux visages de la croix : Elle est un sujet d'effroi, mais aussi de bénédiction. Le pardon va se déverser en cascade sur l'enfant de Dieu.
Dans notre catéchisme, page 47, il y a un passage que j'aime beaucoup où les auteurs expliquent la différence entre la loi et l'Evangile. Parmi les quatre réponses, il y a celle-ci : la loi nous dit ce que nous devons faire ; l'Evangile par contre nous dit ce que Dieu a fait et continue de faire pour notre salut. C'est le mot continue qui m'intéresse ici.
Ces paroles affirment que lorsqu'un chrétien prie, Jésus l'entend. Quand il désespère de lui-même, il pardonne. Quand il est tourmenté, il accourt. Quand l'épreuve fait très mal, il est là. Quand la maladie nous torture, que la mort menace, il se tient près de nous et met à notre disposition le prix de ses souffrances.
Maintenant, nous pouvons construire solidement et aller de l'avant : le Sauveur nous précède ; le Roi de l'Eglise entoure ses enfants, veillent sur eux et les fera asseoir avec lui dans le royaume de son Père. De sa croix descendent pour nous un torrent d'amour, un fleuve intarissable de pardon, une source inépuisable de paix.
Quand on sait voir ses deux visages, la croix de Golgotha se dresse dans l'histoire comme la plus belle alliance entre Dieu et l'humanité.
Une alliance, par définition, est appelée à durer. Eh bien ! En vertu de sa passion et de sa mort innocente, l'Eternel peut nous faire ce serment : « J'accomplirai mes vœux en présence de ceux qui te craignent... Que votre cœur vive à perpétuité ! »
Mes amis, prêchons Christ crucifié, ne supprimons pas la confession des péchés de nos cultes ! L'Esprit veut que nous regardions la croix avec confiance, que nous soyons attirés par elle ! Il désire que nous recherchions le Christ dans sa Parole, que nous l'écoutions, que nous l'adorions et le servions.
Il a pour chacun les moyens de vaincre le péché et la mort. Il a de quoi rendre ferme et solide le plus faible. Il a de quoi bénir ta vie, ton couple, tes études, ton travail, tes projets et tes voeux...
Sur cette croix, il y a quelqu'un qui nous comprendra toujours, qui nous consolera et nous accueillera toujours. Quelqu'un qui saura nous faire chanter en dépit des échecs, espérer malgré la vieillesse, triompher malgré la mort.
Nous n'avons qu'une chose à faire, toute simple, toute facile et si agréable : nous laisser aimer, nous laisser soigner et consoler, nous laisser fortifier !
Sur cette croix il a tout fait à merveille. Là, il ne manque aucune parcelle de son amour.
Alors c'est vrai, cette croix a deux visages : Celui de la malédiction et celui de l'amour. Mais Christ est venu engloutir la malédiction pour que nous soyons bénis d'amour ! Amen !
« A l'agneau qui a été immolé et qui a racheté pour Dieu des hommes de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue, soient l'honneur, la louange et la gloire d'éternité en éternité » ! Amen !
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Prédication
Après les lectures, vient la prédication qui va reprendre la Parole et l'expliquer, comme autrefois le Seigneur Jésus entrait dans la synagogue, à Nazareth par exemple, et prenant le rouleau du prophète, expliquait qu'aujourd'hui se réalisait la prophétie. En effet, il s'agit bien d'un moment prophétique: non un souvenir d'événements passés, mais de ce que aujourd'hui, ici et maintenant, veut dire pour nous la Parole du Seigneur.
Certes, cette Parole ne change pas, ce Maître reste identique à lui-même. Mais le monde, et nous-mêmes, nous changeons. Il faut toujours à nouveau que cette Parole nous soit appliquée et ses conséquences révisées en fonction de ce que nous sommes et de ce que nous vivons aujourd'hui, non pas hier, mais aujourd'hui. La prédication est le moyen que Dieu emploie pour intervenir directement dans la vie des fidèles et dans la vie de l'Eglise pour consoler, redresser, réformer, mettre en question. Cette Parole n'est pas la propriété de l'Eglise ; elle lui est toujours extérieure, elle lui est adressée du dehors, du Dieu vivant, qui veut que nous la recevions pour la rendre au monde. Si la lecture de l'Ecriture était comme la mort et la résurrection, la prédication est comme l'Incarnation, la naissance de Jésus qui passe par Marie et à travers elle est donnée au monde. La Parole libre et souveraine nous est donnée pour que, tissée de notre chair, elle pénètre dans ce monde des hommes en commençant par nous.
En dépit du caractère humain de son témoignage, la prédication n'est pas une simple méditation sur la Parole ; elle est la proclamation même de cette parole, elle est un miracle de Dieu. Luther disait avec une belle liberté et obstination: "Un prédicateur n'a pas à chercher le pardon quand il a prêché, mais il doit dire avec Jérémie, joyeusement : Seigneur, tu le sais, ce qui est sorti de ma bouche est juste, et avec Paul : j'ai été prophète de Jésus-Christ dans cette prédication, il s'agit de la Parole de Dieu et non de la mienne. Celui qui ne peut se glorifier de cela, qu'il renonce à prêcher, car alors il est menteur et blasphémateur".
La prédication représente un moment nécessaire de notre service : le royaume de Dieu n'est pas encore là, et l'Eglise, qui est encore dans le monde, a besoin des lumières de cette Parole pour être guidée, consolée, fortifiée. Elle a besoin dans son combat d'être mise en garde, enseignée, encouragée. Aussi faut-il savoir écouter et recevoir. Certes, le pasteur a une terrible responsabilité en montant en chaire. J'en connais qui tremblent chaque fois. Et c'est pourquoi il passe du temps, de ce précieux temps de la semaine, à se préparer, averti que tout ce qu'il dira doit d'abord être soumis à Dieu "pour approbation". C'est là sa vocation première, il doit y consacrer beaucoup de son temps.
Mais le pasteur ne suffit pas à faire un bon sermon. Il y faut une communauté attentive. Et d'abord bien préparée. Si un musicien répète pendant des heures, si un athlète s'entraîne longtemps, un chrétien aussi se prépare à rencontrer son Seigneur. Il faut profiter encore de ces moments de silence avant et pendant le culte pour y entrer et se recueillir et être prêt, comme le dit l'apôtre Jacques, "à recevoir avec douceur la Parole". Recevoir, quand Dieu donne, requiert de notre part beaucoup d'humilité, car il vient à nous comme il le veut et non comme nous le voulons.
Entendre signifie être confronté à Dieu et être appelé à prendre une décision, pour vivre à nouveau ce sermon dans notre vie quotidienne. Il peut y avoir des moments de grande sécheresse spirituelle. Bonhœffer écrivait : "nous ne devons pas être troublés par de telles expériences, mais concentrer notre attention sur la Parole et lui laisser son action propre. Ne se pourrait-il pas que Dieu lui-même nous envoie ces heures de sécheresse pour que nous puissions être à nouveau amenés à attendre tout de sa Parole ?"
Dieu parle, à nous de l'écouter dans l'humilité et dans la joie.
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