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1er dimanche après la Trinité
Luc 7, 1-10
Ce récit se trouve juste après le sermon sur la montagne. Jésus y a parlé au peuple comme aucun autre ne l'avait fait avant lui : expliquant patiemment les règles d'or d'une relation personnelle avec Dieu et les bienfaits qui en découlent. Luc raconte ensuite deux guérisons, deux miracles par lesquels Jésus joint le geste à la parole et prouve son autorité divine sur la mort.
Le miracle d'aujourd'hui est tout à fait extraordinaire. Tout d'abord, il y a là un serviteur qui souffre le calvaire. Il n'y avait pas de morphine à cette époque ; sa douleur est si intense qu'il en est cloué au lit. Et puis voici son maître, un militaire. Il a tant d'affection pour son serviteur qu'il se met en quatre pour lui trouver du secours. Cet officier commande une centaine d'hommes : c'est ce que veut dire le terme « centenier ». C'est un Romain et il fait partie des troupes d'occupation de la Palestine. Pourtant, il est respecté et aimé par les Juifs de Capernaüm. Luc explique, en effet, qu'il aimait leur nation au point d'avoir fait bâtir une synagogue, un lieu de culte, à ses propres frais. L'officier a entendu par-ler de l'enseignement et des miracles de Jésus. Dans son coeur, la foi est née. Une démarche toute sim-ple serait donc d'aller trouver le Christ, mais il se trouve face à plusieurs problèmes : les rapports en-tre Juifs et Romains n'étaient généralement fait que de haine et de méfiance. Alors comment lui, l'oc-cupant, le soldat, peut-il espérer l'aide du rabbi de Nazareth ?
Bien plus : admettons qu'il aille le trouver, comment Jésus pourrait-il l'aider ? Le serviteur est sur le point de mourir, il est intransportable. Or, Jésus est un Juif et selon la loi juive, il ne peut entrer dans la maison d'un païen. Vous voyez que ces deux mondes n'étaient vraiment pas faits pour se rencontrer. La situation semble bloquée. Pourtant, malgré tous ces obstacles, l'officier garde espoir ; il croit que Jésus peut l'aider, même s'il ne sait pas comment.
Frères et soeurs, la foi du centenier doit nous servir d'exemple.
Découvrons premièrement sa nécessité, deuxièmement ce qu'elle est, troisièmement ce qu'elle reçoit.
I
Sa nécessité. Luc nous dit que, dans un premier temps, l'officier ne parle pas lui-même à Jésus ; les anciens de Capernaüm le font pour lui. Les anciens, ce serait aujourd'hui le maire ou les conseillers municipaux. Ces représentants du peuple plaident en sa faveur : « Il mérite que tu lui accordes cela » disent-ils. Voyez comme ces gens raisonnent : ils pratiquent la religion du donnant-donnant. En ce qui les concerne, ils ne sont pas inquiets. Ne sont-ils pas les enfants d'Abraham, le peuple de l'Alliance ? Ils sont, pensent-ils, en « ligne directe » avec Dieu. Mais pour l'officier romain, qui est un païen, c'est plus difficile. Alors « il le mérite » disent-ils, et ils mettent en avant tout ce qu'il a fait pour la munici-palité : « C'est un Romain, d'accord, mais si bien intégré, si généreux, un bienfaiteur pour le peuple ! Jésus, en tant que juif toi-même, tu dois faire un geste ! » Cela me rappelle une petite blague. Deux types font naufrage et se retrouvent sur une île déserte sans aucun moyen de communication. Il y en a un qui est complètement déprimé, l'autre reste confiant. Au bout d'un moment, celui qui est désespé-ré demande : mais comment peux-tu rester aussi calme !? Et l'autre répond : je suis membre d'une église et je cotise 500 euros par mois. Alors je suis sûr que mon pasteur va me retrouver !
On sait aussi que dans ce monde, être un professionnel capable et honnête ne suffit pas toujours quand on cherche du travail. Ce qui compte, c'est de connaître quelqu'un de bien placé pour faire avancer votre dossier. A condition toutefois d'avoir le nom et la couleur de peau qu'il faut. Même cho-se pour le logement. Dans les grandes villes, pour acheter un appartement, il vaut mieux disposer de revenus confortables et être en bonne santé qu'intérimaire et séropositif. Voyez, c'est ça le péché : ne prêter qu'aux riches. « Tu accumules maison après maison - dit le prophète, champ après champ, alors que la terre appartient à tous. »
Chers amis, il n'y a pas de piston dans le royaume de Dieu ! Il n'est pas nécessaire que vous soyez re-commandés par Jean Rottner pour être membre de cette paroisse. Ni-même par le pasteur Haessig, le président de notre synode ! Peu d'entre-nous pourraient bâtir une église à Jésus, et pourtant il nous y reçoit tous comme si nous étions des invités de marque, des têtes couronnées.
Alors, bien que la démarche du centenier ait fort mal commencée et que sa justice ne lui donne aucun droit sur la grâce, Jésus est prêt à l'aider. Il est Dieu, il lit dans le coeur des hommes comme dans un livre ouvert. Et si les Juifs ont complètement tapé à côté dans leur discours, Jésus va trouver dans cet officier la vraie foi, la vraie confiance, humble, mais décidée.
Mes amis, nous sommes au coeur de l'Evangile ici : Dieu promet son salut à tous ceux qui croient en Lui. L'apôtre Paul écrit aux Galates : « Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ ; vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n'y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni libre, ni homme ni femme ; car vous êtes un en Jésus-Christ. »
II
Mais revenons à notre passage : « Lorsque Jésus entendit ces paroles, il admira le centenier et, se tour-nant vers la foule qui le suivait, il dit : je vous le dis, même en Israël, je n'ai pas trouvé une aussi gran-de foi. » (v. 9).
Découvrons donc ce qu'est la foi du centenier romain, pour que Jésus affirme n'avoir rien trouvé de pareil en Israël (une affirmation - soit dit en passant - qui n'a pas dû faire plaisir aux religieux de la synagogue...)
Une grande humilité tout d'abord : Luc nous rapporte que l'officier a envoyé les anciens de la ville parce qu'il ne se croyait pas digne d'aller en personne vers le Seigneur. Cependant, ce n'est pas son action dans le domaine social qu'il voulait qu'on colporte mais sa présence là-bas, quelque part, au chevet d'un mourant.
Alors, maintenant qu'il est là, il ne peut qu'exprimer sa détresse : « Seigneur, mon serviteur est couché à la maison, il est atteint de paralysie et souffre beaucoup ».
« Bon, lui dit Jésus qui ne s'embarrasse pas des convenances : allons-y ! » Alors le Romain s'effraye : il ne s'attendait pas à ça ; c'est beaucoup trop ! L'officier est humble mais c'est aussi un homme pragma-tique. Il dit : « Seigneur, ne prends pas tant de peine ; car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. C'est aussi pour cela que je ne me suis pas cru digne d'aller en personne vers toi. Mais dis un mot et mon serviteur sera guéri. Car moi qui suis soumis à des supérieurs, j'ai des soldats sous mes ordres ; et je dis à l'un : Va ! et il va ; à l'autre : Viens ! et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela ! et il le fait. » (v. 6b-8).
Voyez le raisonnement de ce meneur d'homme : « Si lui peut agir à distance en donnant un simple or-dre, c'est encore beaucoup plus vrai pour le Seigneur dont l'autorité est tellement plus grande ! » Voilà la confiance, la foi qui soulève des montagnes, voilà le merveilleux don que Dieu nous fait dans son amour !
Tous les dimanches, nous confessons nos péchés au début du culte. Nous reconnaissons, finalement, n'être pas dignes que Dieu vienne dans notre église, parmi nous. Mais il vient à nous, plein de dou-ceur et de grâce, dans sa parole et les sacrements. De ce point de vue aussi, nous ressemblons beau-coup au centenier ; c'est pour cela que notre foi ne peut être qu'humble : Seigneur, nous ne sommes pas dignes que tu entres chez nous, mais dis seulement un mot et nous serons guéris. L'Evangile, c'est que Dieu veuille porter secours aux humbles : « Heureux ceux qui se savent spirituellement pauvre, car le royaume des cieux est à eux » dit le Seigneur. Le don de Dieu, c'est qu'il leur donne la confiance et l'audace de la foi, pour l'appeler au secours, et être sûr qu'il entendra !
Le centenier l'a bien compris. Humble, il est aussi sincère et confiant. Avez-vous remarqué ? Il ne for-mule rien, pas la moindre requête ! Il lui suffit de savoir que Jésus peut l'aider ; il lui en reconnaît le pouvoir. Il est certain que les maladies, les esprits, la mort même lui sont soumis. Christ est leur maî-tre, comme ce Romain est le maître d'une centaine de soldats.
Alors nous aussi, soyons ancrés dans cette confiance en Jésus ! Quand nous sommes éprouvés, croyons qu'il peut nous secourir. Faisons-lui confiance dans tout ce qui concerne notre vie personnel-le, notre vie affective. Par son amour, Dieu peut redonner vie là où la mort menace. Parfois, certaines blessures dans nos relations peuvent entraîner la mort. Et souvent, il n'est humainement pas possible de pardonner à son prochain. C'est avec foi et dans la prière que le Seigneur nous donnera cette force, redonnera vie là où il y avait mort, nous permettra de pardonner à l'autre. Oui, laissons-nous inviter à
dire tous nos besoins au Seigneur, et à ne pas douter qu'il puisse nous aider !
Quelqu'un m'a dit un jour : « Je voudrai bien croire en Jésus, mais comment pourrait-il agir d'une façon aussi concrète avec moi ? La terre est si loin du ciel » ! C'est malheureusement comme cela que raisonnent beaucoup de gens. Remarquez que cette distance ne fait pas peur au centenier ! Il croit que Jésus est le Seigneur, il croit aussi à la puissance de la parole. Jésus lui-même est parole de Vie, et ce qu'il dit arrive, sans « oui mais » ni « peut-être ». Il ne dit pas à l'officier : « Rentre chez toi, et avec un peu de chance, ton serviteur ira mieux ». Non, il dit « Va, qu'il te soit fait selon ta foi ». Et à l'instant même, comme en témoigneront ses amis, le serviteur est guéri.
Frères et soeurs, quand le pasteur prononce l'absolution, Jésus lui-même nous dit : « Va, et qu'il te soit fait selon ta foi ; tes péchés te sont pardonnés ».
Ce pardon est tout à fait certain, nous ne devons pas en douter, même si cela ne se passe pas de façon aussi éclatante qu'une guérison miraculeuse, quoiqu'il y ait guérison, mais à un autre niveau. De même la sainte-cène : là aussi, c'est la parole seule qui fait du pain le corps du Christ, donné pour nous, pour le pardon de nos péchés. « Et là où il y a rémission des péchés, écrit Luther, il y a vie et salut » !
III
Regardons enfin ce que reçoit la foi du centenier. Celle de l'officier a été exaucée : « De retour à la maison - raconte Luc - les gens envoyés par le centenier trouvèrent guéri le serviteur qui avait été malade » (v.10)
Frères et soeurs, en dépit des épreuves et des blessures de la vie, ce récit veut nous rappeler quelque-chose d'important : nos prières touchent le coeur de Dieu. Elles nous montrent combien l'amour du Sauveur est grand, disponible et efficace pour chacun de ses enfants !
Jésus a promis : « Tout ce que vous demanderez avec foi par la prière, vous le recevrez » (Mt. 21, 22). Demander avec foi, cela veut dire demander sans douter, au nom de Jésus qui s'est engagé à nous exaucer. Sa résurrection et son ascension à la droite du Père confirment son autorité.
«Tout ce que vous demanderez, vous le recevrez », cela veut dire que Dieu vient à notre secours : dans notre récit, le serviteur mourant, guérit aussitôt et parfaitement.
Faisons confiance à Dieu qui peut nous sauver aussi radicalement de toute souffrance ! Il ne le fera peut-être pas toujours selon notre attente, et s'il ne lui semble pas bon d'enlever notre fardeau tout de suite, il le fera en temps utile ; et si ce n'est pas le fardeau du corps, ce sera celui de l'âme ; et en atten-dant, il nous donnera la force de le supporter.
Tant que nous lui dirons notre besoin avec foi, il nous consolera et nous donnera ce qu'il faut. Dieu fait plus encore : de même qu'il nous aide à traverser l'épreuve, nous savons aussi qu'au temps de la fin, il enlèvera toute souffrance. Ce miracle à Capernaüm est l'annonce de la victoire du Christ sur le péché et la mort. C'est là le miracle final qu'il nous promet.
Bien sûr, nous n'échapperons pas à la mort physique ; elle viendra un peu plus tôt pour les uns que pour les autres. Mais nous ne resterons pas morts. Notre destinée est d'échapper aux « ténèbres du dehors » dit le Christ. En nous accrochant à Lui par la foi, nous ressusciterons pour la Vie éternelle. I
l nous le dit, et il n'a qu'une parole !
Amen !
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PENTECÔTE - Jean 15.26 - 27 « Viens, ô Créateur de nos âmes, Esprit-saint, Dieu de vérité ! Remplis nos coeurs des pures flammes, de ton ardente charité ! Visite-nous, Dieu de lumière, Esprit de consolation, Don du Très-Haut, feu salutaire, Amour et divine onction !» Ls 128 Frères et soeurs, que s'est-il passé à la première Pentecôte, pour que cela nous concernent encore, si longtemps après ? Un bruit comme celui d'un vent violent ? Des langues qui semblent de feu ? Ou peut-être la faculté de parler en d'autres langues ? Ce matin, regardons au-delà de ces manifestations charis-matiques ; comprenons le véritable sens de cet épisode et sa conséquence dans nos vies et celles de nos familles. La Pentecôte, en effet, est le moment ou l'Eglise s'est mise en mouvement. Cela a com-mencé avec le témoignage du « Paraclet ». Et cela continue avec notre témoignage !
I
Le Para... quoi ? Le Paraclet ! C'est le nom que Jésus donne au Saint-Esprit - dans ce passage et en d'autres endroits. « Quand sera venu le Paraclet que je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de vérité qui vient du Père...» (v.26a). Certaines versions traduisent ce mot par consolateur, d'autres par défen-seur, ailleurs encore par avocat, mais aucun de ces titres ne couvre tout à fait la richesse de l'original grec. Paraclet désigne littéralement celui qui est appelé à nos côtés, appelé pour porter assistance. Au chapitre précédent, Jésus avait déjà employé ce terme : «Je prierai le Père et il vous donnera un au-tre Paraclet afin qu'il reste éternellement avec vous : l'Esprit de vérité » (Jn 14.16-17)
Un autre Paraclet, un autre défenseur dans ma Bible en français ; Jésus étant le premier à nous porter secours, le premier à nous défendre ! L'ancienne version Segond traduit ici par consolateur. C'est un au-tre aspect de la même vérité : Jésus nous a consolés en nous arrachant à la damnation éternelle, en ex-piant nos péchés, en nous réconciliant avec Dieu. Et Segond savait qu'il ne couvrait pas tous les aspects de la langue grecque en traduisant par consola-teur. Alors, dans un autre passage, il traduit le même mot par avocat. Chez Jean, par exemple : « Si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste » (1 Jn 2.1). Autrement dit : un avocat est appelé à nos côtés pour qu'il nous fasse gagner le procès devant le tribunal de Dieu. Et cela quels que soient nos revenus ; l'assistance est gratuite et Dieu ne prévoit aucune coupe sombre dans le budget de cette assistance juridique. Mes amis, pouvons-nous espérer meilleur avocat que Jésus ? N'a-t-il pas tout accompli à notre place ? Qui accusera les élus de Dieu, demande l'Ecritu-re ? C'est Dieu qui justifie ! Jésus sait de quoi il parle quand il nous défend. Il maîtrise le dossier à la per-fection. Il peut présenter la preuve de notre rachat : son corps livré pour nous, le sang qu'il a répandu pour le pardon de nos péchés, pour notre acquittement éternel.
Le Saint-Esprit est l'autre consolateur. Il attire notre attention sur ce que Jésus a fait pour nous. C'est ain-si qu'il « rend témoignage » de Jésus et nous console (v.26). L'Esprit est donc appelé Paraclet parce qu'il conduit au Christ ! Paul écrit : « L'Esprit aussi nous vient en aide dans notre faiblesse » et plus loin : « L'Esprit lui-même in-tercède pour nous. Et Dieu qui examine les coeurs sait quelle est la pensée de l'Esprit, parce que c'est en accord avec lui qu'il intercède en faveur des saints. » (Rm 8.26-27).
Magnifique, n'est-ce pas ? C'est la trinité tout entière qui s'engage à nous défendre et à nous consoler ! Voici donc, brièvement, notre relation avec le Saint-Esprit : il est le Paraclet envoyé par Jésus de la part du Père ; il est à nos côtés pour nous assister dans le combat de la foi, pour nous réconforter et nous af-fermir sur le chemin de la vie avec les promesses de l'Evangile. Les promesses de l'Evangile... Voilà sa puissance ! L'Esprit ne vient pas à nous sans moyens : il agit à travers « l'Evangile de Jésus-Christ » (Mc 1.1) Dans notre passage, Jésus dit que l'Esprit de la vérité lui rendra témoignage. Alors, mes amis, si l'on vous demande quelle est l'activité du Saint-Esprit dans votre Eglise, vous pouvez répondre : c'est simple ; il nous conduit à Jésus-Christ, notre Sauveur. Il nous ouvre l'Evangile et nous en dévoile les mystères. Bien plus : selon l'Evangile, le culte, c'est tout particulièrement vouloir recevoir de Dieu le pardon des péchés, la grâce et la justice. Ces trésors nous sont offerts dans les sacrements et
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dans l'absolution, ainsi que dans les nombreuses paroles de consolation et de réconfort qui abon-dent dans l'Evangile. Dans cette vie terrestre, le Saint-Esprit commence notre sanctification et la fait progresser de jour en jour. C'est pourquoi nous croyons en celui qui nous appelle chaque jour par la Parole et qui, par cette Parole et par le pardon des péchés, nous donne la foi, l'augmente et la forti-fie.
Le monde dit : vis ta vie et profite du moment présent. Jésus répond : « C'est l'Esprit qui fait vivre, l'homme n'arrive à rien. Les paroles que je vous dis sont Esprit et vie. » (Jn 6.63) La parole d'Evan-gile est pleine de vie et rend vivant, elle met en mouvement, parce que le Saint-Esprit agit par elle sur nos coeurs. Il nous fait partager le « salut prêt à être révélé dans les derniers temps » (1P 1.5).
II
La Pentecôte est le moment ou l'Eglise de Jésus s'est mise en mouvement. Cela a commencé avec le témoignage du Paraclet. Cela continue avec notre témoignage ! « Vous aussi vous rendrez témoi-gnage » dit Jésus dans notre texte.
Cela ne devrait pas nous surprendre. Le Saint-Esprit est appelé à nos côtés, au côté de l'Eglise, pour nous assister. Il fallait s'attendre à ce qu'il nous entraîne avec lui dans une vie de témoignage, à ce qu'il nous entraîne à faire de toutes les nations des disciples, en les baptisant et leur enseignant l'Evangile du salut. Pensez à la première Pentecôte ! Cet événement montre comment le Saint-Esprit transforme des disciples reclus en témoins courageux. Les apôtres se tournent résolument vers les centaines de pèlerins présents pour leur annoncer le Christ, ce qu'il est pour eux et la manière dont ils peuvent recevoir son pardon.
Ainsi nos cultes, les études bibliques, les réunions de jeunes, les séances de catéchisme ou d'école du dimanche sont des témoignages, mais l'Esprit ne veut pas que nous gardions ces trésors pour nous-mêmes, exclusivement pour notre bien et celui de nos enfants. Il nous incite aussi à porter son message devant le monde. Posséder un beau site sur Internet ne suffit pas. A Jérusalem, les apô-tres sont allés au-devant des gens, ils reçurent pour la circonstance le don de s'adresser à eux dans leur langue maternelle. Ce fut l'un des miracles de la première Pentecôte. Aujourd'hui, tous les mis-sionnaires apprennent la langue des peuples parmi lesquels ils veulent rendre témoignage de Jésus-Christ. Le Seigneur et les apôtres nous montrent constamment l'exemple : aller à la rencontre des hommes là où ils se trouvent : dans leur langue, dans leur culture, dans leur façon de penser. Il faut compren-dre les gens si l'on veut se faire comprendre d'eux. Jésus a appelé Saul de Tarse à devenir le grand apôtre Paul : Juif ayant étudié auprès du plus grand rabbin de Jérusalem, il pouvait prêcher dans les synagogues ; intellectuel de la ville de Tarse, il comprenait aussi la façon de penser, la culture des Grecs ; il pouvait les aborder dans leur monde pour les conduire à Jésus-Christ. Il fera un jour cette confidence : « Avec les Juifs, j'ai été comme un juif afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi de Moïse, comme si j'étais sous la loi afin de gagner ceux qui sont sous la loi. J'ai été faible avec les faibles afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous afin d'en sauver quelques-uns » (1Co 9.20-22). Voilà comment l'Eglise doit veiller à rester en mouvement, dans ce mouvement perpétuel vers les incroyants, et chercher à leur rendre témoignage de leur Sauveur Jésus-Christ dans un langage qu'ils comprennent. Un frère aujourd'hui disparu disait : rien ne vaut un ouvrier pour parler de l'Evan-gile à un ouvrier, un étudiant pour parler à des étudiants, une mère de famille pour parler à une autre maman. Preuve que si l'Eglise se repose sur son pasteur pour témoigner du Seigneur Jésus, elle prive une grande partie de la population de ses bénédictions.
Ce n'est pas toujours facile, vous le savez par expérience. Quelqu'un a dit un jour : à la Pentecôte,
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Pierre a converti 3000 personnes avec un seul sermon. Aujourd'hui, il faut souvent 3000 sermons pour convertir une seule personne ! D'ailleurs, notre Seigneur n'attend pas que nous soyons « tout à tous » comme son apôtre. Mais il a doté son Eglise de gens très différents, ou, pour le dire autre-ment : il a réparti les dons entre nous différemment ; nous avons des connaissances différentes et des centres d'intérêt différents. Nous devrions être reconnaissants à Dieu pour cette diversité de dons et d'intérêts, et ne pas rester indifférents quand, par exemple, une soeur du Bas-Rhin se propose de créer un café chrétien ; ni faire des yeux ronds quand un autre, comme Jésus, parlent aux gens de mauvaise vie ou aux pé-cheurs notoires (Mt 9.10 ; Lc 15.2) Frères et soeurs, qui sont les Parthes, les Mèdes et les Elamites aujourd'hui ? Ne sont-ils pas autour de nous : Musulmans arabes, nigériens ou turcs ? Leur culture et leur façon de penser sont souvent si différentes que nous les côtoyons sans leur adresser la parole ; nos façons de nous comporter nous braquent réciproquement et nous font dire - avec le monde d'ailleurs - qu'ils n'ont pas besoin de l'Evangile. Ce n'est qu'un exemple. Tous les Parthes et les Mèdes d'aujourd'hui n'ont pas néces-sairement la peau mate et leurs racines peuvent être très semblables, voire identiques aux nôtres.
Mais si nous sommes une Eglise qui se laisse émouvoir et conduire par le témoignage du Saint-Esprit, alors chacun d'entre nous essayera d'être témoin de Jésus-Christ parmi ses semblables, par-mi ceux dont il connaît la langue, la culture, la façon de penser, les loisirs.
Si le Saint-Esprit nous projette quelquefois dans des situations de témoignage inédites et nous obli-ge à improviser, il est aussi Dieu de sagesse et de discernement. A ce titre, il sait aussi inspirer à son Eglise ce qu'il y a de meilleur pour ses jeunes et anticiper avec intelligence leur rôle dans la so-ciété. Chaque métier est un appel, le mot allemand Beruf le reconnait bien.
En 1990, après mon ordination, quand je me suis trouvé dans l'obligation de doubler mon cursus universitaire pour subvenir à terme au besoin de ma famille, j'ai demandé au Seigneur de me diriger vers des études qui seraient un complément à ma théologie, et donc utiles à mon ministère. C'est ainsi que je suis devenu linguiste, ce qui m'a permis de parler du Seigneur à un grand nombre d'étu-diants, d'abord à la Sorbonne, puis en école préparatoire où j'enseignais.
Pardon pour cette anecdote personnelle, c'est une manière d'introduire cette dernière pensée, parti-culière et très concrète : quand nos enfants s'interrogent sur leurs études, songeons-nous seulement à placer leur choix dans la prière, à demander au Seigneur de les diriger vers un métier qui serait un tremplin pour leur foi et donc utile à son Eglise ? Quelle est la part que prend notre amour pour Dieu, pour sa parole et la mission dans le choix d'une langue étrangère - qui conditionnera aussi le choix du lycée - le choix de l'université, du futur métier de nos enfants ? Laissons-nous l'Esprit nous conduire quand nous consultons tous les conseillers d'orientation possibles sauf le plus important ? Celui qui accompagne notre fille ou notre garçon depuis son baptême et se préoccupe autant de son âme que de son esprit ?
« L'Esprit de la vérité rendra témoignage de moi - nous dit Jésus ce matin - et vous aussi, vous me rendrez témoignage ! » L'Esprit est appelé à nos côtés pour nous assister dans notre vocation de témoins et proclamer par nous l'amour de Dieu en Jésus-Christ. Il nous donne aussi des conseils inspirés pour conduire nos vies dans la reconnaissance et discerner ses orientations selon sa volon-té. Il nous pousse au besoin à faire des pas de foi, qui peuvent être autant de sauts dans l'inconnu que de coups d'audace, selon les circonstances... C'est cela, la Pentecôte : se laisser entraîner par le témoignage que le Saint-Esprit rend au Sauveur du monde, se laisser entraîner soi-même dans une vie de repentance et de foi, d'humilité et de joie quotidienne, mais aussi en entraîner d'autres par notre témoignage. Partager notre avocat, notre consolateur, notre défenseur et notre espérance dans la communion du Seigneur Jésus. Amen.
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Eternel, écoute ma voix, car je fais appel à toi, aie pitié de moi et exauce-moi !
Mon cœur dit de ta part : « Recherchez-moi ! » Je te recherche, Eternel !
L'Eternel est ma lumière et mon salut : de qui aurais-je peur ?
L'Eternel est le soutien de ma vie : qui devrais-je redouter ?
Je demande à l'Eternel une chose, que je désire ardemment : je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Eternel, pour contempler la beauté de l'Eternel et pour admirer son temple.
Espère en l'Eternel ! Fortifie-toi et que ton cœur s'affermisse ! Espère en l'Eternel !
Introït : psaume 27
La méditation du matin
« Je crois la communion des saints, la rémission des péchés. »
La communion des saints et le pardon des péchés
Chers délégués et bergers de paroisses,
Frères et soeurs,
Rappelons comme une évidence que le Credo n'est pas la parole divinement inspirée. Cependant, nous n'a-vons pas le pouvoir de modifier ce texte qui, dans sa version actuelle, appartient à la chrétienté tout entière.
Vous connaissez par exemple cet avis de Luther au sujet de la traduction La communion des saints « qui ne veut rien dire et n'a pas de sens en allemand. Pour parler vraiment allemand, affirmait le Réformateur, on devrait dire : la communauté des saints, c'est-à-dire la communauté dans laquelle il n'y a que des saints ou, mieux encore, une sainte communauté. » Et d'ajouter, prudent : « Je dis cela pour faire comprendre l'ex-pression communion des saints. Les gens se sont habitués à elle, et c'est une habitude dont ils auront du mal à se défaire. On crie à l'hérésie, en effet, dès qu'on change un mot. »
Ainsi, cette partie de l'article serait seulement synonyme de la précédente : « Je crois la sainte Eglise uni-verselle », insistant sur le corps que constituent les fidèles appelés à témoigner de l'Evangile.
Pourtant, Luther lui-même ne semble pas totalement satisfait par cette thèse de la simple redondance. Il écrit ailleurs que le troisième article du Credo doit être « expliqué à partir de la sanctification, car c'est de cela dont il est question ici. Le Saint-Esprit, en effet, est présenté et décrit dans sa fonction qui consiste à sancti-fier les hommes. Il faut prendre comme point de départ le mot Saint-Esprit.
Dans cette vie terrestre, poursuit le Réformateur, le Saint-Esprit commence notre sanctification et la fait progresser de jour en jour en utilisant ces deux moyens : l'Eglise chrétienne et le pardon des péchés. » Et encore : « Nous croyons en celui qui nous appelle chaque jour par la Parole et qui, par cette Parole et par le pardon des péchés, nous donne la foi, l'augmente et la fortifie. »
C'est ici le développement de la brève mention du Petit Catéchisme : « C'est [l'Esprit] qui, dans cette Egli-se, me remet chaque jour pleinement tous mes péchés ».
Luther explique comment la foi du chrétien est augmentée et fortifiée :
« C'est dans la chrétienté que nous sommes invités à chercher et trouver chaque jour le pardon des péchés, offert dans la Parole et les signes sacrés pour consoler et relever notre conscience tant que nous vivons dans ce monde. » Et encore : « Nous croyons aussi que, dans cette Eglise chrétienne, nous avons le pardon des péchés qui est offert dans les saints sacrements et dans l'absolution, ainsi que dans les nombreuses paroles de consolation et de réconfort qui abondent dans l'Evangile. Il convient donc ici de parler des sacrements, et en fin de compte de l'Evangile et de tous les ministères dans l'Eglise chrétienne. »
« Il convient ici de parler des sacrements », souligne Luther dans ce commentaire du 3e article.
La communion des saints et le culte
Cette réflexion vaut donc pour le culte, écrin de « la Parole et des signes sacrés » qui nous offrent la rémis-sion des péchés. Dans son Commentaire de la Genèse, le Réformateur rappelle combien ces mystères sont liés : « Dans le Nouveau Testament, nous avons le baptême et le sacrement de l'autel comme signes visibles de la grâce qui nous donnent la certitude que nos péchés ont été supprimés par les souffrances du Christ et que nous sommes rachetés par sa mort. Ainsi, l'Eglise n'a jamais été sans signe, de sorte que les hommes ne pourraient savoir où trouver et rencontrer Dieu... » Et plus loin : « Parole, baptême et sainte cène sont pour nous les signes certains du soleil de la grâce. » L'Apologie de la Confession d'Augsbourg offre cette syn-thèse saisissante: « Selon l'Evangile, le culte, c'est tout particulièrement vouloir recevoir de Dieu la rémis-sion des péchés, la grâce et la justice. »
La communion des saints, simple synonyme de l'Eglise chrétienne ? Pourtant, si l'on conserve le mot communion, j'aime cette idée selon laquelle les « saints » ne sont pas seulement les personnes saintes, mais aussi les choses saintes, comme le dit l'apôtre Paul : « La coupe de bénédiction que nous bénissons n'est-elle pas la communion au sang de Christ ? Le pain que nous rompons n'est-il pas la communion au corps de Christ ? Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes nombreux, nous formons un seul corps, car nous participons tous à un même pain. » 1Co 10.16
Aux sacrements par lesquels nous recevons le pardon des péchés, Luther ajoute l'absolution : parole de libération prononcée sur l'assemblée. Ajoutons les psaumes, les hymnes et les cantiques spirituels au sujet desquels Paul déclare qu'ils édifient l'Eglise et la remplissent de l'Esprit. Ep 5.17
Le lien entre ces trois affirmations : je crois l'Eglise universelle, la communion des saints, la rémission des péchés, n'en est-il pas plus éloquent ? A défaut de pouvoir en corriger la traduction, comprendre la communion aux « signes visibles de la grâce » que sont le baptême et la cène, ne renforce-t-il pas notre dépendance à l'assemblée des croyants, tous ceux qui ont été justifiés par la foi et qui pour cette raison sont appelés des saints, que ce soit en un lieu donné ou dans le monde entier ?
La communion des saints et la persévérance
Eclairer ainsi le Credo ne nous rend-il pas surtout le culte encore plus désirable, comme un allié indis-pensable « pour consoler et relever notre conscience tant que nous serons dans ce monde ?
Ce « concile » 2010 a choisi pour thème Le culte et ses moments forts. La persévérance pour notre foi nous est accordée par Dieu tous les jours, et particulièrement le dimanche : célébrer le culte est l'évène-ment majeur d'une Eglise. C'est le moment où nous recevons le pardon de notre Seigneur, où nous som-mes nourris par sa parole et ses sacrements. C'est le moment où nous pouvons retrouver nos frères et soeurs en Christ, où nous recevons d'eux un puissant encouragement. C'est le moment où nous venons ensemble louer notre Seigneur.
En ces jours qui sont les derniers, cette communion aux saints, cette communion aussi à « la parole et aux signes sacrés » écrit Luther, sont plus importantes que jamais. Aimons cette audience à laquelle le Roi des rois convoque son peuple ! Faisons aimer, dans nos familles, cette convocation divine avec la chrétienté tout entière et sachons en expliquer les mystères à nos enfants. Conservons sa beauté qui fait notre identité parmi les protestants évangéliques mais sachons aussi innover ses formes liturgiques et enrichir son hymnologie.
Puissions-nous dire toujours avec le psalmiste : Je suis dans la joie quand on me dit : « Allons à la maison de l'Eternel ! » Ps 122
Dieu bénisse cette assemblée du synode, Amen !
Citations tirées de Bonne Nouvelle n°24 et 31,
Du rapport d'activité de St-Sauveur Paris 2010
La pastorale se lève.
Prière
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5°Pâques (Rogate), Psaume 50.15
« Fais appel à moi quand tu es dans la détresse : je te délivrerai, et tu m'honoreras. »
Frères et soeurs, avez-vous bien saisi les richesses de votre foi ? Alors, vous en profitez à 100%. Tous, vous avez la plénitude de la grâce. Le pardon en Jésus-Christ est entier et parfait pour chacun de vous. Tous aussi, vous avez un libre accès auprès de Dieu. Vous n'avez pas besoin de passer par moi pour que vos prières soient entendues. Nul besoin qu'elles soient prononcées par un autre pour vous savoir pleinement exaucés. Inutile de prendre rendez-vous avec le Père céleste : l'audience est immédiate et individuelle. Vous n'avez pas besoin d'arriver les premiers au culte pour être sûrs d'avoir les meilleures bénédictions, ni d'occuper les premiers bancs pour recevoir plus de pardon.
L'épître aux Hébreux nous dit : « Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce afin d'obtenir com-passion et de trouver grâce pour être secourus au moment opportun. » (4.16)
C'est ce que nous voulons faire en méditant cette parole : « Fais appel à moi quand tu es dans la détresse : je te délivrerai, et tu m'honoreras. »
-prions, parce que Dieu nous y invite
-prions, parce qu'il nous délivrera
-prions pour dire la grandeur de sa délivrance !
I
Prions, parce que Dieu nous y invite ! Le psaume 50 remet les pendules à l'heure dans une paroisse qui déçoit le Seigneur. Les bancs sont-ils clairsemés ? Le panier des offrandes revient-il au pasteur avec des centimes d'euros ? Non, pas du tout ! « Ce n'est pas pour tes sacrifices que je te fais des reproches - dit l'Eternel - : tes holocaustes sont constamment devant moi » !
Bon ! Peut-être les membres de cette paroisse ont-ils oublié leur catéchisme ? Boudent-ils leur méditation quoti-dienne et la prière avant les repas ? Même pas ! « Tu énumères mes prescriptions - remarque le Seigneur, toujours dans ce psaume - et tu as mon alliance à la bouche » ! Mais que lui faut-il de plus !?
La suite du psaume nous éclaire : voici quels sont les reproches que Dieu fait à son peuple : « tu détestes l'instruction et tu rejettes mes paroles derrière toi » ! Oui, mes amis : vous avez bien entendu ! Ceux là même qui n'ont que la loi à la bouche, en réalité la détestent et transgressent les commandements quand ça les arrange ! Ils en deviennent un sujet de scandale puisque, malgré leur pratique religieuse, « ils livrent leur bouche au mal et leur langue est un tissu de tromperie ; [par exemple, rapporte notre psaume] ils prennent place avec les adultères, ils dénigrent leur frère » (v.18-20).
Rien d'étonnant, dans ces conditions, à ce que Dieu leur disent : « Offre en sacrifice à Dieu ta reconnaissance, et accomplis tes voeux envers le Très-Haut » (v.14) ! En clair : arrêtez un peu votre religion de façade, cessez d'être hypocrites ! Vous prétendez connaître Dieu et faire partie du peuple élu... Mais écoutez : votre coeur est loin de moi ; vous n'obéissez pas à mes commandements, vous ne m'avez donc pas confié vos vies ! Pour vous, je suis un « Dieu du dimanche matin », mais pas des six autres jours de la semaine ! Je ne suis pas l'hôte de vos foyers ; vous ne m'impliquez ni dans vos joies, ni dans vos peines... Etes-vous dans l'abondance ? Vous m'oubliez ! Arrive-t-il un coup dur ? Vous doutez de ma capacité à vous sauver et vous rejetez la puissance de ma Parole...
Vous comprenez mieux à présent, je pense, dans quel contexte Dieu met son peuple à l'épreuve en lui disant : « Fais appel à moi quand tu es dans la détresse : je te délivrerai, et tu m'honoreras » (v.15) !
L'Eternel nous dit : priez-moi au jour du malheur. Mais est-il bien nécessaire de nous ordonner cela ? La prière n'est-elle jamais aussi ardente que lorsqu'un malheur nous frappe ? Ne trouve-t-on pas ce réflexe même chez l'incroyant ? De ceux qui demandent au pasteur de « faire une petite prière », comme pour s'excuser d'en dire si peu eux-mêmes...
Il n'empêche : quand l'épreuve se prolonge, la prière se fait rare. Nous ne voyons pas comment en sortir, ni quelle solution Dieu pourrait bien trouver pour nous secourir. Alors nous disons : à quoi bon prier... J'ai perdu mon mari, et ce n'est pas la prière qui me le rendra. Mon fils me désole par sa conduite, et ce n'est pas la prière qui rattrapera le temps gâché. Nous avons divorcé, et ce n'est pas la prière qui va recoller les morceaux. Je suis infirme, et ce n'est pas la prière qui me rendra la santé.
Je crois même qu'il y a des moments où la prière nous embarrasse parce qu'on ne voit pas de solution. On se sent coincé dans une impasse, et l'on pense que Dieu aussi est coincé par nos problèmes insurmontables. Mais l'Eternel nous lance un défi : prends-moi au sérieux ! Crie vers moi quand tu es dans la détresse !
Il ne précise pas laquelle. Pourquoi ? Parce que rien ne lui est impossible. S'il avait précisé : invoque-moi quand tu es
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au chômage ou quand tu perds tes clés, nous penserions qu'il est limité et ne peut rien pour les déprimés, les cancéreux et les désespérés.
A la porte d'une église, on avait posé cette affiche : le prêtre reçoit les demandes de prières entre 16 et 18h. Un petit malin avait ajouté au crayon : le reste du temps, adressez-vous directement à son patron !
Oui, Dieu nous écoute. C'est pourquoi il nous demande de lui parler ; logique ! Rien que cette invitation devrait nous précipiter dans ses bras.
Quand on a des ennuis avec l'administration, on ne sait pas toujours à quelle porte frapper ; que les fonctionnaires ici présents veuillent bien m'excuser mais : parfois on vous envoie d'un bureau à l'autre, personne n'est capable de vous renseigner ! Devant la porte de Dieu, il y a cette affiche : Fais appel à moi ! Ou bien, selon les paroles de Jésus : demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez !
Quel privilège ! Jésus-Christ nous a donné accès au Père ; grâce à lui, nous avons nos entrées auprès de Dieu. Comme les prophètes d'autrefois, chacun peut consulter Dieu et lui ouvrir son coeur.
D'ailleurs, vous avez vu ? L'Eternel ne dit pas : Faites appels... à mes grands prophètes comme Moïse ou Elie ; ou bien : invoquez Marie, saint Antoine ou sainte Anne ! Il dit : Faites appel à moi ! Il ne confie à personne d'autre le soin de nous écouter. Alors, approchons-nous de lui sans crainte et disons-lui tout ce qui ne va pas, tout ce qui nous rend triste !
II
L'Eternel ajoute : « Je te délivrerai » ! La réponse est courte, mais formidable.
Il ne dit pas : je vais voir ce que je peux faire pour toi, genre : si c'est dans mes cordes, pourquoi pas ? La réponse est ferme : je te délivrerai.
Après le défi, la provocation ; notre Dieu est un provocateur ! Tu ne me prends pas au sérieux ? Tu doutes de ma puissance ? Attends un peu... Appelle-moi, et tu vas voir ce que tu vas voir : je te délivrerai !
Parfois, nous comprenons mal la 3ème demande du Notre Père dans laquelle nous disons : « Que ta volonté soit faite (sur la terre comme au ciel) ». Nous la ressentons comme une fatalité : que ta volonté soit faite ! On y voit autant de certitude que dans l'Inch - Allah des musulmans !
Bien sûr, Dieu nous exauce en son temps, mais croyez qu'il veut toujours notre bonheur - vous entendez, frères et soeurs ? Notre bonheur ! - que ce soit dans les biens matériels ou spirituels. Il ne perd jamais de vue notre bien-être éternel. Il nous choisit la meilleure délivrance et tout ce qui favorise réellement notre salut.
Tous les parents seront d'accord avec moi : nous ne savons pas toujours donner de bonnes choses à nos enfants, même avec les meilleures intentions. Dieu, lui, nous donne toujours ce qu'il a de meilleur. Même les bienfaits et les privations, les joies et les épreuves peuvent contribuer à notre bonheur. Nous oublions si souvent de chercher d'abord le Royaume et sa justice. Dieu fait ce qu'il faut dans notre intérêt. Et heureusement !
C'est vrai ! Combien de fois, soupirons-nous après l'argent, plus de confort, de réussite, de facilités au point d'en oublier le prix de notre rédemption éternelle ! Travailler plus pour gagner plus !
Insensés que nous sommes ! Nous voudrions que Dieu se laisse convaincre par nos priorités et qu'il fasse surtout notre volonté au lieu de la sienne.
Mais Dieu ne se laisse pas impressionner ; il saura nous le rappeler - parfois dans la douleur : « Je te délivrerai ! ». Il s'est juré de nous donner la vie, la foi, la grâce et le bonheur éternel en Jésus. C'est ici que nous tenons Dieu et devons le prendre au mot, surtout dans la détresse.
Christ nous a libérés. Mes amis : plaidons notre cause devant lui - avec audace ! Disons-lui : ô Dieu, donne-moi plus de sagesse et d'intelligence ! Il faut que tu augmentes ma foi, car tu m'aimes ! C'est toi qui t'es engagé ; alors, secours-moi pour l'amour de ton Fils !
Vraiment, ne faisons pas obstacle à cette volonté d'amour. « Celui qui offre en sacrifice sa reconnaissance m'honore, dit encore le Seigneur, et à celui qui veille sur sa conduite je ferai voir le salut de Dieu. » (v.23)
Appelons Dieu avec sincérité et il nous délivrera, au-delà de ce que nous demandons ou pensons, même quand nous ne savons pas pourquoi la maladie, le chômage, la solitude et l'échec nous frappent. Il peut tout. Il délivre de tout. Il règle tout. Laissons-lui le soin de nous délivrer. Il peut nous tirer de n'importe quelle épreuve. Il peut l'enlever. Il peut nous la faire surmonter. Il peut trouver une solution inattendue. Il peut débloquer une situation désespérée, dans ma vie personnelle, dans mon couple ou ma famille. Il peut accomplir toutes sortes de miracles. Nous n'avons même pas besoin de lui proposer des solutions. Laissons-le faire... Il fait tout à merveille.
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III
« Et toi, dit l'Eternel, tu m'honoreras. » Prions pour dire la grandeur de sa délivrance : c'est le dernier point de cette prédication.
Honorer Dieu, c'est reconnaître que l'on a été stupide de suivre une autre voie que la sienne. Honorer Dieu, c'est témoigner que son secours est formidable, que ses solutions sont géniales et son salut vraiment extra ! Quand on a expérimenté la force de l'Eternel, alors on éprouve une immense joie. On est heureux de le connaître et le coeur est transporté de louanges.
On entend parfois - avec raison - : Attends donc d'avoir reçu pour remercier ! Mais le secours de l'Eternel est tellement certain qu'il nous dit d'avance : Toi, tu m'honoreras. Traduction : tu seras émerveillé de voir comment je te tire de l'épreuve, avec quelle puissance je te garde dans la foi, avec quelle énergie je te fais surmonter la tristesse. Tu verras comment je te rends fort malgré ta faiblesse et victorieux malgré les défaites. Donne-moi seulement la main, et moi, l'Eternel ton Dieu, je te soutiendrai.
Ecoutez encore cette parole du psaume 91 : « Tu ne redouteras ni les terreurs de la nuit ni le fléau qui frappe en plein midi. Si dix mille tombent à côté de toi, tu ne seras pas atteint. Fais-tu du Très-haut ta retraite ? Aucun mal ne t'arrivera, aucun fléau n'approchera de ta tente. Je serai avec toi dans la détresse. » (Ps 91).
Vous savez comment Dieu a protégé Israël à travers le désert, contre l'ennemi, la faim, la soif, le découragement. La Bible nous montre comment Joseph a été béni, et pourtant quelle épreuve que sa vie ! Elle nous montre Moïse marchant comme un vaillant conducteur. Elle nous montre Elie se moquant des idoles et de leurs prêtres. Elle nous montre Daniel bravant le feu et les lions pour son Dieu. Ces hommes ont cru, ils ont prié et ils ont été délivrés.
Ce matin, Dieu te dit : ce que j'ai fait pour eux, parole ! Je peux le faire pour toi.
On est tenté de dire : Une telle présence ! Pour moi ? Une telle attention ? Une telle disponibilité pour ma petite personne ?
Alors, comment ne pas tomber dans le piège de cette ''paroisse'' décrite au psaume 50, qui se satisfaisait d'un ''Dieu du dimanche matin'' sans croire en sa présence à plein temps ? Comment ne pas tomber dans le piège de la religion, disons... sociologique, vous savez : l'église dont on fait partie par sa naissance ou ses origines familiales, que l'on respecte bien sûr mais qu'au fond de soi-même, on ne prend pas vraiment au sérieux ? Comment imaginer surtout que Dieu, le créateur du ciel et de la terre, s'intéresse à chacun d'entre nous ! Mais voyons ! Cela n'a aucun sens ! Comment pourrait-il se démultiplier à ce point et être... omniprésent ?
Jésus lui-même nous donne la clé. Rappelez-vous : « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole et mon Père l'aimera ; nous viendrons vers lui et nous établirons domicile chez lui » (Jn 14.23). Voilà le miracle ! Voilà l'incompréhensible : Dieu vient habiter en nous. On a Dieu comme locataire ! Il nous offre sa présence, en étant infiniment discret, sage et affectueux. Les bonnes nouvelles ? Il les accueille avec nous ! Les mauvaises ? Il les reçoit avec nous. Les épreuves ? Il les porte avec nous... Comment douter alors qu'il soit solidaire de toutes nos dé-tresses ?
Dans le psaume 50, nous avions : « Dieu dit au méchant : tu rejettes mes paroles derrière toi » ! Dans l'Evangile, Jésus constate pareillement : « Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes paroles, et la parole que vous entendez ne vient pas de moi, mais du Père qui m'a envoyé » (Jn 14.24). Et pour faire bonne mesure, notre Sauveur nous rap-pelle que cette aventure implique toute la trinité, car il ajoute : « Je vous ai dit cela pendant que je suis encore avec vous. Mais le défenseur, l'Esprit saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (v.25) !
L'Esprit vous enseignera toutes choses. Chacun peut dire que l'Evangile est une force jour après jour. Comment pourrions-nous prier Dieu avec confiance si l'Esprit n'était pas sur nous ? Chacun peut dire : Dieu m'a retiré beau-coup d'épines, m'a béni de bien des manières et exaucé tant de prières. Il a trouvé pour moi des solutions surpre-nantes. Il m'a sorti du brouillard de l'incrédulité ou de la tradition des hommes et il m'a rendu sage pour le salut en Jésus-Christ.
Et quand la mort arrivera et que nous parviendrons à notre plus grande faiblesse, il déploiera encore pour nous sa délivrance. Il nous prendra dans ses bras et nous transportera dans son paradis où il nous comblera de biens éternels. Alors notre vie sera comme un chant joyeux dans lequel nous dirons notre bonheur d'avoir été rachetés et bénis.
« Fais appel à moi quand tu es dans la détresse : je te délivrerai, et tu m'honoreras. » Amen !
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« Ceci est mon corps » Mt 26.26
Chers amis chrétiens,
Les bergers de l'Eglise luthérienne insistent sur l'importance d'une confession de foi solide. Ainsi, beaucoup de fidèles possèdent un Petit Catéchisme, qui résume les points fondamentaux de la foi chrétienne. Martin Luther y a écrit par exemple de très belles pages pour tous ceux qui veulent savoir ce que signifie communier dignement. Il note aussi quelques questions que nous devons nous poser avant de nous avancer : Croyons-nous sincèrement en Jésus Christ notre Sauveur ?
Discernons-nous dans le sacrement le corps et le sang du Seigneur ? Et enfin, avons-nous la ferme intention de vivre chrétiennement avec l'aide du St-Esprit ? Ces trois questions ont servi de fil conducteur au sermon de ce matin. Dieu bénisse votre lecture !
Sainte Cène - 1 Corinthiens 11.28-29
Frères et sœurs en Jésus-Christ, vous êtes invités ce matin à un repas exceptionnel. Pourtant, ne cherchez pas un menu raffiné : on n'y sert que du pain et du vin ! La qualité des produits, alors ? Non : ce n'est pas du Gewurtz ni de la baguette de campagne. La vaisselle a-t-elle une grande valeur ? Pensez-vous : Clarisse nous rapporte les gobelets de la Coop ! Repas exceptionnel peut-être en raison des convives ? Encore perdu : il n'y a parmi nous ni grande famille du protestantisme, ni représentant du conseil municipal. Pour cela, il faudrait peut-être se trouver sous la chaire du président du Consistoire réformé de Mulhouse...
Et pourtant, la table dressée pour nous dépasse en richesses tout ce que nous venons d'énumérer. Nous y recevons quelque-chose d'unique... La preuve ?
Cet avertissement de l'apôtre Paul : « Que chacun s'examine lui-même, et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe, car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même ».
En entendant ces paroles, tous les chrétiens devraient comprendre que participer à tel repas n'est pas un acte anodin. L'Esprit les met en garde : si quelqu'un participait dans l'ignorance ou sans respect, il retournerait chez lui non pas comme il est venu, mais chargé du jugement de Dieu. Cela veut dire que Dieu serait irrité contre lui. Et quand le Seigneur est irrité contre son peuple, il pleut des malheurs.
Vous avez toujours entendu vos bergers insister sur l'importance d'une confession de foi solide. Ainsi, chacun d'entre-vous possède un Petit Catéchisme, qui résume les points fondamentaux de la foi chrétienne. Martin Luther y a écrit par exemple de très belles pages pour tous ceux qui veulent savoir ce que signifie communier dignement. Il note aussi quelques questions que nous devons nous poser avant de nous avancer :
Croyons-nous sincèrement en Jésus Christ notre Sauveur ?
Discernons-nous dans le sacrement le corps et le sang du Seigneur ?
Et enfin, avons-nous la ferme intention de vivre chrétiennement avec l'aide du St Esprit ? Ces trois questions serviront de fil conducteur à ma prédication.
I
Premièrement : croyons sincèrement en Jésus-Christ notre Sauveur ?
La question peut choquer. Si ce n'était pas le cas, nous serions tous encore au lit à cette heure-ci ! Certains parmi vous n'auraient pas fait tant de kilomètres. Elle est bien finie, l'époque où l'on venait au culte par obligation ou par habitude. Nous sommes réunis dans la conviction que Jésus-Christ est notre Sauveur. Il nous a aimés jusqu'à s'incarner en la vierge Marie. Il a offert sa vie pour nous laver du péché et nous couvrir de sa justice. C'est lui qui est « le Dieu véritable et la vie éternelle », pour citer Saint Jean. Dieu a fait pour nous de grandes choses. Voilà ce qui nous amène ici !
Alors, vous direz peut-être que j'aurais pu faire un sermon plus court en supprimant ce premier point ! Mais Luther ne fait que suivre Paul. L'apôtre demande que chacun s'éprouve soi-même, et il écrit cela... à des chrétiens ! Mes amis, je n'aurai pas la prétention de nous croire meilleurs paroissiens que les Corinthiens !
Quand Jésus institue la cène, en présence de ses seuls apôtres, il dit : « Prenez et buvez en tous, ceci est mon corps, ceci est mon sang donné pour vous, pour le pardon de vos péchés ». Ces péchés que nous faisons bien de confesser ensemble dans la liturgie du dimanche. A quoi bon, en effet, parler d'un sauveur si l'on a oublié à quelle détresse il nous a arrachés !
Car même si nous connaissons bien les dix commandements, nous cherchons, tous les jours à fuir notre culpabilité, par orgueil, par insouciance ou suite à des raisonnements trompeurs. C'est comme ça ; c'est dans notre nature.
Voila pourquoi chacun doit s'examiner, non pas en fonction de ses propres critères, mais toujours devant la sainte loi de Dieu qui nous dit exactement quel est notre état. Souvenez-vous de l'exemple du publicain qui se frappait la poitrine dans le temple et reconnaissait humblement sa dépendance au Dieu d'amour. Jésus assiste à la scène, et il affirme que cet homme s'en est allé justifié.
Donc, avant de communier, la première question à laquelle nous devons répondre de tout notre cœur, par le oui de la foi, concerne l'Evangile de Dieu. Car seule l'incrédulité ou l'impiété rend indigne et non préparé. Ces mots « donné et répandu pour vous » exigent absolument des cœurs croyants.
C'est pourquoi examinez votre cœur ! Posez-vous sincèrement la question : est-ce que je suis désolé pour tous mes péchés et est-ce que je regrette de tout mon cœur de les avoir commis ? Est-ce que je crois que seule la grâce de Dieu en Jésus-Christ peut tout me pardonner, sans aucun mérite de ma part ? Voilà ce que veut dire « s'éprouver soi-même » ; voilà ce que signifie « croire en Jésus son sauveur » !
II
Deuxième question proposée par le catéchisme : discernons-nous dans ce repas le corps et le sang du Christ ? La question reprend l'exhortation biblique : savoir discerner le corps du Seigneur comme préalable au repas.
Pourquoi tant de précautions ? Eh bien, depuis ses origines, l'Eglise chrétienne confesse que la cène est sainte. Elle n'est pas d'institution humaine : l'Eglise ne l'a pas introduite lors d'un concile. Les évangiles affirment au contraire que cet acte sacré a été ordonné par Jésus-Christ. Et...quand le Seigneur ordonne quelque-chose, l'Eglise doit l'appliquer fidèlement. Nous sommes les dépositaires d'un testament. Et l'on ne change pas les dispositions d'un testament.
Quand vous participez à la cène, vous faites beaucoup plus qu'annoncer « la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne ». Aussi irrationnel que cela paraisse, dans ce repas sacré, vous recevez réellement, « dans, avec et sous les espèces du pain et du vin », le corps et le sang mêmes du Fils de Dieu, notre Sauveur ressuscité et glorifié. C'est donc lui, le dimanche, qui dresse la table et c'est aussi de ses mains que nous recevons le repas.
Vous le savez, il ne s'agit pas d'une perception physique : je n'ai pas à isoler ou à reconnaître ce qui est du corps de ce qui est du pain ; discerner ne veut pas dire cela. Ce n'est pas non plus une question d'intelligence, comme lorsqu'un professeur demande à ses étudiants de discerner les arguments d'un texte. Nous savons que l'on ne devient pas disciple de Jésus par les études ou l'intellect. Paul nous demande de faire preuve de discernement. Autrement dit, connaissons-nous les dispositions que le Maître a prises au sujet de ce repas ? Sommes-nous pleinement convaincus qu'au moment où nous prenons l'hostie et le vin, nous recevons aussi en bouche le corps et le sang du Seigneur ?
Par cette question, nous pénétrons dans le sacrement lui-même ! C'est encore un pas de foi, comme Paul nous invite à en faire lorsqu'il écrit : « Que chacun donc s'examine lui-même et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe ».
Nous avons dit que la bénédiction est reçue si nous croyons la parole toute simple du Seigneur : c'est mon corps. Jésus est précis ; Paul l'est également.
Il ne permet pas à chacun d'avoir sa propre opinion. Il nous oblige, en quelque sorte, à être conscients qu'au moment de la communion, il se passe quelque chose d'important. Nous recevons en nous le corps et le sang du Christ, véritablement présents.
Donc, il est faux de dire au sujet de la cène que n'importe qui peut communier, sans préparation ni avertissement. Au contraire, Paul avertit l'Eglise - au risque d'en froisser quelques-uns - pour que tous communient d'une manière profitable.
Si l'on reçoit humblement ces paroles, on comprend aussi les devoirs du berger. En effet, consacrer et donner la sainte cène est pour le pasteur un très grand privilège et une grande responsabilité.
Un grand privilège, car ce n'est pas moins que le corps du Fils de Dieu donné pour nous sauver de nos péchés, et son sang précieux répandu pour nous. Et là où il y a rémission des péchés, il y a aussi vie et salut éternel.
En même temps c'est une grande responsabilité, car aucun pasteur craignant Dieu ne voudrait donner à un incroyant la sainte cène pour son jugement ! C'est pourquoi je ne puis donner la communion qu'aux croyants baptisés qui sont aptes à s'examiner.
Pourquoi le Seigneur est-il si exigeant ?
Depuis que le monde existe, la création tout entière soupire sous la malédiction du péché. Bien sûr, Dieu a béni les technologies nouvelles : grâce à elles, combien d'efforts physiques nous sont épargnés ! Même si nous avons, avec le progrès technique, acquis un pouvoir nouveau: celui d'épuiser la terre au point de la faire mourir.
Ainsi le fardeau de la vie continue de peser sur notre âme. Mêmes les chrétiens ressentent les exigences du travail quotidien, les épreuves liées au monde moderne et au stress, les relations tendues qu'il nous arrive d'entretenir avec les gens, jusque dans notre couple ou notre famille. Nous aspirons à une intimité plus profonde avec Dieu qui apaise notre âme et garantisse notre pardon !
Nos temps de prières, de méditation, les cultes du dimanche sont des moments de détente au milieu des fardeaux de la vie. Mais quand nous mangeons et buvons le pain de la cène, les deux : le pain et le vin, « sont le Christ » qui nous rafraîchit et nous fortifie pour la vie éternelle.
Est-on jamais certain d'être distingué dans une foule, ou tout à fait sûr de recevoir à 100% une bénédiction offerte à plusieurs ? Dieu anticipe nos craintes ; il sait de quoi les pécheurs que nous sommes ont besoin. Ce qu'il nous faut par-dessus tout, c'est de savoir que nous sommes personnellement pardonnés et aimés malgré nos fautes.
Notre Seigneur miséricordieux sait aussi que nous avons besoin d'être en communion avec lui et avec ceux qui nous entourent. Il répond à ce besoin en nous donnant le baptême et la cène. En eux, sa Parole est accompagnée d'actes perçus par les sens, la vue, l'ouïe, le goût et le toucher. Quand donc il unit, dans la communion, sa parole au pain et au vin, ceux-ci deviennent des signes de son amour incarné, de sa miséricorde et de son pardon. C'est ainsi qu'il nous communique ces bénédictions.
III
Enfin, nous devons nous demander si nous avons l'intention de vivre chrétiennement avec l'aide du Saint-Esprit. Promettons-nous à Dieu de toutes nos forces de l'aimer, le servir et le suivre, lui seul ? Cette troisième question est la conséquence de tout ce qui précède.
La plus grande joie dans la vie, c'est de connaître Dieu par Jésus-Christ ! D'être reçu dans sa communion, dans l'intimité de sa grâce par les sacrements qu'il a institués. Pourtant, Dieu ne nous fait pas renaître pour que nous restions uniquement de petits enfants ! Imaginez votre détresse si votre fille ou votre fils restait de perpétuels adolescents. Le Père céleste est pareil : il nous fortifie pour que chaque jour qui passe soit une nouvelle expérience en sa compagnie. La résurrection du Christ est là, comme une puissance qui nous rend capables d'accomplir de bonnes choses autour de nous.
Luther prend bien soin de nommer notre allié dans cette démarche importante. Il écrit : « Avec l'aide du Saint-Esprit ». Une façon de nous rappeler que le Dieu trinitaire s'investit tout entier et désire nous bénir, si toutefois nous sommes fidèles !
La majorité d'entre-vous a été confirmée ici, devant cet autel. D'autres y ont été accueillis adultes. A la question : « Voulez-vous persévérer dans la communion de foi de notre Eglise », vous avez répondu : « Oui, avec l'aide de Dieu » ! Et à cette autre question, qui concerne elle aussi tous les membres de l'Eglise : « Voulez-vous conformer votre vie entière à la Parole de Dieu et vivre selon l'Evangile du Christ », vous avez répondu : « Oui, avec la grâce de Dieu » !
Ce serait bien que nous ayons ces promesses dans nos agendas, ou en post-it dans un coin d'écran de notre ordinateur. L'engagement : un concept qui n'est plus guère à la mode aujourd'hui. L'homme moderne avance en marge des institutions et répugne à définir clairement ses positions : cela est vrai en politique comme en religion.
Si telle est votre situation, Dieu vous invite en ce moment même, à une vie plus riche et plus épanouie qui vous rendra semblable au Seigneur.
Quand vous recevrez son corps et son sang tout à l'heure, priez-le qu'il vous donne la « pensée du Christ », comme le dit Paul aux Corinthiens (1Co 2.16) ! Ne laissez pas passer un jour sans lui parler ni un mois sans partager sa parole. Donnez à manger à votre âme le pain et l'eau de vie. Par sa parole, l'Esprit de Dieu vous sanctifiera et fera de vous une bénédiction pour ceux qui vous entourent.
Dans un monde qui nous paraît de plus en plus dénué de sens et d'orientation, Dieu a besoin d'une Eglise forte pour soutenir ses pasteurs, ses diacres et ses missionnaires ! Qui, sinon les chrétiens, donneront les moyens d'action nécessaires aux paroisses et aux œuvres d'évangélisation ? Ne vous y trompez pas : quand l'Eglise est portée par la parole et par l'Esprit, elle constitue une force et une énergie positive, non seulement dans la vie des chrétiens, mais aussi pour le salut éternel de millions de gens qui sont encore sur le chemin de la perdition.
Frères et sœurs, croyez-vous sincèrement en Jésus-Christ votre Sauveur ? Discernez-vous dans le sacrement le corps et le sang du Seigneur ? Alors vous savez aussi où trouver les forces et la volonté pour vivre chrétiennement avec l'aide du St Esprit ! Alors une grâce incommensurable et glorieuse vous est offerte aujourd'hui et je vous invite à la saisir : le pardon de tous vos péchés, éloignés à jamais de votre conscience ; la force de vivre dans la joie et la paix, la confiance et l'amour de votre Sauveur ; et la promesse certaine de la vie éternelle.
Car c'est ici, dans la sainte cène, la porte des cieux ! C'est ici l'échelle de Dieu !
Le corps et le sang de son Fils descendent jusqu'à vous pour vous bénir ; et votre prière et vos louanges montent jusqu'à Dieu pour le glorifier. Amen !
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