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Par lutherien le 5 Octobre 2010 à 09:18
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Deutéronome 15.1-8. Fêtes des récoltes et d'actions de grâces
Commençons par planter le décor. De l'autre côté du Jourdain, Moïse voit la terre promise. C'est la fin de l'exode. Quarante ans se sont écoulés depuis la sortie d'Egypte ; quarante longues années pendant lesquelles Dieu n'a jamais fait défaut. Toujours il a béni, accompagné, protégé, avec beaucoup de patience ; une patience têtue, amoureuse, obstinée. Et maintenant, la promesse faite à Abraham, Isaac et Jacob va s'accomplir. Les Hébreux, littéralement « les passants » (ceux qui voyagent) vont cesser d'être nomades pour devenir sédentaires. Ils ne seront plus étrangers au milieu des nations, mais fermement établis dans le pays que l'Eternel leur donne en héritage (verset 4). Dieu donne à ce peuple une existence politique, sociale, économique pour mener à bien la tâche qu'il lui a confiée : être le dépositaire de l'alliance et le témoin de sa grâce.
« C'est ta dernière mission, Moïse. Répète la loi à Israël, mon peuple ; adapte-la à sa nouvelle existence ! Qu'il sache bien quelle sera sa mission, et quelles forces je vais mettre à sa disposition ! »
Le patriarche, comme un bon pasteur, commence par mettre Dieu à l'honneur. Pour avancer, l'homme doit d'abord savoir d'où il vient. Pour aimer Dieu et son prochain, il doit connaître l'amour de Dieu pour lui-même. Les premiers chapitres du Deutéronome commencent donc par un résumé de l'histoire collective, un condensé des termes de l'alliance. Au coeur de l'enseignement, bien sûr, on trouve le Décalogue. Craindre et aimer Dieu de tout son coeur est la base même de l'alliance ; l'observation des autres commandements repose sur elle... La suite du livre se présente comme un vaste code civil, un recueil de prescriptions morales, mais aussi juridiques. Tout cela doit préserver et guider le peuple au seuil de l'inconnu.
Le passage d'aujourd'hui se trouve dans cette seconde partie. Le mot « relâche » qui revient sans cesse est un peu passé de mode aujourd'hui. Quand on fréquente les théâtres, on sait que la relâche correspond au repos des comédiens : pas de représentations ce jour-là. Les marins désignent encore par ce mot le lieu où le navire fait escale, le port où l'on peut enfin se reposer.
Ici, c'est Dieu qui ordonne une trêve. Il dit aux créanciers : laissez vos débiteurs tranquilles pendant l'année de relâche. Laissez-les souffler ; n'exigez rien d'eux. Et surtout, veillez à ce qu'il n'y ait pas de pauvres chez vous. Rééquilibrez les richesses ; faites preuve de compassion.
Quand on vote une loi, c'est qu'elle correspond à un besoin. Et quand Dieu prescrit quelque chose, ce n'est jamais pour rien. L'homme n'incline pas naturellement à la bienveillance, ni au partage. Son truc, c'est plutôt de travailler sans relâche pour accroître ses biens et son confort.
Est-ce une bonne chose ? Pas toujours. Esaïe, déjà, dénonce le scandale social que provoque la disparité des biens : « Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison - dit le prophète - et qui joignent champ à champ, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espace et qu'ils habitent seuls au milieu du pays » (5.8). Un réquisitoire que ne renierait pas Arlette Laguiller !
L'Ecclésiaste, en observateur attentif de l'âme humaine, écrit : « J'ai vu que tout travail et toute habileté dans le travail n'est que jalousie de l'homme à l'égard de son prochain » (4, 4). Salomon encore, met en garde contre cette frénésie de la possession : « En vain - dit-il - vous vous levez de bon matin, vous vous couchez tard, et vous mangez le pain de douleur ; Dieu en donne autant à ses bien-aimés pendant leur sommeil » (127).
Cette dernière réplique nous rappelle bien sûr la parabole de ce riche qui l'était beaucoup pour lui-même, mais nullement pour Dieu. Et cette conclusion frappante du Seigneur : là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur.
Alors, pour convaincre ses troupes du bien-fondé de la relâche, Moïse replace cette démarche dans l'économie du salut. « Dieu ne vous demande pas de faire cet effort les premiers ; comme un geste vers lui. Dieu ne marchande pas sa bénédiction en échange d'une bonne conduite ! Considérez un instant ce qu'il a fait pour vous. Voyez ce pays qu'il vous donne pour que vous en preniez possession. Il ne vous a coûté aucune peine, alors n'en infligez pas à d'autres ! Il vous le donne tout entier, alors soyez équitables ! Même les batailles que vous aurez à livrer vous montreront de quelle façon Dieu presse l'ennemi ; alors toi, cette année-là, ne presse pas ton prochain » ! Le maître mot, c'est la reconnaissance.
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Et puis, cette année de relâche est la conséquence logique d'une disposition antérieure. L'ordonnance de Lévitique 25, l'année sabbatique. « Pendant six années, dit Dieu, tu ensemenceras ton champ ; pendant six années tu tailleras ta vigne et tu en recueilleras les fruits. Mais la septième année sera un sabbat, un temps de repos pour la terre, un sabbat en l'honneur de l'Eternel » ! Voilà pourquoi ceux qui avaient emprunté n'étaient pas « solvables » cette année-là. L'interruption des remboursements était d'autant plus nécessaire qu'il n'y avait plus vraiment de rentrée d'argent. La terre était au repos et ce qui poussait de soi-même appartenait à tout le monde, en particulier aux pauvres. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais rien que des textes comme ceux-là - qui ne sont pas, à proprement parler... spirituels, devraient rendre muets ceux qui haïssent la Bible ! Où trouve-t-on une législation semblable chez les peuples de l'antiquité ? Qu'ils soient romains, grecs ou égyptiens, où pratiquait-on de telles mesures sociales ? Et quand je pense aux civilisations qui se sont succédé depuis, à la misère des plus pauvres...
Aujourd'hui, d'autres voix que les prophètes dénoncent les inégalités criantes de la société. Le gouvernement français a présenté mercredi un projet de budget 2011 d'austérité pour engager le pays dans un effort sans précédent de réduction de ses déficits record ; parallèlement, 40 groupes réunis dans le CAC 40 cumulent des bénéfices de plus de 100 milliards d'euros. Notre pays frise à nouveau le seuil des 10 % de chômeurs tandis que le groupe Seb délocalise en Chine, Amora en Pologne et Renaud en Roumanie... Gain de productivité, gain de temps...
Dans notre passage, les croyants devaient reconnaître que leur temps appartenait à Dieu. Deux signes forts : la consécration du septième jour, ressourcement pour l'âme après toute une semaine soumise aux besoins du corps. Puis la consécration d'une année sur sept. C'est l'affirmation que le pays, la terre sur laquelle on vit et qui nourrit est un don de Dieu, une faveur de l'Eternel.
Plus insensée encore : l'année du jubilé, tous les quarante-neuf ans - ce qui correspondait à sept fois sept années sabbatiques. Cette année-là, le son puissant du Yobel - la corne du bélier - retentissait partout en Israël, un peu comme les sirènes dans notre pays, chaque premier mercredi du mois. Cette année-là, la loi ordonnait que les hypothèques soient levées, que chacun retrouve sa propriété et les esclaves leurs familles. C'est pourquoi cette année était encore appelée « année de la liberté ».
Il est donc tout à fait naturel que l'annonce du Messie ait été associée à ces temps si particuliers. Pour illustrer les réalités du Royaume de Dieu, le prophète avait à sa disposition toutes les analogies offertes par les années de relâche et de jubilé. Un seul exemple, bien connu : les paroles d'Esaïe que Jésus appliquera à sa personne : « L'Esprit du Seigneur, l'Eternel est sur moi car l'Eternel m'a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux ; il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer aux captifs la liberté et aux prisonniers la délivrance ; pour publier une année de grâce de l'Eternel, pour consoler tous les affligés » (61).
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L'année de relâche. Nous venons d'entendre ce qu'elle était pour Israël. Voyons maintenant ce qu'elle est pour nous, chrétiens.
La plupart des gens savent ce qu'est une année sabbatique. L'expression est entrée dans le langage courant pour désigner une parenthèse dans la vie professionnelle, un retrait volontaire pour s'accorder du repos ou se consacrer à une autre activité. Mais... c'est à peu près tout ce qui reste de connaissance chez nos contemporains. Car la suite, l'aboutissement, le prolongement des lois de Moïse est donné par l'Evangile.
Par exemple, le Nouveau Testament révèle que les prêtres célébraient « un culte, image et ombre des choses célestes, comme Moïse en fut divinement averti lorsqu'il allait construire le tabernacle » (Hb 8.5). Qui est l'incarnation de ces choses célestes ? Paul répond : « C'était l'ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ » (Col 2.17) !
Frères et soeurs, ce n'est plus tout les sept ans que Dieu accorde à son peuple l'année de relâche ! « Quand les temps ont été accomplis, écrit encore l'apôtre aux Galates, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme, né sous la
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loi, afin qu'il rachète ceux qui étaient sous la loi, afin que nous recevions l'adoption » (4).
Nous avons dit que le relâche consistait à suspendre les dettes. Or, Paul emploie le terme de rachat : « Dieu a envoyé son Fils afin qu'il rachète ceux qui étaient sous la loi ».
Etions-nous donc les débiteurs de Dieu ? Les paraboles du Royaume nous répondent. Elles comparent la relation entre l'homme et Dieu à celle d'un roi et d'un serviteur endetté jusqu'au cou ! Matthieu rapporte que sa dette est si importante qu'il supplie le roi de la suspendre. Et le roi fait beaucoup plus que cela : il efface son ardoise (18.27) ! Quand Esaïe annonce que le Messie proclamera aux captifs la liberté, et aux prisonniers la délivrance, c'est pour affirmer que la dette immense qui nous séparait de Dieu, c'est notre péché.
Etre criblé de dettes est une situation intenable. On a vu des gens ruinés se supprimer de désespoir. Le Saint-Esprit affirme que la situation - non pas économique, mais spirituelle - des hommes est parfaitement semblable : « Vous étiez morts par vos offenses », dit l'Ecriture.
Dans ces conditions, le rédempteur - littéralement : celui qui annule la dette, qui rachète - ne pouvait venir que d'en haut. C'est pourquoi, poursuit Paul, Dieu « nous a rendus à la vie avec lui, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses ; il a effacé l'acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistaient contre nous, et il l'a éliminé en le clouant à la croix » (Col. 2.13) !
Un ami Américain m'a raconté que dans sa paroisse, chaque Vendredi saint, le pasteur termine le culte en refermant brusquement, en faisant claquer la Bible. Tout est accompli - clac : comme le marteau d'un commissaire priseur pour marquer la clôture d'une transaction - l'agneau de Dieu a enlevé le péché du monde ! »
Eh bien voyez, le registre comptable de tous nos péchés s'est refermé aussi brutalement à Golgotha. Paul dit : « Dieu a effacé l'acte, en le clouant à la croix ».
Alors oui, la corne du bélier peut sonner, l'année du Jubilée peut être proclamée car toute la Bonne Nouvelle est un chant de délivrance. Jésus dit aux Juifs : « Si le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres » et « si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort ».
Terminons en soulignant que l'année de relâche n'était pas un privilège individuel, mais un bien collectif. Tous, et surtout les pauvres, bénéficiaient du repos par la bienfaisance des plus riches. Moïse écrit : « tu n'endurciras point ton coeur et tu ne fermeras point ta main devant ton frère indigent » (v.7)... Cela me rappelle cette magnifique parole aux Romains, chapitre 13 : « Ne contractez d'autres dettes que celle de l'amour » !
Vous que la liberté de l'Evangile a affranchis, faites-vous serviteurs les uns des autres et de la justice ! Ainsi, personne ne peut dire : je ne sais que faire de ma vie chrétienne ; je ne sais pas comment utiliser les dons que j'ai reçus.
L'hiver approche et nous avons douillettement rallumé notre chauffage. Or nous savons qu'ils seront encore des centaines à dormir dehors dans les rues des grandes villes. Tous les travailleurs sociaux s'accordent à dire que ce qui tue ces gens, ce n'est pas le froid : c'est l'abandon et la solitude. Quelle sera notre réponse à leur solitude ?
Il y a aussi, bien sûr, et la fête d'aujourd'hui nous le rappelle, les besoins immédiats de nos communautés et de la mission. Entretenir les temples, publier des bibles, rémunérer les pasteurs : personne ne fera cela à notre place. Foi et partage se trouvent par exemple réunis dans cette phrase d'une épître : Par Jésus, « offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. Et n'oubliez pas la bienfaisance et la libéralité, car c'est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir ».
Que notre désir d'accomplir le bon plaisir de Dieu, et la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, fassent de nous des chrétiens solidaires pour être conduits ensemble vers le temps de relâche par excellence, l'éternité sabbatique auprès de Dieu, notre sauveur ! Amen !
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Par lutherien le 28 Septembre 2010 à 16:40
17°Trinité : 1 Timothée 2.1-6
Frères et soeurs, dimanche dernier, nous nous sommes attardés sur la situation désespérée d'Israël et la prière efficace de Moïse. Ce matin, l'apôtre nous encourage à prier pour tous les hommes, et particulièrement pour tous ceux qui exercent l'autorité. Je sais bien que certains prieront dans la douleur et d'autres dans la joie, mais il y a manifestement un terrain sur lequel nous devons tous nous retrouver, c'est celui de la prière ! Pourquoi ce rappel ? Paul nous donne une triple réponse. Priez : parce que c'est la volonté de Dieu ; parce que le monde en a besoin ; parce que notre salut et celui de nos semblables en dépendent !
I
« J'encourage avant tout - écrit l'apôtre - à faire des demandes, des supplications, des prières de reconnaissance pour tous les hommes ».
Cela peut sembler étrange de dire à un enfant : parle à ton père ! Ne fait-il pas cela spontanément ? Un enfant parle à son père parce que cela répond à un besoin profond et vital ; c'est le signe de son amour et de sa confiance. Pourtant, Paul est obligé de dire à son disciple : « J'encourage » et il ajoute même : avant tout. Ailleurs, il insiste au point d'ordonner aux chrétiens : « Priez sans cesse ! » (1Th 5.17).
Nous sommes enfants de Dieu. Dieu veut donc vivre en communion avec nous, comme un père avec ses enfants. Quelle genre de relation avons-nous avec lui si notre prière n'est qu'un automatisme, quelque-chose qu'on accomplit comme une formalité, quand il reste un peu de temps à la fin d'une journée, un truc de dernière minute avant d'aller se coucher et d'éteindre la lumière ? Dieu nous a créés pour la prière et attend que nous priions. Et c'est bien à cause de notre faiblesse qu'il nous le rappelle de cette façon. Vous savez, c'est un peu comme l'adolescent mal dans sa peau qui a du mal à communiquer avec ses parents - avec ses « vieux », comme disent les jeunes - justement parce qu'ils ont le sentiment de ne plus être sur la même longueur d'onde ! C'est à eux que le Seigneur demande : « Invoque-moi au jour de la détresse ; je te délivrerai et tu me glorifieras » (Ps.50.15). Alors prions, frères et soeurs. Prions avec ferveur, s'il est vrai que Dieu compte dans notre vie et que nous avons des choses à lui dire !
Quand cela va mal dans le monde ou dans la vie des gens, on entend souvent des réflexions du genre : « C'est comme ça ! On ne peut rien y changer. Il faut accepter ! Il faut faire avec, prendre les choses comme elles viennent ». Ce qui correspond à peu près à l'Inshala des Musulmans. Les chrétiens abordent le problème autrement. Ils disent non pas Inshala, mais : « C'est toi, Eternel, qui es notre Père, qui dès l'éternité t'appelles notre Sauveur ! » (Esaïe 63.16).
« J'encourage avant tout, dit Paul, à faire des demandes, des supplications, des prières de reconnaissance pour tous les hommes ».
La prière, frères et soeurs, c'est donc le baromètre de notre foi, un peu comme la qualité du dialogue entre époux est le baromètre de leur amour. Et Dieu sait que se parler est important, et même capital. C'est pourquoi l'apôtre ajoute : « Voilà ce qui est bon et agréable à Dieu, notre Sauveur ».
II
« J'encourage à faire des demandes, des supplications, des prières de reconnaissance pour tous les hommes ».
Si l'apôtre Paul dit cela, c'est aussi parce que le monde en a bien besoin.
On entend dire quelquefois que les chrétiens sont déconnectés du monde ; qu'ils ne s'intéressent pas aux problèmes de la société et ne savent que prier. Pour dire une chose pareille, il faut ne jamais avoir assisté à un culte ! Quand les chrétiens sortent de leur appartement ou quittent leur maison le dimanche matin, ils emportent le monde et les hommes avec eux, dans leur coeur, et les présentent au Seigneur.
Ce qu'ils ont vu et appris à la télé, ce qui a fait irruption dans leurs foyers, les malades et les mourants, les gens seuls et en souffrance, les détresses grandes et petites, ils les portent avec eux quand ils se tiennent devant le trône de leur Dieu. Ils prient, parce que le monde en a besoin. Et qui le fera à leur place ? Le joggeur du dimanche ? Celui qui trime tous les week-ends pour retaper sa maison de campagne ? Ou celui qui reste tout simplement sous sa couette parce qu'il a refait le monde le samedi soir autour d'un repas bien arrosé ?
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On entend dire aussi : « les chrétiens parlent beaucoup mais agissent peu ». C'est archi-faux ! Les chrétiens sont des gens de prière, mais aussi des gens d'action ! Ils agissent, mais avant d'agir ou en même temps qu'ils agissent, ils parlent. Et pas avec n'importe qui. Ils parlent avec l'Eternel des armées qui gouverne toutes choses. Ils vont le trouver, car ils savent que s'il en est un qui peut résoudre les problèmes de ce monde, c'est bien lui !
Se bouger, faire face, agir, secourir par le geste ou par le don, tout cela est nécessaire et les chrétiens ne sont pas les derniers à le savoir. Mais ils savent aussi qu'il y a encore plus important que cela, quelque chose qu'ils sont les seuls à pouvoir faire : prier pour ce monde.
Pensons à la faim en Afrique ou en Asie. Faut-il prier au lieu d'agir ? C'est une fausse alternative ! Les chrétiens font les deux : ils prient et ils agissent. Car il ne suffit pas d'agir. Encore faut-il que nos dons parviennent à la bonne adresse au lieu de remplir les poches des puissants, d'alimenter des comptes secrets dans des paradis fiscaux ou de se muter en belles Mercedes, alors qu'ils devraient se transformer en riz pour nourrir des bouches affamées ou en médicaments pour soigner des malades.
Et puis le meilleur riz, le meilleur pain du monde ne peut secourir les malheureux si celui qui crée le riz et le blé ne bénit ces fruits de la terre. Dieu seul rassasie les hommes et les animaux. Alors n'oublions pas d'agir, mais aussi de prier et de prier avec ferveur, d'en appeler au coeur et à la miséricorde du Seigneur !
Un père, c'est aussi un confident, un ami sur lequel on peut compter. Et ça c'est un trésor immense. Peut-être n'es-tu pas très heureux dans ta vie de couple, peut-être y a-t-il des tensions et des querelles dans ta famille, peut-être vis-tu dans la solitude. Ou bien tu as le sentiment d'être mal compris, l'impression qu'on t'ignore ou te méprise. Ou alors c'est le poids des années qui te fait souffrir. Cela ne va plus comme jadis. Il y a tant de choses que tu aimerais faire et que tu ne peux plus faire. Joins les mains, frère ou soeur ! Trouve un peu de temps pour t'adresser à celui déclare dans l'Evangile, à travers ton baptême et dans la sainte cène : « Je t'aime et je ne t'abandonnerai pas ! »
Ne dis pas : « A quoi bon ? Cela ne sert à rien. Dieu ne m'entend pas ! » Fais comme Abraham qui pria pour Sodome : « Seigneur bien-aimé, s'il n'y a que 20 justes dans ses murs, ou seulement 10, ou peut-être 5, épargne cette ville ! »
Ou comme Moïse qui plaça l'Eternel devant ses engagements envers les patriarches et fléchit la résolution divine de mettre un terme à son alliance. Ou comme la femme cananéenne qui insista auprès du Christ et lui dit : « Seigneur, même les petits chiens ont le droit de ramasser les miettes qui tombent de la table de leur maître... », ou encore comme cette veuve qui alla déranger le juge jusqu'à ce qu'il lui fasse justice.
Et puis, comme le dit l'apôtre, prions « pour les rois et tous ceux qui exercent l'autorité, afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et en tout respect. »
Si vous trouvez que votre situation est difficile dans un pays laïc, pensez aux destinataires de cette épître. Ils ont souffert sous Titus, puis Néron. Les Juifs les méprisent et les Romains les persécutent. Mais quel est l'ordre de l'apôtre ? La révolte ? Non : l'obéissance, « avec amour et respect » comme l'écrit Luther dans son explication du 4e commandement. En effet, les empereurs et les rois, les chefs d'Etat et les gouvernements sont là pour permettre aux gens de « mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et dignité ». Ils sont chargés de veiller à la paix, à la justice, à la sécurité et au bien-être de tous. Et si leurs ambitions se heurtent à la mondialisation, aux puissances du profit ou à leur propre incompétence, ils ont d'autant plus besoin de nos prières. D'accord pour la critique, les protestations, les manifestations comme jeudi dernier. D'accord même, si c'est nécessaire, pour faire en sorte qu'ils ne sortent plus des urnes aux prochaines élections. Tout cela peut être parfaitement justifié. Mais qui va prier pour ces gens, si les chrétiens ne le font pas ?
Notre président, notre premier ministre et son gouvernement, nos députés et nos sénateurs et tous les serviteurs de l'Etat relèvent des défis énormes : réduire le chômage, maintenir les retraites, développer la croissance, contribuer par leur politique à la sauvegarde de l'environnement, s'occuper de nos écoles et de nos hôpitaux, veiller à ce que la dignité de chaque citoyen soit préservée, ainsi que son droit à une vie décente. Alors, même s'ils sont bardés de diplômes prestigieux, genre ENA ou Sciences Po, ils ont besoin de nos prières, de beaucoup de prières. Ce ne sont que des hommes, en effet, des hommes faillibles, qui ont leurs limites. Et plus ils sont assis haut, plus grandes sont les tentations auxquelles ils sont exposés. La tentation de rechercher prestige et gloire. La tentation de prélever des commissions sur l'argent qui leur
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passent par les mains. La tentation de vendre leurs faveurs. La tentation de négliger ceux dont ils n'ont rien à attendre et qui ne peuvent pas les faire progresser dans leur carrière ni les maintenir dans leurs fauteuils.
Il est important qu'on prie pour eux. Les tentations auxquelles ils ont à faire face sont tellement plus grandes que celles qui nous assaillent dans notre vie de petits citoyens. Ils portent des responsabilités tellement plus grandes que nous, ce qui signifie que lorsqu'ils font des erreurs, ces erreurs ont des conséquences beaucoup plus graves que les nôtres.
Honorer et respecter ceux qui nous gouvernent ? Certainement, car leur autorité vient de Dieu. Les mettre sur un piédestal et les vénérer ? Surtout pas, car ce ne sont pas des dieux, loin de là ! Les soutenir par un engagement militant ? Pourquoi pas, surtout quand ils le méritent. Mais aussi et surtout prier pour eux, car ils en ont bien besoin et c'est encore la meilleure façon de les aider.
III
Prier ? Oui, car Dieu le veut. Prier aussi parce que le monde en a bien besoin. Et enfin prier, car il s'agit de le sauver. « Voilà ce qui est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, lui qui désire que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité - écrit Paul. En effet, il y a un seul Dieu il y a aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, Jésus-Christ, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous... et pour lequel j'ai été établi prédicateur et apôtre. »
Vous le savez, tous nos problèmes ne sont pas résolus quand nous avons réussi nos examens, trouvé un partenaire pour la vie, construit ou acheté une maison, retrouvé du travail après une petite période de chômage ou surmonté une maladie. Et les problèmes de ce monde ne sont pas résolus quand les pays collaborent et que l'économie est stable et prospère. Il y a un problème qui dans tout cela n'a pas trouvé sa solution. C'est le péché. Le monde a besoin d'être réconcilié avec Dieu. Il a donc besoin de quelqu'un qui le réconcilie, d'un médiateur. Ce médiateur existe : « Jésus-Christ, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous ».
Le monde a besoin de salut. C'est la troisième raison pour laquelle il est important que nous priions. Il s'agit de remercier Dieu de ce qu'il nous a donné un Sauveur. De le remercier parce qu'il nous a fait la grâce de croire en lui. De le remercier parce que sa parole nous est prêchée fidèlement. De lui demander d'envoyer des ouvriers dans sa moisson, car le champ est grand et il n'y a que peu de semeurs et de moissonneurs. Demandons-lui d'offrir au monde des pasteurs, des missionnaires, des évangélistes et des diacres dévoués, et beaucoup de fidèles qui travaillent dans son Royaume et ne se contentent pas de voir dans l'Eglise une cafétéria où l'on vient se servir et où on laisse travailler les autres.
Demandons-lui de faire de nous de meilleurs témoins, de nous donner au bon moment les bonnes paroles. Prions pour que les pays qui sont restés fermés à l'Evangile lui ouvrent leurs portes. Prions pour que ceux qui se sont détournés de l'Evangile, qui ne veulent plus ou ne peuvent plus croire, retrouvent la foi, et pour que ceux qui n'ont jamais cessé de croire restent humbles, chaleureux, miséricordieux, doux et patients.
Nous avons beaucoup de raisons de prier, de prier avec ferveur, sans nous lasser. Faisons-le, non par contrainte ni par habitude, mais de bon coeur, humblement, avec foi et gratitude, car Dieu le veut, le monde en a besoin et il y va de notre salut ; du salut de notre mari ou de notre épouse, du salut de nos enfants et de nos petits-enfants, et du salut des hommes nos frères. Dieu est amour. Il veut donc que « tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité ». C'est pourquoi il écoute nos prières. Toutes nos prières ? Oui, toutes. Pas toujours comme nous le souhaitons, mais toujours comme il a décidé de le faire. Et cela devrait nous combler de joie.
Amen !
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Par lutherien le 26 Septembre 2010 à 20:01
16°Trinité Exode 32.7-14
Frères et soeurs, il y eut un jour dans l'histoire de l'humanité où le peuple juif faillit être rayé de la carte et subir une extermination totale...
« Oui, me direz-vous, nous le savons ! Cela s'est passé en Europe, au milieu du XXe siècle. Vous faites référence aux nazis et à la Shoah » ! Eh bien non.
Il s'agit d'un événement très antérieur, puisqu'il nous fait remonter 1300 ans avant le Christ. Voyons comment les Hébreux échappèrent à l'extermination, et cela grâce à la prière d'un homme.
I
Rappelons d'abord les faits, même si le récit du veau d'or nous est bien connu. Moïse est sur le mont Sinaï depuis quarante jours. Là-haut, il reçoit du Seigneur toutes les instructions morales et religieuses que nous trouvons encore consignées dans ses livres. C'est la première alliance entre Dieu et les hommes : « observe ma loi, dit l'Eternel, et je ne t'abandonnerai jamais. Bien plus : de toi sortira le Sauveur du monde » !
Le problème, c'est qu'en bas, dans la plaine, « le peuple voyant que Moïse tardait à descendre, s'assembla autour d'Aaron, et lui dit : Allons ! Fais-nous un dieu qui marche devant nous, car ce Moïse, cet homme qui nous a fait sortir du pays d'Égypte, nous ne savons pas ce qu'il est devenu » (v.1) ! Aaron obéit au peuple. Il fit un veau d'or avec tous les bijoux qu'on lui apporta. Puis le peuple offrit à l'idole des sacrifices et des holocaustes. Il organisa une grande fête en l'honneur du nouveau dieu, fête qui dégénéra en orgie.
Alors l'Eternel dit à Moïse : « Je vois que ce peuple est un peuple au cou raide. Maintenant laisse-moi ; ma colère va s'enflammer contre eux et je les consumerai ». Tel est, en résumé, le récit du veau d'or.
Frères et soeurs, ce jugement terrible prouve que l'idolâtrie est une chose grave. Quand les hommes inventent un nouveau culte, ils dirigent vers d'autres leur confiance et leur piété. Dieu ne leur suffit plus. Alors, ils font parler leurs divinités, ils les formatent à leur gré et les entourent d'une religion qui les maintient dans l'illusion ! Au commencement, Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image » ! Ici, c'est l'homme qui dit : « Faisons Dieu à notre image » !
Frères et soeurs, Dieu ne veut pas être le fruit de notre imagination. Au contraire : il s'est révélé à nous par ses prophètes. Il dit : à moi seul la louange et la gloire ! Cette relation exclusive, il la revendique car il est notre créateur et notre sauveur. Le premier commandement commence ainsi : tu n'auras pas d'autre Dieu devant ma face. Lui désobéir, c'est tomber sous son jugement.
Mais pourquoi, justement, renier un tel Dieu ? Généralement, c'est pour échapper à sa loi morale : on préfère suivre nos penchants naturels et nos propres désirs. Ce récit nous montre donc le commencement du péché, et d'abord comment il prend très vite naissance dans les coeurs. Il y a à peine six mois que l'Eternel a fait sortir son peuple d'Egypte, en déployant devant lui toute sa puissance... Résultat ? Le peuple désobéit. Cela nous montre que le péché est toujours en nous à l'état latent, et ne demande qu'à jaillir à la première occasion. Ce n'est pas parce que nous avons été au culte ce matin, et que nous avons écouté la parole de Dieu que l'Ennemi ne cherchera pas à nous piéger. Donc, soyons toujours sur nos gardes !
Ici, c'est l'impatience qui provoque le péché. Moïse est en retard. Alors le peuple trouve le temps long. Alors quelqu'un suggère qu'on fasse un dieu qui assure l'intérim. Quel mal y a-t-il à cela ? « Après tout, il est plutôt contrariant, ce Dieu qu'on ne voit pas. Les Egyptiens, pour ça, avaient bien fait les choses : leurs dieux ornaient les temples, l'intérieur des maisons. Ils les sortaient en procession, jusqu'aux rives du grand Nil. On les fêtait... Non, vraiment, les Egyptiens n'avaient pas que des défauts... » ! La revendication semblerait presque légitime : on veut du concret, et vite !
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Mais c'est encore raisonner au ras des pâquerettes ! Dieu est partout et remplit toute chose. Croyons fermement en sa présence, ici et maintenant, en toutes circonstances, et ne cherchons pas le secours en courant d'une religion à l'autre pour voir quelle sera la meilleure. Dieu nous éprouve souvent pour voir si nous tenons vraiment à lui. Nous pêchons souvent par impatience... Et puis... comme on l'a dit, Dieu n'aime pas qu'on se paie sa tête. Et qu'on lui fasse pousser des cornes. Une tête de veau, je vous demande un peu ! Pas étonnant que la vinaigrette lui soit montée au nez !
Aujourd'hui, si tant de gens se font piéger par des sectes et des philosophies à caractère religieux, c'est parce qu'ils doutent du Dieu vivant. Bien souvent, ils ne veulent pas s'en tenir aux réponses de la Bible ; alors ils attendent des réponses qui collent à leurs désirs ou des révélations qui excitent leurs phantasmes et leurs besoins de mystères... Ne dit-on pas d'une chose facile à comprendre qu'elle est d'une simplicité évangélique ? Mais les messages cryptés et les codes secrets sont tellement plus palpitants pour l'intelligence !
Ce récit nous met encore en garde contre une autre séduction : le péché collectif. Il semble que le peuple tout entier persuade Aaron de fabriquer un veau d'or. Un péché collectif est toujours plus séduisant, parce que tout le monde le fait. On se dit : puisque tout le monde le fait, c'est que la majorité a certainement raison. « Et puis, je suis noyé dans la masse : on me verra moins ! » Or, dans l'Eglise, ce n'est jamais la majorité qui a raison. Le seul critère de la vérité, c'est la parole de Dieu.
Aujourd'hui, ce n'est qu'un exemple, le monde pense que toutes les convictions se valent et que personne ne peut affirmer détenir la vérité : l'essentiel est de se montrer sincère ! C'est pourquoi il en résulte tant de confusions au sujet de Dieu et des religions en général.
Ce récit nous montre encore qu'un péché en entraîne souvent un autre. Le peuple s'assit pour « se divertir », raconte Moïse. Le mot en hébreu est plus précis qu'en français. Il évoque généralement les divertissements liés à une sexualité débridée. Paul écrit, en faisant allusion à cet événement (1 Co. 10) : « Ne devenez point idolâtres, comme certains, selon qu'il est écrit : Le peuple s'assit pour manger et pour boire ; puis ils se levèrent pour se divertir. Ne nous livrons point à l'impudicité (l'impudicité, c'est l'immoralité sexuelle), comme quelques-uns d'eux s'y livrèrent, de sorte qu'il en tomba vingt-trois mille en un seul jour. »
On dira : en dansant autour du veau d'or, Israël a peut-être simplement copié certaines pratiques connues en Egypte ! Ce n'est pas une excuse. Voilà un peuple que Dieu s'était donné tant de mal à délivrer de l'esclavage et qui s'adonne à l'orgie en plein air la plus torride de son histoire. A cet instant précis, le peuple élu ne valait pas plus que la plus obscure des tribus païennes...
Frères et soeurs, attention à notre jeunesse, quand elle commence à dire : notre religion est trop rigide ! Ne serait-ce pas plutôt qu'elle les empêche de se divertir avec le monde ? Attention à ce qui se cache derrière de telles revendications ! Trop souvent, on fuit Dieu parce qu'on ne supporte pas d'intrusion extérieure dans nos mauvaises habitudes...
Le péché d'Israël a été extrêmement grave. Notre récit nous dit que, ce jour là, ce fut comme s'il avait changé de Dieu. D'où l'incroyable sanction : l'anéantissement complet du peuple. Israël devait être rayé du plan divin. Et peut-être que si Moïse n'avait pas plaidé en sa faveur, Israël aurait vraiment cessé d'exister.
II
Bien. Justement : comment a-t-il parlé, Moïse ? Et quel enseignement peut-on en dégager, pour nous, aujourd'hui ? Si quelqu'un doute de l'efficacité de sa prière et du pouvoir qu'elle possède, je l'invite à bien écouter ce qui suit ! Nous voyons comment Moïse, par une prière, simple mais fervente, arrête le bras vengeur de l'Eternel ! Il parvient à changer le destin tragique de tout un peuple. Et d'abord que voyons-nous ?
Moïse discute avec Dieu comme s'il était son égal ! Souvenons-nous qu'Abraham avait fait preuve de la même audace quand il défendit Sodome et Gomorrhe.
3
De quel droit le prophète peut-il demander à Dieu de revenir sur sa décision ?
Est-il saint et pur comme le sera Jésus ? Non. Il est pécheur comme le reste des hommes. Sait-il bien parler ? Non. Figurez-vous que Moïse avait un complexe à ce sujet ! Est-il alors un grand prophète ? Certainement, mais c'est Dieu qui l'avait voulu ainsi...
La seule raison, la voici, dans notre récit : « Reviens de l'ardeur de ta colère, dit Moïse, et repens-toi du mal que tu veux faire à ton peuple. Souviens-toi d'Abraham, d'Isaac et d'Israël, tes serviteurs, auxquels tu as dit, en jurant par toi-même : Je multiplierai votre postérité comme les étoiles du ciel, je donnerai à vos descendants tout ce pays dont j'ai parlé, et ils le posséderont à jamais » !
Moïse est très adroit ; il demande à Dieu de se souvenir du serment qu'il a fait à Abraham, Isaac et Jacob. Et quel est ce serment ? De bénir la postérité des patriarches, que par elle vienne un jour le Christ, le Sauveur.
Voilà le seul grand recours que nous avons devant le tribunal de Dieu : son serment de grâce et d'amour en Jésus-Christ. Voilà la force qui peut le faire changer d'avis, car sa grâce est éternelle.
Donc, si nous voulons bien plaider une cause, ne venons pas avec nos mérites. Ne faisons valoir que l'alliance de notre baptême. Cette grâce nous obtient tout. Elle est la force qui fléchit son coeur. Elle nous permet de lui parler comme le fait Moïse, de lui dire : Tu dois nous bénir, nous pardonner, nous écouter, nous délivrer et nous faire du bien, parce que tu en as fait le serment ce jour-là.
Voilà un bon exemple qui nous montre que nos prières ont un très grand pouvoir sur le coeur de Dieu. Au point de le faire changer d'avis. C'est ainsi, oui, qu'Abraham a prié en faveur de son neveu, que Jacob a obligé l'ange de l'Eternel à le bénir, que la Cananéenne a contraint Jésus à lui faire don de sa grâce. Et surtout, frères et soeurs, ne disons pas : Il faut être grand comme Moïse pour obtenir de si grands résultats. Non ! Si nous sommes en Christ, nous sommes grands comme Moïse ! Nous avons sur le coeur de Dieu le même pouvoir.
Et les sujets d'intercession sont nombreux ! Pour l'enfant révolté, le fils qui a mal tourné, l'époux qui s'est égaré, le membre de l'Eglise qui a perdu la grâce. Prions pour eux, que Dieu détourne sa colère et leur accorde un temps supplémentaire de patience !
Ce récit nous montre encore autre chose. Moïse est seul contre tous. Quand on est seul, on se sent terriblement petit et démuni. Mais quiconque fait comme Moïse, quiconque se réfugie en Dieu n'est jamais seul. Il est même plus fort que tous, comme Moïse l'avait été contre Pharaon et toute son armée, ou comme David face au géant Goliath. Voilà une belle raison de prier si nous voulons rester forts contre les menaces de ce monde. Voilà ce qu'il faut rappeler à notre jeunesse, lorsqu'elle est effrayée par son avenir. Prions, et Dieu nous rendra plus forts !
Enfin, cette histoire rappelle combien Moïse tenait à l'honneur de son Dieu.
Il demande : « Pourquoi les Égyptiens diraient-ils : C'est pour leur malheur qu'il les a fait sortir, c'est pour les tuer dans les montagnes, et pour les exterminer de dessus la terre » ?
Le prophète semble dire : Ne permets pas que les païens se moquent de toi et de ta grâce, en voyant que tu as délivré ton peuple pour son malheur.
Nous aussi, nous devons prier : Seigneur, montre ta force dans notre faiblesse et ton pouvoir à travers ton Eglise, pour que le monde voie combien ta loi est bonne et ta grâce formidable ! Que, par toi seul, Seigneur, beaucoup de gens soient gagnés à l'Evangile. Ne permets pas qu'on se moque de toi et de tes enfants...
Voilà, chers amis, ce que Moïse nous dit, ce matin, de la prière chrétienne.
Son grand pouvoir est disponible pour chacun d'entre vous, efficace en dépit de toutes les causes désespérées de ce monde ! Prions notre Dieu avec audace et ferveur. Et par lui, avec nos simples prières, nous ferons de grandes choses. Amen !
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Par lutherien le 5 Avril 2010 à 18:04
JESUS, SAUVEUR ADMIRABLE (rév) Amour du Christ, Carême, Passion, Suivre Jésus-Christ
AMOUR DU CHRIST
CAREME
PASSION
SUIVRE JESUS-CHRISTJESUS, SAUVEUR ADMIRABLE
( Révision de LP 260 )1. Jésus, Sauveur admirable,
Rédempteur d'un monde coupable,
Brillant de toute sainteté,
La lumière des saints anges,
Toute la splendeur des archanges
N'est devant toi qu'obscurité !
Viens graver, mon Sauveur,
Ton image en mon cœur :
Qu'il te serve !
Jésus, mon Roi, Accorde-moi
D'être pur et saint comme toi !2. Jésus, Serviteur fidèle,
Toi qui, jusqu'à la mort cruelle,
Restas toujours obéissant,
Qu'en moi tout orgueil s'abaisse,
Et que je suive sans faiblesse
Les ordres du Dieu tout-puissant !
Que, comme un simple enfant,
Je sois doux et patient,
Plein de zèle !
Jésus, mon Roi, Accorde-moi
D'être obéissant comme toi.3. Jésus, toi qui ne sommeilles,
Mais qui toujours sur les tiens veilles
Par les regards de ton amour,
Nous louons ta vigilance,
Car, dans ta vie et ta souffrance,
Pour nous tu priais nuit et jour.
Donne à tous les croyants
De demeurer patients
Et fidèles.
Jésus, mon Roi, Accorde-moi
D'être vigilant comme toi !4. Jésus, bon comme ton Père,
Sur tous tu répands ta lumière,
Les bons ainsi que les mauvais;
Et tu fais tomber la pluie
Sur le juste autant que l'impie,
Et tu les combles de bienfaits.
Tu t'es donné pour nous,
Tu fais du bien à tous,
Riche ou pauvre.
Jésus, mon Roi, Accorde-moi
D'être juste et bon comme toi.5. O Christ, Roi puissant de gloire,
Tu n'as voulu d'autre victoire
Que celle de l'abaissement.
Tu vins souffrir sur la terre
Une pauvreté volontaire
Et prendre sur nous nos tourments.
Transforme donc mon cœur,
Prends-moi pour serviteur,
Je t'en prie :
Jésus, mon Roi, Accorde-moi
D'être humble de cœur comme toi !6. Je voudrais, Sauveur fidèle,
Suivre en tout ton parfait modèle
Et devenir semblable à toi.
Viens, Jésus, par ta puissance
Me former à ta ressemblance,
Pour porter les fruits de la foi !
Que ton œuvre, ô Seigneur,
S'opère dans mon cœur,
Qu'elle avance !
Jésus, mon Roi, Accorde-moi
De vivre et de mourir en toi !Texte : Jésus, Sauveur adorable
Anonyme
Psaumes et Cantiques de Strasbourg 1841
Recueil de Cantiques luthérien 1923, 6 str
LP 260, 5 str
Rév : Yves Kéler 1985, 2008Mélodie : Wachet auf, ruft uns die Stimme
Philipp Nicolaï 1599
RA 153, EG 147
Frs: Entonnons un saint Cantique
LP 135 et 260, NCTC 186, ARC 254Le texte :
Louange et Prière 1938 a repris ce chant du Recueil de Cantiques luthérien de 1923, en l'amputant d'une strophe. L'original est dans l'édition de 1841 des Cantiques spirituels de Strasbourg.
Ce cantique est une remarquable composition sur le thème de l'Imitation de Jésus-Chrit et de suivre le Christ, en allemand " Jesu Nachfolge ". L'auteur a développé six thèmes, un par strophe : la pureté et la sainteté ; l'obéissance ; la patience et la vigilance ; la bonté et la générosité; l'humilité ; la ressemblance. La dernière strophe s'achève, comme beaucoup de ces chants, sur la mort en Christ, aboutissement de la suite du Christ et de sin imitation.
L'auteur a employé un procédé classique en Allemagne : Le premier vers de chaque strophe donne la titulature du Christ : Sauveur admirable ; Jésus fidèle ; Toi qui jamais ne sommeilles ; O Christ, puissant Roi de gloire ; ...Sauveur fidèle. Les deux derniers vers reprennent cette titulature à travers l'unique titre " Jésus, mon Roi ", et expriment 1° le vœu : Accorde-moi, 2° son contenu : D'être.... comme toi. Ce qui indique que ce chant, soit a un original allemand qu'un auteur a traduit, soit que ce dernier s'est inspiré d'un modèle allemand.
Car à cette époque, il n'y pas de composition française autre que traduite de l'allemand ou inspirée de lui, le protestantisme français se dégageant à peine de l'usage exclusif des Psaumes français. Dans les Psaumes, ce type de construction poétique n'existe pas, puisque le texte suit l'hébreu, qui ne connaît pas cette structure, même si les acrostiches et autres systèmes alphabétiques y sont connus. De plus, ce cantique est un chant christologique, sujet d'une part inconnu du Psautier, d'autre part disparu de la composition française après le 16e Siècle. Les " cantiques supplémentaires " du Psautier, par exemple ceux de Bénédict Pictet, de 1705, suivent le modèle du Psautier français. Les cantiques de langue française, publiés d'ailleurs en Allemagne (Francfort et Strasbourg) sont d'inspiration luthérienne et suivent les modèles prosodiques allemands. Ce sont le plus souvent des traductions des originaux allemands, comme dans les " Cantiques Spirituels de Strasbourg " du 18e Siècle.
J'ai mis en évidence cette structure poétique en écrivant les vers concernés en gras.
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Par lutherien le 29 Mars 2010 à 18:03
Prédication
Après les lectures, vient la prédication qui va reprendre la Parole et l'expliquer, comme autrefois le Seigneur Jésus entrait dans la synagogue, à Nazareth par exemple, et prenant le rouleau du prophète, expliquait qu'aujourd'hui se réalisait la prophétie. En effet, il s'agit bien d'un moment prophétique: non un souvenir d'événements passés, mais de ce que aujourd'hui, ici et maintenant, veut dire pour nous la Parole du Seigneur.
Certes, cette Parole ne change pas, ce Maître reste identique à lui-même. Mais le monde, et nous-mêmes, nous changeons. Il faut toujours à nouveau que cette Parole nous soit appliquée et ses conséquences révisées en fonction de ce que nous sommes et de ce que nous vivons aujourd'hui, non pas hier, mais aujourd'hui. La prédication est le moyen que Dieu emploie pour intervenir directement dans la vie des fidèles et dans la vie de l'Eglise pour consoler, redresser, réformer, mettre en question. Cette Parole n'est pas la propriété de l'Eglise ; elle lui est toujours extérieure, elle lui est adressée du dehors, du Dieu vivant, qui veut que nous la recevions pour la rendre au monde. Si la lecture de l'Ecriture était comme la mort et la résurrection, la prédication est comme l'Incarnation, la naissance de Jésus qui passe par Marie et à travers elle est donnée au monde. La Parole libre et souveraine nous est donnée pour que, tissée de notre chair, elle pénètre dans ce monde des hommes en commençant par nous.
En dépit du caractère humain de son témoignage, la prédication n'est pas une simple méditation sur la Parole ; elle est la proclamation même de cette parole, elle est un miracle de Dieu. Luther disait avec une belle liberté et obstination: "Un prédicateur n'a pas à chercher le pardon quand il a prêché, mais il doit dire avec Jérémie, joyeusement : Seigneur, tu le sais, ce qui est sorti de ma bouche est juste, et avec Paul : j'ai été prophète de Jésus-Christ dans cette prédication, il s'agit de la Parole de Dieu et non de la mienne. Celui qui ne peut se glorifier de cela, qu'il renonce à prêcher, car alors il est menteur et blasphémateur".
La prédication représente un moment nécessaire de notre service : le royaume de Dieu n'est pas encore là, et l'Eglise, qui est encore dans le monde, a besoin des lumières de cette Parole pour être guidée, consolée, fortifiée. Elle a besoin dans son combat d'être mise en garde, enseignée, encouragée. Aussi faut-il savoir écouter et recevoir. Certes, le pasteur a une terrible responsabilité en montant en chaire. J'en connais qui tremblent chaque fois. Et c'est pourquoi il passe du temps, de ce précieux temps de la semaine, à se préparer, averti que tout ce qu'il dira doit d'abord être soumis à Dieu "pour approbation". C'est là sa vocation première, il doit y consacrer beaucoup de son temps.
Mais le pasteur ne suffit pas à faire un bon sermon. Il y faut une communauté attentive. Et d'abord bien préparée. Si un musicien répète pendant des heures, si un athlète s'entraîne longtemps, un chrétien aussi se prépare à rencontrer son Seigneur. Il faut profiter encore de ces moments de silence avant et pendant le culte pour y entrer et se recueillir et être prêt, comme le dit l'apôtre Jacques, "à recevoir avec douceur la Parole". Recevoir, quand Dieu donne, requiert de notre part beaucoup d'humilité, car il vient à nous comme il le veut et non comme nous le voulons.
Entendre signifie être confronté à Dieu et être appelé à prendre une décision, pour vivre à nouveau ce sermon dans notre vie quotidienne. Il peut y avoir des moments de grande sécheresse spirituelle. Bonhœffer écrivait : "nous ne devons pas être troublés par de telles expériences, mais concentrer notre attention sur la Parole et lui laisser son action propre. Ne se pourrait-il pas que Dieu lui-même nous envoie ces heures de sécheresse pour que nous puissions être à nouveau amenés à attendre tout de sa Parole ?"
Dieu parle, à nous de l'écouter dans l'humilité et dans la joie.
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