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Il est très important que nous n'enfermions pas Jésus entre les quatre murs de l'Eglise, comme un moine dans son couvent.
Au contraire ! Il est proche de nous. Il désire vivre avec nous, dans notre maison, au sein de notre famille et partout où nous allons parce qu'il nous aime.
Bien sûr, Marie a provoqué un peu les choses. Mais ne croyons-nous pas que Jésus « sait toute chose », et cela avant qu'elles ne se produisent ?
Dès lors, cela ne me choque pas d'imaginer qu'il ait réservé son tout premier miracle pour ce mariage. C'est une belle leçon de confiance.2°dimanche après l'Epiphanie. Jean 2, 1-11
Comment un problème d'intendance peut-il vous donner la foi ? Par quel miracle un fait divers trouve-t-il sa place dans l'Evangile ? Nous avons tous en tête, je pense, des exemples où Dieu a bouleversé nos vies par des situations qui nous ont surpris ou émerveillés. C'est ainsi qu'il nous rappelle sa présence et son amour.
Ce matin, frères et sœurs, notre méditation tournera autour de l'histoire d'un bon vin ! Voyons comment Jésus s'est servi d'un mariage pour fortifier ses disciples et pour manifester sa gloire.
1
Passons à table avec Jésus et goûtons voir si le vin est bon ! C'est Marie qui est à l'origine de notre histoire. Elle va trouver son fils avec cette information : "Ils n'ont plus de vin". Jésus lui répond aussitôt :"Femme, en quoi cette affaire me concerne-t-elle ? Mon heure n'est pas encore venue".
Je préfère cette traduction au dramatique : Femme, qu'y a t il entre toi et moi ? Personne n'y comprend rien ! Pire encore, la réponse de Jésus parait tomber complètement à côté de la question.
Doucement, Jésus rabroue sa mère : ce n'est pas à elle de s'occuper de l'intendance, elle n'est pas chez elle, ici. Et lui ? En quoi est-ce que cela peut bien le concerner ? Si le vin manque, eh bien ! On boira de l'eau. Mais, tout aussi doucement que Jésus l'a rabrouée, Marie répond qu'elle est sûre qu'il y peut quelque chose. Elle ne sait pas comment, mais il le peut. Il ne détient pas seulement le pouvoir de faire ceci ou cela, il est le pouvoir. Elle le sait, depuis que l'ange le lui a annoncé avant sa grossesse ; elle l'a toujours su, et depuis des années elle l'attend. Elle se détourne donc, va saluer le majordome et chacun des serviteurs. Puis elle leur désigne un invité à l'autre bout de la pièce : C'est mon fils, là-bas. Faites tout ce qu'il vous dira !
Faisons maintenant un gros plan sur le signe miraculeux.
Première remarque : Jésus ne refuse pas l'initiative de sa mère. Marie attendait une manifestation de puissance ; son Fils va la lui donner. Cela nous montre que Jésus entend nos prières parfois maladroites, nos demandes souvent peu réfléchies et y répond avec sagesse, pour nous faire du bien.
Deuxième remarque : le mobile du miracle semble bien futile. Manquer de vin, même pour un mariage, ce n'est pas la mer à boire ! Cela écourtera peut-être un peu la fête, mais chacun rentrera chez lui en bonne santé et les gendarmes auront moins de travail. Plus tard, Jésus fera des miracles autrement plus utiles, quand il guérira des lépreux, des démoniaques, des aveugles et des paralysés.
Victor Hugo écrit dans Les Contemplations : Dieu n'avait fait que l'eau, mais l'homme a fait le vin ! Victor, ce passage de l'Evangile te contredit. Mais à ta décharge, le miracle arrive vraiment où on ne l'attend pas. Pourquoi ce geste en un tel contexte ? Sans doute pour nous montrer que Jésus est attentif à tous les aspects de notre vie, à commencer par notre bien-être. Lui-même n'était probablement pas ce rabbi austère, grave et ténébreux que contemplent depuis deux mille ans des millions de chrétiens. Notre Seigneur, pleinement homme, aime l'amitié, les escapades en bateau et les poissons grillés, le bon vin et ces fêtes dont est prodigue le calendrier juif. L'évangile est une histoire joyeuse, chers amis, comme le vin dont la Bible nous dit qu'il réjouit le cœur de l'homme...
La nature, déjà, nous invite à contempler ce luxe d'attention, le don du gratuit sur l'utilitaire. Considérez la saveur des fruits, la majesté d'une rose de Noël, la beauté de la petite mésange qui picorer ses graines sur le bord de votre fenêtre en hiver... Jésus disait que si Dieu revêt d'une étonnante beauté le lys des champs, comment imaginer qu'il ne prendra pas soin de ses enfants ? Avons-nous si peu de foi pour en douter ? Alors s'il consent, ce jour-là, à faire don d'un grand cru pour qu'une simple fête se termine dans la joie, comment pouvons-nous imaginer qu'il ne fera rien pour secourir les affamés, les affligés et tous les pécheurs qui implorent son pardon ?
Troisième remarque : Jésus fait son miracle en cachette, incognito. Il ne réclame pas le silence en disant, comme chez Patrick Sébastien : Mesdames et Messieurs, devant vos yeux émerveillés, les six récipients que vous voyez ici vont changer de contenu ! Non. L'intervention divine se passe à l'insu des invités. Pourquoi ? Sans doute pour les mêmes raisons qui l'ont conduit à recommander le silence à certains malades qu'il guérissait, ou à refuser tout simplement un miracle à ceux qui n'attendaient précisément que cela. Il ne veut pas que la foi ne se nourrisse que de visible et de grandiose.
Jésus est un grand Seigneur. Sa puissance est réelle même dans une seule parole de notre Bible. Et c'est surtout de cela dont nous avons besoin. Si sa Parole est promesse, elle s'accomplira avec fidélité, même quand rien de spectaculaire ne se passe. Des chrétiens, aujourd'hui, sont à la recherche de cultes enthousiastes pour gagner une foi plus vivante. Ils attendent donc des signes, des guérisons et des prophéties en direct. Cela se fait souvent au détriment de la doctrine et d'une étude solide de la Parole. Par ailleurs, Jésus n'a pas promis de rallonges aux trésoriers paroissiaux ; les repas fraternels et la buvette rassemblent uniquement ce que vous voulez bien apporter... Mais il a promis d'accomplir toutes ses promesses avec une grande fidélité. N'oublions jamais : avec lui, nous avons le nectar de la grâce.
Bonne transition pour ma quatrième remarque : Jean attire notre attention sur la qualité du vin. Le Seigneur sait changer du Château La Source en Saint-Emilion millésimé. Cela veut dire qu'il donne le meilleur de lui-même pour nous rendre heureux. Il ne donnera pas, dit l'Evangile, un scorpion quand on lui demande un œuf. Mieux même, il s'empresse de soigner les plus faibles. Rappelez-vous cette conclusion dans la parabole du juge inique : "Pensez-vous que Dieu puisse tarder envers ceux qui lui crient leur peine et leur misère ? Je vous le dis en vérité, il leur fera promptement justice" !
Il ne nous donnera jamais un pardon au rabais. Il ne nous accueillera pas du bout des lèvres, en faisant la grimace. Il ne sera pas de mauvaise humeur quand nous demanderons l'appui de son Esprit. Il ne nous jettera pas des miettes de sa grâce quand nous chercherons un secours parfait. Même à travers l'épreuve, ses soins seront encore excellents.
Enfin, l'apôtre souligne la quantité de vin : six récipients de pierre ; chacun d'eux pouvait contenir une centaine de litres ! Ce n'était pas nécessaire, puisqu'on arrivait à la fin du repas. Le vin de l'allégresse coule en abondance. Un peu comme si le Seigneur nous ouvrait les caves du Paradis en nous disant : Servez-vous, remplissez votre caddie, soyez très riches de ma joie, car je veux vous faire du bien au-delà de ce que vous êtes capables d'imaginer ! Je veux que le vin de ma grâce ne vous manque jamais, et que vous en ayez en réserve pour les jours mauvais. Je veux que les vignes de mon amour vous donnent de belles ivresses dans la perspective du repas que nous prendrons ensemble, dans mon Royaume.
2
Dans la seconde partie de ce sermon, intéressons-nous un peu... au contexte de ce miracle. Pourquoi un mariage pour annoncer sa présence ? Pourquoi une fête pour lancer sa campagne contre le diable et la mort ? Il me semble que l'on peut développer des enseignements importants sur ces questions.
Nous savons que Jésus a toujours été un pédagogue très astucieux. Il sait joindre le geste à la parole et tirer parti de la situation pour illustrer son enseignement. Un jour par exemple, profitant d'une pause autour d'un puits, il aborde une Samaritaine et lui parle de l'eau de vie. Jésus ne fait rien au hasard, et le choix de cette noce est certainement important.
Le Seigneur a choisi ce repas pour dire au monde entier que la vie des hommes le concerne et qu'il veut les bénir dans ce qu'ils ont de plus cher et de plus intime : l'amour conjugal, la sexualité, le foyer, l'éducation des enfants, le travail, les loisirs, les congés, tout cela pour une vie heureuse. Jésus sait mieux que nos sociologues combien la famille a besoin de fondements solides pour le bien de la nation tout entière. Jésus est soucieux non seulement du bien-être de notre âme mais aussi de celui de notre corps et de tout ce qui concerne notre vie matérielle.
Frères et sœurs, il est très important que nous n'enfermions pas Jésus entre les quatre murs de l'Eglise, comme un moine dans son couvent. Au contraire ! Il est proche de nous. Il désire vivre avec nous, dans notre maison, au sein de notre famille et partout où nous allons parce qu'il nous aime.
Bien sûr, Marie a provoqué un peu les choses. Mais ne croyons-nous pas que Jésus sait toute chose, et cela avant qu'elles ne se produisent ? Dès lors, cela ne me choque pas d'imaginer qu'il ait réservé son tout premier miracle pour ce mariage. C'est une belle leçon de confiance. Elle doit engendrer l'impatience et la joie de se lancer dans la vie commune. Tant de jeunes ont peur du mariage. C'est normal. Ils se lancent dans l'amour sans Jésus. Il est pourtant le meilleur conseiller matrimonial, le spécialiste des affaires du cœur.
Ensuite, Jésus veut affirmer haut et clair que le mariage n'est pas une institution sociale imaginée par les hommes. Le mariage est l'œuvre de Dieu. Il doit donc, comme le dit l'Ecriture, être honoré de tous. Et Dieu veut le bénir. Si tant de couples se défont, ce n'est pas la faute du Seigneur, c'est parce que l'homme est trop orgueilleux pour lui confier sa vie ! Rappelez-vous des paroles de sa mère : Faites tout ce qu'il vous dira. Marie encourage les serviteurs, et ainsi toute personne qui veut servir le Christ, à recevoir la Parole avec disponibilité et sans douter.
Il y a une troisième belle raison qui fait que Jésus a choisi un mariage pour son premier miracle. Il est l'époux de l'Eglise. Cette image était bien connue du peuple. Elle parlait aux gens. On ne peut pas rester insensible à la belle histoire d'amour du fiancé céleste qui renonce à tout pour l'Eglise, cette épouse versatile, misérable et à la vie bien chargée. De nombreux textes illustrent cela dans la Bible, tant dans l'ancien que dans le nouveau testament.
Les mariés de Cana ont eu le privilège d'avoir Jésus comme invité. Et vous, frères et sœurs : pensez-vous être en reste ! Chaque couple aujourd'hui reçoit la même promesse ! N'avez-vous pas lu : "Voici, je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la fin du monde" ? Il est vraiment dommage que tant de couples lui refusent l'entrée de leur maison. Ils ne veulent rien savoir de lui. Ils vont souscrire un contrat de mariage devant le notaire, alors que les meilleures garanties se trouvent dans la prière commune et le pardon réciproque. Ils vont s'endetter pour construire une maison ou acheter un appartement, en oubliant que "Si Dieu ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain" dit un psaume. C'est triste, mais caractéristique de notre manière naturelle de voir les choses.
Enfin, voyez comment ce jour-là, le miracle de Cana a épanoui la foi des disciples. L'apôtre écrit : "Jésus manifesta sa gloire et les disciples crurent en lui". Ce simple verset nous montre à quoi servent notre Bible et les œuvres divines qu'elle raconte. Par elle, nous voyons la gloire du Seigneur. Cette gloire nous attire à lui et nous rend forts, si bien que nous ne voulons plus le quitter ni le perdre. Tout ce qu'il fait pour nous nous bouleverse et nous rend heureux.
Puissions-nous avoir envie de le chercher de tout notre cœur, de rester auprès de lui dès maintenant et pour l'éternité où nous participerons aux vendanges de son Royaume céleste. Amen !
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Chers amis,
L'Association évangélique luthérienne de bienfaisance (AELB) qui vient en aide à nos Eglises à Haïti soutient notamment les paroisses et le séminaire de Port-au-Prince et de Petion-Ville. Pour les aider, elle lance un appel aux dons ; ils seront remis sur place à nos frères et sœurs sinistrés : Monsieur le pasteur Martin Jautzy, AELB, 14 Rue du Pasteur Schroeder, 67 340 Schillersdorf, par chèque libellé au nom de l'AELB - Séisme Haïti.
Ceux qui lisent l'anglais peuvent aussi se tenir au courant de l'évolution dans notre église sœur haïtienne (du moins de l'évolution des nouvelles qui nous parviennent) en allant sur http://www.lcms.org/ca/worldrelief/dnews . Vous y trouverez une carte interactive de Haïti avec, à gauche, les nouvelles infos concernant l'EELH qui se rajoutent au fur et à mesure qu'elles sont connues et une flèche qui renvoie à l'endroit dont ils parlent.
Il y avait déjà des équipes de bénévoles de la LCMS sur place, engagées dans un programme d'alimentation. Nos frères américains sont donc déjà sur place. Si nous devons passer par eux, nous serons sûrs que notre aide parviendra aux nécessiteux. Voici pourquoi il est préférable, selon moi, de privilégier nos associations synodales.
Des nouvelles également sur le Forum Evangélique Luthérien au fur et à mesure que l'on peut en obtenir, dans la rubrique "SALON", sous "Haïti, je t'aime", sujet lancé sous ce titre par Berger.
Dieu suscite en vos cœurs la générosité et la bienfaisance !
Pasteur François Poillet
Eglise év. luthérienne libre
www.elc-mulhouse.org
21 Chemin des Ardennes, 68 100 Mulhouse
Tél.: 03 89 44 27 00 - 06 07 08 80 86
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A l'occasion de la nouvelle année je voudrais de tout cœur vous souhaiter de porter beaucoup de fruits d'amour dans votre vie de chaque jour. Puisse ma prière fervente vous y aider et vous encourager dans le quotidien.
« Tu nous invites, Seigneur, à greffer notre existence sur la tienne ; apprends-nous à te suivre,
à t'écouter, à laisser la sève de ton amour nourrir les actes de notre service.
Qu'ainsi ta vie passe en nous et qu'elle y porte des fruits dans lesquels les hommes
reconnaissent la saveur de ta grâce.
Seigneur, tu vois combien nous ressemblons à des sarments stériles, comment notre amour
se dilue en vaines paroles. Inspire-nous des actes simples, accomplis en temps opportun,
qui nous engagent tout entiers hors de toute préoccupation de nous-mêmes.
Que notre seule motivation soit d'obéir à ton appel, de servir notre prochain,
d'exprimer notre reconnaissance. Que notre seule gloire soit de n'être pas stériles
mais fécondés par le dynamisme de ta résurrection.
Aide-nous à discerner comment la diversité des dons, des vocations, des itinéraires spirituels, est appelée par toi
à participer à la construction d'un même édifice. »
1er dimanche après l'Epiphanie - Esaïe 42, 1 à 7.
Frères et sœurs, quand Jésus fut baptisé, une voix fit entendre du ciel ces paroles : Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute mon approbation (Lc 3.21). Ainsi, tout le peuple put reconnaître en Jésus le serviteur de l'Eternel annoncé par Esaïe : Voici celui que j'ai choisi et qui a toute mon approbation. J'ai mis mon Esprit sur lui ; il révèlera le droit aux nations. En ce premier dimanche après l'Epiphanie, présentons la personne et l'œuvre du Messie !
I
Le droit... Esaïe emploie le mot plusieurs fois : il révèlera le droit aux nations... C'est en toute vérité qu'il révèlera le droit... Il ne faiblira pas et ne se relâchera pas jusqu'à ce qu'il ait instauré le droit sur la terre...
Quel bon programme ! Qui ne voudrait pas plus de reconnaissance et de respect dans ses droits fondamentaux ? Qui n'aspire pas à une société plus équitable où la justice serait la même pour tous ? Voyez comme l'annonce d'Esaïe résonne avec notre temps ! Nous avons tous en mémoire l'affaire d'Outreau et l'image qu'elle nous a livrée de la justice : mépris des droits de la défense, dysfonctionnements, insuffisances caractérisées ; la responsabilité des magistrats et de l'ensemble de la chaîne judiciaire fut mise en cause. Je lisais cette semaine dans la presse que jamais les affaires où l'Etat soit finalement condamné en appel n'ont été aussi nombreuses. Combien faudra-t-il de commissions d'enquête et d'associations courageuses pour nous rappeler que la justice des hommes est fondamentalement faillible et requiert toute notre vigilance...
On demandera peut-être : quelles furent les grandes révélations du Messie en matière de droit ? Jésus qui n'a pas renversé Hérode, le tyran. Il n'a pas écarté les prêtres corrompus, les pharisiens hypocrites ni rejeté à la mer Rome et tous ses légionnaires... Pas de coup de force, aucune révolution, au point d'être parfois, pour ses disciples, un Seigneur ...décevant. Imaginez : il demandera qu'on paie l'impôt à César, condamnera le geste de Pierre quand il tirera l'épée et finalement, il sera lui-même piégé et victime d'un procès entièrement truqué.
Et puis, quel est ce droit qui ne hausse pas le ton, dit Esaïe. Il ne criera pas, il ne se fera pas entendre dans les rues. Toutes les corporations ne montrent-elles pas aujourd'hui que pour faire entendre ses droits, il faut saisir les média, il faut descendre dans la rue !? Alors de deux choses l'une : ce droit annoncé par le prophète ne nous concerne pas - il s'adresse à des anges - ou alors il s'agit d'autre chose ; une vérité requise pour un mal plus profond dont toutes les souffrances humaines ne sont finalement que les avatars...
Le serviteur de l'Eternel nous est décrit comme doux et paisible. Ce sont des qualités qui contrasteront fortement avec ses adversaires. Matthieu saura s'en souvenir quand il appliquera textuellement la prophétie d'Esaïe à son Maître ; et cela dans quel contexte ? Ecoutez plutôt : Les pharisiens tenaient conseil sur les moyens de le faire mourir. Jésus s'éloigna de là. Une grande foule le suivit. Il guérit tous les malades afin que s'accomplisse ce que le prophète Esaïe avait annoncé : Voici mon serviteur que j'ai choisi, mon bien-aimé qui a toute mon approbation. Je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera la justice aux nations. Il ne contestera pas, il ne criera pas, et personne n'entendra sa voix dans les rues. (Mt 12.14-21).
Quelquefois, seulement, il se fera dur, presque menaçant. Luc, dans son évangile, raconte que les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens (donc toute l'élite religieuse) envoyaient à Jésus des gens qui faisaient semblant d'être des justes pour le prendre au piège de ses propres paroles, afin de le livrer au pouvoir et à l'autorité du gouverneur (20, 20). Sa condamnation du mensonge et de l'hypocrisie se fait alors sévère. Mais Dieu se retire devant l'orgueil, frères et sœurs, il ne s'impose pas. De sorte que celui qui ne croit pas est déjà jugé, écrit saint Jean, parce qu'il n'a pas cru au Nom du Fils unique de Dieu.
C'est bien une autre justice qu'annonce Esaïe... Du jamais vu ! Son principe est sensationnel : puisque la loi de Dieu nous accuse et nous condamne, Dieu met en place une procédure contradictoire et publique ; il organise la défense au profit des victimes ! Mais attention : il ne convoque pas un avocat commis d'office qui verrait les choses de loin, sans vraiment s'impliquer. Dieu dit : je vais leur envoyer mon Fils. S'ils l'écoutent, s'ils suivent son enseignement, son œuvre couvrira leur péché. Voilà ce qui nous est arrivé ! Jésus est un avocat... vraiment spécial : il s'empare des dossiers mais il prend aussi la place du coupable, il se laisse accuser, il se laisse... condamner. Ainsi, le Seigneur Dieu peut prononcer sa grâce sur chaque pécheur revêtu de la justice du sauveur. Maintenant la prophétie s'éclaire : Le droit sur la terre, oui ! Parfait, sans clause de retenue, sans condition compliquée, sans marchandage ni calcul.
Esaïe ajoute une précision : Les îles placeront leur attente dans sa loi ; je t'établirai pour que tu sois la lumière des nations. On a dit que Jésus n'avait eu aucune idée de sa mission, et que ce sont les apôtres - Paul en particulier - qui l'ont transformé peu à peu en un Rédempteur universel. Beaucoup d'historiens... et de théologiens défendent cette idée aujourd'hui... Pourtant Esaïe parle bien de nations, et les nations dans l'Ancien-Testament, ce sont toujours les non-juifs ! Il évoque les îles lointaines comme s'il entendait déjà, huit siècles avant son avènement, Jésus dire à ses apôtres : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au Nom du Père, du Fils et du saint Esprit et enseignez-leur tout ce que je vous ai appris » ! Un peu comme si le prophète nous voyait, [ce soir/ce matin] si loin de Jérusalem et pourtant si proches des premiers disciples... Un autre droit ne se trouve dans aucune des 1200 pages du code pénal, ni aucune juridiction de ce monde mais uniquement dans l'Evangile de Jésus, le serviteur de l'Eternel.
II
A ce point de mon sermon, je voudrais encore insister sur deux choses. La première concerne les images de cette prophétie qui témoignent de la tendresse de Dieu pour chacun d'entre nous. Il ne cassera pas le roseau abîmé, annonce Esaïe, il n'éteindra pas la mèche qui fume encore. Qui sont ces roseaux et ces lumignons sans force ? Il y a d'abord tous ceux qui se trouvent en chemin. Je pense par exemple à ce docteur de la loi qui vient consulter Jésus la nuit, par crainte de ses collègues. Le Seigneur aurait pu lui dire : Ecoute, si ton intérêt pour mon enseignement ne peut dépasser ta peur du qu'en dira t'on, reste chez toi ! Non, Jésus respecte cette foi craintive et mal assurée. Ainsi tous ceux qui l'ont croisé, qui s'en sont approché - femmes, enfants, marginaux, proscrits de la société, militaires romains - ont été entendus et aimés ; ils ont été redressés dans leur dignité d'enfants de Dieu, bénis du Père et rendus héritiers du Royaume...
Et puis, il y a l'Eglise : elle aussi doit faire l'objet de toute notre vigilance. Combien souvent Jésus ne dit-il pas : Prenez garde à vous-mêmes ; prenez garde à votre foi. C'est quelque-chose de fragile, la foi. La meilleure image est celle de la lampe à huile : cessez de l'alimenter, elle meurt. Exposez-la aux courants d'air, elle est soufflée. Le manque d'huile, c'est la paresse ou les soucis qui nous font négliger la Parole et les sacrements. Les courants d'air, ce sont les tentations auxquelles on succombe. Le Seigneur dit à Pierre, le soir du Jeudi saint : « Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. Mais moi, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne disparaisse pas (Lc 22.31).
Jésus prie pour toi quand tu plies sous l'épreuve comme un roseau sous le vent, et sais-tu pourquoi ? Parce qu'il t'aime ! Parce qu'il est venu dans le monde à Noël pour te racheter. Parce que ton baptême te sauve comme l'arche a sauvé Noé, à travers l'eau (1Pi 3.21). Parce que l'Esprit de Dieu habite en toi et t'incite chaque jour à vivre de repentance et de foi. Jésus prie pour toi devant le trône de son Père ; ce n'est pas ton pasteur qui l'affirme, c'est la Bible. « Si quelqu'un a péché, écrit Jean dans sa première épître, nous avons un défenseur auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Il est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1Jn 2.1) !
Ecoutez enfin cette promesse du serviteur de l'Eternel : Je te tiendrai fermement par la main. Je te garderai et je t'établirai pour que tu ouvres les yeux des aveugles, pour que tu fasses sortir les détenus de prison et de leur cachot les habitants des ténèbres.
Frères et sœurs, nous avons été, chacun personnellement, délivrés de la servitude du péché. Le décret de grâce prononcé en Jésus-Christ fait de nous des femmes et des hommes libres ! Que ferons-nous de cette liberté ?
Vous savez, pour qu'un prisonnier obtienne une libération anticipée, il doit appuyer sa demande sur un dossier solide démontrant que sa réinsertion a été préparée : diplômes, promesse d'embauche, peut-être aussi une famille pour l'accueillir et l'entourer dans ses premiers pas d'homme libre. Et nous ? Quels sont nos projets de rachetés, tant au plan personnel, professionnel que paroissial ?
Ce pourrait-il qu'au seuil de cette nouvelle année - année de grâce offerte par le Seigneur - vous n'ayez pris aucune résolution en rapport avec votre foi ou votre Eglise ?
Le règne de Jésus parmi les nations est manifesté chaque fois que des chrétiens se rassemblent autour des moyens de grâce : la Parole et les sacrements. Son œuvre de salut agit quand nous laissons l'Esprit produire en nous les fruits de la foi : force du rassemblement, force de l'engagement, force du don en faveur de nos églises ; force de l'amour envers le prochain, et plus particulièrement des sans droits, des oubliés de la justice civile ; force de la sagesse dans notre discernement, dans les choix et les orientations de notre vie placée sous la bannière du Christ.
Le serviteur de l'Eternel ne fera pas entendre sa voix dans les rues, dit Esaïe. Jésus dit aussi : Ce que je vous dis à l'oreille, proclamez-le sur les toits ! Proclamez-le, en étant vous-mêmes acteurs de ce message, sans tarder à accomplir la volonté du Seigneur. Vous ne serez peut-être pas appelés Lumière des nations, mais Jésus ne vous appelle-t-il pas Lumière du monde ? Que la lumière de votre foi vivante, dit-il, brille devant les hommes afin qu'ils voient votre belle manière d'agir et qu'ainsi ils célèbrent la gloire de votre Père céleste (Mt 5.14).
Voici donc, exposé pour nous, dans ce beau passage d'Esaïe, la personne et l'œuvre du Messie. Il ne peut être apprécié que par un cœur humble et une intelligence éclairée par Dieu. Les orgueilleux, les suffisants, les moralistes, les pécheurs impénitents le rejettent. Mais heureux ceux qui ont faim et soif de justice, dit Jésus, car ils seront rassasiés !
Amen !
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Nouvel an : Josué 1.1-9
Frères et sœurs, savez-vous combien notre grand pays laïc et républicain compte de devins, astrologues, médiums, marabouts, voyants et autres docteurs ès sciences occultes ? D'après l'Alsace de cette semaine : quarante mille ! Oui, ils sont plus de quarante-mille en France, et encore le quotidien recense-t-il uniquement ceux qui sont déclarés à la chambre des métiers et paient leurs impôts.
C'est dire le nombre de gens inquiets ou profondément angoissés qui cherchent une bouffée d'espoir auprès de ces praticiens de l'illusion. Fins psychologues de la crédulité humaine, ils entortillent habillement les esprits craintifs. Il est vrai : l'avenir incertain, les catastrophes naturelles, les pandémies, le terrorisme, la crise économique, tout cela donne des ailes pour se précipiter vers ces devins modernes et les progrès de la science semblent ne rien pouvoir y changer. Ce serait même plutôt l'inverse : la science qui devait affranchir l'homme de tous ses fardeaux est devenue aujourd'hui - au dire des sociologues - un objet de méfiance. Les dégâts du progrès accompagnent le progrès lui-même et l'on craint désormais ce que l'avenir nous réserve...
Quarante-mille : cela signifie aussi que les devins sont plus nombreux que tous les prêtres et pasteurs de France réunis.
Pourtant, voici ce que Dieu dit aux hommes : « Ne t'ai-je pas donné cet ordre : fortifie-toi et prends courage ? Ne sois pas effrayé ni épouvanté, car l'Eternel, ton Dieu, est avec toi où que tu ailles. » (v.9)
Notre peur de l'avenir peut s'expliquer. Et cependant, elle n'est pas justifiée.
En ce premier dimanche de janvier, ce seront les deux points de notre méditation.
1) Notre peur de l'avenir peut s'expliquer.
Voyez le récit d'aujourd'hui. L'homme s'appelle Josué. Il est le successeur de Moïse. Derrière lui, un peuple nombreux qu'il doit conduire dans la terre promise où il s'installera et vivra heureux. 600.000 au départ, sans compter les femmes et les enfants. Quel défi ! Et quelles nuits blanches en perspective !
Il s'agit d'abord de faire traverser le Jourdain à tout ce monde.
Jourdain, vous savez ce que cela signifie ? Le mot veut dire : « Celui qui descend ». Ce cours d'eau sinueux mérite bien son nom ; du lac de Galilée à la mer Morte, on compte vingt-sept rapides dangereux et un grand nombre d'autres chutes. Le dictionnaire biblique que j'ai consulté précise qu'avant l'arrivée des Romains, le fleuve n'avait aucun pont ! Et bien sûr, aucune bouée de sauvetage ni d'hélicoptère pour récupérer les gens en difficulté !
Imaginez le tableau : au côté de Josué, il n'y a pas que les adultes valides, mais aussi sans doute des milliers de vieillards, d'infirmes et de malades, d'enfants en bas âge et de nourrissons. Sans parler de tout le matériel accumulé durant des années de pérégrination dans le désert et qu'il n'est pas question d'abandonner sur la rive. Ce Jourdain a tout l'air d'un obstacle infranchissable !
Et puis, de l'autre côté du fleuve, il y a une terre inconnue. Jérémie et Zacharie rapportent que des lions hantaient les bosquets où ils trouvaient facilement de quoi se nourrir. Une terre à conquérir également, dont les habitants ne se laisseront sûrement pas faire. Beaucoup d'entre eux habitent dans des villes fortifiées, à l'abri de murs épais, protégés par des armées bien entraînées et bien équipés.
Comment Josué pourra-t-il prendre possession de ce pays ? Comment va-t-il nourrir ce peuple immense ? Son esprit devait être assailli de questions. Tout cela n'était-il pas insensé ?
Frères et soeurs, toute proportion gardée, en ce début d'année, nous ressemblons à Josué. Nous allons tous franchir un Jourdain et pénétrer dans l'année nouvelle comme dans une terre inconnue. Et parmi nous, beaucoup ne sont pas seulement responsables d'eux-mêmes. Le peuple à faire passer, ce sont aussi nos proches : nos enfants, éventuellement notre conjoint, nos parents...
Et beaucoup voient se dresser des obstacles devant eux : un courant violent, un gué improbable, un rivage trop éloigné. Face au panorama de cette terre inconnue, des questions surgissent : Pour les uns, ce sera : vais-je retrouver du travail ? Ou : pourrai-je garder mon emploi ? Pour d'autres : mon conjoint retrouvera-t-il la santé ? Les médecins arriveront-ils à guérir cette maladie dont je souffre ? Le jeune craindra l'approche des examens ou des concours. Relié au monde par les médias comme nous le sommes, beaucoup s'interrogent sûrement sur l'avenir de notre planète, qui semble de plus en plus secouée par des catastrophes climatiques extrêmement meurtrières. Combien de conflits nouveaux éclateront-ils en 2010 ? Combien de peuples va-t-on encore opprimer, quand ce n'est pas massacrer dans un conflit fratricide ? Et puis, chacun d'entre nous devrait s'interroger sur l'avenir des églises chrétiennes, et plus particulièrement de celle dont ils sont membres : va-t-elle grandir, ou au contraire régresser ? Serons-nous encore assez nombreux pour la soutenir ?
Le chrétien n'est donc pas à l'abri d'une certaine appréhension devant l'avenir. Il ne faudrait surtout pas jeter la pierre au frère ou à la sœur inquiète des épreuves qui peuvent encore lui arriver.
Pourtant, à l'image de tous ces gens qui remplissent les poches des voyants, cette crainte est prévisible aussi longtemps que nous ne comptons que sur nous-mêmes, que nous tablons sur nos moyens et nos forces. Nous n'irons pas loin avec cela et rien de tout ce que nous avons bâti jusqu'ici ne nous met à l'abri. Je ne vous apprends rien en vous disant que l'argent permet de vivre dans le confort - et quand on en a beaucoup, dans le luxe - mais qu'il ne préserve nullement de la souffrance, du malheur ou de la maladie.
Oui, la peur s'explique. La peur est même justifiée, en tout cas aussi longtemps qu'on conduit sa barque sans Dieu, qu'on mène sa vie sans lui. Entrer dans l'année nouvelle signifie pour chaque homme ici bas traverser un Jourdain et pénétrer dans une terre inconnue !
Alors, quelle que soit la profondeur des obstacles à franchir ou l'hostilité des terrains à traverser, les paroles de Dieu à Josué sont là pour nous enseigner une chose : si tu entres dans ce fleuve sans Dieu, sans compter sur lui, en méprisant ses promesses, tu vas t'y noyer. La terre de ton année nouvelle est devant toi comme l'était Canaan devant Josué. Si tu y pénètres inculte, sans foi ni Dieu, tu n'auras personne pour marcher avec toi quand tu te sentiras seul, personne pour te guider quand ton chemin se fera obscur, personne pour te relever quand tu tomberas, personne pour essuyer tes larmes quand tu pleureras, personne pour te délivrer quand tu seras en danger, personne enfin pour te sauver quand tu mourras.
II
Notre peur de l'avenir s'explique, mais elle n'est pas justifiée.
Dieu dit à Josué : «Je serai avec toi comme je l'ai été avec Moïse. Je ne te délaisserai pas, je ne t'abandonnerai pas.» (v.5)
Josué, tu ne te tiens pas seul sur la rive du Jourdain. Souviens-toi comme j'étais avec Moïse quand il a fait passer la Mer Rouge aux enfants d'Israël. Souviens-toi de l'eau que j'ai fait couler des rochers, de la manne et des cailles. Souviens-toi de Rephidim où mon peuple vainquit les Amalécites.
Josué, je serai avec toi comme j'ai été avec Moïse. Je ne t'abandonnerai pas ! «Fortifie-toi et prends courage ! »
Frères et sœurs, on n'est jamais seul et on ne revient jamais à la case départ quand on marche avec Dieu. Notre Dieu qui bénit Moïse quand il pénétra dans le désert, qui fut avec Josué quand il entra dans Canaan, avec Daniel dans la fosse aux lions, avec Job quand il se couvrit d'un sac et s'assit dans la cendre alors que sa femme lui demandait de maudire le Seigneur et de mourir.
Notre Dieu t'a délivré de la puissance du péché et de la mort par la croix et la résurrection du Christ ! Tu lui appartiens depuis ton baptême, il veut être avec toi pendant cette nouvelle année. «Je ne te délaisserai pas, je ne t'abandonnerai pas. Fortifie-toi et prends courage». Il l'a dit à Josué ; il le dit à chacun de nous. J'ai le droit et le devoir de vous le dire. Vous pouvez compter sur lui, car ses promesses sont certaines et irrévocables.
Cependant, j'ai le droit et le devoir de vous dire encore autre chose : ses promesses sont inconditionnelles ; il n'est pas question de les mériter. Cependant, elles n'agissent que si elles sont reçues avec foi !
Ecoutez ce que Dieu dit à Josué (verset 7) : « Seulement, fortifie-toi et aie bon courage en te confortant à toute la loi que Moïse, mon serviteur, t'a prescrite. Ne t'en écarte ni à droite, ni à gauche afin de réussir où que tu ailles.»
Ainsi, Dieu ne peut rien donner à une main qui se détourne de lui, qui va chercher son bonheur ailleurs ou qui tremble. Il faut que nos regards soient tournés vers lui et notre main tendue vers lui. C'est alors - et alors seulement -qu'il peut nous faire traverser nos Jourdain et nous faire pénétrer dans nos terres inconnues, en attendant de nous conduire dans la patrie céleste. Voilà pourquoi il nous dit : «Que ce livre de la loi ne s'éloigne pas de toi ; médite-le jour et nuit, pour agir fidèlement selon tout ce qui y est écrit.» (v.8).
Frères et sœurs, il est arrivé que des voyageurs soient obligés de se délester d'objets lourds ou encombrants pour franchir un passage dangereux. Et savez-vous qu'en Italie, il est préférable de se méfier lors des promenades dans les rues la veille du 1er janvier ? En effet, il est coutume de jeter par la fenêtre les habits et objets symbolisant les événements négatifs de l'année passée ! Ah chers amis ! Si nous pouvions de même laisser sur la rive de 2009 tout ce qui nous ralentit dans notre vie chrétienne et notre amour pour Dieu... pour mieux le suivre de l'autre côté !
Traverser le Jourdain, entrer dans Canaan avec Dieu et mettre en pratique sa Parole sont des choses qui vont ensemble -ou alors je ne comprends rien à ce texte. Nous ne pouvons pas les séparer parce que Dieu ne les sépare pas.
Le Dieu qui dit à Josué : «Je ne t'abandonnerai pas, je ne te délaisserai pas», lui dit aussi : «Observe et mets en pratique toute la loi que t'a prescrite Moïse.» C'est là, dans sa Parole, que je l'entends me dire : «Ne sois pas effrayé ! » C'est là qu'il vient à ma rencontre en Christ Jésus. C'est là que j'apprends tout ce qu'il a fait pour moi et tout ce qu'il continuera d'accomplir en ma faveur. C'est là que je comprends que mes péchés, mes fautes et mes erreurs, la maladie, la souffrance et la mort n'auront pas le dernier mot. C'est là que mon Dieu me dit et me répète que je suis en route vers une autre terre promise. L'Evangile de Noël, qui deviendra celui du Vendredi Saint et celui du matin de Pâques, nous donne courage, espérance et joie.
Vous faut-il un dernier argument ? Regardez notre autel, ce matin. Regardez ce que le Seigneur nous a préparé pour nous mettre en chemin ! Communier, c'est aussi entrer dans ce monde de demain, le monde de Dieu, ouvert devant nous, le monde du bonheur parfait préparé par Jésus pour ceux qui le suivent.
Que la foi nous ouvre les yeux pour que nous puissions voir au-delà des apparences : dans le pain rompu et le vin partagé, le Christ se donne tout entier.
Je ne peux pas vous expliquer ce mystère, si ce n'est en vous parlant de l'amour du Père. Et ne dit-on pas que l'amour a des raisons que la raison ignore ? Sous les apparences les plus humbles et les plus vitales, nourriture et boisson, Dieu se donne à nous tout entier. Non pas tant pour être avec nous, mais pour venir en nous, et nous en lui, Fils de Dieu ressuscité et glorieux.
Beaucoup de grains pour un seul pain, de grappes pour un seul vin. Et je vois ici des chrétiens de tout âge et de toutes origines ; une foule de membres pour un seul corps. Par ce moyen de grâce, le Christ façonne son Eglise. Sa vie se dépose en nous et fortifie notre âme pour qu'elle soit son corps visible dans le monde. L'Esprit de Pentecôte la rend capable d'aller semer la paix, l'amour et la liberté.
« Ne t'ai-je pas ordonné : Fortifie-toi et prends courage ? Ne sois pas effrayé ni épouvanté, car l'Eternel, ton Dieu, est avec toi où que tu ailles.» Voilà des paroles que nous devrions faire graver sur nos cartes de vœux et que nous devrions nous envoyer les uns aux autres en cette nouvelle année !
Car elles ne se contentent pas de souhaits, mais elles affirment une vérité divine qui se réalisera sûrement !
Amen.
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La Réforme et les images
I - La critique de la Réforme
1) L'iconoclasme : une révolte sociale et une révolution symbolique
L'iconoclasme, ce mouvement de destruction, d'éloignement ou de mutilation des images, statues et objets de culte, a bien souvent accompagné, parfois précédé, parfois suivi, la propagation des idées de la Réforme. Avec l'iconoclasme, on sort des idées et des écrits, pour aborder un domaine très concret qui touche à des objets ; objets parfois très éloignés de ce que l'on appelle aujourd'hui des images.
Cette constatation me permet de poser une première affirmation : l'iconoclasme ne s'en prenait pas d'abord à l'image en tant que telle, au processus de figuration, à l'objet esthétique, mais à l'image en tant qu'elle était l'expression d'un pouvoir contesté et rejeté. Il s'agissait d'abord de détruire les symboles d'un ordre ecclésiastique honnis, et non d'effacer toute trace du visible. Par exemple, le Christ bénissant qui se trouve sur le trumeau de la cathédrale de Bourges n'a pas été détruit ; les huguenots se sont contentés de mutiler sa main droite bénissant, mais n'ont pas touché à sa main gauche tenant le Livre. Plusieurs études récentes, sur l'iconoclasme en France et en Suisse ont insisté sur son aspect essentiellement politique : de même qu'après la chute du mur de Berlin en 1989 les peuples nouvellement émancipés de la tutelle soviétique ont détruit, piétiné, démonté les symboles du pouvoir communiste, de même les populations révoltées contre un système d'exploitation qui reposait sur la fabrication et l'entretien d'objets de dévotion qui coûtaient cher au peuple ont détruit symboles les plus visibles du pouvoir contesté. Le cas de Zürich est exemplaire, puisque c'est sur la pression du peuple - et pour lui couper l'herbe sous les pieds - que le Conseil de la ville, politiquement affaibli par la mort successive de deux bourgmestres, dut se résoudre à publier un décret ordonnant la destruction des Götzen, des idoles. Celle-ci se fit en le 20 juin et le 2 juillet 1524 derrière les portes fermées des Eglises, afin d'éviter précisément que le peuple ne participe à cet acte libérateur. A l'inverse, mais selon une même logique politique, si Luther a quitté précipitamment sa retraite de la Wartburg en mars 1523 pour s'opposer aux actes iconoclastes de Carlstadt, c'est qu'il avait absolument besoin du soutien politique du Prince-Electeur de Saxe Frédéric le Sage, grand collectionneur de reliques et d'objets religieux.
Révolte politique, l'iconoclasme fut aussi une « révolution symbolique », pour reprendre l'expression d'Olivier Christin : il exprimait le passage d'un monde à un autre, d'une conception médiévale et magique, à une conception plus savante du sacré et de sa représentation. Plusieurs historiens ont relevé que l'iconoclasme était une sorte d'idolâtrie inversée : on s'attaquait d'autant plus facilement aux images qu'on leur attribuait encore un pouvoir sacré. Il s'agissait de vérifier que les images soient vraiment des idoles, et non des personnes réelles. Il fallait le vérifier, parce qu'au fond on n'en était pas tout à fait sûr. Ainsi on piétinait des hosties consacrées pour voir si elle saigneraient ; on les donnait à manger aux chiens pour voir s'ils s'écrouleraient morts ; on coupait le nez et les oreilles, les mains des statues pour qu'elles ne puissent plus respirer, entendre, agir. On faisait subir aux statues des mutilations que l'on opérait sur des personnes réelles, sans parfois bien distinguer entre l'une et l'autre tellement, dans la conception médiévale populaire, l'image (peinte, mais plus encore sculptée) était le double vivant de ce qu'elle représentait. On ne faisait pas de différence entre le signe et la chose. L'iconoclasme protestant pourrait ainsi bien être paradoxalement l'une des dernières manifestations de l'idolâtrie combattue. Une conclusion s'impose alors : une attitude libre et responsable vis-à-vis des images implique non leur destruction ou leur éloignement, mais leur sereine acceptation. Ce fut du reste l'attitude de Luther.
2) Luther : l'image sans l'esthétique
Le réformateur de Wittenberg se méfia d'abord des images, dans la mesure où il voyait en elles les supports d'une théologie des mérites et des oeuvres qu'il combattait absolument. Ses 95 thèses d'octobre 1517 furent toutefois essentiellement centrées sur le trafic des indulgences, non sur les images et encore moins sur la représentation de la foi en images. Il faut dire qu'il n'a guère le temps de s'intéresser à la question, secondaire dans le contexte de la Réforme naissante, des images. Un incident historique l'oblige toutefois à prendre position : tandis qu'il est réfugié en secret dans le château de la Wartburg (il en profite alors pour traduite le Nouveau Testament en langue vulgaire), il apprend que des troubles iconoclastes, fomentées par son ancien disciple Andreas Carlstadt, ont lieu à Wittenberg. Ces événements risquent de mettre en péril l'avancée de la Réforme en lui faisant perdre le soutien du Prince-Electeur Frédéric le Sage (grand admirateur de Luther, mais aussi grand collectionneur de reliques). Il quitte alors sa retraite forcée, arrive à Wittenberg et prononce en mars 1522 une série de prédications sur les images (prédications de l'Invocavit). Dans ces prédications, prononcées dans l'urgence de l'événement, il prend clairement position pour leur maintient en place, à condition que l'on cesse de les adorer. Il défend en outre leur neutralité : les images ne sont ni bonnes ni mauvaises ; elles sont des adiaphora, c'est-à-dire qu'elles ne relèvent pas des questions de foi. On peut être libre de les utiliser ou non, comme on peut être libre de se marier ou non. L'important est d'en faire un bon usage. Luther est pragmatique et pastoral dans son raisonnement : on peut faire un bon ou un mauvais usage du vin ou des femmes, dit-il, ce n'est pas une raison suffisante pour les interdire. Il en va de même pour les images.
A partir de 1525, Luther se préoccupe d'avantage de pédagogie, de la transmission de la nouvelle foi évangélique. Il veut atteindre le plus grand nombre, et propager l'Evangile partout, y compris dans une population rurale largement analphabète. C'est l'époque où il rédige son Petit et son Grand Catéchismes. Il découvre alors les vertus positives de l'image, son pouvoir de persuasion qui frappe l'imagination et aide la mémoire. Les gens simples et les enfants, dit Luther, « sont plus aptes à retenir les histoires simples quand elles sont enseignées par des images et des paraboles, que quand elles sont enseignées par des discours et des instructions ». Alors que trois ans plus tôt Luther disait des images qu'elles n'étaient ni bonnes ni mauvaises, il découvre maintenant qu'elles sont utiles « pour voir, pour témoigner, pour se souvenir, pour signifier. » Emporté par son zèle évangélique, il voudrait même faire peindre la Bible toute entière à l'extérieur comme à l'intérieur des maisons des riches, imaginant des sortes de panneaux publicitaires avant l'heure. Et il ajoute : « les images sont une prédication pour les yeux ».
Pour être complet, il faut également évoquer l'amitié, puis la collaboration entre Luther et l'un des plus grands peintres allemand de l'époque, Lucas Cranach (l'ancien). Ils étaient liés par des liens d'amitié très profonds, avaient des parrainages croisés et habitaient la même rue, au centre de Wittenberg. On peut parler à ce propos - c'est l'une des thèses personnelles que j'avance - d'une conversion réciproque entre le peintre et le réformateur : Cranach est devenu un fervent disciple de Luther, et le réformateur, au contact de son ami chez qui il faisait imprimer ses tracts illustrés, s'est ouvert au langage de l'art, et particulièrement à celui de la gravure.
Ces témoignages sont suffisamment clairs pour que l'on puisse affirmer que la réforme luthérienne fut, finalement, globalement favorable aux images. Mais avec une limitation importante : les images que Luther prône sont toujours soumises à l'Ecriture, ancillae theologiae, servantes de la théologie. Il s'agit d'images avant tout didactiques et pédagogiques. Elle ne sont là que pour renforcer le pouvoir de persuasion de la Parole, c'est-à-dire du texte de l'Ecriture. Du reste, les images de l'art luthérien sont toujours accompagnées de versets bibliques peints : il s'agit autant d'images d'écritures que d'écritures d'images. La notion d'oeuvre d'art, avec toute la liberté thématique et esthétique que cela implique, lui était une notion totalement étrangère. Luther s'est certes intéressé à l'image, mais il est resté indifférent à l'art.
3) Zwingli et Calvin : l'esthétique sans l'image
Par rapport à Luther, Zwingli et Calvin font de prime abord pâle figure. Non seulement ils n'ont jamais rien écrit de positif sur l'image religieuse, mais ils ont été soit acteurs (Zwingli) soit témoins (Calvin) d'un iconoclasme virulent. Contrairement à l'Allemagne, la Réforme en Suisse ne peut pas non plus s'enorgueillir d'avoir intéressé - et encore moins suscité - des artistes de renom. Au contraire : Holbein le Jeune a quitté Bâle pour aller travailler en Grande-Bretagne, tandis qu'à Berne un artiste brillant, Nicolas Manuel, renie sa vocation artistique pour se consacrer entièrement à la cause de la Réforme.
Il n'y a donc pas plus ennemis des arts que ces deux réformateurs. Peux eux, l'image religieuse n'est rien d'autre que l'idole dénoncée par les prophètes bibliques.
Il ne faudrait toutefois pas trop insister sur cet aspect négatif du rapport des réformateurs suisses et français à l'image, pour les raisons suivantes, que j'énonce brièvement :
L'image qu'ils dénonçaient n'était pas l'image moderne, renaissance, humaniste, contemporaine de leur époque, mais l'image de dévotion médiévale qui était de toute façon déjà condamnée à disparaître. Sur cette question, les réformateurs menèrent un combat d'arrière garde : ils se confrontaient à une image qui était déjà marginalisée dans le corps social, même si elle subsistait encore, quoique de manière de plus en plus périphérique, dans le corps ecclésial. On en a une preuve avec la fin de la production des grands retables qui a précédé, et non suivi, l'introduction de la Réforme. Il a manqué de surcroît à Zwingli et Calvin de côtoyer un Cranach ou un Dürer, c'est-à-dire une grande figure artistique de la Renaissance qui aurait produit sous leurs yeux des images non idolâtres.
Le refus des réformateurs suisses par rapport aux images n'était que la conséquence d'un refus plus fondamental, sur lequel ils concentraient toute leur attention, celui du sacrifice eucharistique de la messe. Ils ne faisaient pas vraiment la différence entre image et sacrement, la première n'étant que le prolongement du second. Dans la mesure où ils refusaient le réalisme sacramentaire, il ne pouvaient que rejeter sa transcription esthétique dans le réalisme plastique. La théologie et la pratique ecclésiale de la fin du Moyen Age avaient d'ailleurs tout fait pour brouiller les frontières entre images et eucharistie, la première n'étant souvent que la transcription visuelle de la seconde (avec par ex. le thème iconographie de la messe de St-Grégoire).
La pensée de Zwingli sur les images est moins radicale qu'on ne le pense, quand on la situe dans les faits. Zwingli a pensé cette question dans l'urgence, sous la pression populaire (il siégeait au Grand Conseil de la ville quand fut prise la décision d'éloigner les idoles des églises). Il était contre toute participation humaine à l'expression du divin. Mais de manière plus personnelle, il lui est arrivé de confier qu'il était ami et admirateur des arts : « Il n'y a pas plus grand admirateur de tableaux, de statues, et d'images que moi » ; on sait qu'il était un grand musicien. Il savait donc faire, lui aussi, la différence entre image et idole. Du reste, il n'a jamais interdit les vitraux dans les églises, car il avait remarqué qu'on ne les adorait pas. Sa mort précoce, sur le champ de bataille (à Cappel, en 1531 ), fait que sur cette question - comme sur d'autres - il n'a pas pu développer une pensée systématique sur laquelle on pourrait légitiment s'appuyer aujourd'hui.
Calvin est à certains égards plus radical que son aîné de Zürich : il n'admet pas les vitraux, aucune représentation, même humaine, du Christ, et souligne que l'interdit des images du Décalogue, dont il fait le second commandement, a une valeur exemplaire : toutes les images sont interdites par le Décalogue, et non les seules images adorées (ce que contredirait Luther). Mais sur ce point Calvin n'a pas toujours été d'une clarté exemplaire. On ne sait parfois pas très bien si toutes les images sont interdites, ou seulement celles qui ont un caractère idolâtre. Il admettait un art séculier - peintures historiques et paysages - en dehors des églises. Il dira même que « l'art de tailler et de peindre sont dons de Dieu ». En revanche, on sait que sur la question du sacrement, Calvin est plus modéré que Zwingli, et ne s'oppose pas absolument à un réalisme sacramentaire, à condition que ce soit l'Esprit - et non le prêtre - qui soit l'acteur principal.Ce n'est pas tout. A ces considérations qui relativisent un strict iconoclasme théorique (accentué par la suite dans la tradition calviniste), s'ajoute un découverte de taille : les écrits du Réformateur de Genève contiennent une ouverture esthétique indéniable, une esthétique ouverte à Dieu.
Pour Calvin, Dieu dans toute sa Gloire ( Soli Deo Gloria, est le thème principal de la pensée de Calvin) ne peut être que beau. Prenons la peine de lire attentivement les écrits de Calvin, en particulier son Commentaire des Psaumes et l'Institution chrétienne, le livre qui l'a accompagné toute sa vie. On découvre chez lui une esthétique théologique très développée, moderne même, et qui n'a pas son pareil chez les autres réformateurs. Si l'image est totalement niée, en revanche le sens de la vue est très développé dans l'Institution : pour Calvin l'homme qui écoute est aussi un homme qui voit. On a ainsi l'élaboration d'une nouvelle image, mais il s'agit d'une image mentale, abstraite, spirituelle.
Calvin pense la beauté, et l'articule à sa vision de Dieu, un Dieu glorieux, créateur, spirituel, céleste. La beauté est l'une des attributions du Dieu invisible, et fait intégralement partie de son geste créateur : « En créant le monde, il (Dieu) s'est comme paré, et est sorti en avant avec des ornements qui le rendent admirable, de quelque côté que nous tournions les yeux ». Commentant le Psaume 104, Calvin fait de la contemplation de Dieu le signe de la rencontre du croyant avec lui : « Même si Dieu est invisible, sa gloire est quand même visible. Quand il s'agit de son essence, il habite certes une lumière inaccessible ; mais aussi longtemps qu'il rayonne sur le monde entier, cette gloire est le vêtement dans lequel nous apparaît quand même d'une certaine façon visible celui qui en lui-même était caché ». Le réformateur de Genève nous invite donc à voir Dieu dans l'écoute de sa Parole et dans la contemplation d'une création sauvée par sa seule Grâce : « Ouvrons les yeux et nous serons tout confus » dit-il, avant de nous inviter à voir les signes de la Grâce de Dieu autour de nous et en nous.
La beauté de Dieu est, enfin, orientée vers la vision glorieuse du Royaume à venir. L'esthétique, chez Calvin, ouvre à l'eschatologie. Aussi ne sera-ton pas étonné de trouver encore des références à l'image spirituelle quand Calvin parle de la résurrection. Le Royaume de Dieu, dit-il est une réalité tellement merveilleuse qu'on ne peut en parler que par un langage d'images ; « quasi développé en figures », dit-il. Et il ajoute : « C'est pourquoi les prophètes, parce qu'ils ne pouvaient exprimer en paroles cette béatitude spirituelle dans sa substance, l'ont décrite et quasi dépeinte sous des figures corporelles ».
Il y a donc un paradoxe fondamental chez Calvin : l'image est refusée dans sa plasticité même, mais elle est spirituellement revendiquée comme pouvant, mieux encore que la Parole, exprimer la Gloire de Dieu et l'attente du Royaume à venir.
Les positions des deux réformateurs sont donc complémentaires : Luther revendique une image privée d'esthétique, et Calvin une esthétique privée d'image. En se fondant sur la pensée des deux réformateurs, on peut donc facilement esquisser une esthétique théologique fondée sur l'Ecriture.
Jérôme COTTIN
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