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Seigneur notre Dieu, tu as donné aux hommes un modèle d'humilité, en voulant que notre Seigneur prenne un corps humain et qu'il soit soumis à la croix. Accorde-nous la grâce de garder les enseignements de sa passion, pour que nous ayons part à sa résurrection. Nous t'en prions au nom de Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur, qui vit et qui règne avec toi, Père, et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles. Amen !
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Le culte synagogal:
A l'époque où Jésus-Christ exerçait son ministère sur terre et se rendait volontiers dans les synagogues pour y prêcher l'Evangile (Luc 4:16), le culte judaïque était composé des éléments suivants:
* la confession de foi en Yahvé, seul Dieu, le "Shemah Israel" (Deutéronome 4:6- 9).
* la prière que le jeune Juif pouvait prononcer à partir de 13 ans.
* la lecture de la Thorah, c'est-à-dire de la loi de Moïse. Tout membre de l'assemblée pouvait la faire. Le Pentateuque était divisé en 154 péricopes ou sections, si bien qu'on pouvait le lire intégralement en trois ans. La lecture était précédée et suivie d'une doxologie.
* la lecture des prophètes. Ces textes étaient choisis par les lecteurs qui pouvaient aussi les interpréter librement, chose strictement interdite pour la Thorah.
* la prédication sur un texte librement choisi. Elle pouvait être faite par tout membre de l'assemblée, en consultation cependant avec le chef de la synagogue.
* la bénédiction: ce qu'on appelle la bénédiction d'Aaron (Nombres 6:24-26), donnée par un prêtre, en l'absence duquel l'assemblée se contentait d'implorer la bénédiction de Dieu.
Le culte chrétien plonge ses racines dans le culte synagogal. il est centré sur le Christ, le Rédempteur promis par les prophètes et venu, quand les temps furent accomplis, mort et ressuscité pour le salut du monde. Trois éléments nouveaux viennent s'y ajouter: la prière du Seigneur appelée le Notre Père et les sacrements institués par lui, le Baptême et la Sainte Cène. L'Evangile du salut apporté par le Christ vient à l'homme dans la Parole et les sacrements. Jésus lui-même est ainsi au centre du culte chrétien.
Le culte de l'Eglise primitive:
Voici ce que nous dit la Bible du culte de l'Eglise chrétienne à l'époque des apôtres: "Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés, et en ce jour-là le nombre des disciples augmenta d'environ trois mille âmes. Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières" (Actes 2:41.42). Enseignement des apôtres, c'est-à-dire prédication de la Parole de Dieu, Baptême, Sainte Cène et prières faisaient l'essentiel du culte chrétien, culte collectif qui manifestait la communion fraternelle unissant les croyants. L'Eglise confessait sa foi et s'édifiait en elle. Elle la chantait aussi, selon l'exhortation apostolique: "Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre coeur les louanges du Seigneur" (Ephésiens 5:19; Colossiens 3:16).
Les écrits des premiers Pères de l'Eglise (Clément de Rome, Didachè, Justin Martyr) nous renseignent sur le culte au cours du IIº siècle ap. J.-C. Il était fait des éléments suivants:
* la lecture par un lecteur des Mémoires des apôtres (évangiles et sans doute aussi les épîtres).
* la prédication par l'un des pasteurs de la paroisse.
* la prière pour laquelle l'assemblée se lève.
* l'offrande du pain et du vin (mêlé à de l'eau).
* la prière eucharistique à laquelle l'assemblée répond par Amen.
* la communion à laquelle participe toute l'assemblée, tandis que les diacres apportent aux absents les éléments consacrés.* les offrandes déposées devant les anciens et destinées aux veuves, aux prisonniers, aux étrangers et à tous les nécessiteux.
* la prière d'action de grâces.
L'Apologie de Justin Martyr précise que seuls les baptisés sont admis à la Sainte Cène.
Puis la liturgie va s'enrichir rapidement de quelques éléments nouveaux dont nous reparlerons plus loin: le Sanctus, l'Agnus Dei, la Salutatio ("le Seigneur soit avec vous"), le Sursum corda ("les coeurs en haut"), le Gratiam agamus ("louons le Seigneur notre Dieu"), l'anamnèse (rappel, dans la prière eucharistique, après la récitation des paroles d'institution, de la mort rédemptrice du Christ), l'épiclèse (invocation du Saint-Esprit sur le "sacrifice d'action de grâces" célébré par l'Eglise).
Quand le christianisme devint au IVº siècle religion d'Etat, le culte se déroula de la façon suivante:
# Missa catechumenorum (messe des catéchumènes): Quatre lectures bibliques (loi, prophètes, épîtres et évangiles) entrecoupées du chant de psaumes et suivies de la prédication assurée par l'évêque de la ville. Après quoi on congédiait ceux qui n'étaient pas admis à la Cène (catéchumènes et pénitents) en intercédant pour eux. L'assemblée répondait par "Kyrie eleison".
# Missa fidelium (messe des fidèles ou membres communiants) avec prière ecclésiastique et "Kyrie eleison" de l'assemblée, salutation, offrande du pain et du vin, liturgie eucharistique ("Salutatio", "Sursum corda", "Gratiam agamus", "Sanctus", paroles d'institution, anamnèse, épiclèse, intercessions, Notre Père, communion), prière d'actions de grâces, bénédiction.
La liturgie catholique:
Selon le Missel Romain de 1570, le culte catholique se décompose de la façon suivante:
Introduction:
* Introït (chanté par le choeur ou l'assemblée)
* Salutation
* Confession des péchés et demande de pardon
* Kyrie eleison
* Gloria in excelsis
* Prière du jourCulte de la Parole:
* Lecture de l'Ancien Testament
* Graduel (chant alterné d'un psaume ou chant d'un cantique)
* Lecture de l'épître
* Alléluia
* Lecture de l'Evangile
* Homélie
* Credo (symboles apostolique ou de Nicée)
* Prière ecclésiastiqueCulte eucharistique:
* Chant pendant lequel on prépare les éléments eucharistiques
* Prière
* Préface et Sanctus
* Canon avec récitation des paroles d'institution pendant laquelle est censée s'opérer la transsubstantiation
* Notre Père
* Agnus Dei
* Prière de préparation (Matthieu 8:8)
* Communion
* Postcommunio (prière d'actions de grâces)
* Bénédiction
* L'assemblée est congédiée ("Ite, missa est" et "Deo gratias")La "messe allemande" de Luther:
C'est la liturgie que le Réformateur publia en 1526 à l'usage des Eglises luthériennes. Elle est relativement simple et faite des éléments suivants:
* Introït
* Kyrie eleison (pas de Gloria)
* Collecte (prière du jour)* Epître
* Graduel (cantique allemand)
* Evangile
* Credo (chant d'une paraphrase du Credo par Luther)
* Prédication
* Notre Père (chant d'une paraphrase faite par Luther)* Exhortation à communier dignement (mais pas de confession ni d'absolution, celles-ci ayant eu lieu en privé)
* Paroles d'institution prononcées d'abord sur le pain avec distribution, puis sur le vin avec distribution
* Prière d'action de grâces* Bénédiction
La liturgie de Strasbourg:
Un an plus tôt, en 1525, l'Eglise de Strasbourg avait adopté une liturgie un peu plus riche qui fut finalement, avec ou sans variantes, adoptée par la plupart des Eglises luthériennes. Voici son déroulement:
* 1º cantique
* Confession des péchés
* Promesses de grâce
* Lecture d'un psaume
* Gloria Patri
* Kyrie eleison
* Grande doxologie
* Collecte (prière du jour)* Epître
* Chant d'un psaume
* Prédication (sur l'évangile du jour)
* Chant du Credo* Préparation du calice
* Prière de préparation
* Sursum corda
* Prière
* Notre Père
* Exhortation
* Consécration
* Invitation
* Communion
* Chant du choral "Gott sei gelobet" ou d'un psaume* Bénédiction
* Chant du choral: "Es wolle Gott uns gnädig sein"
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5° Carême - Matthieu 26.58,69-75
Dimanche dernier, nous avons assisté au procès de Jésus. Caïphe, le chef du tribunal, a obtenu la peine de mort. Dehors, dans la cour, un apôtre s'est mêlé aux serviteurs. Soudain, il n'en peut plus et part en pleurant. Pierre, pourquoi pleures-tu ? J'ai renié mon sauveur ! Et maintenant, que vais-je faire ?
I
J'ai renié mon sauveur. Frères et sœurs, les évangiles racontent cet épisode en détail pour nous montrer comment le diable nous prend dans ses filets et nous fait souffrir. Entrons dans la cour de Caïphe avec l'apôtre et comprenons ce qui lui est arrivé !
Un mot de présentation, pour commencer. Pierre est spontané ; il a des réactions à fleur de peau. C'est un impulsif, un sanguin. C'est aussi un gars courageux et sympathique que j'aimerais avoir comme paroissien. Par certains côtés, c'est un meneur d'hommes : il est toujours le premier à s'engager, à prendre des responsabilités et même des risques. De belles qualités, vraiment, que chacun de nous devrait développer.
Seulement, tout cela est à double tranchant : les plus beaux talents doivent aussi être sanctifiés. Nos désirs sont contraires à ceux de l'Esprit et ce handicap naturel peut à tout moment affecter nos plus généreuses dispositions... Par exemple, certains sont doués pour organiser et diriger : on leur confiera rapidement des responsabilités ; mais le groupe souffrira si cette forme de pouvoir les rend excessivement directifs, s'ils ne savent plus entendre la contradiction...
Je disais à l'instant que Pierre avait des réactions à fleur de peau, et c'est vrai qu'on a parfois du mal à le suivre ! Quand Jésus annonce sa passion, il réagit avec toute l'énergie dont il est capable : AQue Dieu t'en garde, Seigneur ! Ça ne t'arrivera pas@. C'est alors que Jésus lui dit : AArrière, Satan, tu es un piège pour moi, car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu mais celles des hommes@. (Mt 16.23)
Le Jeudi saint, quand Jésus fait comprendre qu'il sera abandonné, Pierre bondit et ose contredire le Maître : AMême si tous trébuchent à cause de toi, ce ne sera jamais mon cas@. Et Jésus lui dit : AEn vérité, cette nuit même, avant que le coq chante, trois fois tu me renieras@ (Mt 26.32). Le passage que nous méditons ce matin est l'accomplissement de cette parole prophétique.
Jésus ne lui a pas parlé en parabole ; Pierre était avertit. Cela me rappelle l'avertissement très clair de l'Eternel à Adam : ALe jour où tu en mangeras, tu mourras, c'est certain.A (Gn 2.17). Pourtant, il va se laisser piéger. N'est-ce pas la preuve qu'il y a des ordres divins - des commandements, des sermons - qui nous passent par-dessus la tête ? Non qu'ils soient compliqués, mais parce que le message est filtré par notre vieille nature qui nous bouche les oreilles ? Pierre se croyait ferme, invincible, différent des autres disciples ; alors il n'a pas entendu l'avertissement de Jésus. Le disciple et son maître n'étaient pas sur la même longueur d'onde ! C'est un danger constant. Il est très facile, en effet, de confondre les ardeurs de la chair et celles de l'Esprit. Nous nous laissons tous piéger par de fausses motivations, si bien que notre enthousiasme n'est pas toujours très pur...
Quand Jésus avertit Pierre de son triple reniement, il persiste : AMême s'il me faut mourir avec toi, je ne te renierai pas.@ (Mt 26.34) C'est comme s'il affirmait : AAttends Seigneur, je me connais mieux que toi !@ Il contredit Jésus ; c'est lui qui a raison !
Voyez, en dépit de sa sincérité, il y a chez le disciple une bonne dose d'inconscience. L'inconscience n'est pas la foi, même si elle donne les élans du courage. Jésus veut des résolutions qui plongent leurs racines dans sa Parole et non dans le sable mouvant des émotions. Nous avons tous en poche le péché originel qui nous oblige à surveiller nos réactions.
Alors, tandis que Jésus comparaît devant Caïphe, Pierre est assis dehors, dans la cour du tribunal. On dira : au moins, il fait ce qu'il a promis ! Parce que... à table tout à l'heure, tous les disciples avaient dit la même chose, mais lui tient parole (Mt 26.35b). Juste après l'arrestation du Seigneur, les disciples ont pris la fuite. Tous ? Non. Pierre a suivi de loin jusqu'à la cour du grand-prêtre, il y est entré et s'est assis avec les serviteurs pour voir comment cela se finirait (Mt 26.58). L'apôtre n'est donc pas homme à renoncer. Bien-sûr, il veut recueillir des informations ; assis près du feu avec les serviteurs, il guette les allers-venues des anciens, convoqués en pleine nuit. Mais sans doute veut-il aussi se convaincre qu'il n'est pas comme ses compagnons et que Jésus a eu tort de le sous-estimer. Hélas, sa témérité, au lieu de le fortifier, va l'enfoncer.
Pierre veut rester dans la cour. Malgré l'avertissement très clair de Jésus. On pense alors à cette mise en garde, que l'apôtre connaissait : ATu ne provoqueras pas le Seigneur, ton Dieu@ (Mt 4.7). Car Dieu est bon. Il ne veut pas mettre en danger ses enfants, surtout quand il s'agit de leur foi ; et qu'y a-t-il de plus terrible que de renier son Sauveur ? Aucune initiative n'est approuvée par Dieu si je brave consciemment sa parole. Mes projets et mes vœux ne peuvent être bénis si je méprise ses commandements. Et s'il est obligé de m'éprouver pour que j'entende enfin sa voix, que je ne vienne pas dire : je ne savais pas !
Voici donc Pierre dans la cour du grand prêtre. S'il a réussi à entrer et à se mêler aux serviteurs, n'imaginons pas qu'il prenne part aux conversations ! Il veut être là incognito. Il veut se convaincre qu'il est invisible. Son triple reniement va pourtant s'accomplir pleinement ; disons que Pierre s'était mis lui-même bien au centre de la cible : le péché va lui tomber dessus comme la foudre.
Une servante s'approche et lui dit : AToi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen@. Pierre fait l'ignorant et dit ANon, pas du tout.@
Comme il se dirige vers la porte, une autre servante le voit et dit à ceux qui se trouvent là : ACet homme aussi était avec Jésus de Nazareth !@ Pierre, qui aurait pu reculer dès le premier soupçon et prendre ses jambes à son cou, dément encore et cette fois avec serment : Je le jure, Aje ne le connais pas cet homme@.
AEnviron une heure plus tard@ (Lc 22.59), ceux qui étaient là s'approchent et disent : ACertainement, toi aussi tu fais partie de ces gens-là, car ton langage te fait reconnaître@. Alors Pierre, paniqué par la tournure des événements, craignant sans doute pour sa vie, se met à jurer en lançant des malédictions. J'espère que ce n'était pas quelque-chose comme : AQue je sois maudit si je connais cet homme !@
Devant ce qu'il a pris pour une menace, son courage a fondu. A cet instant, le malheureux n'a plus de Sauveur. Il l'a renié. Trois fois.
Pourtant, Pierre n'était pas particulièrement peureux. C'est lui qui tire l'épée. C'est lui qui suit Jésus dans la cour du tribunal. Comment expliquer qu'il jure à présent ne pas le connaître ? L'a-t-il à ce point déçu ? Ce pourrait-il qu'il pense : AJésus m'a trompé ? Ma foi a fait fausse route ? Et maintenant, pourquoi prendrais-je des risques pour un Jésus décevant ?@
Nous aussi, nous avons des moments de graves dissensions avec Dieu, notamment quand un coup dur nous tombe dessus. D'un seul coup, son amour nous déçoit. Et alors, nous n'avons plus tellement envie de prier, de chanter ses louanges et de le confesser devant les hommes.
Pierre affirme ne pas connaître son Sauveur. Aussitôt, le coq se fait entendre. La conscience du disciple est piquée au vif. Il se souvient des paroles de son Maître : AAvant que le coq chante, tu me renieras trois fois@.
Pierre, pourquoi pleures-tu ? Je pleure parce que j'ai renié mon Sauveur. Et maintenant, que vais-je faire ?
II
Jésus n'est pas tendre avec ceux qui affirment publiquement ne pas le connaître. Il avait dit un jour : ACelui qui me reniera devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon Père céleste@ (Mt 10.33). Je ne sais pas si Pierre se souvenait de cette parole, mais une chose est certaine, il a très mal. Lui, le disciple le plus audacieux, a vu les limites de son courage. Et maintenant, que peut faire Dieu d'un tel disciple ? Il est comme le sel qui perd sa saveur. Il ne sert plus qu'à être jeté dehors et piétiné par les hommes (Mt 5.13)...
Pierre fond en larme ; le chant du coq lui rappelle instantanément les paroles de Jésus. Cet élément, rapporté par les quatre évangélistes, est plein d'enseignement. Il nous montre comment le Saint-Esprit ramène une brebis égarée. Ici nous avons la preuve que ADieu ne veut pas la mort du pécheur@. Alors il fait tout pour que cette mort n'arrive pas. Et comme il est le maître de la création, consultez la Bible : les sauterelles, les mouches, les corbeaux, un âne, une baleine deviennent ses lieutenants occasionnels pour une mission spéciale auprès des hommes. Ce matin-là, Dieu envoie un coq. Il sonne trois fois, à l'heure exacte.
Dieu ne s'est-il jamais servi de choses semblables pour se rappeler à votre souvenir quand vous étiez en perdition ? Le son lointain d'une cloche, la mélodie d'un cantique, la voix d'un prédicateur, la photo d'un parent qui avait beaucoup prié pour votre salut, l'image d'un baptême, le faire-part d'une confirmation ?
Bien-sûr, le coq ne prêche pas la loi et l'évangile, mais il déclenche chez le disciple le souvenir précis des paroles de Jésus. Voilà comment le Saint-Esprit travaille : une parole de la Bible, auquel on n'avait pas prêté attention, jaillit brutalement dans le cœur pour réveiller la conscience et la foi ! Croyez que la conversation que vous avez eue avec un proche, au sujet de la foi et du salut, finira par atteindre son but !
Voyez l'effet de cette parole sur l'apôtre.
D'abord, il se rend compte que la prophétie s'est accomplie. Jésus, qu'il a renié, reste le Seigneur et Maître de toutes choses. Il est fidèle en tout, quand il avertit et quand il console.
Ensuite, Pierre se rend compte de l'horreur de son péché. Il a rejeté son Seigneur avec des paroles extrêmes, presque des blasphèmes. Ce souvenir lui fait très mal et il en pleure amèrement. Il se dégoûte. Lui qui voulait être le premier est le plus minable de tous.
Voyez : ce n'est pas volontiers que le Seigneur nous corrige. Mais serait-il un père pour nous s'il nous laissait persister dans une voie dangereuse pour notre foi ? Et serais-je un bon berger, fidèle à mon appel, si je ne prêchais jamais la loi, si je laissais dormir les tièdes et bénissais ceux qui ont oublié leur premier amour ? Et croyez-moi : c'est dur à porter.
Pierre se rend compte aussi que le Seigneur s'avance résolument vers la mort et n'a jamais dévié dans sa mission. Il l'accomplit selon son plan, comme cela avait été annoncé par les prophètes. C'est nécessaire parce qu'il est venu sauver des indignes dont Pierre est un triste spécimen.
Luc est le seul évangéliste à dire qu'au moment où Pierre sortit en pleurant, il croisa le regard de Jésus. Ce regard n'est pas rien. Il est tout à la fois reproche et amour, douleur et affection, interrogation et appel. Ce regard signifiait : Pierre mon ami, tu agis comme si je t'avais déçu. Tu as honte de moi, mais regarde vers quoi j'avance : moi je ne te renie pas. A ton retour, tu seras étonné par la grande place que je t'offre dans mon cœur. Tu verras quel Sauveur je suis.
Et force est de constater que ses pleurs n'ont pas conduit Pierre à la mort. Au contraire : ils lui ont lavé les yeux ; pour voir clair ! L'épreuve ne l'a pas abattu. C'est l'inverse qui se produira : il se relèvera dix fois plus fort !
Mes amis, le reniement de Pierre doit sonner dans nos cœurs comme le chant du coq. Que de reniements en effet dans nos absences, nos pudeurs de chrétien, nos timidités, nos excuses ou nos réticences ! Nous aussi, certains jours, nous avons besoin que Jésus nous regarde avec tristesse.
Par nature, nous ne sommes pas de beaux disciples, prêts à le servir et à le confesser ; alors il faut qu'il nous fortifie comme il a fortifié Pierre, en faisant de lui son témoin même au-delà des larmes du martyre.
Puissions-nous toujours dire avec lui : à qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie Eternelle. Amen !
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Sermon pour le 4°dimanche du Carême, Matthieu 26.59-68
Ce matin, Matthieu nous emmène au tribunal. Là se déroule le procès de Jésus. Le Saint Esprit invite le peuple des croyants à s'asseoir dans la salle d'audience pour lui montrer comment un innocent a payé pour les coupables.
Ce n'est pas un spectacle pour distraire ; ce serait plutôt un culte spécial qui doit nous aider à grandir dans le repentir et l'adoration. Le thème de notre message sera le suivant : Jésus comparaît devant ses juges.
Examinons l'attitude du tribunal et écoutons la défense de Jésus
I
Comme nous le savons, Jésus a été arrêté dans le jardin de Gethsémané. Tandis qu'il est pris d'une crise d'angoisse proche de l'agonie, Judas est en chemin avec la garde et un mandat du sanhédrin. Le sanhédrin, c'est le tribunal qui s'occupe des affaires religieuses... Jésus est conduit pour comparaître devant Caïphe, le grand prêtre en fonction cette année-là. La cour suprême a été réunie d'urgence. Rappelez-vous que Jésus est très populaire. Trop d'histoires extraordinaires circulent à son sujet ! Trop de malades ont bénéficié de ses formidables guérisons ! Il faut donc que le complot ait une apparence de justice. Ainsi le peuple pourra difficilement contester son exécution.
Matthieu nous montre comment, dès le départ, ce procès est un véritable coupe-gorge. L'apôtre explique que «les chefs des prêtres, les anciens et tout le sanhédrin cherchaient un faux témoignage contre Jésus afin de le faire mourir.» (v.59). Le ton est donné. On sait quel est le but du procès.
Le problème, c'est que le dossier est vide. Alors, on a cherché des témoins à charge. Selon la Loi, en effet, une condamnation - a fortiori une peine capitale - s'obtient au minimum sur la déposition de deux témoins.
L'accusation a donc travaillé en ce sens. Deux personnes - que l'on a probablement soudoyées - affirment avoir entendu Jésus déclarer : je peux détruire le temple de Dieu et le rebâtir en trois jours ! Le tribunal possède enfin un chef d'accusation : la loi dit en effet que quiconque parlerait contre Dieu ou contre un lieu sacré serait puni de mort.
Mais c'est faux. Jésus ne s'est jamais exprimé de cette façon. Il a dit à ses ennemis qui cherchaient déjà à le faire mourir : «Détruisez ce temple et je le rebâtirai en trois jours ». Il parlait du temple de son corps.
Les barons du judaïsme savent bien que Jésus respecte le temple. Par deux fois, il en a chassé les marchands : «Le temple est un lieu de prière - leur a-t-il crié - et vous en avez fait une caverne de voleur ! » Leur accusation est donc cousue de fils blancs : l'accusé n'a jamais été présumé innocent.
Voilà comment l'homme arrive à donner une apparence biblique à ses mauvaises œuvres. D'abord il pèche, ensuite il cherche dans la Bible un argument qui lui permette de légitimer ou de couvrir sa faute. Beaucoup de fausses doctrines sont nées ainsi dans la chrétienté. C'est pourquoi l'Eglise a besoin de théologiens chevronnés, capables de débusquer la moindre erreur. Voici pourquoi aussi, je passe du temps avec les nouveaux-venus, en semaine, pour étudier notre catéchisme : l'admission comme membre communiant de l'Eglise est une affaire sérieuse ! Chacun doit pouvoir exprimer facilement (et correctement !) sa foi. Une communauté ne peut grandir, en nombre et en sagesse, sans une bonne assise doctrinale... Elle doit pouvoir examiner toute chose à la lumière de la Parole.
Mais revenons à Caïphe, le président du tribunal. Il pense tenir enfin une accusation suffisante. Cette parole de Jésus (son allusion au temple), interprétée astucieusement, peut justifier la peine de mort. Pourtant Jésus garde le silence. Nous tenterons dans un instant de dire pourquoi.
Alors, Caïphe, agacé par ce mutisme, sort le grand jeu. Il somme Jésus de dire sous serment s'il est vraiment «le Christ, le Fils de Dieu». L'instant est solennel. Quiconque fait une déclaration sous serment prend Dieu pour juge ! S'il ment, il se fait parjure et pèche contre le 2e et le 8e commandement. Soulignons, en passant, que Caïphe vient de faire un aveu. En demandant : es-tu le Christ, le Fils de Dieu, il donne l'exacte définition du Messie annoncé par les prophètes !
Nous vérifions ici ce que l'Ecriture dit des ennemis de la foi. Ils sont capables d'invoquer le nom de Dieu pour donner à leurs méfaits une apparence de pureté religieuse. L'heure vient, dit Jésus où quiconque vous fera mourir croira rendre un culte à Dieu...
Leur orgueil est tel qu'ils croient servir une cause juste en débarrassant Israël d'un faux Messie. Ils se prennent pour les gardiens de la Vérité. Combien de faux arguments, enrobés d'humanité, cachent ainsi des causes mauvaises. Songez au débat sur l'euthanasie active par exemple, ou à l'avortement ; à la discrimination positive, à la course effrénée au rendement... Oui, le récit d'aujourd'hui nous permet d'évoquer le péché des grands, des politiques, des hautes personnalités, voire des chefs religieux.
Lorsque Jésus donne sa réponse, Caïphe joue l'outragé. Il déchire ses vêtements en signe d'abattement, de repentir et de consternation. Enfin ! Il tient le blasphème suprême de la bouche même de l'inculpé ! En effet, Jésus lui a répondu comme s'il était le Maître du ciel et de la terre.
Pourquoi cette haine du tribunal contre Jésus de Nazareth ? La Bible nous montre que l'hostilité contre le Royaume de Dieu est toujours plus forte chez les grands de ce monde et surtout chez ceux qui professent une fausse piété.
Pourquoi cet acharnement contre un Christ qui n'avait même pas de prétentions politiques ? Sans doute, en partie, parce que les Juifs craignaient qu'il porte atteinte à leur autorité, qu'il finisse par déstabiliser leur influence et surtout par nuire à leurs privilèges.
Mais il faut chercher une autre raison, bien plus grande, et celle-ci est universelle : les chefs religieux ne voulaient pas reconnaître leurs péchés, leur indignité naturelle. Ils ne voulaient pas confesser avec la Bible : «Il n'y a pas d'homme qui soit pur, pas même un seul ! » Ils ne voulaient pas renoncer à la très haute image qu'ils avaient d'eux-mêmes. Qu'avaient-ils donc besoin d'un sauveur ? Ne se sentaient-ils pas parfaitement dans la ligne de Moïse ?
Ils étaient des modèles d'austérité et de piété ! Jésus leur avait dit pourtant (Luc 16.15) : «Vous cherchez à paraître justes devant les hommes, mais Dieu connaît votre cœur. De fait, ce qui est très estimé parmi les hommes est abominable devant Dieu ».
Le seul vrai obstacle qui empêche le Christ d'entrer dans les cœurs, c'est l'impénitence et non le manque de preuves et de témoignages. Jésus avait dit à ses ennemis : «Vous ne voulez pas venir à la lumière de peur que vos œuvres soient dévoilées».
En tous cas, Caïphe a bien joué son rôle de chef religieux outragé ! Sa mise en scène a impressionné les membres du sanhédrin. Ils ne l'ont jamais vu dans cet état... Le président ne laisse à personne le temps de réfléchir. Aussitôt, il profite de l'effet de surprise pour porter le coup de grâce : «Qu'avons-nous encore besoin de témoins ? Vous venez d'entendre son blasphème. Qu'en pensez-vous ? » (v.65) Tous répondent : « Il mérite la mort». Rideau !
Les membres du tribunal font bloc derrière Caïphe. Matthieu dit que tous approuvent la sentence. C'est l'unanimité dans la honte. Les crimes commis dans l'approbation générale donnent moins l'impression d'être coupable... En plus, le procès s'achève d'une manière lamentable : on se lève, on insulte Jésus, on le gifle, on lui crache au visage. Le Fils de Dieu subit vraiment la méchanceté des hommes.
Frères et sœurs, ne croyons surtout pas que les scribes et les pharisiens soient une race de pécheurs périmée. Il y aura des scribes et des pharisiens jusqu'au retour du Christ. Il y a un pharisien qui sommeille dans le cœur de chaque chrétien... C'est pourquoi, soyons sur nos gardes !
II
Ecoutons maintenant comment Jésus défend sa cause. Son système de défense est très simple, très sobre et très court.
Caïphe a entendu les faux témoins ; il se tourne vers l'accusé et lui lance : « Ne réponds-tu rien ? » Mais Jésus garde un silence obstiné. Etrange non ? Lui qui a toujours eu la répartie divinement facile... On a le droit d'interpréter ce silence. Il y a des silences qui parlent, qui en disent long.
Jésus se tait parce que l'accusation concernant le temple est tellement ridicule qu'elle ne mérite pas le moindre commentaire. Si les termes de l'accusation avaient été exacts, la foule aurait réagi depuis longtemps : elle aurait elle-même lapidé ce blasphémateur !
Jésus se tait parce que ce procès n'est qu'un simulacre. On fait semblant de s'informer sur sa personne et son œuvre, alors qu'il a toujours agi au grand jour, prêchant clairement le Royaume de Dieu. Toujours, il s'est appuyé sur le témoignage des prophètes. Publiquement, il a accepté la contradiction avec les chefs religieux et les théologiens. Et comme si ce n'était pas suffisant, il a prouvé sa divinité par de nombreux miracles.
Il y a un temps où Dieu, après avoir parlé, se tait. Parce que ce qu'il a dit est suffisant et complet. C'est le cas de notre Bible. Dieu y a parlé en détail ; ensuite, il y a mis un point final. Maintenant donc, Jésus se tait après avoir donné à ses compatriotes une consigne précise : «Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent ».
Agacé par ce silence qu'il interprète comme un manque de respect, Caïphe en profite pour attaquer : «Es-tu le Christ, le Fils de Dieu ? »
Cette fois, Jésus sort de sa réserve. Comme toujours, il va donner une réponse profonde et géniale. Il commence par répondre : « Tu l'as dit ».
En d'autres termes : « Caïphe, tu sais très bien que je suis le Christ, le Fils de Dieu. Tu sais très bien que je n'ai jamais caché mon identité à personne.
J'ai répondu plusieurs fois à cette question lorsque tu m'envoyais des délégations de théologiens. Tu sais très bien que je n'ai pas été un Messie clandestin, ni un charlatan. J'ai supporté la confrontation, la comparaison, la contradiction ; je ne suis pas un imposteur. Mes oeuvres, mes paroles, mon témoignage, mes arguments sont conformes aux écrits des prophètes. Donc, Caïphe, tu sais qui je suis, mais tu ne veux pas de la vérité».
Puis Jésus ajoute : «Je vous le déclare : vous verrez désormais le fils de l'homme assis à la droite de la puissance de Dieu et venant sur les nuées du ciel ». En clair : ils verront sa puissance quand il ressuscitera et que l'Evangile sera prêché à toutes les nations.
Nous l'avons dit : ce fut le point de non-retour. Jésus signe lui-même son arrêt de mort. Dans quelques heures, croit-on, ce sera une affaire classée.
C'est alors que Jésus leur lance un formidable défi, déjà annoncé par Esaïe :
« Celui qui était frappé et dont on détournait le visage régnera à jamais sur toutes les nations ; il aura une postérité nombreuse, et son règne ne finira jamais ! » (Es 53)
Caïphe avait employé l'expression Fils de Dieu. Jésus emploie l'expression Fils de l'homme, pour lui rappeler que cet homme qu'il torture et maltraite régnera à la droite de Dieu. C'est une manière de répondre à sa question : Es-tu le Fils de Dieu. En même temps, Jésus annonce quelque-chose d'important : dans le Royaume du Père, le Fils a tous les honneurs. Bien plus : lui seul en ouvrira les portes à tous ceux qui l'auront reçu comme leur seigneur et sauveur. Hélas, il les fermera aussi à tous ceux qui l'auront rejeté.
Autrement dit, ce Jésus condamné aujourd'hui reviendra dans sa gloire pour juger les vivants et les morts. Caïphe pensait en avoir fini avec le Nazaréen, mais il est précisément le rejeton d'Isaï dont le règne s'étendra sur la terre entière.
Pour l'heure, notre Seigneur a rendu son ultime témoignage. Mais quel exemple, ici encore, d'obéissance et de détermination !
Mes amis, bénissons le Saint-Esprit de nous avoir emmenés ce matin au tribunal. Car ici, nous voyons une nouvelle fois quel défenseur nous avons. Contre nos péchés, nos misères, le monde et le diable, nous avons un avocat puissant et redoutable !
Il défendra notre cause devant ceux qu'il a vaincus par sa croix et sa résurrection nous sauvera ! Puissions-nous apprendre à l'apprécier et à le servir de plus en plus, à mesure qu'il nous montre jour après jour combien il nous a aimés !
Amen.
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Accueil de Sandrine H. ; transfert d'Angela et Grégory F. Ph. 1.27-30
Chère Sandrine, Dieu t'a fait entrer dans sa maison. Il t'a accueillie comme son enfant. Il t'a habillée des vêtements du salut et a posé sur ta tête la couronne de la vie éternelle. Tu peux l'appeler Père et porter son nom. Avec Samuel, Coline et Léane, tu peux désormais trouver auprès de lui de très grandes bénédictions.
Puisque tu es membre de la famille de Dieu, tu es aussi appelée à lui faire honneur, à te conduire "d'une manière digne de l'Evangile du Christ" dit l'apôtre Paul.
Cet appel, Angela et Grégory y ont répondu il y a quelques années, et chacun de nous doit le réentendre pour suivre le Seigneur après avoir tant reçu de son amour. Premièrement : "Tenez ferme dans un même esprit", écrit Paul. Deuxièmement : "Sans vous laisser effrayer" ; "en effet, il vous a été fait la grâce non seulement de croire en lui, mais encore - ce sera mon troisièmement - de souffrir pour lui ! "
I
Premièrement : "Tenez ferme dans un même esprit". Un pasteur heureux, c'est toujours un bonheur ; et je le suis au moins autant que Paul ce matin. Il voit la belle foi des Philippiens, une paroisse qu'il a lui-même fondée et qui se trouvait en Macédoine. Ecoutez le début de sa lettre : "Je dis à mon Dieu ma reconnaissance de tout le souvenir que j'ai de vous. Dans toutes mes prières pour vous tous, je ne cesse d'exprimer ma joie à cause de la part que vous prenez à l'Evangile depuis le premier jour jusqu'à maintenant. Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la poursuivra jusqu'à son terme, jusqu'au jour de Jésus-Christ" (Ph 1.3 6).
Comment sait-on qu'une paroisse possède une belle foi ? On le sait parce qu'elle est vivante. Le dimanche hommes, femmes, enfants, jeunes et moins jeunes se réunissent régulièrement pour le culte. Tous recherchent et honorent l'assemblée chrétienne. Tous veulent entendre l'Evangile et attendent beaucoup du culte. Ils ont soif de la Parole. Ils veulent être édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes. Ils veulent les sacrements. Ils veulent des études bibliques. Ils veulent que l'Evangile rayonne dans les cantiques, les prières, les confessions, les différentes cérémonies comme l'accueil d'un nouveau membre. Ils veulent apporter leurs offrandes et mettre au service de tous les dons qu'ils ont reçus. Ils veulent que le monde sache qu'ici on prêche le Christ vivant !
Oui, heureux le berger d'une telle paroisse ! Il doit remercier Dieu, car les fruits de l'Esprit ne courent par les rues.
Paul en est conscient. Il sait que là où l'Eglise est forte, l'Adversaire est à l'affût avec un sac plein de pièges et de tentations. Il en a souvent fait les frais. Il connaît l'avertissement du Seigneur qui écrit à la paroisse d'Ephèse : "Ce que j'ai contre toi, c'est que tu as abandonné ton premier amour." (Ap 2.4)
Comment ça se passe quand on abandonne son premier amour ? Les fidèles délaissent le culte. Ils veulent entendre autre chose que l'Evangile. Ils ne se pressent plus autour de l'autel. Ils ne se soucient plus de l'instruction de ses enfants et de sa jeunesse. Le déficit paroissial les indiffère et la mission aussi. Ils ne voient plus de danger dans les fausses doctrines et trouvent inutile de se former pour y répondre. Pourtant, Paul écrit aux Philippiens : "Tenez fermes dans un même esprit, combattant d'un même cœur pour la foi de l'Evangile".
Frères et sœurs, on peut avoir des opinions différentes concernant l'aspect du lieu de culte, l'emploi de tel recueil de cantiques ou le choix des instruments ; on peut diverger sur les traditions et même la forme de la prédication, mais jamais sur son contenu. Ici, les goûts et les couleurs n'ont pas leur place. La proclamation fidèle de "l'Evangile du Christ" n'est pas une option, ni une coutume, ni une mode, mais un ordre divin. Paul écrit aux croyants : "J'avais décidé de ne connaître parmi vous rien d'autre que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié." (1Co 2.2)
Ainsi les chrétiens doivent être unanimes sur les questions de foi. Paul encourage à la fermeté, au témoignage clair et solide. Le pardon des péchés est le bien suprême et permanent de toute la paroisse. Le baptême n'est pas un sacrement démodé, mais toujours valable. Et la cène ne perd pas sa valeur à mesure qu'on la reçoit. Paul ne dit pas : si vous êtes fatigués d'entendre l'Evangile, écoutez autre chose. L'Evangile ne tolère pas deux sortes de foi, ni une piété relative, les uns faisant confiance à Dieu le Père et les autres à Jésus-Christ, certains croyant plus à la doctrine des moyens de grâces et certains autres à celle du Saint-Esprit ! Paul souhaite au contraire entendre dire "que vous tenez fermes dans un même esprit, combattant d'un même cœur pour la foi".
Mes amis, la paroisse est nourrie par un même Evangile qui ne se laisse ni diviser ni découper. L'appel auquel Sandrine répond ce matin est le même pour nous tous. La devise du chrétien doit être : touche pas à mon Christ ! Les chrétiens ne peuvent pas tolérer qu'on perde une seule phrase du Credo. La devise : à chacun son Dieu, à chacun sa foi, est une devise du diable. L'Eglise chrétienne n'est pas un self où chacun fait son menu doctrinal à la carte : moi je prends la doctrine de Dieu, mais pas celle de l'Ecriture ; moi je prends l'Evangile, mais pas la loi, etc. Tenez fermes ! Il en va de votre force spirituelle et de votre bien-être chrétien, de votre épanouissement et du réconfort de votre âme.
II
Et cela "sans vous laisser effrayer en rien par les adversaires". Deuxième encouragement de l'apôtre. "Pour eux, dit-il, c'est une preuve de perdition, mais pour vous de salut." Mes amis, un bonheur n'est jamais sans nuages. Au moment où l'apôtre écrit ces lignes, certains troublent les croyants. Lui-même est en prison à cause de son témoignage ; alors on fait circuler de méchantes rumeurs, capables à la longue de fragiliser la jeune communauté.
Par exemple : des pasteurs racontent qu'il est un faux prophète ; on insinue que son enseignement est contraire à celui de Moïse. Déjà, dans une Eglise voisine, des croyants éminents avait suggéré que son Evangile n'était pas suffisant : il fallait revenir à la circoncision et ajouter des éléments de l'Ancienne Alliance ! Ailleurs, on l'a attaqué pour trouble de l'ordre public. Et maintenant, des prédicateurs tentent d'intimider les Philippiens ; d'où l'exhortation de Paul : "Ne vous laissez effrayer en rien par les adversaires".
Tout cela, j'en suis sûr, vous semble encore très actuel. Aujourd'hui des charismatiques nous disent : "Vous n'avez pas le don de guérison parce qu'il vous manque la plénitude de la foi." D'autres disent : "Votre confession exclusive empêche l'unité des chrétiens ; vous n'êtes pas œcuméniques, vous êtes intolérants."
Le monde nous dit : "Vous êtes opposés à l'avortement, donc vous manquez d'amour à l'égard de tant de femmes désemparées. Vous n'avez pas non plus de femmes pasteurs, donc vous êtes sexistes et rétrogrades. Bien plus : vous condamnez des péchés que plus personne ne condamne, vous tenez pour vrais des récits bibliques que même les dictionnaires appellent des mythes, donc votre théologie n'a pas évolué..." C'est ainsi qu'on sape le moral des croyants et qu'on trouble leur foi, notamment celle de la jeunesse. Alors se laisser effrayer, c'est donner l'impression que les arguments de Dieu ne sont pas solides et que l'Evangile n'est pas digne de confiance.
Notre conviction, au contraire, est que Dieu ne ment pas quand il parle du péché et du pardon. Jésus ne dit-il pas à son Père : "Ta parole est la vérité" ? (Jn 17.17) L'apôtre Pierre déclare : "C'est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu !" (2P 1.21) Et Paul dit à Timothée comme à chacun d'entre-nous : "Depuis ton enfance, tu connais les saintes Ecritures qui peuvent te rendre sage en vue du salut par la foi en Jésus-Christ. Toute l'Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit formé et équipé pour toute œuvre bonne. " (2Tm 3.15-17)
Voici pourquoi Sandrine a rendu ce matin un beau témoignage, qu'Angela et Gregory posent ici leurs valises et que, tous ensemble, nous désirons tenir ferme dans l'Evangile et les confessions de foi de l'Eglise.
L'apôtre n'y va pas par quatre chemins : il affirme que ce choix sera la preuve de votre salut. Ecoutez-le : "Pour les adversaires, c'est une preuve de perdition, mais pour vous de salut, et cela vient de Dieu." Il ne s'agit pas d'un simple argument psychologique, comme pour se livrer à une épreuve d'intimidation. Les affirmations de la foi chrétienne, dit Paul, ne doivent pas varier selon les pensées du monde. L'Eglise ne doit jamais ranger son catéchisme. Si elle le faisait, elle montrerait qu'elle n'est pas sûre de sa doctrine. Inversement, en persistant à dire la vérité en toute occasion, elle condamne l'attitude des ennemis. Jésus déjà, disait à ses adversaires : "Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu ; vous n'écoutez pas parce que vous n'êtes pas de Dieu... Celui qui n'est pas avec moi est contre moi+.
En même temps, c'est par un témoignage clair que l'Eglise devient plus solide. Elle affirme que l'Evangile est pour elle une question de vie et de salut. Elle témoigne qu'elle ne craint pas le monde et que le Seigneur la protège. Dieu dit à Jérémie : "Ne les crains pas. Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas car je serai avec toi".
III
Paul termine par ces mots : "Il vous a été fait la grâce non seulement de croire en Christ, mais encore de souffrir pour lui en menant le même combat que celui que vous m'avez vu mener et que, vous l'apprenez maintenant, je mène encore."
En résumé : c'est une faveur de souffrir pour Jésus ! Drôle d'encouragement en un jour comme aujourd'hui ! Vous me direz certainement : Pasteur, on a déjà pas mal de problèmes comme cela, ce n'est pas la peine d'en rajouter !
Pourtant, écoutez ! Il vous a d'abord été fait la grâce de croire, dit l'apôtre. Meurtris et brisés, nous étions sans espoir et sans vie dans ce monde. Mais notre glorieux Seigneur nous a secourus. Non seulement au Calvaire, mais chaque jour dans son Eglise il nous renouvèle son pardon. La Parole et les sacrements sont pour nous une puissance qui nous rend une vie et une santé nouvelles. Ce n'est qu'ensuite qu'il nous dit : "Va et fais de même". Oh ! Jésus est beaucoup plus qu'un simple exemple à imiter. Après nous avoir aimés jusqu'à la croix, il fait plus que nous donner des directives pour la vie. C'est en sa compagnie que la foi s'affermit et que l'on porte sa propre croix.
Mes amis, rappelez-vous qui a écrit cette lettre. Croyez-vous que Paul vous l'adresse sans peser ses mots ? Lui-même, au moment où il écrit cela, souffre à cause de son apostolat. Il faut une foi bien sereine pour parler comme il le fait. Il est la preuve vivante que Dieu donne cette paix, et son souhait est de nous la partager.
N'oubliez pas non plus qui lui inspire ces lignes. Nous sommes au cœur du Carême, un temps où nous méditons particulièrement la passion du Seigneur. L'Evangile rapporte que la nuit où il fut trahi, Jésus lava les pieds de ses disciples. Quand Pierre voulut protester, il lui dit : "Si je ne te lave pas, tu ne peux pas avoir part avec moi". Il annonçait ainsi les souffrances que Pierre aurait lui-même à endurer à la suite de son Maître. Ce soir-là, il dira à ses amis : "Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. C'est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres." (Jn 13.8,34) Ce commandement nouveau est le signe de la présence du Christ dans son Eglise et dans le monde.
L'apôtre rappelle ainsi quelle doit être, en toutes circonstances, l'attitude du croyant : accepter la croix que Dieu lui impose. Qu'il supporte patiemment l'indifférence, l'opposition, la contradiction, le mensonge, les moqueries, sans répondre méchamment aux adversaires.
"Conduisez-vous d'une manière digne de l'Evangile du Christ, écrit Paul. Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, rendez-leur le bien pour le mal. Dieu, qui voit toute chose, jugera chacun sans se tromper.
C'est une grâce de croire en Christ, dit l'apôtre prisonnier ; c'est une grâce aussi de souffrir pour Christ. Ce qu'il nous demande de faire, il nous donne aussi de le faire. Pour dire les choses autrement : Christ donne ce qu'il ordonne.
Alors souffrir ? Oui, mais pour la plus juste des causes ! Aujourd'hui encore nous sommes dans son Eglise en compagnie de notre Seigneur. Ce qu'il a promis à ses disciples la nuit où il fut trahi est encore vrai pour nous ; notre amour les uns pour les autres et pour le monde où il nous envoie est en réalité son amour en action. Jésus le dit lui-même : Recevoir celui que j'enverrai, c'est me recevoir moi-même, et me recevoir c'est aussi recevoir celui qui m'a envoyé...
Chers Sandrine, Angela, Grégory, et vous tous mes amis, Paul nous a placés ce matin au point de départ d'une vie chrétienne pleine de promesses. Le Christ qu'il a servi avec tant de fermeté est aussi le nôtre, c'est pourquoi nous pouvons tout lui demander : non seulement la grâce du pardon, mais aussi la faveur de mener une vie qui lui fasse honneur. Amen !
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