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Par lutherien le 31 Décembre 2009 à 21:39
La Réforme et les images
I - La critique de la Réforme
1) L'iconoclasme : une révolte sociale et une révolution symbolique
L'iconoclasme, ce mouvement de destruction, d'éloignement ou de mutilation des images, statues et objets de culte, a bien souvent accompagné, parfois précédé, parfois suivi, la propagation des idées de la Réforme. Avec l'iconoclasme, on sort des idées et des écrits, pour aborder un domaine très concret qui touche à des objets ; objets parfois très éloignés de ce que l'on appelle aujourd'hui des images.
Cette constatation me permet de poser une première affirmation : l'iconoclasme ne s'en prenait pas d'abord à l'image en tant que telle, au processus de figuration, à l'objet esthétique, mais à l'image en tant qu'elle était l'expression d'un pouvoir contesté et rejeté. Il s'agissait d'abord de détruire les symboles d'un ordre ecclésiastique honnis, et non d'effacer toute trace du visible. Par exemple, le Christ bénissant qui se trouve sur le trumeau de la cathédrale de Bourges n'a pas été détruit ; les huguenots se sont contentés de mutiler sa main droite bénissant, mais n'ont pas touché à sa main gauche tenant le Livre. Plusieurs études récentes, sur l'iconoclasme en France et en Suisse ont insisté sur son aspect essentiellement politique : de même qu'après la chute du mur de Berlin en 1989 les peuples nouvellement émancipés de la tutelle soviétique ont détruit, piétiné, démonté les symboles du pouvoir communiste, de même les populations révoltées contre un système d'exploitation qui reposait sur la fabrication et l'entretien d'objets de dévotion qui coûtaient cher au peuple ont détruit symboles les plus visibles du pouvoir contesté. Le cas de Zürich est exemplaire, puisque c'est sur la pression du peuple - et pour lui couper l'herbe sous les pieds - que le Conseil de la ville, politiquement affaibli par la mort successive de deux bourgmestres, dut se résoudre à publier un décret ordonnant la destruction des Götzen, des idoles. Celle-ci se fit en le 20 juin et le 2 juillet 1524 derrière les portes fermées des Eglises, afin d'éviter précisément que le peuple ne participe à cet acte libérateur. A l'inverse, mais selon une même logique politique, si Luther a quitté précipitamment sa retraite de la Wartburg en mars 1523 pour s'opposer aux actes iconoclastes de Carlstadt, c'est qu'il avait absolument besoin du soutien politique du Prince-Electeur de Saxe Frédéric le Sage, grand collectionneur de reliques et d'objets religieux.
Révolte politique, l'iconoclasme fut aussi une « révolution symbolique », pour reprendre l'expression d'Olivier Christin : il exprimait le passage d'un monde à un autre, d'une conception médiévale et magique, à une conception plus savante du sacré et de sa représentation. Plusieurs historiens ont relevé que l'iconoclasme était une sorte d'idolâtrie inversée : on s'attaquait d'autant plus facilement aux images qu'on leur attribuait encore un pouvoir sacré. Il s'agissait de vérifier que les images soient vraiment des idoles, et non des personnes réelles. Il fallait le vérifier, parce qu'au fond on n'en était pas tout à fait sûr. Ainsi on piétinait des hosties consacrées pour voir si elle saigneraient ; on les donnait à manger aux chiens pour voir s'ils s'écrouleraient morts ; on coupait le nez et les oreilles, les mains des statues pour qu'elles ne puissent plus respirer, entendre, agir. On faisait subir aux statues des mutilations que l'on opérait sur des personnes réelles, sans parfois bien distinguer entre l'une et l'autre tellement, dans la conception médiévale populaire, l'image (peinte, mais plus encore sculptée) était le double vivant de ce qu'elle représentait. On ne faisait pas de différence entre le signe et la chose. L'iconoclasme protestant pourrait ainsi bien être paradoxalement l'une des dernières manifestations de l'idolâtrie combattue. Une conclusion s'impose alors : une attitude libre et responsable vis-à-vis des images implique non leur destruction ou leur éloignement, mais leur sereine acceptation. Ce fut du reste l'attitude de Luther.
2) Luther : l'image sans l'esthétique
Le réformateur de Wittenberg se méfia d'abord des images, dans la mesure où il voyait en elles les supports d'une théologie des mérites et des oeuvres qu'il combattait absolument. Ses 95 thèses d'octobre 1517 furent toutefois essentiellement centrées sur le trafic des indulgences, non sur les images et encore moins sur la représentation de la foi en images. Il faut dire qu'il n'a guère le temps de s'intéresser à la question, secondaire dans le contexte de la Réforme naissante, des images. Un incident historique l'oblige toutefois à prendre position : tandis qu'il est réfugié en secret dans le château de la Wartburg (il en profite alors pour traduite le Nouveau Testament en langue vulgaire), il apprend que des troubles iconoclastes, fomentées par son ancien disciple Andreas Carlstadt, ont lieu à Wittenberg. Ces événements risquent de mettre en péril l'avancée de la Réforme en lui faisant perdre le soutien du Prince-Electeur Frédéric le Sage (grand admirateur de Luther, mais aussi grand collectionneur de reliques). Il quitte alors sa retraite forcée, arrive à Wittenberg et prononce en mars 1522 une série de prédications sur les images (prédications de l'Invocavit). Dans ces prédications, prononcées dans l'urgence de l'événement, il prend clairement position pour leur maintient en place, à condition que l'on cesse de les adorer. Il défend en outre leur neutralité : les images ne sont ni bonnes ni mauvaises ; elles sont des adiaphora, c'est-à-dire qu'elles ne relèvent pas des questions de foi. On peut être libre de les utiliser ou non, comme on peut être libre de se marier ou non. L'important est d'en faire un bon usage. Luther est pragmatique et pastoral dans son raisonnement : on peut faire un bon ou un mauvais usage du vin ou des femmes, dit-il, ce n'est pas une raison suffisante pour les interdire. Il en va de même pour les images.
A partir de 1525, Luther se préoccupe d'avantage de pédagogie, de la transmission de la nouvelle foi évangélique. Il veut atteindre le plus grand nombre, et propager l'Evangile partout, y compris dans une population rurale largement analphabète. C'est l'époque où il rédige son Petit et son Grand Catéchismes. Il découvre alors les vertus positives de l'image, son pouvoir de persuasion qui frappe l'imagination et aide la mémoire. Les gens simples et les enfants, dit Luther, « sont plus aptes à retenir les histoires simples quand elles sont enseignées par des images et des paraboles, que quand elles sont enseignées par des discours et des instructions ». Alors que trois ans plus tôt Luther disait des images qu'elles n'étaient ni bonnes ni mauvaises, il découvre maintenant qu'elles sont utiles « pour voir, pour témoigner, pour se souvenir, pour signifier. » Emporté par son zèle évangélique, il voudrait même faire peindre la Bible toute entière à l'extérieur comme à l'intérieur des maisons des riches, imaginant des sortes de panneaux publicitaires avant l'heure. Et il ajoute : « les images sont une prédication pour les yeux ».
Pour être complet, il faut également évoquer l'amitié, puis la collaboration entre Luther et l'un des plus grands peintres allemand de l'époque, Lucas Cranach (l'ancien). Ils étaient liés par des liens d'amitié très profonds, avaient des parrainages croisés et habitaient la même rue, au centre de Wittenberg. On peut parler à ce propos - c'est l'une des thèses personnelles que j'avance - d'une conversion réciproque entre le peintre et le réformateur : Cranach est devenu un fervent disciple de Luther, et le réformateur, au contact de son ami chez qui il faisait imprimer ses tracts illustrés, s'est ouvert au langage de l'art, et particulièrement à celui de la gravure.
Ces témoignages sont suffisamment clairs pour que l'on puisse affirmer que la réforme luthérienne fut, finalement, globalement favorable aux images. Mais avec une limitation importante : les images que Luther prône sont toujours soumises à l'Ecriture, ancillae theologiae, servantes de la théologie. Il s'agit d'images avant tout didactiques et pédagogiques. Elle ne sont là que pour renforcer le pouvoir de persuasion de la Parole, c'est-à-dire du texte de l'Ecriture. Du reste, les images de l'art luthérien sont toujours accompagnées de versets bibliques peints : il s'agit autant d'images d'écritures que d'écritures d'images. La notion d'oeuvre d'art, avec toute la liberté thématique et esthétique que cela implique, lui était une notion totalement étrangère. Luther s'est certes intéressé à l'image, mais il est resté indifférent à l'art.
3) Zwingli et Calvin : l'esthétique sans l'image
Par rapport à Luther, Zwingli et Calvin font de prime abord pâle figure. Non seulement ils n'ont jamais rien écrit de positif sur l'image religieuse, mais ils ont été soit acteurs (Zwingli) soit témoins (Calvin) d'un iconoclasme virulent. Contrairement à l'Allemagne, la Réforme en Suisse ne peut pas non plus s'enorgueillir d'avoir intéressé - et encore moins suscité - des artistes de renom. Au contraire : Holbein le Jeune a quitté Bâle pour aller travailler en Grande-Bretagne, tandis qu'à Berne un artiste brillant, Nicolas Manuel, renie sa vocation artistique pour se consacrer entièrement à la cause de la Réforme.
Il n'y a donc pas plus ennemis des arts que ces deux réformateurs. Peux eux, l'image religieuse n'est rien d'autre que l'idole dénoncée par les prophètes bibliques.
Il ne faudrait toutefois pas trop insister sur cet aspect négatif du rapport des réformateurs suisses et français à l'image, pour les raisons suivantes, que j'énonce brièvement :
L'image qu'ils dénonçaient n'était pas l'image moderne, renaissance, humaniste, contemporaine de leur époque, mais l'image de dévotion médiévale qui était de toute façon déjà condamnée à disparaître. Sur cette question, les réformateurs menèrent un combat d'arrière garde : ils se confrontaient à une image qui était déjà marginalisée dans le corps social, même si elle subsistait encore, quoique de manière de plus en plus périphérique, dans le corps ecclésial. On en a une preuve avec la fin de la production des grands retables qui a précédé, et non suivi, l'introduction de la Réforme. Il a manqué de surcroît à Zwingli et Calvin de côtoyer un Cranach ou un Dürer, c'est-à-dire une grande figure artistique de la Renaissance qui aurait produit sous leurs yeux des images non idolâtres.
Le refus des réformateurs suisses par rapport aux images n'était que la conséquence d'un refus plus fondamental, sur lequel ils concentraient toute leur attention, celui du sacrifice eucharistique de la messe. Ils ne faisaient pas vraiment la différence entre image et sacrement, la première n'étant que le prolongement du second. Dans la mesure où ils refusaient le réalisme sacramentaire, il ne pouvaient que rejeter sa transcription esthétique dans le réalisme plastique. La théologie et la pratique ecclésiale de la fin du Moyen Age avaient d'ailleurs tout fait pour brouiller les frontières entre images et eucharistie, la première n'étant souvent que la transcription visuelle de la seconde (avec par ex. le thème iconographie de la messe de St-Grégoire).
La pensée de Zwingli sur les images est moins radicale qu'on ne le pense, quand on la situe dans les faits. Zwingli a pensé cette question dans l'urgence, sous la pression populaire (il siégeait au Grand Conseil de la ville quand fut prise la décision d'éloigner les idoles des églises). Il était contre toute participation humaine à l'expression du divin. Mais de manière plus personnelle, il lui est arrivé de confier qu'il était ami et admirateur des arts : « Il n'y a pas plus grand admirateur de tableaux, de statues, et d'images que moi » ; on sait qu'il était un grand musicien. Il savait donc faire, lui aussi, la différence entre image et idole. Du reste, il n'a jamais interdit les vitraux dans les églises, car il avait remarqué qu'on ne les adorait pas. Sa mort précoce, sur le champ de bataille (à Cappel, en 1531 ), fait que sur cette question - comme sur d'autres - il n'a pas pu développer une pensée systématique sur laquelle on pourrait légitiment s'appuyer aujourd'hui.
Calvin est à certains égards plus radical que son aîné de Zürich : il n'admet pas les vitraux, aucune représentation, même humaine, du Christ, et souligne que l'interdit des images du Décalogue, dont il fait le second commandement, a une valeur exemplaire : toutes les images sont interdites par le Décalogue, et non les seules images adorées (ce que contredirait Luther). Mais sur ce point Calvin n'a pas toujours été d'une clarté exemplaire. On ne sait parfois pas très bien si toutes les images sont interdites, ou seulement celles qui ont un caractère idolâtre. Il admettait un art séculier - peintures historiques et paysages - en dehors des églises. Il dira même que « l'art de tailler et de peindre sont dons de Dieu ». En revanche, on sait que sur la question du sacrement, Calvin est plus modéré que Zwingli, et ne s'oppose pas absolument à un réalisme sacramentaire, à condition que ce soit l'Esprit - et non le prêtre - qui soit l'acteur principal.Ce n'est pas tout. A ces considérations qui relativisent un strict iconoclasme théorique (accentué par la suite dans la tradition calviniste), s'ajoute un découverte de taille : les écrits du Réformateur de Genève contiennent une ouverture esthétique indéniable, une esthétique ouverte à Dieu.
Pour Calvin, Dieu dans toute sa Gloire ( Soli Deo Gloria, est le thème principal de la pensée de Calvin) ne peut être que beau. Prenons la peine de lire attentivement les écrits de Calvin, en particulier son Commentaire des Psaumes et l'Institution chrétienne, le livre qui l'a accompagné toute sa vie. On découvre chez lui une esthétique théologique très développée, moderne même, et qui n'a pas son pareil chez les autres réformateurs. Si l'image est totalement niée, en revanche le sens de la vue est très développé dans l'Institution : pour Calvin l'homme qui écoute est aussi un homme qui voit. On a ainsi l'élaboration d'une nouvelle image, mais il s'agit d'une image mentale, abstraite, spirituelle.
Calvin pense la beauté, et l'articule à sa vision de Dieu, un Dieu glorieux, créateur, spirituel, céleste. La beauté est l'une des attributions du Dieu invisible, et fait intégralement partie de son geste créateur : « En créant le monde, il (Dieu) s'est comme paré, et est sorti en avant avec des ornements qui le rendent admirable, de quelque côté que nous tournions les yeux ». Commentant le Psaume 104, Calvin fait de la contemplation de Dieu le signe de la rencontre du croyant avec lui : « Même si Dieu est invisible, sa gloire est quand même visible. Quand il s'agit de son essence, il habite certes une lumière inaccessible ; mais aussi longtemps qu'il rayonne sur le monde entier, cette gloire est le vêtement dans lequel nous apparaît quand même d'une certaine façon visible celui qui en lui-même était caché ». Le réformateur de Genève nous invite donc à voir Dieu dans l'écoute de sa Parole et dans la contemplation d'une création sauvée par sa seule Grâce : « Ouvrons les yeux et nous serons tout confus » dit-il, avant de nous inviter à voir les signes de la Grâce de Dieu autour de nous et en nous.
La beauté de Dieu est, enfin, orientée vers la vision glorieuse du Royaume à venir. L'esthétique, chez Calvin, ouvre à l'eschatologie. Aussi ne sera-ton pas étonné de trouver encore des références à l'image spirituelle quand Calvin parle de la résurrection. Le Royaume de Dieu, dit-il est une réalité tellement merveilleuse qu'on ne peut en parler que par un langage d'images ; « quasi développé en figures », dit-il. Et il ajoute : « C'est pourquoi les prophètes, parce qu'ils ne pouvaient exprimer en paroles cette béatitude spirituelle dans sa substance, l'ont décrite et quasi dépeinte sous des figures corporelles ».
Il y a donc un paradoxe fondamental chez Calvin : l'image est refusée dans sa plasticité même, mais elle est spirituellement revendiquée comme pouvant, mieux encore que la Parole, exprimer la Gloire de Dieu et l'attente du Royaume à venir.
Les positions des deux réformateurs sont donc complémentaires : Luther revendique une image privée d'esthétique, et Calvin une esthétique privée d'image. En se fondant sur la pensée des deux réformateurs, on peut donc facilement esquisser une esthétique théologique fondée sur l'Ecriture.
Jérôme COTTIN
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Par lutherien le 27 Décembre 2009 à 10:56
Prince des Pays-Bas espagnols (Charles de Gand, 1506-1555), roi d'Espagne (Charles I, 1516-1556), roi de Sicile (Charles IV, 1516-1554), empereur du Saint Empire romain germanique (Charles V, 1519-1556).
Entre l'Empire de Charlemagne et celui de Napoléon se déploie en Europe un empire unique par sa taille, celui de Charles Quint (Charles V). A sa tête, comme fédérateur, un homme seul qui, dans des conditions difficiles et une perpétuelle galopade, mena des luttes incessantes pour imposer son hégémonie et assurer le triomphe de la catholicité. Mais les contraintes étaient trop fortes, et, au bout du chemin, Charles rencontra l'échec.
Un héritier
Le 24 février 1500 naît à Gand un enfant qui reçoit Charles comme nom de baptême, en souvenir de son arrière-grand-père, Charles le Téméraire, dernier duc de Bourgogne. Dès sa naissance, le voici marqué par le passé: ce prénom est son premier héritage mais nullement le dernier.
Charles de Gand est en effet le «produit» d'une série d'alliances entre de nombreuses familles régnantes d'Europe. Son grand-père paternel, le Habsbourg Maximilien, est empereur du Saint Empire et richement doté en Autriche et en Allemagne. Il a épousé Marie de Bourgogne, la fille de Charles le Téméraire, et le couple est parvenu, malgré Louis XI, à conserver une partie de l'héritage bourguignon, le comté de Bourgogne (ou Franche-Comté) et surtout les riches Pays-Bas (l'ensemble de l'actuel Benelux).Du côté maternel, ses grands-parents sont les Rois Catholiques, Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille, maîtres de la péninsule Ibérique, à l'exception du Portugal, ainsi que de la Sardaigne, de la Sicile et du royaume de Naples. L'Amérique fraîchement découverte est aussi dans leur dépendance. Les deux maisons, dans une perspective clairement antifrançaise, unissent leurs enfants en un double mariage en 1495: Marguerite et Philippe, les Habsbourgs, épousent respectivement don Juan, héritier des Espagnes, et Jeanne de Castille. Si ces mariages sont concertés, c'est une série de décès prématurés qui va faire de Charles, fils aîné de Philippe et de Jeanne, l'héritier unique de ses prestigieux grands-parents. En dix ans, la mort frappe cette famille à coups redoublés, ne laissant comme survivante que la mère de Charles qui, s'enfonçant dans la folie, ne peut régner.
Charles a très nettement le sentiment d'une élection divine: c'est en vue d'un grand dessein que Dieu a rassemblé sur lui toutes ces couronnes. Il se fait ainsi une haute idée de ses responsabilités, se sentant tenu de conserver l'héritage qui lui a été transmis et, si possible, de l'accroître; ce qu'il fera, ajoutant aux possessions reçues le Milanais et surtout les Philippines et une grande partie de l'Amérique. Cette extension au-delà des mers, considérée aujourd'hui comme l'élément essentiel de son règne par les historiens, tiendra pourtant une place secondaire dans ses préoccupations.
Le hasard a donc fait de Charles le bénéficiaire unique d'une politique d'alliances. Mais encore faut-il que le jeune prince flamand mette la main sur son patrimoine. S'il hérite sans difficulté des biens bourguignons à la mort de son père (1506), il lui faut s'imposer en Espagne après le décès en 1516 de son grand-père Ferdinand d'Aragon. Perçus comme des étrangers, le jeune Charles et ses arrogants conseillers flamands multiplient les maladresses.
Pour imposer son autorité, Charles « s'espagnolise» et apprend le castillan, mais il fait aussi écraser deux révoltes en 1521 et 1522. Il lui faut de même se battre pour le Saint Empire. Si les biens patrimoniaux des Habsbourgs lui reviennent sans difficulté à la mort de son grand-père Maximilien (janvier 1519), la dignité impériale est élective et un concurrent sérieux se présente en la personne de François I . Tous deux apparaissent comme des princes étrangers, mais Charles est plus solidement implanté en Allemagne. Soutenu par le banquier Fugger (il faut acheter les sept princes électeurs) et par la menace de troupes, il parvient à se faire élire le 28 juin suivant. A dix-neuf ans, Charles I er d'Espagne, devenu l'empereur Charles Quint, semble fait pour dominer l'Europe.
Un prodigieux lutteur
Mais, l'élection impériale l'a montré, le roi de France s'affirme comme un compétiteur permanent. Souverain d'un riche royaume et maître d'un Etat déjà solide, François Ier a lui aussi de grands projets, en particulier en Italie. Par ailleurs, l'ensemble des possessions de Charles encercle la France, faisant peser une lourde menace sur le royaume. Aux considérations stratégiques se joignent des motivations affectives: François et Charles se détestent et se lancent plusieurs fois des défis personnels, jamais relevés. Charles rêve de reconquérir la Bourgogne arrachée par Louis XI à ses ancêtres: il se pense tellement comme un prince «bourguignon» que, dans son testament de 1522, il affirme vouloir reposer à Dijon si la ville lui est revenue à sa mort. De nombreux conflits se succèdent. Si la géographie multiplie les points de contact entre les deux adversaires, le champ de bataille privilégié reste l'Italie.C'est là qu'en 1525, avec la victoire de Pavie et la capture de François I er , Charles Quint semble pouvoir réaliser son rêve bourguignon. Mais François I er libéré renie le traité signé en captivité, une coalition est montée avec l'Angleterre et les princes italiens contre Charles Quint, désormais trop puissant, et, après une nouvelle guerre, l'empereur accepte en 1529 de renoncer à la Bourgogne en échange d'une rançon de 2 millions d'écus versée par la France.
Si le rêve bourguignon de Charles Quint s'évanouit, il en va de même du rêve italien de Francois Ier, car désormais l'empereur, qui se fait couronner par le pape en 1530, est maître de l'Italie. Les conflits suivants ne modifient guère la situation, au moins jusqu'à la mort de François I er (1547). Son successeur, Henri II, parvient en effet à prendre pied en Lorraine, et Charles Quint venu en personne, en 1552, mettre le siège devant Metz ne réussit pas à en déloger les Français.
Charles Quint et le luthéranisme
L'époque de Charles Quint est aussi celle de Luther et de la grande fracture religieuse en Europe. Profondément croyant, Charles Quint est attaché à l'Eglise catholique, même s'il est prêt à l'amender, et il tient plus que tout à l'unité de la chrétienté. Partout où il peut, en Italie, en Espagne et aux Pays-Bas, il réprime sévèrement l'hérésie. En Allemagne, malgré sa dignité d'empereur, ses moyens d'action sont plus réduits et le «mal» plus répandu. Aussi alterne-t-il, face aux princes luthériens, les opérations militaires et les tentatives de compromis en vue d'un concile général qui referait l'unité. En 1541, on croit à l'imminence d'un accord, mais l'affaire échoue. En 1547, Charles écrase l'armée luthérienne à Mühlberg, mais sa victoire est sans lendemain. Aussi doit-il se résoudre en 1555, à la paix d'Augsbourgs, à reconnaître l'existence officielle de deux confessions dans l'Empire.Le champion du catholicisme qu'est Charles mène aussi la lutte contre les musulmans, en particulier contre l'Empire ottoman alors en plein essor. En Europe centrale, il laisse surtout agir son frère Ferdinand, auquel il a remis la gestion des possessions des Habsbourgs. Après l'écrasement du royaume de Hongrie par les Turcs (1526), Ferdinand, qui hérite alors par sa femme de la Bohême et de ce qu'il peut sauver de la Hongrie, est en première ligne. Les échecs turcs de 1529 devant Vienne et de 1532 en Hongrie marquent un coup d'arrêt mais, pour s'assurer la paix, Ferdinand doit verser au sultan un humiliant tribut. La poussée ottomane se manifeste aussi en Méditerranée. Les Barbaresques d'Afrique du Nord font peser une menace permanente sur les navires chrétiens. Charles lance deux expéditions contre eux, qu'il conduit en personne. Il prend Tunis en 1535, mais échoue devant Alger en 1541. L'effort reste très insuffisant et, pour une génération, les Barbaresques seront les plus puissants sur mer.
Combattre l'infidèle, c'est mener la croisade, le plus juste des combats, celui qui est le plus agréable à Dieu. Mais, ce faisant, Charles sert aussi ses intérêts directs: il protège le patrimoine d'Europe centrale ou la route maritime Barcelone-Gênes, vitale pour les communications entre l'Espagne et l'Italie. L'ensemble morcelé tenu par Charles implique en effet le contrôle de nombreux axes, de la route océane entre Castille et Pays-Bas à la «rocade» alpino-rhénane reliant Milanais, Franche-Comté, possessions alsaciennes et Pays-Bas. La dispersion des «fronts» est liée à la multiplicité des adversaires, handicap décisif qui explique bien des échecs du règne: ainsi, quand en 1532 l'empereur veut combattre les luthériens allemands, il en est empêché par une attaque turque et doit même leur faire des concessions pour obtenir des fonds; s'il les écrase en 1547, alors qu'ils sont seuls - et divisés -, l'intervention française en 1552 les remet en selle.
L'empire de Charles Quint: rêves et réalités
Très tôt, les adversaires de Charles l'ont accusé d'aspirer à la monarchie universelle. La réalité de ce projet a été âprement discutée par les historiens, tout comme les racines du rêve impérial de Charles. Plusieurs courants confluent sans doute dans l'idée qu'il se fait de sa mission. Il y a tout d'abord la tradition médiévale issue du Saint Empire et, par-delà, de Charlemagne. Il y a la tradition hispanique modelée par la Reconquête et l'esprit de croisade face aux infidèles. Enfin, Charles a pu subir l'influence du courant humaniste, en particulier érasmien, qui exalte l'avènement de la paix dans l'unité. Aux temps des grands succès, vers 1530, ce souci de l'unification est sans doute très présent chez l'empereur et quelques proches. Mais, pour les sujets de Charles, l'essentiel demeure la patrie locale.Il faut dire clairement que Charles Quint est un empereur sans empire. La construction hétérogène qu'il coiffe est le résultat d'une simple union personnelle, bien différente en cela des réalisations des rois de France. Charles seul fait le lien entre ses diverses possessions, d'où la nécessité pour lui d'incessants voyages, avec l'impossibilité, renforcée par la lenteur des déplacements au XVI e siècle, d'être partout à la fois. Aussi Charles va-t-il, le plus souvent, là où l'appelle le problème le plus urgent. Autour de lui, peu d'organes centraux. Des personnages de confiance, membres de sa famille ou grands seigneurs, le représentent dans les divers territoires, mais leurs moyens d'action sont souvent réduits face aux institutions locales, qui gardent toute leur vigueur. Les sujets de Charles n'ont pas le sentiment d'appartenir à un ensemble politique: pour les Castillans, les Flamands sont des étrangers, tout comme les Allemands pour les Napolitains. La plupart des sous-ensembles conservent un droit de consentement, en particulier dans le domaine fiscal. Aussi Charles et les siens doivent-ils en permanence négocier avec des assemblées locales, qui répugnent à voir dépenser l'argent accordé hors de leur territoire, sous prétexte de l'unité «impériale».
Le manque chronique d'argent interdit à Charles d'exploiter ses succès. Ainsi doit-on, faute de pouvoir la payer, licencier l'armée victorieuse à Pavie. Au début du règne, ce sont les riches et fidèles Pays-Bas qui contribuent le plus à l'effort commun. Le relais espagnol - et, par-delà les mers, américain - n'est que très progressif: l'or du Nouveau Monde ne joue un rôle qu'à partir de 1535 et, vers 1540 encore, la fiscalité des Pays-Bas rapporte toujours autant que celle de l'Espagne.
L'abdication
Pendant quarante ans, Charles s'est épuisé à combattre, mais peut-être tout autant à se procurer les moyens de combattre et à faire tenir ensemble ses domaines disparates. A la fin de 1555, il décide d'abdiquer. Mais les conditions politiques le mettent dans l'impossibilité de transmettre à un seul tout l'héritage. Aussi est-il le père de deux «empires». Les Etats patrimoniaux des Habsbourgs et la dignité impériale vont à son frère Ferdinand, déjà dans la place. Les Pays-Bas, l'Espagne et ses possessions italiennes et coloniales reviennent à son fils Philippe, un pur Castillan. Des deux ensembles, le plus «impérial» n'est alors pas celui qui en porte le titre. Mais, après un siècle de gloire, l'Empire espagnol ira s'effritant jusqu'à la fin du XIX e siècle. Les Habsbourgs d'Autriche domineront l'Europe centrale jusqu'à l'effondrement de 1918.Charles quitte ses chers Pays-Bas pour l'Espagne le 13 septembre 1556. Il vient s'établir à Yuste, en Estrémadure, dans les bâtiments qu'il avait fait aménager dans le couvent de l'ordre de Saint-Jérôme. Contrairement à la légende, il n'y vit pas en moine mais en grand seigneur. Du moins est-il à l'écart du monde. Cet exil terrestre dure peu.
Le 21 septembre 1558, Charles succombe à un accès de fièvre. Celui qui apparaît alors comme un vieillard n'a que cinquante-huit ans. Il emporte avec lui dans la tombe le rêve bourguignon et le rêve impérial.
Charles Quint et Titien
A partir de 1530, le peintre vénitien Titien produisit de nombreuses œuvres pour l'empereur. Il inaugura pour lui le genre du portrait en pied en 1533: le visage ingrat du peu séduisant Charles est traité sans concession par l'artiste. Si le grand portrait équestre de 1548 commémorant Mühlberg exalte un défenseur de la foi dans toute sa gloire, au même moment un portrait assis souligne la fatigue et la mélancolie de Charles.La légende s'empara vite de leur relation. Elle nous vaut l'anecdote de l'empereur ramassant le pinceau du peintre et disant: «Il y a plusieurs princes, mais il n'y a qu'un seul Titien!» Les faits réels sont aussi éloquents. Charles anoblit Titien et lui concéda des pensions qu'il eut d'ailleurs quelque peine à toucher. Parmi les rares toiles que Charles emporta à Yuste figuraient deux œuvres religieuses du Vénitien. Enfin, à l'heure de sa mort, c'est le portrait posthume de sa femme Isabelle de Portugal par Titien qu'il demanda à contempler.
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Par lutherien le 22 Décembre 2009 à 10:26
Martin Luther
Informations généralesMartin Luther était un théologien allemand et l'un des principaux chef de file de la Réforme protestante. Il est parfois appelé le père du protestantisme, et l'une des principales branches du protestantisme - luthéranisme - est nommé d'après lui.
En début de vie
Luther, le fils d'un mineur de Saxe, est né à Eisleben le 10 novembre 1483. Il entre à l'Université d'Erfurt où il était de 18 ans. Après avoir obtenu son diplôme, il a commencé à étudier le droit en 1505. En Juillet de la même année, toutefois, il a échappé de justesse à la mort dans un orage et a juré de devenir un moine. Il est entré au monastère des Augustines Ermites à Erfurt, où il a été ordonné prêtre en 1507. L'année suivante, il a été envoyé à Wittenberg, où il continua ses études et donné des conférences en philosophie morale. En 1511, il a reçu son doctorat en théologie et une nomination au poste de professeur de l'Écriture, qu'il a occupé pendant le reste de sa vie. Luther s'est rendu à Rome en 1510 sur les entreprises de son ordre et a été stupéfait d'apprendre la corruption dans les lieux ecclésiastique.
Il connaissait bien la théologie scolastique de son temps, mais il a fait l'étude de la Bible, en particulier les épîtres de saint Paul, le centre de son travail. Luther a constaté que ses enseignements divergent de plus en plus de croyances traditionnelles de l'église romane. Ses études l'ont amené à la conclusion que le Christ est le seul médiateur entre Dieu et l'homme et que le pardon du péché et le salut sont effectués par la grâce de Dieu seul et sont reçus par la seule foi de la part de l'homme. Ce point de vue fait de lui contre la théologie scolastique, qui a souligné le rôle de l'homme dans son propre salut, et contre l'église de nombreuses pratiques qui mettent l'accent sur la justification par les bonnes oeuvres. Son approche bientôt à la théologie a conduit à un affrontement entre Luther et l'église fonctionnaires, précipitant la dramatique événements de la Réforme.Les indulgences de règlement des différends plus
La doctrine des indulgences, avec sa vue mécanique du péché et du repentir, a suscité l'indignation de Luther. La vente par l'église des indulgences - la remise des peines temporelles pour les péchés commis et avoué à un prêtre - a dans une grande partie des recettes. L'archevêque de Mayence, Albert de Brandebourg, qui avait pour auteurs d'une telle vente en 1517 de payer le pape pour sa nomination à Mayence et à la construction de Saint Peter's à Rome. Il a alors choisi Johann Tetzel, un frère dominicain, pour prêcher l'indulgence et de percevoir les recettes. Lorsque Tetzel arrivé en Saxe, Luther récemment son célèbre 95 thèses sur la porte du château, église de Wittenberg le 31 octobre 1517. Bien que certaines des thèses directement critiqué les politiques du pape, ils ont été avancées à titre provisoire les objections de discussion.Des exemplaires des 95 thèses à se propager rapidement dans toute l'Europe et déclenché une tempête de controverses. Au cours de 1518 et 1519, Luther a défendu sa théologie avant ses collègues Augustines débat public et à Leipzig avec le théologien Johann Eck, qui a condamné les idées de Luther. Pendant ce temps, l'église fonctionnaires ont agi contre lui. The Saxon dominicaine provincial l'a accusé d'hérésie, et il a été cité à comparaître à Augsbourg avant le légat pontifical, le cardinal Cajetan. Le refus d'abjurer, il a fui à Wittenberg, en cherchant la protection de l'électeur Frederick III de Saxe. Lorsque la faculté Wittenberg envoyé une lettre à Frederick déclarant sa solidarité avec Luther, l'électeur a refusé d'envoyer Luther à Rome, où il aurait sûrement répondre à l'emprisonnement ou la mort.
Les réformesEn 1520, Luther achevé célébré trois ouvrages dans lesquels il a fait part de son point de vue. Dans son Discours à la noblesse chrétienne de la nation allemande, il a invité les princes allemands de prendre la réforme de l'Eglise dans leurs propres mains, en prélude qui concerne la captivité babylonienne de l'Eglise, il a attaqué la papauté et la théologie des sacrements Et sur la liberté chrétienne de l'homme, il a déclaré sa position sur la justification et les bonnes oeuvres. Le taureau de Pope Leo X Exsurge Domine, publié le Juin 15 que même année, Luther a donné 60 jours pour se rétracter, et DECET Pontificem janvier 3, 1521, excommunié lui.Saint-cités à comparaître devant l'empereur romain Charles V à la Diète de Worms en avril 1521, Luther de nouveau refusé d'abjurer et a été mis en vertu de l'interdiction de l'empire. Il se réfugie dans le château Wartburg, où il a vécu dans l'isolement pendant huit mois. Au cours de cette période, il a traduit le Nouveau Testament en allemand et a écrit un certain nombre de brochures. En Mars 1522, il est retourné à Wittenberg pour rétablir l'ordre contre enthousiaste iconoclastes qui ont détruit des autels, des images et des crucifix. La réforme de son travail au cours des ans inclus l'écriture des petits et des grands catéchismes, livres sermon, plus d'une douzaine de chants, plus de 100 volumes d'écrits, traités, commentaires bibliques, des milliers de lettres, et la traduction de toute la Bible en allemand.
Avec Philipp Melanchthon et d'autres, Luther a organisé la Eglises évangéliques dans les territoires allemands dont les princes soutenu. Il a aboli de nombreuses pratiques traditionnelles, y compris les aveux et privés de masse. Les prêtres mariés; couvents et monastères ont été abandonnés. Celles-ci ont été les moments difficiles. Luther perdu un peu le soutien populaire quand il demande instamment la suppression des Chevaliers "Révolte (1522) et les paysans guerre (1524 - 26), son impossibilité de parvenir à un accord avec la doctrine Ulrich Zwingli sur la nature de l'Eucharistie (1529) diviser le mouvement de réforme . Néanmoins, Luther trouvé réconfort personnel dans son mariage (1525) à une ancienne religieuse cistercienne, Catherine von Bora, ils ont recueilli six enfants.
A Worms, Luther avait était seule. Lorsque les évangéliques présenté la Confession d'Augsbourg à Charles V et de la Diète d'Augsbourg en 1530, de nombreux théologiens, les princes et les conseils municipaux souscrit à cette déclaration classique protestante de la foi. Au moment de la mort de Luther, une grande partie du nord de l'Europe a laissé l'église catholique romaine pour les nouvelles communautés évangéliques. Vers la fin de 1545, Luther a été invité à arbitrer un différend à Eisleben, malgré la glace l'hiver, il s'est rendu là-bas. La querelle a été réglée le 17 février 1546, mais la souche a été très grande et Luther est mort le lendemain.
Luther a laissé derrière elle un mouvement qui s'est rapidement étendue à travers le monde occidental. Ses doctrines, en particulier la justification par la foi et l'autorité finale de la Bible, ont été adoptées par d'autres réformateurs, et qui sont partagées par de nombreuses dénominations protestantes aujourd'hui. En tant que fondateur de la 16e - siècle Réforme, il est une des grandes figures du christianisme et de la civilisation occidentale.
Lewis W SpitzBibliographie
P Althaus, la théologie de Martin Luther (1966), J Atkinson, Martin Luther et la naissance du protestantisme (1968) et Le procès de Luther (1971); R Bainton, Here I Stand: A Life de Martin Luther (1951); H Boehmer, route de la Réforme (1946), G Brendler, Martin Luther: Théologie et Révolution (1990); WD Cargill Thompson, La pensée politique de Martin Luther (1984); Edwards M, Martin Luther et les Faux Frères (1975); EH Erikson, Young Man Luther (1958); RH Fife, la révolte de Martin Luther (1957); YRLU Green, Luther et la Réforme (1964); Hoffman M, ed., Martin Luther et l'esprit moderne (1985) M Luther, les œuvres de Luther (1955); Un McGrath, Luther Théologie de la Croix (1985); HA Oberman, Luther: l'homme entre Dieu et le diable (1990), J Pelikan, ed., Interprètes de Luther (1968), G Ritter , Luther: His Life and Work (1964), G Rupp, les progrès accomplis par Luther à la Diète de Worms (1964), par exemple Schwiebert, Luther et son temps (1950); Tierney B, ed., Martin Luther, réformiste ou révolutionnaire? (1977).
Martin Luther (1483 - 1546)Informations Avancée
Martin Luther était un grand chef allemand de la Réforme. Luther père est venu de paysans de base, mais appliqué avec succès dans l'industrie minière afin qu'il était en mesure d'offrir une excellente éducation pour son fils. Luther a commencé ses études à l'Ratschule dans Mansfeld et probablement assisté à la cathédrale de Magdebourg à l'école, où il est venu sous l'influence des Frères de la vie commune. Il a terminé son enseignement préparatoire à la Georgenschule à Eisenach avant d'entrer dans l'Université d'Erfurt en 1501. Il a reçu son BA en 1502 et son MA en 1505. Conformément à son père souhaite qu'il avait commencé à étudier pour une licence en droit lors d'une brosse à mort dans un orage, Juillet, 1505, lui a causé de faire un vœu de devenir un moine.
Alors que, dans le monastère Luther a commencé la grave étude de la théologie à Erfurt. En 1508, il fut envoyé à Wittenberg à donner des conférences sur la philosophie morale à la nouvelle université de Wittenberg. En 1509, il est retourné à Erfurt, où il continua ses études et donné des conférences en théologie. Ses professeurs à Erfurt adhéré à la théologie nominalist de William Ockham et de son disciple, Gabriel Biel, qui dénigré le rôle de la raison pour parvenir à la vérité théologique et mis davantage l'accent sur la libre volonté et le rôle des êtres humains dans l'ouverture de leur salut que n'a scolastique traditionnelle. En 1510 - 11 Luther fait un voyage à Rome sur une mission pour sa commande. Alors que dans Rome, il a été choqué par le au monde du clergé et déçus par leur indifférence religieuse. En 1511 il a été renvoyé à Wittenberg, où il a terminé ses études pour le grade de docteur en théologie en Octobre, 1512. Dans la même année, il a reçu une nomination à titre permanent à la présidence de la Bible à l'université.Au cours de la période 1507 - 12 Luther expérience spirituelle intense luttes comme il a cherché à élaborer son propre salut par l'observation attentive de la règle monastique, la confession constante, et l'auto - mortification. Probablement en raison de l'influence de la piété populaire et les enseignements de nominalisme Luther considérée comme un Dieu wrathful juge qui devrait les pécheurs à gagner leur propre justice. En partie à cause de son contact avec le vicaire général de sa commande, Johann von Staupitz, et sa lecture d'Augustin, mais surtout par l'intermédiaire de son étude des Écritures comme il préparé son université conférences, Luther progressivement changé son point de vue de la justification. Son "tour de l'expérience», dans laquelle il a atteint ses principaux théologique percée et est parvenu à la pleine réalisation de la doctrine de la justification par la foi seule, a été datée du normalement avant l'an 1517.
Cependant, de récentes bourses d'études a suggéré que Luther a eu raison lorsqu'il a déclaré vers la fin de sa vie qu'il n'a pas eu lieu avant la fin de 1518. Cette interprétation maintient que Luther peu à peu progressé dans sa compréhension de la justification de la nominalist point de vue, qui a donné les êtres humains un rôle dans le lancement du processus, au couvent des Augustins, qui a attribué le début du processus de Dieu gratuit grâce, mais estime que, après conversion des êtres humains pourraient coopérer. Le tout à fait au point la doctrine luthérienne, qui considérait comme une justification légale acte dans lequel Dieu déclare le pécheur juste en raison de l'expiation vicaire de Jésus-Christ sans l'homme mérite plutôt que d'un processus long de la vie, n'a pas été clairement exprimée dans les écrits de Luther jusqu'à ce que son sermon de la Triple Justice, publié vers la fin de 1518.La Réforme a commencé en Octobre, 1517, Luther a protesté quand l'un des principaux abus dans la vente des indulgences dans son Quatre-vingt-dix - cinq thèses. Celles-ci ont été traduits en allemand, imprimées et distribuées dans toute l'Allemagne, suscitant une tempête de protestations contre la vente des indulgences. Lorsque la vente des indulgences a été gravement compromise, la papauté a cherché à Luther silence. Il a d'abord été confrontés à une réunion de sa commande qui s'est tenue à Heidelberg le 26 avril 1518, mais il avait l'habitude de Heidelberg Dispute à défendre sa théologie et de faire de nouveaux convertis. En août 1518 de Luther a été convoqué à Rome pour répondre aux accusations d'hérésie, même s'il n'avait pas dispensé à toute contraire clairement défini les doctrines médiévales. Parce que Luther a peu de chances de bénéficier d'un procès équitable à Rome, le prince Frédéric le Sage, est intervenu et a demandé à la papauté à envoyer des représentants à traiter avec Luther en Allemagne. Réunions avec le cardinal Cajetan en Octobre, 1518, et Karl von Miltitz en Janvier, 1519, n'a pas réussi à obtenir une rétractation de Luther, mais il a continué à traiter le pape et ses représentants avec respect.
En Juillet, 1519, à Leipzig le débat Luther doute l'autorité de la papauté, ainsi que l'infaillibilité de l'église conseils et a insisté sur la primauté de l'Écriture. Cela a conduit son adversaire, Johann Eck, d'identifier avec lui la quinzième siècle hérétique de Bohême, Jan Hus, dans un effort visant à discréditer Luther. Après le débat Luther est devenu beaucoup plus ouvertement et a exprimé ses convictions de plus en plus de certitude. En 1520, il a écrit trois brochures d'une grande importance.
Le premier, l'adresse à la noblesse chrétienne de la nation allemande, appelé les Allemands à une réforme de l'Eglise et la société, depuis la papauté et l'église conseils n'ont pas réussi à le faire.La deuxième, la captivité babylonienne de l'Eglise, Luther clairement mis dans les rangs des hétérodoxes, parce qu'il a attaqué tout le système sacramentel de l'église médiévale. Luther maintenu, il n'y avait que deux sacrements, le baptême et la Cène du Seigneur, ou tout au plus trois , Avec la pénitence peut-être assimilé à une troisième, plutôt que sept sacrements. Il a également nié la doctrine de la transsubstantiation et le sacrifice Mass
La troisième brochure, La liberté du chrétien l'homme, a été écrit pour le pape. Il a été nonpolemical et clairement enseigné la doctrine de la justification par la foi seule.
Même avant la publication de ces brochures un taureau papale d'excommunication a été élaboré pour l'entrée en vigueur en Janvier, 1521. En Décembre, 1520, Luther a montré son mépris de l'autorité papale brûler publiquement par le taureau. Bien que condamné par l'Église, Luther encore reçu une audience devant une diète à Worms en avril, 1521. À la Diète de Worms, il a été demandé d'abjurer ses enseignements, mais il a tenu bon, défiant ainsi également l'autorité de l'empereur, qui a placé sous l'interdiction impériale et a ordonné que tous ses livres sont brûlés. Sur le chemin du retour de Worms, Luther a été enlevé par des amis qui l'ont emmené à la Wartburg, où il est resté dans la clandestinité pendant près d'un an. Si, au Wartburg, il a écrit une série de brochures pratiques attaque catholique et a commencé sa traduction allemande de la Bible. Luther en 1522 à Wittenberg retourné pour faire face aux troubles qui avaient éclaté en son absence, et il est resté là pendant le reste de sa vie. En 1525, il épousa Catherine von Bora, une ex-religieuse, qui a porté lui six enfants. Luther avait une très heureuse et riche vie de famille, mais sa vie a été perturbée par de fréquents problèmes de santé et amères controverses.
Luther souvent répondu aux adversaires dans un mode polémique, en utilisant la langue extrêmement dures. En 1525 quand les paysans du sud Allemagne sont révoltés et ont refusé d'entendre son appel à négocier pacifiquement leurs doléances, il a violemment attaqué les dans une brochure intitulée Le meurtre contre la Horde des paysans. Une controverse avec la Suisse réformateur Ulrich Zwingli sur la Cène du Seigneur diviser le mouvement protestant quand un effort pour résoudre les différends lors d'une réunion à pas de Marburg en 1529. Tout au long de sa vie Luther maintenu une charge de travail écrasante, l'écriture, l'enseignement, l'organisation de la nouvelle église, et de fournir le leadership global pour la Réforme allemand. Parmi ses plus importantes ont été écrits théologiques Smalcald les articles publiés en 1538, qui définit clairement les différences entre sa théologie et celle de l'Eglise catholique romaine.
Luther lui-même n'a jamais considéré comme le fondateur d'une nouvelle église corps, cependant. Il a consacré sa vie à la réforme de l'église et le rétablissement de la Pauline doctrine de la justification de la position centrale dans la théologie chrétienne. En 1522, lorsque ses partisans ont commencé à utiliser son nom d'identifier eux-mêmes, il a plaidé avec eux de ne pas le faire. Il a écrit: "Laissez-nous supprimer les noms de tous les partis et nous appelons les chrétiens, après lui dont l'enseignement que nous détenons... Je suis titulaire, de concert avec l'Église universelle, l'un enseignement universel du Christ, qui est notre seul maître." Il est mort à Eisleben sur Février 18, 1546, lors d'un voyage à arbitrer un différend entre deux nobles luthérienne. Il a été enterré dans l'église du château de Wittenberg.
Bibliographie J Pelikan et HT Lehmann, eds., Les œuvres de Luther; HT Kerr, éd., A Compend de théologie de Luther; P Althaus, la théologie de Martin Luther; EG Rupp, La Justice de Dieu; Saarnivaara U, Luther découvre l'Evangile, AG Dickens, la nation allemande et Martin Luther, J Atkinson, Martin Luther et la naissance du protestantisme; RH Bainton, Here I Stand: A Life de Martin Luther; Boehmer H, Martin Luther: Road to Réforme; RH Fife, la révolte de Martin Luther; Grisar H, Luther; HG Haile, Luther: une expérience dans Biographie; EG Schwiebert, Luther et son temps; JM Todd, Martin Luther: A Biographical Study.
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Par lutherien le 13 Décembre 2009 à 15:34
Luther devant la Diète de Worms (1521)
Luther (1483-1546) est souvent mal connu : il a divisé la chrétienté et jeté un encrier à la tête du diable !… dit-on.
En fait, la division a été décidée par l’excommunication lancée par la Bulle “Exsurge Domine” du pape Léon X contre Luther (1520-21) et par “la mise au ban de l’Empire” (privation des droits civils et des protections légales) promulguée par Charles-Quint après la Diète de Worms (1521).
Peut-on reprocher de faire du camping dans les environs à ceux qu’on a violemment mis à la porte de la maison ?
Comme Jésus, Luther voulait une réforme de la vie religieuse et de l'Eglise. Il ne voulait pas créer une nouvelle religion. Il désirait restaurer la foi personnelle et trouvait la source de cette nouvelle spiritualité dans les Evangiles. Dans son combat pour un renouveau, il déclara un jour que Dieu l’avait conduit “comme un cheval aveugle”.
Comme Jésus aussi, il savait risquer sa vie pour ses convictions. Un siècle avant Luther, le réformateur tchèque Jean Hus, muni d’un sauf-conduit par l’Empereur Sigismond, avait été condamné par un Concile d’évêques (qui déposa le premier pape Jean XXIII) réuni à Constance.
Hus fut brûlé vif à Constance (1414-15). Erasme et les “bibliens” avaient contesté les idées anachroniques de l'Eglise et la corruption des “princes de l'Eglise”. Luther, cet homme du peuple, fut écouté et suivi.
Moine à Wittenberg, il découvrit dans l’Epitre aux Romains que la “justification” de l’homme n’est pas due à son propre “mérite” mais à la seule grâce de Dieu par la foi du croyant.
Un acte prit par la suite une valeur symbolique : l’affichage (selon la coutume des universités) de 95 thèses contre les indulgences (en versant de l’argent pour soi ou pour d’autres, le donateur obtient la libération des Enfers). Cette date du 31 octobre 1517 a été retenue depuis 1617 pour la célébration de la Réformation (1).
Cette critique théologique s’aggravait du refus par les allemands d’une soumission à Rome. Ce vaste mouvement religieux et national émut l’Empereur Charles-Quint.
Celui-ci convoqua le moine les 17 et 18 avril 1521 à Worms pour se justifier de ses idées religieuses au cours d’un interrogatoire public (“Diéte” avec les princes et les Electeurs). On connait la courageuse réponse : “Je ne puis autrement” “Il est dangereux d’agir contre sa conscience”…
Caché dans le château de la Wartburg par son ami le Prince de Saxe, Frédéric, il traduisit le Nouveau Testament et la Bible en allemand. Œuvre littéraire et spirituelle considérable. Les œuvres du Réformateur sont souvent rééditées (2).
Un credo que nous pouvons retenir de Luther se trouve dans le feuillet retrouvé après sa mort : “Que personne ne pense avoir suffisamment pratiqué l’Ecriture Sainte sauf s’il a dirigé des communautés pendant 100 ans avec des prophètes comme Elie et Elisée, Jean-Baptiste, le Christ et les apôtres… Prosterne-toi sur leurs traces dans la prière ! Nous sommes des mendiants. Voilà la vérité”.
(1) ETR 1988/3, 412-16 Marianne Carbonnier-Burkard
(2) Vient de paraitre : Luther “œuvres. 1 “Bibliothèque de la Pleïade n° 455, Ed. Gallimard. Paris 1999, présentation par Marc Lienhard et Matthieu Arnold (Strasbourg). La précédente édition en français est aux Editions Labor et Fides 17 volumes à ce jour (depuis 1957). Nous apprenons la mort de Dom Helder Camara. En hommage à son courageux témoignage et sa foi si profonde, nous présentons ces quelques réflexions de cette exceptionnelle personnalité chrétienne, connue et aimée dans le monde.
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Par lutherien le 13 Décembre 2009 à 15:31
LE VRAI LUTHER
Les fêtes viennent de finir, les oreilles sont encore remplies du son de tous ces chorals, de tous ces motteten, de tous ces choeurs ; l'esprit est encore accablé sous le poids de cet amas de discours, de sermons, d'allocutions, et, quand je cherche à me souvenir, je me trouve en présence d'un chaos d'idées et d'impressions. Cependant, l'impression dominante, c'est bien que, favorisés jusqu'au bout par un temps magnifique, les trois jours du centenaire de Wittenberg ont été trois, grands et beaux jours pour le protestantisme.
Ce n'est pas sans quelque émotion qu'on aperçoit pour la première fois, au bout des prairies arrosées par l'Elbe, les tours de Wittenberg : Wittenberg, la Rome luthérienne, « la montagne blanche d'où les fleuves de la sagesse se sont répandus dans le monde, comme dans un de ces jeux de mots à la mode alors (Wittenberg, Weissen-Berg), le prophétisa le moine franciscain qui prononça le discours d'inauguration de l'Université, le 18 octobre 1502 ».
Tout est pavoisé de guirlandes et de drapeaux, de verdure et de fleurs. Toute la population est sur pied.
C'est dans l'église du château que l'on se rassemble pour la première fois. L'intérieur a été fort modifié. Cependant, voilà encore la chaire où est monté Luther, et dans le sol, sous les pieds, voilà d'antiques tombes. Les tombes de qui ? Ici est couché Luther. Une petite plaque de bronze porte : « Martini Luther, S. Theologiae D. Corpus... » Vis-à-vis repose le corps de Mélanchthon. Au pied de l'autel, c'est la tombe de Frédéric-le-Sage ; à côté est celle de son frère, Jean-le-Persévérant. L'église est bientôt plus que pleine : beaucoup de pasteurs, des dignitaires ecclésiastiques, les autorités, les délégués, et la séance liturgique commence. En six parties, consistant chacune en une lecture de la Bible et en un chant, le culte raconte l'histoire de la Réformation.
Les lamentations du prophète font monter jusqu'au ciel la douleur de l'Eglise, et le choeur répète les accents plaintifs, lugubres, gémissants, déchirants du prophète. Puis vient la miséricorde du Seigneur; la mission de Luther; la prédication de l'Evangile; le Combat : « C'est un rempart que notre Dieu »; la Victoire : « Et quand le monde serait plein de démons... » Au bruit puissant du Choral, les vieilles murailles tremblent jusque dans leurs fondements.
Quel chant et sur quelles tombes ! Quels vivants que ces morts ! Non moriar sed vivam, s'écria le réformateur, il y a plus de trois siècles, et aujourd'hui devenu un grand peuple frémissant de vie et d'enthousiasme, c'est du fond de sa tombe qu'il nous répète : Non moriar, sed vivam.
Le lendemain matin, c'est sur la place du Château que l'on se réunit pour se rendre processionnellement à l'église paroissiale où doivent être prononcés tous les discours. Le rendez-vous est en face de la porte de l'église du château.
L'église du château fut achevée en 1499 par Frédéric-le-Sage et remplie par lui de ces reliques dont le grand prince était alors un si pieux amateur. En 1502, quand l'université fut fondée, elle reçut cette église, pour son usage, avec tous ses revenus. C'est ce qui explique pourquoi la porte de cette église servait à l'université de « planche noire », de tableau sur lequel on affichait les indications académiques. Le 31 octobre 1517, Luther vint afficher là ses fameuses 95 thèses. Qui est-ce qui, dans la rue, remarqua l'acte du moine ? Sans doute personne, et cependant, quelques jours après, au retentissement de ces coups de marteau, l'Allemagne se soulevait, et la chrétienté vacillait sur ses bases séculaires ! Trois ans plus tard, le 9 décembre 1520, une autre affiche du même moine, apposée à cette même porte, convoquait la jeunesse académique non plus à une discussion, mais à un acte d'une audace prodigieuse : le lendemain, à deux cents pas du couvent, à l'endroit où l'on avait l'habitude de brûler les vêtements, des pestiférés, le docteur Martin Luther se proposait de jeter au feu la bulle du pape ! Et la bulle, avec les décrétales, fut dévorée par les flammes. Aujourd'hui la vieille porte de l'église n'est plus là : elle a été remplacée par une porte en airain, dont les battants portent en caractères désormais indélébiles le texte des 95 thèses. Un homme d'esprit a dit : « Depuis que les portes du paradis n'existent plus, et que les portes de l'enfer ont été brisées, les portes les plus célèbres sont celles de Wittenberg. »
C'est bien d'ici que la fête devait partir, comme partit autrefois le protestantisme pour faire la conquête de l'Europe. Voici à droite la maison de Cranach, la pharmacie qu'acheta ce peintre de la réforme luthérienne, pieux, dévoué à son prince, et habile à gérer sa fortune. Voilà à gauche la maison où habita Bugenhagen, l'ami de Luther, le premier pasteur en titre de la ville. Voici l'église paroissiale.
Elle n'a pas beaucoup changé. A l'extérieur on voit toujours, au coin du choeur, l'étrange bas-relief qui montre une truie allaitant des juifs ; à côté du portail sud, on voit toujours la pierre tombale d'Ambroise Reuter de Nuremberg, un persécuté pour la foi. « Il a beaucoup souffert, dit la vieille inscription ; il fut le père de 23 enfants : il s'est montré homme honnête et bon chrétien » ; à côté du portail nord on voit toujours une image du Christ, sculptée en 1310 et présentant le Sauveur assis sur un arc-en-ciel, dans sa bouche une épée dont la pointe se termine par des fleurs de lys.
A l'intérieur, la chaire est adossée au pilier vis-à-vis de celui qui la supportait autrefois. Sur l'autel est encore le tableau de Cranach, un des chefs-d'oeuvre du maître, où se trouvent de naïves fautes de perspective, mais qui offre une tête de Christ, et quelques figures de femmes, qu'on ne saurait oublier, une fois qu'on les a vues. C'est ravissant de beauté, de piété, de douleur, de douceur et de pureté angélique. Eglise trois fois vénérable, église mère des églises évangéliques (si l'on ne compte pas la chapelle d'Oecolampade à Ebernburg) ! Ici, dès 1522, en l'absence de Luther, les moines de son couvent établirent le premier service évangélique et donnèrent pour la première fois la communion sous les deux espèces. En 1523, ici, fut installé le premier pasteur évangélique régulier, Bugenhagen. Ici, surtout, prêcha Luther, sans aucune charge officielle, mais dirigeant de sa parole les sentiments et les événements. C'est ici, en particulier, qu'il accourut de la Wartbourg quand les visionnaires menaçaient de détruire son oeuvre. L'électeur de Saxe hésite: Mélanchthon se trouble. Luther brave l'excommunication, il brave le ban de l'empire ! Malgré son prince, il arrive, plein d'indignation et de calme. Pendant huit jours, il monte dans cette chaire : il parle avec clarté, avec force, avec charité, avec prudence, et à sa voix, le torrent débordé rentre dans son lit : Réformation et non Révolution.
C'est dans cette église qu'ont été prononcés quinze discours sans compter quelques allocutions. je me borne à de courtes indications.
D'abord un sermon d'ouverture. L'après-midi du jeudi les orateurs avaient pour mission de rappeler les principes qui ont dirigé le grand réformateur. L'éloquent prédicateur de la cour, Kögel, avec sa voix ferme, son style à antithèses, sa période vibrante - l'orateur allemand qui ressemble le plus à un orateur français - nous a montré Luther plaçant à la base de sa vie et de son oeuvre, de son être même, la doctrine de la justification par la foi. L'historien de Luther, le professeur Köstlin de Halle, avec ce corps chétif et ce manque d'élégance dans la forme que son ami Frommel n'a pas craint de railler dans un toast, mais avec sa profonde et riche science, sa parfaite sincérité, et sa haute impartialité, a esquissé la physionomie réformatrice du docteur de Wittenberg. Le prédicateur de la cour, Baur, a montré le mari de Catherine de Bora fondant de nouveau la famille, et Kleist Retzow, un des membres les plus distingués du parti ultra-conservateur, a indiqué ce que, d'après lui, devait être un Etat protestant.
Le lendemain, vendredi, il s'agissait non plus de principe, mais de résultats. Le discours du directeur de la maison des diaconesses à Kaiserwerth a été un des meilleurs de toute la fête, plein de faits et d'émotion. Il a dit comment Luther et la Réforme avaient nettement indiqué la place de la femme dans l'oeuvre chrétienne ; comment ces premières indications avaient été négligées ; comment, à notre époque, Fliedner avait repris les idées des réformateurs, et fondé, en 1829, la première maison de diaconesses.
Aujourd'hui il y a en Allemagne 65 maisons-mères, 5.000 diaconesses, de vraies filles de la Réformation. - M. Warneck, qui a fait de l'histoire des missions une véritable science, et auquel l'Université de Halle a récemment conféré le titre de docteur en théologie, n'a pas moins captivé l'attention que le directeur des diaconesses, Diesselhof. Si je ne me trompe, c'est à ce moment que l'assemblée a été le plus impressionnée.
Le programme, habilement conçu, avait progressivement élargi l'horizon qui s'étendait devant nos yeux. Un seul principe, la justification par la foi, est posé, et l'Eglise est régénérée, l'Etat modifié, la famille restaurée. Tous les chrétiens deviennent prêtres et se mettent à l'oeuvre : ici au chevet des malades ; au loin en portant l'Evangile aux païens. La vérité acquiert des forces en marchant : elle s'enrichit en donnant. Le vénérable directeur d'une maison de missions, le Dr Wangemann, chargé de la prière de clôture, en quelques mots très courts a exprimé le sentiment qui s'élevait peu à peu dans tous les coeurs et qui était la conclusion logique et évangélique de toute la fête : « Qu'il y ait, ô Dieu, ici, et là-bas et partout, une seule Eglise, un seul troupeau en un seul berger. » je n'oublierai pas le choral qui a retenti là-bas sur la tombe de Luther, et la prière qui d'ici est montée vers Dieu.
L'après-midi du vendredi nous réservait encore quatre discours, mais en plein air, sur la place de Hôtel-de-Ville. Le bourgmestre a d'abord harangué la foule. Le bourgmestre est un historien et un chrétien, et l'on aurait pu terminer la première partie de son discours par un Amen, comme, du reste, tous les discours prononcés à cette occasion par des hommes politiques... Déjà des bravos saluent l'apparition à la tribune du célèbre prédicateur de la cour, Stöcker. je ne l'avais jamais entendu. C'est un homme dans toute la force de l'âge, pas grand, la figure ouverte, l'expression pleine de bonhomie, le regard doux et vif. Sa voix est forte, et bientôt je comprends l'impression que sa parole peut produire sur les masses populaires. Car il est populaire non seulement par son style, ou par sa pensée, mais surtout par ses sentiments. « je suis un enfant du peuple », dit-il, et il l'est resté sous l'habit du prédicateur de la cour. C'est là un des traits distinctifs de son originale physionomie ; et en voici un autre qui ne l'est pas moins : dans cet ultra-conservateur se cache un libéral qui parfois va jusqu'à réclamer l'émancipation de l'Eglise. je ne veux ici porter aucun jugement sur ses idées : il ne les a pas exposées à Wittenberg. Ce que j'ai vu et entendu, c'est une nature qui a un entrain, une gaieté infatigable; c'est une parole qui sort émue, émouvante, passionnée, du fond d'une conscience de chrétien et d'un coeur de patriote. Cet homme-là peut se tromper, mais c'est une puissance, et si j'ai bien compris d'autres paroles prononcées aussi à Wittenberg, et qui font en ce moment le tour de la presse européenne, de puissants souverains ne dédaignent pas de l'attaquer.
Après le prédicateur Stöcker, est venu l'aumônier militaire, Frommel, un orateur très populaire aussi, fort intéressant, fort amusant, et qui a dignement clôturé la fête.
Et c'était fini ; je laisse les critiques : quelques discours inutiles, quelques phrases un peu étranges, etc. Qu'importe que les ultra-luthériens ne se soient pas montrés, et que certains libéraux aient pris leur place ? Ce sont des détails. Les cloches sonnent de nouveau et le flot des visiteurs commence à se retirer. Mais pour moi, avant de quitter Wittenberg, je veux essayer de me recueillir et demain, seul, si c'est possible, avec mes lecteurs, j'irai m'enfermer un moment dans la chambre de Luther.
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