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Par lutherien le 24 Mars 2010 à 08:45
Le culte synagogal:
A l'époque où Jésus-Christ exerçait son ministère sur terre et se rendait volontiers dans les synagogues pour y prêcher l'Evangile (Luc 4:16), le culte judaïque était composé des éléments suivants:
* la confession de foi en Yahvé, seul Dieu, le "Shemah Israel" (Deutéronome 4:6- 9).
* la prière que le jeune Juif pouvait prononcer à partir de 13 ans.
* la lecture de la Thorah, c'est-à-dire de la loi de Moïse. Tout membre de l'assemblée pouvait la faire. Le Pentateuque était divisé en 154 péricopes ou sections, si bien qu'on pouvait le lire intégralement en trois ans. La lecture était précédée et suivie d'une doxologie.
* la lecture des prophètes. Ces textes étaient choisis par les lecteurs qui pouvaient aussi les interpréter librement, chose strictement interdite pour la Thorah.
* la prédication sur un texte librement choisi. Elle pouvait être faite par tout membre de l'assemblée, en consultation cependant avec le chef de la synagogue.
* la bénédiction: ce qu'on appelle la bénédiction d'Aaron (Nombres 6:24-26), donnée par un prêtre, en l'absence duquel l'assemblée se contentait d'implorer la bénédiction de Dieu.
Le culte chrétien plonge ses racines dans le culte synagogal. il est centré sur le Christ, le Rédempteur promis par les prophètes et venu, quand les temps furent accomplis, mort et ressuscité pour le salut du monde. Trois éléments nouveaux viennent s'y ajouter: la prière du Seigneur appelée le Notre Père et les sacrements institués par lui, le Baptême et la Sainte Cène. L'Evangile du salut apporté par le Christ vient à l'homme dans la Parole et les sacrements. Jésus lui-même est ainsi au centre du culte chrétien.
Le culte de l'Eglise primitive:
Voici ce que nous dit la Bible du culte de l'Eglise chrétienne à l'époque des apôtres: "Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés, et en ce jour-là le nombre des disciples augmenta d'environ trois mille âmes. Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières" (Actes 2:41.42). Enseignement des apôtres, c'est-à-dire prédication de la Parole de Dieu, Baptême, Sainte Cène et prières faisaient l'essentiel du culte chrétien, culte collectif qui manifestait la communion fraternelle unissant les croyants. L'Eglise confessait sa foi et s'édifiait en elle. Elle la chantait aussi, selon l'exhortation apostolique: "Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre coeur les louanges du Seigneur" (Ephésiens 5:19; Colossiens 3:16).
Les écrits des premiers Pères de l'Eglise (Clément de Rome, Didachè, Justin Martyr) nous renseignent sur le culte au cours du IIº siècle ap. J.-C. Il était fait des éléments suivants:
* la lecture par un lecteur des Mémoires des apôtres (évangiles et sans doute aussi les épîtres).
* la prédication par l'un des pasteurs de la paroisse.
* la prière pour laquelle l'assemblée se lève.
* l'offrande du pain et du vin (mêlé à de l'eau).
* la prière eucharistique à laquelle l'assemblée répond par Amen.
* la communion à laquelle participe toute l'assemblée, tandis que les diacres apportent aux absents les éléments consacrés.* les offrandes déposées devant les anciens et destinées aux veuves, aux prisonniers, aux étrangers et à tous les nécessiteux.
* la prière d'action de grâces.
L'Apologie de Justin Martyr précise que seuls les baptisés sont admis à la Sainte Cène.
Puis la liturgie va s'enrichir rapidement de quelques éléments nouveaux dont nous reparlerons plus loin: le Sanctus, l'Agnus Dei, la Salutatio ("le Seigneur soit avec vous"), le Sursum corda ("les coeurs en haut"), le Gratiam agamus ("louons le Seigneur notre Dieu"), l'anamnèse (rappel, dans la prière eucharistique, après la récitation des paroles d'institution, de la mort rédemptrice du Christ), l'épiclèse (invocation du Saint-Esprit sur le "sacrifice d'action de grâces" célébré par l'Eglise).
Quand le christianisme devint au IVº siècle religion d'Etat, le culte se déroula de la façon suivante:
# Missa catechumenorum (messe des catéchumènes): Quatre lectures bibliques (loi, prophètes, épîtres et évangiles) entrecoupées du chant de psaumes et suivies de la prédication assurée par l'évêque de la ville. Après quoi on congédiait ceux qui n'étaient pas admis à la Cène (catéchumènes et pénitents) en intercédant pour eux. L'assemblée répondait par "Kyrie eleison".
# Missa fidelium (messe des fidèles ou membres communiants) avec prière ecclésiastique et "Kyrie eleison" de l'assemblée, salutation, offrande du pain et du vin, liturgie eucharistique ("Salutatio", "Sursum corda", "Gratiam agamus", "Sanctus", paroles d'institution, anamnèse, épiclèse, intercessions, Notre Père, communion), prière d'actions de grâces, bénédiction.
La liturgie catholique:
Selon le Missel Romain de 1570, le culte catholique se décompose de la façon suivante:
Introduction:
* Introït (chanté par le choeur ou l'assemblée)
* Salutation
* Confession des péchés et demande de pardon
* Kyrie eleison
* Gloria in excelsis
* Prière du jourCulte de la Parole:
* Lecture de l'Ancien Testament
* Graduel (chant alterné d'un psaume ou chant d'un cantique)
* Lecture de l'épître
* Alléluia
* Lecture de l'Evangile
* Homélie
* Credo (symboles apostolique ou de Nicée)
* Prière ecclésiastiqueCulte eucharistique:
* Chant pendant lequel on prépare les éléments eucharistiques
* Prière
* Préface et Sanctus
* Canon avec récitation des paroles d'institution pendant laquelle est censée s'opérer la transsubstantiation
* Notre Père
* Agnus Dei
* Prière de préparation (Matthieu 8:8)
* Communion
* Postcommunio (prière d'actions de grâces)
* Bénédiction
* L'assemblée est congédiée ("Ite, missa est" et "Deo gratias")La "messe allemande" de Luther:
C'est la liturgie que le Réformateur publia en 1526 à l'usage des Eglises luthériennes. Elle est relativement simple et faite des éléments suivants:
* Introït
* Kyrie eleison (pas de Gloria)
* Collecte (prière du jour)* Epître
* Graduel (cantique allemand)
* Evangile
* Credo (chant d'une paraphrase du Credo par Luther)
* Prédication
* Notre Père (chant d'une paraphrase faite par Luther)* Exhortation à communier dignement (mais pas de confession ni d'absolution, celles-ci ayant eu lieu en privé)
* Paroles d'institution prononcées d'abord sur le pain avec distribution, puis sur le vin avec distribution
* Prière d'action de grâces* Bénédiction
La liturgie de Strasbourg:
Un an plus tôt, en 1525, l'Eglise de Strasbourg avait adopté une liturgie un peu plus riche qui fut finalement, avec ou sans variantes, adoptée par la plupart des Eglises luthériennes. Voici son déroulement:
* 1º cantique
* Confession des péchés
* Promesses de grâce
* Lecture d'un psaume
* Gloria Patri
* Kyrie eleison
* Grande doxologie
* Collecte (prière du jour)* Epître
* Chant d'un psaume
* Prédication (sur l'évangile du jour)
* Chant du Credo* Préparation du calice
* Prière de préparation
* Sursum corda
* Prière
* Notre Père
* Exhortation
* Consécration
* Invitation
* Communion
* Chant du choral "Gott sei gelobet" ou d'un psaume* Bénédiction
* Chant du choral: "Es wolle Gott uns gnädig sein"
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Par lutherien le 1 Décembre 2009 à 08:59
LA LITURGIE DU CULTE LUTHÉRIEN
Il n'est pas juste de dire que le culte ordinaire, habituel de l'Eglise est un culte de la Parole au cours duquel on célèbre de temps en temps la Sainte Cène. Non, le culte habituel de l'Eglise est un culte eucharistique. Il comporte donc normalement la célébration de la Sainte Cène.
Le peuple de Dieu se réunit pour célébrer ses cultes dans la certitude joyeuse que son Seigneur Jésus-Christ est ressuscité. Il le fait donc le dimanche, jour du Seigneur, sachant que selon sa promesse il se tient au milieu de lui pour le bénir.
Le culte ressemble ainsi à la procession solennelle d'un roi. Jésus-Christ vient, riche de ses grâces, auprès de son peuple dans la prédication de l'Evangile et la célébration de son repas. L'Eglise, quant à elle, le salue d'un coeur croyant dans l'écoute de sa Parole et la participation à la sainte communion. Nous l'avons déjà dit, le culte a pour acteurs tantôt Dieu et tantôt son peuple.
L'Eglise luthérienne se sait unie dans sa foi et sa confession à l'Eglise du Christ de tous les temps. C'est pourquoi elle n'a pas tenu à modifier radicalement la liturgie de son culte, mais l'a purifiée en rejetant tout ce qui était contraire à la Bible (canon de la messe faisant de la Cène un sacrifice expiatoire, communion sous une seule espèce, invocation de la vierge et des saints, intercession pour les morts, etc.) et en conservant tout ce qui pouvait contribuer à l'adoration véritable de Dieu et à l'édification de son peuple. Le culte de sainte Cène se décompose traditionnellement en quatre parties que nous allons étudier successivement: l'introduction, la liturgie de la Parole, la liturgie eucharistique et la fin, appelée "postcommunio".
Précisons que si le déroulement du culte dans les paroisses de notre Eglise ne correspond pas toujours à ce que nous allons voir, c'est une anomalie due à des influences diverses subies au cours des siècles depuis la Réforme et qu'il serait peut-être judicieux de corriger.
La tradition veut que le pasteur se tourne vers l'autel, lorsqu'il parle à Dieu au nom de l'Eglise (prières, confession des péchés et confession de foi, etc.) et vers l'assemblée lorsqu'il lui parle au nom de Dieu (absolution, exhortations, bénédiction, etc.).
L'introduction
Prière
Le chrétien se prépare dans une prière silencieuse à rencontrer le Seigneur. Cantique
C'est traditionnellement un cantique d'adoration. Confession des péchés:
Il est des Eglises luthériennes où ceux qui ont l'intention d'aller à la Sainte Cène se réunissent avant le culte pour se préparer dans la repentance à communier à la table du Seigneur. Ils confessent leurs péchés et reçoivent l'absolution individuellement, avec imposition des mains de la part du pasteur. Là où cette coutume louable n'existe pas, la confession des péchés et l'absolution ont lieu au cours du culte. Les chrétiens, venus adorer leur Dieu et recevoir ses bénédictions dans la prédication de sa Parole et le sacrement de l'autel, se prosternent devant lui dans une humble et sincère confession de leurs péchés. C'est ainsi qu'ils préparent leurs coeurs à recevoir les promesses de l'Evangile avec foi et à faire monter vers le Seigeur leurs louanges et leurs supplications.
Absolution:
Le pasteur, agissant au nom du Christ, en vertu de son ministère, délie de leurs péchés tous ceux qui viennent de les confesser et prononce sur eux l'absolution de la part du Seigneur. Introït:
C'est un psaume par lequel l'Eglise est invitée à accueillir son Seigneur. Le mot latin "introït" signifie "entrée". Le Christ va faire son entrée et veut être accueilli par les siens. Les psaumes unissent les chrétiens aux croyants de l'ancienne alliance. Repris par la chrétienté, ils débouchent sur une louange du Dieu trinitaire: "Gloire soit au Père, gloire au Fils, gloire au Saint- Esprit, aux siècles des siècles. Amen". Kyrie eleison:
C'est ce qui reste dans l'Eglise chrétienne occidentale d'une ancienne prière sous forme de litanie qui disparut vers la fin du VIº siècle. Ce répons ne devrait pas être chanté après la confession des péchés, mais après l'introït. "Seigneur, aie pitié!" C'est en ces termes que les gens acclamaient leur souverain. C'est avec ce cri que des hommes en détresse suppliaient le Christ de leur venir en aide. Tout en implorant son secours, l'Eglise confesse ainsi que Jésus-Christ est son seigneur et son Roi. Gloria in excelsis:
"Gloire soit à Dieu au plus haut des cieux! Paix sur la terre, et envers les hommes bonne volonté! Amen, Amen".
La supplication devient action de grâces pour la miséricorde de Dieu. Le Rédempteur vient chez les siens dans la Parole et les sacrements. Aussi l'acclament-ils avec le chant qu'entonnèrent les anges quand il naquit à Bethléhem. Salutation:
"Que le Seigneur soit avec vous!"
"Et avec ton esprit!"
Avant d'intercéder pour elle, l'officiant bénit l'assemblée et se fait bénir par elle. Collecte:
"Prions Dieu:...".
C'était à l'origine une exhortation à la prière silencieuse avant la récitation de la collecte du jour. Celle-ci est une courte prière prévue pour le jour en question. C'est sur elle que s'achève cette première partie du culte.
La liturgie de la Parole
C'est la partie la plus ancienne du culte chrétien, celle qui, par-delà l'Eglise primitive, plonge ses racines dans le culte de la synagogue. Elle est tout entière proclamation de la Parole de Dieu. Les lectures bibliques étaient assurées par le cantor quand il s'agissait de psaumes, par les lecteurs, diacres et sous-diacres pour les textes du Nouveau Testament. C'étaient des péricopes prescrites pour chaque dimanche et jour de fête.
Lecture de l'Ancien Testament:
L'Eglise chrétienne est le nouvel Israël, le nouveau peuple de Dieu, qui, en lisant l'Ancien Testament, se souvient de ses promesses et confesse sa fidélité. Graduel:
Chant d'un psaume qui, comme son nom l'indique, était entonné par le chantre sur les marches du lutrin. Après chaque verset, l'assemblée chantait un répons, c'est-à-dire un refrain tiré du psaume. Epître:
Les épîtres apostoliques rendent témoignage à la vie que le Christ ressuscité fait naître au milieu de son peuple. Par elles, le Saint-Esprit instruit, exhorte, console et édifie l'Eglise. Alléluia:
Terme hébraïque qui signifie: "Louez le Seigneur". L'Eglise remercie Dieu pour le don de sa Parole. Cantique:
C'est ce qu'on appelle le cantique principal qui est en principe fixé d'avance pour chaque dimanche. Il se réfère en général au contenu de l'évangile du jour. En le chantant, l'Eglise atteste qu'elle participe à la proclamation de la Parole. Evangile:
Le mot veut dire "bonne nouvelle". C'est un texte tiré de l'un des quatre évangiles. Jésus- Christ lui-même y parle ou y accomplit un de ses actes de salut. La lecture de l'Evangile est encadrée par les acclamations de la part de l'Eglise: "Gloire à toi, Seigneur!", et: "Louange à toi, ô Christ!" Selon la tradition luthérienne, c'est l'évangile du jour qui donne à chaque dimanche son caractère particulier.
Credo:
L'Eglise répond au message de l'Evangile en apportant à Dieu l'offrande de sa confession de foi. "Credo" signifie "je crois". C'est le premier mot des Symboles apostolique ou de Nicée. Une tradition très ancienne veut que l'Eglise récite, quand il y a célébration de la Sainte Cène, le Symbole de Nicée qui confesse et exalte la divinité du Christ. Quant au Symbole Apostolique, il était dans l'Eglise ancienne la confession de foi des candidats au Baptême. Il nous rappelle que nous sommes devenus par le Baptême enfants de Dieu. Ces deux confessions de foi unissent les chrétiens du monde entier. Prédication:
Comme il l'a fait jadis pour les disciples, Jésus confie la prédication de sa Parole à des hommes choisis par lui et établis par lui dans le ministère. Ce sont ses messagers. La prédication n'est pas un simple discours sur un sujet religieux, mais proclamation de la Parole de Dieu dans la puissance du Saint- Esprit et appel à la foi adressé à tous ceux qui sont là. Par elle, le Christ lui-même nous parle; il exhorte, met en garde, réprimande, fortifie et console, donne part aux bénédictions qu'il a acquises par sa mort et sa résurrection. Cantique:
C'est dans ce cantique axé sur le contenu de la prédication que l'Eglise dit "Amen" au message qu'elle vient d'entendre. Annonces:
Elles consistent à annoncer joies et peines dans l'Eglise et dans le monde et à en faire des sujets d'intercession et de louange dans la prière qui va suivre. Prière ecclésiastique:
C'est ainsi qu'on appelle la grande prière que les chrétiens font monter vers Dieu après l'écoute de sa sainte Parole. Tandis que dans la prédication l'Eglise parle aux hommes au nom de Dieu, dans la prière elle parle à Dieu au nom des hommes. Elle intercède pour elle- même et sa mission, pour la paix et la justice dans le monde et pour tous ceux qui y exercent une autorité, et enfin pour tous ceux qui souffrent et connaissent l'affliction.
Offrandes:
Les offrandes sont depuis les débuts de l'Eglise chrétienne une partie intégrante du culte. Elles témoignent que la vie tout entière du chrétien doit être un culte, une offrande, un sacrifice apporté au Seigneur. Elles manifestent aussi l'amour des chrétiens pour l'Eglise de Jésus-Christ, leur responsabilité dans l'accomplissement de la mission qui lui est confiée et leur miséricorde et générosité pour ceux qui souffrent. La liturgie eucharistique
L'Eglise célèbre d'un coeur repentant et croyant, dans la dignité et la joie, le repas du Seigneur, celui où le Christ Jésus son divin Rédempteur s'offre à elle pour "la rémission des péchés, la vie et le salut" (Martin Luther, Petit Catéchisme).
Salutation:
"Que le Seigneur soit avec vous!"
"Et avec ton esprit!"
La salutation est attestée chez Hippolyte de Rome et donc antérieure à 220 ap. J.-C.
L'officiant et l'assemblée se bénissent mutuellement. Tous ont besoin de la médiation et de la bénédiction du Christ pour s'asseoir à sa table.
Sursum corda:
"Elevons nos coeurs!"
Elément liturgique antérieur également à 220 ap. J.-C.
Le coeur du croyant invité à la table du Seigneur est appelé à se détourner des préoccupations de ce monde et à aspirer aux trésors spirituels et éternels qui lui sont offerts dans le sacrement.
"Nous les élevons vers le Seigneur"
L'Eglise dit sa volonté d'agir ainsi et d'accueillir son hôte divin avec empressement et ferveur. Gratiam agamus:
"Louons le Seigneur, notre Dieu!"
"Ceci est digne et juste"
L'Eglise remercie le Seigneur d'avoir institué ce divin repas et de l'y inviter. Elle ne mérite pas un tel privilège et ne le doit qu'à sa grâce. Il est donc digne et juste qu'elle le loue.
Préface:
"Seigneur, Père saint et tout-puissant, Dieu éternel, il est véritablement digne et juste, bon et salutaire de t'offrir en tous temps et en tous lieux nos louanges par Jésus-Christ, par lequel les anges t'adorent, les puissances te craignent, les cieux et leur armée avec les saints séraphins chantent ta gloire. C'est pourquoi nos voix se joignent aux leurs et s'élèvent à toi, pour glorifier ton nom et pour chanter ce cantique en ton honneur".
Il existe d'autres préfaces pour les principaux jours de fête. Elle puisent toutes leur origine dans le "Grand Hallel", la liturgie pascale d'Israël chantée par le Christ, quand il célébra la Pâque avec ses disciples. On en trouve des traces dans la littérature chrétienne du IIº siècle (Didachè, Justin Martyr). La préface eucharistique était à l'origine beaucoup plus longue que de nos jours.
Réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, les chrétiens peuvent joindre leurs voix à celles des anges et de toute l'armée céleste. Cette louange qui sied à l'Eglise chrétienne en tous temps et en tous lieux est due au Seigneur tout spécialement au moment où elle va célébrer le grand mystère de l'eucharistie, ce repas qui est le prélude du festin de l'Agneau dans le ciel.
Sanctus et Benedictus:
"Saint, saint, saint est le Seigneur notre Dieu! La terre entière est remplie de sa gloire. Hosanna, Hosanna dans les cieux! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna, Hosanna, Hosanna dans les cieux!"
Ce sont deux hymnes bibliques (Esaïe 6:3-7; Psaume 118:25.26; Marc 11:9.10) dont le premier fut introduit pour la première fois dans la liturgie de la Sainte Cène en Afrique du Nord vers 200 ap. J.-C., et le deuxième ajouté au cours du Vº siècle.
C'est une adoration solennelle du Dieu trinitaire (triple "Saint" et triple "Hosanna"). Elle unit l'Eglise militante à l'Eglise triomphante, les chrétiens sur terre aux anges et aux bienheureux dans les cieux. C'est que dans la Sainte Cène, le monde nouveau fait irruption dans le monde présent. L'autel, "table du Seigneur", devient le trône de l'Agneau exalté. Comme jadis, quand il entra dans Jérusalem, l'Eglise l'acclame comme son Roi, malgré l'humble apparence sous laquelle il vient à elle: le pain et le vin du sacrement, porteurs de son corps et de son sang invisibles et qui sont, quand on les reçoit avec foi, gages du pardon et du salut.
Notre Père:
Il existe sous deux formes: 1) L'officiant prie ou chante les demandes du Notre Père, puis l'assemblée entonne la doxologie. 2) Chant d'une paraphrase du Notre Père. Luther en composa une en 1526, bientôt imité par d'autres.
C'est la prière du Seigneur qui prélude à son repas. Le Royaume à venir, le pain de vie et le pardon de nos péchés ne sont-ils pas les grands dons que le Christ nous fait dans son repas?
Consécration:
"Notre Seigneur Jésus-Christ, la nuit où il fut trahi, soupa avec ses disciples. Il prit du pain et, ayant rendu grâces, il le rompit, le donna à ses disciples et dit: Prenez, mangez, ceci est mon corps qui est donné pour vous. Faites ceci en mémoire de moi! De même, après avoir soupé, il prit la coupe et, ayant rendu grâces, il la leur donna et dit: Buvez en tous! Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang qui est répandu pour vous en rémission des péchés. Faites ceci toutes les fois que vous en boirez en mémoire de moi".
Nous sommes ici au coeur de la liturgie eucharistique. Le pasteur prononce les paroles d'institution de la Cène en faisant le signe de croix sur le pain et le vin, montrant ainsi que les bénédictions du sacrement ont leur fondement dans la mort rédemptrice de Jésus-Christ. C'est plus qu'une simple répétition des paroles prononcées par le Christ destinée à montrer qu'on célèbre son sacrement. L'Eglise luthérienne considère cet acte comme une authentique consécration du pain et du vin par laquelle, conformément à la promesse du Christ, ils deviennent porteurs de son corps et de son sang. C'est fondés sur ces paroles que nous confessons: "La Sainte Cène est un sacrement institué par notre Seigneur Jésus-Christ, dans lequel nous mangeons son vrai corps et buvons son vrai sang sous les espèces du pain et du vin" (Martin Luther, Petit Catéchisme).
Les paroles d'institution de la Cène furent mises en musique par Luther en 1526. Il est de tradition dans beaucoup d'Eglises luthériennes que, par respect pour ce grand mystère, la paroisse s'agenouille quand le pasteur les prononce ou les chante.
Agnus Dei:
"Christ, Agneau de Dieu, qui ôtes le péché du monde, oh! prends pitié de nous! Christ, Agneau de Dieu, qui ôtes le péché du monde, accorde-nous ta paix! Amen. Amen."
C'était le message de Jean-Baptiste (Jean 1:29). Au moment de célébrer le saint sacrement, l'Eglise adore l'Agneau qui s'est sacrifié pour les péchés du monde et implore sa miséricorde et sa paix en commémorant sa mort. L'hymne appelé "Agnus Dei" est en usage dans la chrétienté depuis le VIIº siècle.
Distribution:
Le pasteur, parfois aidé d'un autre officiant, distribue le pain et le vin consacrés en répétant les paroles d'institution et prononce la "dimissio": "Allez en, paix". Il est souhaitable et de tradition dans l'Eglise luthérienne que les communiants reçoivent la Sainte Cène à genoux. Pendant ce temps, l'Eglise chante souvent un cantique eucharistique.
Nunc dimittis:
"Laisse-moi désormais, Seigneur, aller en paix, car selon ta promesse, tu fais voir à mes yeux ton salut glorieux que j'attendais sans cesse".
"Salut qu'en l'univers tant de peuples divers vont recevoir et croire. Ressource des petits, lumière des gentils et d'Israël la gloire".
C'est ainsi que s'intitule en latin le cantique que Siméon chanta lorsque Joseph et Marie vinrent présenter Jésus dans le temple. C'est un chant d'actions de grâces: sous les espèces visibles du pain et du vin, Jésus- Christ est venu avec ses trésors de grâce, son pardon et son salut.
Anamnèse:
"Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne". Prions Dieu et rendons-lui grâces:...
Dans l'anamnèse (ce mot tiré du grec signifie commémoration), l'Eglise commémore dans l'adoration la mort, la résurrection et l'ascension de son Seigneur et lui demande de revenir bientôt, selon sa promesse, pour réunir les siens à son banquet céleste.
La fin du culte ou "postcommunio"
Prière d'actions de grâces:
La prière d'actions de grâces est une dernière prière dans laquelle l'Eglise remercie son Seigneur pour ce don ineffable et lui demande de lui faire porter beaucoup de fruits à la gloire de son nom.
~Bénédiction: Maintenant que le saint mystère de l'eucharistie a été célébré, le culte s'achève avec beaucoup de sobriété et en toute simplicité. Le pasteur prononce la bénédiction dite d'Aaron, une bénédiction du Dieu trois fois saint, avec signe de la croix. Encore une fois, c'est en vertu de la mort de Jésus-Christ que Dieu bénit les siens.
Doxologie:
"Gloire à Dieu notre Créateur! Gloire à Christ notre Rédempteur! Gloire à l'Esprit Consolateur! Louange et gloire au Dieu Sauveur!"
L'Eglise loue le Dieu trois fois saint pour toutes les bénédictions reçues.
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Par lutherien le 28 Novembre 2009 à 10:19
LE SACREMENT DU BAPTÊME
tel qu'un chef de famille doit l'enseigner aux siens en toute simplicité
1 Qu'est-ce que le Baptême?
Le Baptême n'est pas une eau ordinaire, mais une eau administrée par la suite d'un commandement de Dieu, et unie à sa Parole.Quelle est cette parole de Dieu?
Notre Seigneur Jésus-Christ déclare, au dernier chapitre de saint Matthieu: Allez et faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
2 Quels sont l'effet et la grâce du Baptême?
Le Baptême opère la rémission des péchés, il délivre de la mort et du diable, et il donne le salut éternel à tous ceux qui croient, conformément aux paroles et aux promesses de Dieu.Quelles sont ces paroles et promesses de Dieu?
Notre Seigneur Jésus-Christ déclare, au dernier chapitre de saint Marc: Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé. Mais celui qui ne croira point, sera condamné.
3 Comment l'eau peut-elle opérer de si grandes choses?
Ce n'est pas l'eau, certes, qui opère ces grandes choses, mais c'est la Parole de Dieu unie à l'eau, et la Foi qui se fonde sur cette Parole de Dieu dans l'eau. Car sans la Parole de Dieu, cette eau est une eau ordinaire et non le Baptême; mais avec la Parole de Dieu, c'est le Baptême, c'est-à-dire une eau de grâce et de vie et le bain de la régénération dans le Saint-Esprit; comme le dit saint Paul à Tite, au troisième chapitre:«Il nous a sauvés, selon sa miséricorde, par le Baptême de la régénération et par le renouvellement du Saint-Esprit qu'il a répandu abondamment sur nous par Jésus-Christ, notre Sauveur; afin que, justifiés par sa grâce, nous ayons l'espérance d'être héritiers de la vie éternelle. Cette parole est certaine.» [Tite 3:5-8]
4 Qu'implique le Baptême dans notre vie de chrétiens?
Le Baptême implique que le vieil homme, qui est en nous, doit être noyé dans une contrition et une repentance de tous les jours, qu'il doit mourir avec tous ses péchés et ses convoitises, et que, tous les jours aussi, doit renaître en nous un homme nouveau, qui vive à jamais dans la justice et la pureté devant Dieu.Où cela est-il écrit?
Saint Paul écrit aux Romains, au sixième chapitre: «Nous avons été ensevelis avec Christ par le Baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle.» [Rom. 6:4]
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Par lutherien le 28 Novembre 2009 à 10:09
THEMES DE REFLEXION
Vous voici arrivé à la fin de cette présentation de la doctrine chrétienne. Nous vous proposons pour terminer avec quelques thèmes de réflexion vous permettant de faire le point de vos connaissances et de réfléchir à certaines vérités.
Le christianisme, la Bible, Dieu et l'homme:
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1) Si vous aviez à formuler en une seule phrase et d'une façon aussi complète que possible le chemin du salut, que diriez-vous?
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2) Après avoir, en étudiant ces leçons, passé en revue les différents articles de la foi chrétienne, dites quels sont selon vous les articles fondamentaux de cette foi, les vérités qu'un homme doit à tout prix et absolument connaître pour être sauvé.
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3) Il existe un point sur lequel le christianisme se distingue radicalement de toutes les autres religions du monde. Lequel?
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4) Quelles sont les ressemblances et les différences entre l'Ancien et le Nouveau Testaments?
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5) Que peut-on dire, en se fondant sur ses textes les plus importants, de l'inspiration de la Bible?
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6) Que penser de la thèse: "Ce qui importe dans la Bible, ce ne sont pas les faits historiques qu'elle raconte, mais son contenu doctrinal et moral"? Ou de cette autre qui lui est semblable: "Le message de la Parole de Dieu reste vrai, même si les faits sur lesquels il se fonde ne se sont pas réellement produits"?
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7) L'Eglise luthérienne enseigne que la Bible est l'unique source et norme de la foi chrétienne. Pourquoi alors avoir rédigé et publié des Confessions de foi?
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8) Comment la foi chrétienne peut-elle être à la fois monothéiste et trinitaire?
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9) Que répondre à ceux qui, comme les Témoins de Jéhovah, rejettent la doctrine de la Trinité sous prétexte que le mot "Trinité" ne figure pas dans la Bible?
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10) La doctrine de la création vous inspire-t-elle une écologie chrétienne?
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11) Comment, si Dieu existe et qu'il est puissant et bon, expliquer la présence du mal dans le monde?
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12) Expliquez Romains 5:12-21 et dites pourquoi le récit de la chute (Genèse 3) ne peut en aucune façon être interprété comme un mythe.
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13) Quels sont les deux aspects du péché originel et quel en est le fondement biblique?
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14) En quoi la doctrine biblique de l'homme est-elle très différente de ce que les autres religions ont l'habitude d'enseigner à son sujet?
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15) Qu'est-ce que la justice civile et en quoi la vraie justice est-elle différente d'elle?
Jésus-Christ:
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1) Expliquez d'une façon aussi approfondie que possible Matthieu 16:13-20. Pourquoi pensez-vous que Jésus ait interdit à ses disciples de raconter qu'il était le Messie (V.20), alors qu'il l'était et qu'il fallait bien que son peuple le sache?
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2) Expliquez la thèse suivante: "Jésus possède la nature humaine et la nature divine dans l'unité de sa personne. Vrai homme, il est en même temps consubstantiel au Père et au Saint-Esprit".
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3) En quoi la doctrine de l'humanité et de la divinité véritables du Christ vous paraît-elle importante?
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4) Expliquez 2 Corinthiens 5:19-21 en en dégageant la signification véritable et la portée de la mort du Christ?
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5) La croix de Jésus est-elle une révélation de la colère ou de la miséricorde de Dieu?
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6) Quel enseignement tirez-vous de Philippiens 2:5-11?
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7) Quels différents sens donnez-vous à sa résurrection?
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8) Que représente pour le chrétien et pour l'Eglise son exaltation à la droite du Père?
Le salut:
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1) Qu'est-ce que la Bible enseigne concernant la prédestination?
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2) La doctrine de la prédestination nous apprend-elle pourquoi les uns sont sauvés et pas les autres?
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3) Que signifie la phrase du Christ: "Il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus" (Matthieu 22:14)?
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4) Que signifie dans la Bible le mot "régénération"?
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5) Quel est le rapport entre la repentance et la conversion?
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6) En quoi consiste la justification du pécheur?
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7) Quel est le rôle de la foi dans la justification?
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8) Quelle différence et quel lien y a-t-il entre la justification et la sanctification?
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9) La sanctification est-elle nécessaire, et si oui, à quoi?
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10) Quelles sont les différents doctrines dans lesquelles peut se manifester le synergisme?
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11) Sur quoi le chrétien fonde-t-il l'assurance de son salut?
Les moyens de grâce:
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1) Il est des gens qui disent que la Loi est là pour les incroyants, qu'elle ne concerne plus les croyants? Qu'en pensez-vous?
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2) Qu'est-ce que l'Evangile?
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3) Quels sont les rôles de la Loi et de l'Evangile?
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4) Qu'est-ce qu'un moyen de grâce et combien y en a-t-il?
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5) Qu'est-ce qu'un sacrement?
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6) Quelle est l'efficacité du Baptême et d'où lui vient-elle?
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7) Comment justifier le Baptême des enfants?
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8) En quoi la doctrine luthérienne de la Sainte Cène se distingue-t-elle à la fois du dogme catholique et de la doctrine réformée?
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9) Comment l'Eglise évangélique luthérienne administre-t-elle l'eucharistie?
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10) Quelles forces et quelles consolations le chrétien puise-t-il a) dans son Baptême, b) dans la Sainte Cène?
L'Eglise:
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1) Définissez l'Eglise chrétienne à l'aide de textes bibliques.
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2) Quelles sont les notes ou marques de l'Eglise?
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3) Quelle est la place des hypocrites et des faux chrétiens dans l'Eglise?
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4) Quelle est la différence entre un pasteur et un laïc, et que faut-il pour être pasteur?
Les choses dernières:
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1) Que savons-nous de l'état intermédiaire entre la mort et la résurrection?
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2) Quelles raisons avez-vous de ne pas croire en un purgatoire?
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3) Qu'est-ce qui vous fait dire qu'il n'y a plus de possibilité de conversion après la mort?
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4) Bien des chrétiens sont convaincus que la création de l'Etat d'Israël en 1948 a été prédite dans la Bible et qu'elle constitue l'accomplissement d'une promesse divine. Qu'en pensez-vous?
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5) Pourquoi la fin du monde n'est-elle pas encore venue?
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6) Pourquoi le jugement aura-t-il lieu selon les oeuvres?
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7) Définissez la perdition et le salut éternels.
votre commentaire -
Par lutherien le 28 Novembre 2009 à 10:08
LA DOCTRINE DES CHOSES DERNIERES
Il s'agit du dernier grand chapitre de la dogmatique, appelé encore eschatologie, d'un mot grec qui signifie précisément "choses dernières". C'est la doctrine qui concerne l'avenir de l'homme et du monde, non pas une sorte de science-fiction, de futurologie basée sur l'intuition de ce qui pourrait arriver un jour, mais un enseignement fondé sur la révélation divine dans la Bible.
Cette doctrine traduit une espérance très simple: la conviction que le Seigneur ressuscité et exalté, présent dans son Eglise et la bénissant par sa Parole et les sacrements, accomplira tout ce qu'il a prédit au sujet de la fin des temps et qu'en particulier il donnera aux siens part à sa victoire éternelle. Il sera question successivement de la mort, de l'état intermédiaire entre la mort et la résurrection, des signes de la fin des temps, de la résurrection des morts, de la fin du monde, du jugement, de la damnation et de la vie éternelles.
Rappelons, mais sans entrer dans les détails, la question ayant déjà été étudiée dans la doctrine de la l'homme, que celui-ci est constitué d'une âme et d'un corps, ou plutôt qu'il est âme et corps. La Bible n'oppose pas les deux concepts, comme le faisait la philosophie grecque et comme le font de nos jours les philosophies et religions orientales. Elle ne dit pas par exemple que l'âme est bonne, mais que le corps est mauvais parce qu'il est matière, qu'il constitue une sorte de prison pour l'âme qui ne sera vraiment heureuse que lorsqu'elle n'aura plus à s'incarner. L'homme a été tout entier créé bon, mais le péché l'a rendu tout entier mauvais. Il est corrompu dans son corps et dans son âme. Mais il a été aussi tout entier racheté et est appelé à un salut total. Le christianisme enseigne cette vérité unique en son genre, que tous les morts ressusciteront un jour. De cette certitude découle toute une attitude envers le corps. Le croyant ne se sent pas appelé à le mépriser ou le maltraiter, mais le perçoit et l'honore comme un don de Dieu, et même comme un membre du Christ (1 Corinthiens 6:15) et le temple du Saint-Esprit (1 Corinthiens 6:19).
1. LA MORT
Qu'est-ce que la mort?
La mort est par définition absence de vie. Le terme a dans l'Ecriture Sainte divers sens qui correspondent aux différents sens du mot "vie". Dans un sens figuré, il désigne l'absence de vie spirituelle. La mort spirituelle est l'aliénation de l'homme, sa corruption naturelle, le fait qu'il est prisonnier de son péché et incapable de s'en délivrer. L'apôtre Paul écrit aux anciens païens qu'étaient les chrétiens d'Ephèse: "Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés... Nous qui étions morts par nos offenses, il nous a rendus à la vie avec Christ... Il nous a ressuscités ensemble et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ" (Ephésiens 2:1.5.6). Les païens "ont l'intelligence obscurcie, sont étrangers à la vie de Dieu" (Ephésiens 4:18). Inversement, Jésus pouvait dire: "Celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie" (Jean 5:24).
Au sens le plus ordinaire du terme, le mot "mort" désigne la mort naturelle et physique dont la Bible dit qu'elle est "le salaire du péché" (Romains 6:23). Elle est la séparation de l'âme et du corps. "Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme, disait Jésus. Craignez plutôt celui qui peut faire périr le corps et l'âme dans la géhenne" (Matthieu 10:28). Nous n'avons pas à craindre les hommes, car s'il est vrai qu'ils peuvent nous tuer, ils n'ont pas de pouvoir sur notre âme. Quand l'homme meurt, "la poussière retourne à la terre, comme elle y était, et l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné" (Ecclésiaste 12:9). La Bible dit d'un homme qui vit que "son âme est en lui" (Actes 20:10), d'un mourant qu'il rend l'âme ou l'esprit (Matthieu 27:50; Luc 23:46; Jean 19:30) ou que son âme lui est redemandée (Luc 12:20), et de quelqu'un qui ressuscite que son âme ou son esprit revient en lui (1 Rois 17:21.22; Luc 8:55). Il est vrai que dans beaucoup de textes, le mot traduit par "âme" pourrait tout aussi bien être rendu par "vie". Mais ce n'est pas le cas du mot "esprit".
L'épître aux Hébreux déclare que les esprits des justes sont "parvenus à la perfection" (Hébreux 12:23). C'est donc qu'ils survivent à leur mort. L'apôtre Paul exprime l'espérance des chrétiens en ces termes: "Nous sommes toujours pleins de confiance et nous savons qu'en demeurant dans ce corps nous demeurons loin du Seigneur... Nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur. C'est pour cela aussi que nous nous efforçons de lui être agréables, soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous le quittions" (2 Corinthiens 5:6.8.9). Pour Pierre, demeurer ici-bas, c'est vivre "dans cette tente" (2 Pierre 1:13), ce qui implique qu'en quittant le monde on sort de cette tente pour aller vivre ailleurs. La parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare affirme qu'en mourant, le premier alla dans un "lieu de tourments" et le second dans "le sein d'Abraham". L'un connut la souffrance et l'autre fut consolé (Luc 19:16-31). Cf. encore Luc 23:43; Actes 1:25; Apocalypse 6:9, etc.
Enfin, le mot "mort" désigne la condamnation éternelle. La Bible appelle cela la "seconde mort" (Apocalypse 2:11; 20:6.14).
Pourquoi l'homme meurt-il?
Il ne meurt pas parce qu'il est matière. En créant le monde, Dieu n'a pas créé la mort. Celle-ci vient d'ailleurs. On distingue en théologie entre les causes principales et les causes secondaires ou intermédiaires. Ces dernières sont visibles, elles tombent sous les sens. Ce sont les maladies, le vieillissement, les accidents et catastrophes de toutes sortes. Ces causes secondaires n'existeraient pas s'il n'y avait pas à la mort des causes principales. Il s'agit du péché et de la colère divine.
La mort est la conséquence du péché: "Le jour où tu en mangeras, tu mourras" (Genèse 2:17). "Par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et ainsi la mort s'est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché... Le péché a régné par la mort" (Romains 5:12.15.17.18). "Tous meurent an Adam" (1 Corinthiens 15:22). "L'aiguillon de la mort, c'est le péché, et la puissance du péché, c'est la loi" (1 Corinthiens 15:56). Cf. encore Psaume 90:7.8; Jacques 1:15.
Il est évident que le péché n'entraînerait pas la mort, si Dieu ne le réprouvait et ne le châtiait pas dans sa colère. "Le sol sera maudit à cause de toi", dit-il à Adam après la chute, lui annonçant en même temps qu'il retournerait à la poussière d'où il avait été tiré (Gen 3:17-19). Sa sainte Loi en effet le dénonce et le condamne et maudit celui qui l'a commis: "Nous sommes consumés par ta colère, et ta fureur nous épouvante. Tu mets devant toi nos iniquités, et à la lumière de ta face nos fautes cachées. Tous nos jours disparaissent par ton courroux", gémit Moïse en voyant les Israélites mourir dans le désert (Psaume 90:7.8). "La puissance du péché, c'est la loi", précise l'apôtre Paul (1 Corinthiens 15:56). Cf. encore Genèse 38:7; 1 Samuel 2:6.25; Psaume 90:3; Lamentations 3:37; Amos 3:6; Apocalypse 6:8; 16:7.
Enfin, Satan est "meurtrier dès le commencement" (Jean 8:44). Il est "l'accusateur de nos frères" qui veut les faire périr (Apocalypse 12:10). Il est celui qui a "la puissance de la mort" et que le Christ est venu anéantir (Hébreux 2:14). C'est la mort et la condamnation d'Adam et d'Eve qu'il voulait, lorsqu'il les tenta dans le jardin d'Eden. C'est la mort et la condamnation des croyants qu'il veut, quand il les tente au péché et à l'incrédulité et les accuse devant le trône de Dieu. Job en est un exemple éloquent.
La mort dans l'enseignement de l'Eglise:
La mission principale de l'Eglise est de prêcher l'Evangile de la grâce et du salut en Jésus-Christ, pour inciter les hommes à se convertir et à vivre à la gloire de Dieu et les préparer à la mort et au jugement. Il faut donc qu'elle parle de la mort, et pas seulement quand elle enterre ses membres. Il faut rappeler aux hommes qu'elle est le salaire du péché, qu'ils ne meurent pas parce qu'ils sont matière, mais parce que le jugement divin pèse sur eux. Il faut leur rappeler que la science a permis de prolonger la vie de l'homme, de reculer l'échéance, mais qu'elle ne délivre pas de la mort. Il est bon de souligner aussi que tous ne meurent pas de la même façon, qu'il est des morts cruelles et des morts douces, des morts sans combat et des agonies sans fin, des morts prévisibles et des morts subites. Dieu seul sait pourquoi un homme meurt de telle ou telle façon, et c'est lui qui dans sa sagesse réserve à chacun la mort qui est la sienne. Aussi n'est-il pas permis de se fonder sur la mort qui a été réservée à un homme pour porter un jugement sur ce qu'a été son existence. Ensuite, force est de constater que les chrétiens meurent comme les autres, et cela bien que la mort soit détruite et que la vie et l'immortalité soient là pour tous ceux qui croient en l'Evangile (2 Timothée 1:10). L'apôtre Paul s'exclame: "O mort, où est ta victoire? O mort, où est ton aiguillon? L'aiguillon de la mort, c'est le péché, et la puissance du péché, c'est la loi. Mais grâces soient rendues à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ" (1 Corinthiens 15:55-57). Il n'y a plus de colère divine ni de châtiment du péché pour le croyant. Dieu ne punit plus pour les péchés qu'il a pardonnés. Mais il a jugé bon de ne pas supprimer la mort au terme de la vie des croyants. C'est quelque chose dont ils ont encore besoin pour rester humbles devant leur Créateur et savoir d'où ils viennent et où le Seigneur les conduit en Jésus-Christ. Quels que soient son âge et sa santé, le croyant doit demander à Dieu la force et la sagesse de se préparer à cette issue, la grâce d'une mort chrétienne, confiante, paisible et douce. L'Evangile en effet offre une puissante consolation à l'heure de la mort, la certitude de la victoire et du salut éternel. C'est en lui que le croyant trouve le secours dont il a besoin à l'heure du dernier combat. La mort, qui est une invitation à l'humilité et à la confiance en Dieu, est enfin un avertissement contre la cupidité et l'attachement aux biens de ce monde. "Nous n'avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n'en pouvons rien emporter. Si donc nous avons la nourriture et le vêtement, cela nous suffira" (1 Timothée 6:7.8).
Questions de révision et exercices:
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1) Quels sont les différents sens du mot "mort"?
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2) Citez trois textes de la Bible affirmant que la mort est la conséquence du péché.
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3) En quoi le Christ nous délivre-t-il de la mort?
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4) Le monde fait tout pour évacuer l'idée de la mort. Pourquoi faut-il en parler dans l'Eglise?
2. L'ETAT DES DEFUNTS ENTRE LA MORT ET LA RESURRECTION
C'est une question qui a donné lieu à bien des doctrines divergentes et contradictoires, depuis la négation de l'immortalité de l'âme jusqu'à la théorie du sommeil de l'âme, en passant par l'affirmation de la possibilité d'une conversion après la mort, sans parler du purgatoire et des limbes du dogme catholique.
On affirme que l'Ancien et le Nouveau Testaments parlent d'un "séjour des morts" où les défunts attendent que Dieu dans son jugement statue sur leur sort. En attendant, ils sont morts et n'expérimentent ni joie ni souffrance. Il est vrai que la Bible parle d'un "scheol" en hébreu et d'un "hadès" en grec qui est le lieu où se rendent tous les hommes, bons et méchants (Genèse 37:35; 44:29; Job 10:21.22; 26:5.6; Psaume 88:4; 89:49, etc.). Parfois le terme désigne tout simplement la tombe (Job 14:13; 17:13.14; Psaume 141:7; Esaïe 38:18; Ezéchiel 31:15.16). Mais d'autres fois il dénote aussi un lieu où sont châtiés les impies: "Le feu de ma colère s'est allumé et il brûlera jusqu'au fond du séjour des morts" (Deutéronome 32:22). "Pour le sage, le sentier de la vie mène en haut, afin qu'il se détourne du séjour des morts" (Proverbes 15:24). Salomon donne à tout père ce conseil concernant son fils: "En le frappant de la verge, tu délivreras son âme du séjour des morts" (Proverbes 23:14). De même dans le Nouveau Testament, Jésus déclare que Capernam sera abaissé en raison de son impénitence "jusqu'au séjour des morts" (Matthieu 11:23), que les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre son Eglise (Matthieu 16:18, texte où il faudrait manifestement traduire le terme par "enfer", un mot que la Bible de Segond ne connaît pas!). Le mauvais riche "était en proie aux tourments" et souffrait cruellement dans le séjour des morts qui n'est autre que l'enfer (Luc 16:22.23). Dans d'autres textes, "mort" et "séjour des morts" sont clairement distingués l'un de l'autre (Apocalypse 1:8; 6:8).
L'enseignement de la Bible:
Il es vrai que l'Ecriture Sainte n'entre guère dans les détails, quand elle parle de l'état qui se situe entre la mort et la résurrection. Elle est beaucoup plus prolixe dans la description du sort des incroyants et des croyants après le jugement. L'annonce de la résurrection, du jugement et du destin éternel des hommes est pour elle plus importante que la représentation de l'état dit intermédiaire. Cependant ce qu'elle dit est suffisamment clair pour qu'il ne plane pas de doute à ce sujet. Jésus enseigne que les patriarches décédés dans la foi continuent de vivre: "Dieu vous a dit: Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants" (Matthieu 22:31.32). Quand il mourut, le pauvre Lazare fut "porté par les anges dans le sein d'Abraham" où il fut "consolé", tandis que le mauvais riche alla dans l'hadès, un lieu où il endura des souffrances et qui n'est autre que l'enfer (Luc 16:22-25). Et cela, comme le précise le texte, du vivant de ses frères. Il est vrai qu'il s'agit d'une parabole, mais d'une parabole du Christ dont on ne peut pas supprimer ces affirmations essentielles. L'apôtre Paul exprime le désir de s'en aller pour être "avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur" (Philippiens 1:23). Jésus et Etienne remirent leur esprit entre les mains du Père (Luc 23:36; Actes 7:59). Hébreux 12:22.23 parle des "esprits des justes parvenus à la perfection". Jean le visionnaire vit "sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu'ils avaient rendu" implorant Dieu de les venger (Apocalypse 6:9-11). "Heureux dès à présent, est-il dit dans une autre vision, les morts qui meurent dans le Seigneur", car ils "se reposent de leurs travaux et leurs oeuvres les suivent" (Apocalypse 14:13). Dans un texte déjà cité, l'apôtre parle de "quitter ce corps et de demeurer auprès du Seigneur" (2 Corinthiens 5:8). Enfin, le Christ promit au larron repentant: "Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis" (Luc 23:43).
Voilà ce qu'enseigne la Bible. Il s'ensuit qu'elle conçoit la mort comme la séparation momentanée de l'âme et du corps. Elle conduit le croyant "dans le paradis", "auprès du Seigneur", en un lieu où il est heureux et consolé, et l'incroyant dans un lieu de souffrances et de remords. Il est donc faux de nier la survie après la mort, en prétendant qu'il s'agit d'une idée étrangère à la Bible, d'origine philosophique, gnostique ou autre, et d'affirmer que l'homme meurt tout entier et qu'entre sa mort et la résurrection il ne se passe rien. Il est inexact aussi de parler d'un sommeil de l'âme. S'il arrive à la Bible de dire que les croyants décédés dorment ou sommeillent (Matthieu 9:24; Jean 11:11; 1 Thessaloniciens 4:13), elle dit les choses comme on les voit et décrit l'état des cadavres. Ils semblent dormir effectivement, en attendant d'être réanimés et de sortir de leurs tombes.
En ce qui concerne la doctrine catholique du purgatoire et celle des limbes, elle n'a aucun support biblique et découle logiquement de la doctrine de la justification qui a cours dans cette Eglise. Si le croyant est progressivement justifié par sa transformation intérieure et qu'il participe à sa justification par ses dispositions et ses oeuvres, il n'atteint pas le degré de perfection exigible pour paraître devant Dieu et doit donc se purifier et finir d'expier ses fautes dans un lieu transitoire, avant d'accéder au salut éternel. Seule la doctrine biblique du pardon des péchés et de la justification par l'imputation au croyant de la justice parfaite du Christ affirme qu'il est habilité à se tenir devant son Seigneur, parce que déclaré parfaitement juste et dispensé de toute expiation personnelle et de toute autorédemption.
Une autre erreur extrêmement grave consiste à fonder sur l'affirmation biblique de la descente du Christ en enfer (1 Pierre 3:18-20) la conviction qu'il existe dans l'au-delà une possibilité de repentance et de conversion pour ceux qui n'ont pas voulu ou n'ont pas pu rencontrer le Christ de leur vivant.
Enfin, l'Eglise luthérienne rejette à juste titre la doctrine de l'annihilation selon laquelle Dieu détruira et anéantira l'incroyant dans son jugement. C'est ce qu'enseignent en particulier les Témoins de Jéhovah. Une variante de cette doctrine, appelée doctrine de l'immortalité conditionnelle, soutient que l'immortalité est un don que Dieu fait aux croyants et auquel, par conséquent, les incrédules ne participent pas.
Questions de révision et exercices:
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1) Citez des textes bibliques qui enseignent clairement que les croyants défunts sont auprès de leur Seigneur et que les incroyants souffrent loin de sa face.
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2) Quelles sont les fausses doctrines enseignées au sujet de l'état intermédiaire entre la mort et la résurrection?
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3) Quelles sont les différentes raisons pour lesquelles l'Eglise chrétienne ne peut pas admettre l'existence d'une possibilité de conversion après la mort?
3. LES SIGNES DE LA FIN DES TEMPS
Jésus-Christ est venu accomplir beaucoup de promesses faites aux croyants d'Israël, mais toutes ne le sont pas encore. Ils savaient en effet que le salut devait être annoncé aux païens qui entreraient dans le peuple de Dieu. Et surtout ils attendaient les nouveaux cieux et la nouvelle terre (Esaïe 11:6-9; 32:15; 35:1-7; 65:17; 66:22). L'eschatologie était en quelque sorte inaugurée avec la première venue du Christ. Elle ne sera achevée que lorsqu'il reviendra pour le jugement des vivants et des morts.
En effet, Jésus-Christ reviendra, à une date que personne ne connaît (Marc 13:32) et ne peut calculer (Actes 1:7), "comme un voleur dans la nuit" (1 Thessaloniciens 5:1). Il s'agit pour l'Eglise de veiller et de prier et d'être toujours prête pour son retour. Cependant il a donné aux siens des signes auxquels ils peuvent connaître que la fin est proche, et ces signes sont tels qu'elle peut survenir à tout moment.
Les principaux signes avant-coureurs de la fin des temps:
Ils sont de plusieurs sortes. Il s'agit tout d'abord de signes dans le domaine de la nature, "de guerres et de bruits de guerre" (Matthieu 24:6-8), de famines et d'épidémies (Ezéchiel 14:21), de tremblements de terre, d'ouragans et de tempêtes (Esaïe 29:6; Matthieu 24:7), d'étoiles qui tomberont du ciel (Matthieu 24:29.30). Mais, dit Jésus, "ce ne sera pas encore la fin... Tout cela ne sera que le commencement des douleurs" (Matthieu 24:6.8).
Puis il y a les signes d'ordre spirituel, l'immoralité (2 Timothée 3:1-5), l'impiété, les fausses doctrines et les hérésies (2 Timothée 4:3.4), l'apostasie et l'incrédulité générale. De faux christs et des esprits séducteurs viendront égarer les hommes (Matthieu 24:5.11.23-25; 1 Timothée 4:1.2). A ce sombre tableau il faut ajouter encore les persécutions dont souffriront les chrétiens (Matthieu 24:9; Apocalypse 20:7-9). Il n'y aura que peu de foi sur terre, quand le Fils de l'homme reviendra (Luc 18:8). Cependant Satan et le monde n'ont aucun pouvoir sur les élus (Matthieu 24:22.24), l'Eglise subsistera jusqu'à la fin des temps (Matthieu 16:18).
Enfin, la fin ne viendra que lorsque l'Evangile aura été prêché à toutes les nations: "Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin" (Matthieu 24:14). C'est que "le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient, mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance" (2 Pierre 3:9). Il a des élus parmi toutes les nations, aux quatre extrémités de la terre, qui doivent être rassemblés et conduits dans son Eglise pour parvenir au salut. Et comme il a décidé de faire cela par la prédication de l'Evangile, il faut que ce dernier parvienne jusqu'aux confins du monde. Alors la fin pourra venir, mais pas avant.
La doctrine des millénialistes:
Le millénialisme, du mot "millénium" qui désigne un règne de mille ans, a connu plusieurs formes dans l'histoire des dogmes. Il existe le postmillénialisme, affirmant qu'avant le retour du Christ pour le jugement l'Eglise connaîtra une sorte d'âge d'or où le monde l'estimera et, reconnaissant la suprématie de son message, lui accordera ses faveurs, où les hommes écouteront avec ardeur l'Evangile et se convertiront en masse. Le prémillénialisme enseigne, au contraire, que Jésus reviendra avant le millénium et précisément pour l'instaurer, après quoi viendra le jugement. Enfin, l'amillénialisme est la doctrine qui professe qu'il n'y aura pas d'âge d'or avant la fin du monde et que, lorsque Jésus-Christ reviendra, ce sera non pas pour régner sur terre, mais pour juger les vivants et les morts. Cette dernière doctrine est celle de l'Eglise luthérienne.
C'est du prémillénialisme, appelé quelquefois simplement millénialisme, qu'il sera question ici. Il est parfois associé à une doctrine appelée dispensationalisme qui soutient que l'histoire du monde se subdivise en sept dispensations différentes: l'état d'innocence avant la chute, la conscience ou responsabilité morale après la chute, le gouvernement humain instauré après le déluge, l'économie de la promesse (Abraham), la Loi (Sinaï), l'Eglise et enfin le Royaume (millénium). Il enseigne que le temps de l'Eglise est une parenthèse non prévue dans le plan divin, que les Juifs ayant rejeté le Christ, l'Evangile est annoncé aux païens. Mais Israël reste le peuple élu. Aussi y aura-t-il à la fin des temps, après l'entrée des païens dans l'Eglise, une conversion massive des Juifs, puis, à une date que tout le monde ignore, quand tous les élus se seront convertis au Seigneur, Jésus apparaîtra pour ressusciter les croyants morts et enlever son Eglise pour la conduire au ciel. Cet enlèvement sera instantané. Puis viendra la grande tribulation de trois ans et demi qui aura pour agent la trinité diabolique, Satan, l'Antichrist et le Faux-Prophète. L'Antichrist fera régner à Jérusalem et ailleurs l'abomination de la désolation et instaurera une dictature politique, économique et religieuse. Il y aura de terribles persécutions. Après quoi les peuples se révolteront contre lui (bataille d'Harmaguédon à laquelle participeront toutes les nations de la terre). Puis le Christ reviendra visiblement sur les nuées du ciel et instaurera un règne millénaire de paix, de joie et de bonheur, où il n'y aura ni souffrance ni maladie ni mort. Pendant ce temps, Satan sera lié, puis relâché pour un dernier soubresaut. Il attaquera Jérusalem, mais sera foudroyé par le Seigneur. Enfin viendra la deuxième résurrection, celle des incroyants, suivie du jugement final.
L'Eglise luthérienne ne souscrit pas à une telle représentation de la fin des temps, car elle ne lui paraît pas biblique. Les raisons sont les suivantes: La Bible ne parle par d'un enlèvement de l'Eglise avant la fin du monde. D'autre part, elle présente le règne du Christ comme un règne invisible, spirituel, caché dans les coeurs, et non politique et terrestre. Ensuite, l'Ecriture ne promet aucun âge d'or à l'Eglise, mais ne parle que de tribulations et de souffrances. Elle oriente l'espérance des croyants non sur une période de bonheur sur terre, mais sur la délivrance finale et la félicité céleste. D'ailleurs il n'y aura qu'un retour du Christ à la fin des temps et il ne ressuscitera pas les croyants avant le millénium, c'est-à-dire plus de mille ans avant le jugement, mais "au dernier jour", comme il le dit lui-même avec insistance (Jean 6:39.40.54; 11:24). Enfin, affirmer avec les millénialistes que le temple de Jérusalem sera reconstruit et qu'on y apportera à nouveau des sacrifices à Dieu, c'est retomber dans l'ancienne alliance et ignorer que le Christ est venu accomplir tout ce qui, dans cette alliance, préfigurait son oeuvre. Pour toutes ces raisons et d'autres encore, l'Eglise luthérienne rejette le millénialisme.
Cette doctrine se fonde sur un certain nombre de textes prophétiques qui parlent d'une paix paradisiaque à la fin des temps, d'une époque où les armes de guerre seront transformées en outils agricoles, et où le loup paîtra en compagnie de l'agneau (Esaïe 2:2-4; 11:6-9; 65:17-25; Zacharie 8:20-23). Elle se fonde plus particulièrement sur Apocalypse 20:1-15 qui affirme que Satan sera lié et que les croyants reviendront à la vie et régneront avec Christ pendant mille ans. Après cela, aura lieu de jugement et les impies seront jetés dans l'étang de feu et connaîtront la deuxième mort.
Cette thèse appelle les remarques suivantes: Le texte en question ne dit en rien que le règne inauguré par le Christ avec les siens aura lieu sur terre. Il est évident d'autre part que le nombre 1000 a, comme la plupart des nombres de l'Apocalypse, une signification symbolique et désigne le temps de Dieu, c'est-à-dire l'éternité. Les croyants y entrent en fait dès leur conversion, puisqu'ils sont "passés de la mort à la vie" (Jean 5:24), qu'ils ont vaincu la mort dès maintenant, ont été "rendus à la vie avec Christ" et sont "ressuscités" avec lui par la foi (Ephésiens 2:5.6). Ils ont eu dès maintenant "part à la première résurrection" et "la seconde mort n'aura point de pouvoir sur eux" (Apocalypse 20:6). Quant à Satan, il est lié depuis longtemps, depuis que "le Fils de Dieu a paru afin de détruire les oeuvres du diable" (1 Jean 3:8), que "le prince de ce monde est jugé" (Jean 126:11), que Jésus "a dépouillé les dominations et les autorités et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix" (Colossiens 2:15).
Le millénialisme enseigne aussi le retour d'Israël en Palestine, pays qui est dit lui appartenir de droit divin jusqu'à la fin des temps, et la conversion massive des Juifs fondée sur ce que l'apôtre Paul enseigne dans l'épître aux Romains: "Une partie d'Israël est tombée dans l'endurcissement, jusqu'à ce que la totalité des païens soit entrée. Et ainsi tout Israël sera sauvé" (Romains 11:25-27). Le texte dit bien "ainsi", et non "alors". Il n'y aura pas de conversion des Juifs à la suite de celle des païens. "Tout Israël" sera sauvé, dit-on. Mais c'est oublier que l'apôtre vient aussi de dire que la "totalité des païens" entrera dans l'Eglise. Or il ne peut s'agir que de la totalité des élus parmi les païens, car la Bible n'enseigne pas le salut final de toute l'humanité. L'expression "tout Israël" ne peut donc, elle aussi, désigner que les élus en Israël et non la totalité ni même la grande majorité des Juifs. L'Eglise luthérienne enseigne que Dieu a des élus parmi tous les peuples, y compris Israël, et que tous ces élus seront appelés au salut et conduits par la foi en Christ dans la vie éternelle. Mais comme il y a, en Israël comme chez les païens, "beaucoup d'appelés, mais peu d'élus" (Matthieu 22:14), les Juifs seront à la fin des temps aussi rares à se convertir que les païens.
Le tableau que le Christ et les apôtres brossent de la fin des temps, de la situation dans laquelle se trouvera le monde et du sort que connaîtra l'Eglise chrétienne, nous oblige à affirmer que le millénialisme est un faux rêve et une illusion dangereuse, distillant une fausse espérance au lieu d'orienter les regards des croyants sur des joies qu'ils ne connaîtront que dans le ciel. Il méconnaît enfin le lien étroit entre l'ancienne et la nouvelle alliance.
Questions de révision et exercices:
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1) Enumérez les principaux signes, d'ordre naturel et spirituel, de la fin des temps.
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2) Qu'est-ce que le millénialisme?
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3) En quoi le millénialisme et l'affirmation d'une conversion massive des Juifs à la fin des temps sont-ils contraires à l'enseignement de l'Ecriture?
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4) En quoi cette doctrine vous paraît-elle dangereuse?
4. LA RESURRECTION DES MORTS
La résurrection des morts, qui est pour les croyants une résurrection glorieuse pour la vie éternelle, constitue la conséquence de la résurrection spirituelle que fut leur conversion. Ils sont passés par la foi en leur Sauveur de la mort à la vie (Jean 5:24; 11:25.26) et devenus ainsi participants de la vie éternelle. La mort physique, conséquence temporelle du péché, est le processus nécessaire parce que voulu par Dieu, par lequel leur corps sera libéré définitivement de l'emprise du péché et rendu participant de la victoire finale sur la mort.
L'enseignement de la Bible:
La résurrection des morts était déjà enseignée dans l'Ancien Testament, quoique moins clairement que dans le Nouveau Testament, aussi vrai que Jésus-Christ a pu dire aux sadducéens qui rejetaient cette doctrine: "Pour ce qui est de la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit: Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob? Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants" (Matthieu 22:31.32). Job confesse, il est vrai dans un texte dont la traduction n'est pas facile: "Je sais que mon rédempteur est vivant et qu'il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite, il se lèvera. Quand je n'aurai plus de chair, je verrai Dieu. Je le verrai et il me sera favorable. Mes yeux le verront et non ceux d'un autre. Mon âme languit au-dedans de moi" (Job 19:25-27). "Que tes morts vivent! Que mes cadavres se relèvent! Réveillez-vous et tressaillez de joie, habitants de la terre! Car ta rosée est une rosée vivifiante, et la terre redonnera le jour aux ombres", s'écrie le prophète (Esaïe 26:19). Daniel prophétise en ces termes: "Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte éternelle" (Daniel 12:2). De même Osée, en un texte que l'apôtre Paul reprendra en son temps: "Je les rachèterai de la puissance du séjour des morts, je les délivrerai de la mort. O mort, où est ta peste, séjour des morts, où est ta destruction" (Osée 13:14). Cf. encore la vision des ossements dans Ezéchiel 37:1-14.
La promesse de la victoire sur la mort culmine dans l'Ancien Testament dans cet oracle extraordinaire: "L'Eternel prépare à tous les peuples, sur cette montagne, un festin de mets succulents, un festin de vins vieux, de mets succulents, pleins de moelle, de vins vieux, clarifiés. Et sur cette montagne il anéantit le voile qui voile tous les peuples, la couverture qui couvre toutes les nations, et il anéantit la mort pour toujours" (Esaïe 26:6-8).
Sur ce point comme sur tant d'autres, le Nouveau Testament est encore beaucoup plus clair et plus précis que l'Ancien. C'est qu'il a plu à Dieu de se révéler progressivement et de lever en plusieurs phases le voile sur son plan de salut. Voici les principaux textes: "L'heure vient où ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement" (Jean 5:28.29). "La volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde rien de ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au denier jour. La volonté de mon Père, c'est que quiconque voit le Fils de Dieu et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour" (Jean 6:39.40). Les apôtres annonçaient "en la personne de Jésus la résurrection des morts" (Actes 4:1.2). C'est à cause de son espérance et de la "résurrection des morts" que Paul affirme être mis en jugement (Actes 23:6). "Dieu qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance" (1 Corinthiens 6:14). Christ ressuscité des morts "est les prémices de ceux qui sont morts" (1 Corinthiens 15:22). Et nous n'oublierons pas cette magnifique parole prononcée par le Seigneur au moment où il se rendit à la tombe de Lazare: "Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort, et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais" (Jean 11:25.26). Cf. encore Luc 14:13.14; Actes 17:18; 24:14.15; 26:8; Romains 4:17; 8:11; 2 Corinthiens 4:13.14; 1 Thessaloniciens 4:14.16; Hébreux 11:19; Apocalypse 20:13.
Le lien entre l'oeuvre du Christ et la résurrection des croyants est évident. De même que la mort est le salaire du péché, de même la vie éternelle à laquelle on accède par la résurrection est le don gratuit de Dieu en Jésus-Christ (Romains 6:23). C'est en lui que nous est donnée la victoire (1 1 Corinthiens 15:54), car c'est lui qui "a détruit la mort et mis en évidence la vie et l'immortalité par l'Evangile" (2 Timothée 1:10). C'est par la foi en lui qu'on a part à sa vie (Jean 11:25.26). Sa résurrection est le fondement de la nôtre (1 Corinthiens 15:16.17), car elle établit qu'en lui nous sommes justifiés par la foi (Romains 4:25). Parce qu'il est ressuscité et qu'il intercède pour nous, personne ne peut nous condamner (Romains 8:34). Il est les "prémices" de ceux qui sont morts dans la foi, la première gerbe d'une moisson pour la vie éternelle (1 Corinthiens 15:20.22.23), le "premier-né d'entre les morts" (Colossiens 1:18).
Les modalités de la résurrection:
A l'inverse de ce que prétendent la plupart des théologiens actuels, la Bible enseigne avec toute la clarté voulue que la résurrection finale sera une résurrection corporelle. Jésus dit, et ce n'est pas une simple figure de style, que "les morts entendront la voix du Fils de Dieu", que "ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et en sortiront" (Jean 5:25.28). Nous attendons selon Paul "la rédemption de notre corps", c'est-à-dire sa délivrance finale (Romains 8:23). "Si l'Esprit qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels" (Romains 8:11). Ailleurs, l'apôtre précise: "Il transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire, par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses" (Philippiens 3:21). Ce qui est semé dans la terre ressuscitera (1 Corinthiens 15:44). Quant à ceux qui seront vivants au jour de la résurrection, ils seront eux aussi "transformés" (1 Corinthiens 15:50).
Jésus-Christ ne donnera pas aux siens des corps nouveaux, des corps éthérés et spirituels, ce qui pour les théologiens modernes signifie immatériels, mais rendra la vie aux cadavres ensevelis sous terre et les glorifiera. C'est avec son corps matériel, mais glorifié, qu'il est monté au ciel. C'est avec des corps semblables au sien que les croyants ressusciteront et fêteront leur ascension. "Il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel" (1 Corinthiens 15:44). "Spirituel" ne veut pas dire immatériel, mais glorifié, soustrait au mode d'existence actuel, un corps qui, comme celui du Christ ressuscité, n'est plus assujetti aux lois de la nature. Un corps qui ne souffrira plus; en effet, "il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleurs, car les premières choses ont disparu" (Apocalypse 21:4). La question de savoir si Dieu est capable d'un tel miracle, capable de rassembler et de revivifier ce qui reste des cadavres des hommes ne se pose même pas pour un chrétien.
On a souvent opposé à la doctrine de la résurrection corporelle le texte suivant de l'apôtre Paul: "La chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu" (1 Corinthiens 15:50). Pourtant "la chair et le sang" du Christ l'ont hérité, à moins que, comme on le fait bien souvent, on ne nie sa résurrection corporelle et qu'on n'affirme que sa tombe n'était pas vide! En fait, dans ce texte l'expression "chair et sang" ne désigne pas le corps humain dans sa matérialité, avec ses composants chimiques, mais le corps humain dans sa condition actuelle, souillé et dénaturé par le péché, éphémère, mortel et corruptible. Il est évident que ce n'est pas avec un tel corps que les chrétiens ressusciteront.
Le corps de la résurrection sera incorruptible et immortel, définitivement soustrait au vieillissement et à la mort: "Le corps est semé corruptible, il ressuscite incorruptible... Il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité et que ce corps mortel revête l'immortalité. Lorsque ce corps corruptible aura revêtu l'incorruptibilité et que ce corps mortel aura revêtu l'immortalité, alors s'accomplira la parole qui est écrite: La mort est engloutie dans la victoire" (1 Corinthiens 15:42.54). Ailleurs, la Bible dit de notre héritage qu'il ne peut "ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir" (1 Pierre 1:4).
Le corps de la résurrection sera revêtu de beauté, de clarté, de majesté et de gloire: "Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude comme les étoiles à toujours et à perpétuité" (Daniel 12:2; 1 Corinthiens 15:41). "Les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père", dit Jésus (Matthieu 13:43). Le corps "est semé méprisable, il ressuscite glorieux", conclut saint Paul (1 Corinthiens 15:43). Cette beauté et cette gloire échappent à toute description. C'est pourquoi la Bible, tentant de la décrire, ne peut le faire que négativement, quand elle dit qu'il n'y aura plus de larmes, ni de souffrances, ni de mort. Aussi n'avons-nous pas à spéculer sur ce qui n'est pas révélé ni à chercher des réponses aux questions auxquelles Dieu n'a pas voulu répondre. Leçon à la fois d'humilité et de confiance! Mais aussi une grandiose invitation à la persévérance, à l'espérance et à la joie.
La description que nous venons de donner du corps de la résurrection concerne bien évidemment le corps des chrétiens, et non celui des incroyants. Ces derniers ressusciteront pour le jugement et seront couverts de honte et de remords. Leur résurrection ne se fondera pas sur celle du Christ et ne sera pas une victoire sur la mort, mais le moyen de les faire comparaître devant leur Juge.
Questions de révision et exercices:
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1) Connaissez-vous des textes de l'Ancien Testament affirmant la résurrection des morts?
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2) Pouvez-vous citer de mémoire trois textes du Nouveau Testament affirmant que les morts ressusciteront, et en trouver quelques autres, au besoin avec une concordance?
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3) Quel est dans le Nouveau Testament le grand chapitre sur la résurrection?
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4) Quel est le rapport entre la résurrection de Jésus-Christ et celle des croyants?
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5) Pourquoi croyons-nous en une résurrection corporelle?
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6) Quelles sont les principales caractéristiques du corps de la résurrection?
5. LA FIN DU MONDE
Le monde dont le sol a été maudit à cause du péché de l'homme (Genèse 3:17-19) participe à la destinée de celui-ci. Il vieillit, se flétrit avec tout ce qu'il renferme et s'achemine vers sa perte. Tel quel, il ne peut pas subsister éternellement, mais doit disparaître. C'est ce qu'enseigne la Bible, quand elle dit que les cieux, ouvrage des mains divines, "s'useront comme un vêtement" et que Dieu les "changera comme un habit", alors qu'il reste, quant à lui, éternellement le même (Psaume 102:26.27; Esaïe 34:4; 51:6). Déjà dans l'Ancien Testament, le Seigneur avait promis par la bouche des prophètes qu'il créerait "de nouveaux cieux et une nouvelle terre" (Esaïe 65:17). La Bible parle des "derniers jours" (Actes 2:17), de la "fin des jours" (Esaïe 2:2), de la "'fin du monde" (Matthieu 13:40); 28:20), de la "fin des siècles" (1 Corinthiens 10:11; Hébreux 9:26), de la "fin de toutes choses" (1 Pierre 4:7), du "temps du rétablissement de toutes choses" (Actes 3:21), de la "fin" tout court (1 Corinthiens 15:24). "La figure de ce monde passe" (1 Corinthiens 7:31), "le monde passe" (1 Jean 2:17). Les choses visibles sont dites "passagères", tandis que les invisibles sont "éternelles" (2 Corinthiens 4:18).
Par ailleurs, il est question dans l'Ecriture du "monde à venir" (Hébreux 2:5), des "nouveaux cieux et de la nouvelle terre" (Esaïe 65:17). "Les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les oeuvres qu'elle renferme sera consumée... Mais nous, nous attendons selon sa promesse de nouveaux cieux et une nouvelle terre" (2 Pierre 3:10.13). "Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre avaient disparu et la mer n'était plus. Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s'est parée pour son époux" (Apocalypse 21:1). Cf. encore Hébreux 12:26; Apocalypse 6:12-14; 20:11, et de nombreux autres textes.
La Bible précise que le feu sera l'agent de la destruction et de la fin du monde: "Les cieux et la terre d'à présent sont gardés et réservés pour le feu" (2 Pierre 3:7). "Les éléments embrasés se dissoudront et la terre avec les oeuvres qu'elle renferme sera consumée" (2 Pierre 3:10). Cependant nous ne pouvons pas préciser la nature de ce feu ni le genre de combustion qu'il produira. Il nous est impossible de savoir s'il s'agit d'un feu naturel ou si ce feu est l'image d'une destruction que Dieu opérera d'une autre façon.
Quant aux modalités de la fin du monde, la Bible dit parfois que "la terre et le ciel s'enfuiront" (Apocalypse 16:20), qu'ils "passeront" (Luc 21:33; 1 Corinthiens 7:31; 2 Pierre 3:10; 1 Jean 2:17), "périront" (Psaume 102:26) ou "s'évanouiront" (Esaïe 51:6). On aurait envie d'en conclure que le monde créé cessera d'exister. Cependant d'autres passages annoncent la création de "nouveaux cieux" et d'une "nouvelle terre" (Esaïe 65:17; 66:22), tandis qu'un texte comme le suivant indique plutôt que le monde actuel sera, comme le corps ressuscité des croyants, délivré et transformé: "La création a été soumise à la vanité, non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise, avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu" (Romains 8:20.21). Selon ce texte, il y aura continuité entre la création actuelle et celle à venir, moyennant une libération et une métamorphose glorieuse. Le monde sera rétabli dans l'ordre primitif. Il connaîtra à nouveau la condition qui avait été la sienne avant la chute. On se gardera toutefois d'en conclure que tous les éléments de la création actuelle seront préservés. Il n'y aura par exemple dans l'univers nouveau ni soleil ni lune, car "l'Eternel sera ta lumière à toujours" (Esaïe 60:19). La Jérusalem céleste n'aura plus besoin de luminaires, car "la gloire de Dieu l'éclaire et l'Agneau est son flambeau" (Apocalypse 21:23).
Questions de révision et exercices:
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1) Quelle leçon tirer de l'affirmation que le monde va vers sa fin?
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2) En quels termes la Bible parle-t-elle de la fin du monde et que peut-on dire de sûr à ce sujet?
6. LE JUGEMENT
L'enseignement de la Bible:
On a l'habitude d'appeler ce jugement le jugement dernier, par opposition à d'autres jugements divins qui frappent ce monde, tels que le déluge, la destruction de Sodome et de Gomorrhe, l'exil d'Israël à Babylone, la destruction de Jérusalem, et tant d'autres encore, notamment les guerres.
"Il y a un jour pour l'Eternel des armées contre tout homme orgueilleux et hautain, contre quiconque s'élève, afin qu'il soit abaissé" (Esaïe 2:12.19). C'est le "jour de l'Eternel..., jour cruel, jour de colère et d'ardente fureur qui réduira la terre en solitude et en exterminera les pécheurs" (Esaïe 13:9-11), le "grand jour de l'Eternel", "jour grand et terrible" (Joël 2:29-32), jour où Yahvé entrera en jugement avec les nations (Joël 3:1.2.12-16). Cf. encore Esaïe 34:2-10; 66:15; Malachie 4:1-3.
A l'aube de l'alliance nouvelle, Jean-Baptiste disait du Christ: "Il a son van à la main. Il nettoiera son aire et il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint point" (Matthieu 3:12). Ce jour-là, "le Fils de l'homme enverra ses anges qui arracheront de son royaume tous les scandales et tous ceux qui commettent l'iniquité, et ils les jetteront dans la fournaise ardente où il y aura des pleurs et des grincements de dents" (Matthieu 13:40-42). "Il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents depuis une extrémité des cieux jusqu'à l'autre" (Matthieu 24:31), et "rendra à chacun selon ses oeuvres" (Matthieu 16:27). Cf. encore Marc 8:38; Luc 17:24; 21:36.
L'Ecriture précise que le jugement du monde a été confié à Jésus-Christ, le Sauveur que Dieu lui a donné: "Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père... Il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu'il est le Fils de l'homme" (Jean 5:22.23.27). Les apôtres sont chargés d'attester que le Christ "a été établi par Dieu juge des vivants et des morts" (Actes 10:42). "Dieu a fixé un jour où il jugera le monde avec justice, par l'homme qu'il a désigné, ce dont il nous a donné une preuve certaine, en le ressuscitant des morts" (Actes 17:30). Il est normal que celui qui est venu racheter le monde au prix de son sacrifice soit aussi chargé de le juger. Le jugement final fait partie de la mission qui lui a été confiée. Cf. encore Jean 12:48; Romains 14:10; 1 Corinthiens 4:5; 2 Corinthiens 5:10; 2 Timothée 4:1.7.8.; Hébreux 9:27; 1 Pierre 4:5; 2 Pierre 2:4.9; Apocalypse 20:11.12.15; 2:12.
Ailleurs, la Bible précise encore que les apôtres jugeront Israël (Matthieu 19:28) ou que les "saints" participeront au jugement du monde (1 Corinthiens 6:2).
La norme du jugement:
Le jugement final sera le dernier acte accompli par le Christ dans la mission qui lui a été confiée. Il ne fait pas partie de la rédemption proprement dite, mais en constitue le sceau divin. Il consistera dans la condamnation des incrédules et dans la délivrance et le salut des croyants. La Bible enseigne que ces derniers ne seront pas jugés: "Celui qui croit en lui n'est pas jugé" (Jean 3:18). "Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné" (Marc 16:16). Et pourtant nous devons tous comparaître devant son trône (2 Corinthiens 5:10; Hébreux 9:27). C'est que le mot "jugement" peut être employé de deux façons différentes. Il peut désigner la simple comparution devant le trône divin ou bien le verdict de condamnation qui sera prononcé. Il est clair que les croyants seront jugés dans le premier sens du terme, mais pas dans le second.
L'Ecriture enseigne par ailleurs que leurs péchés ne seront pas mentionnés. Ils ne sont même pas évoqués dans la célèbre scène du jugement, Matthieu 25:31-46. C'est que lorsque Dieu pardonne le péché, il ne se souvient plus de lui: "C'est moi qui efface tes transgressions pour l'amour de moi, et je ne me souviendrai plus de tes péchés" (Esaïe 43:25). Le péché n'a plus de pouvoir sur celui qui est sous la grâce (Romains 6:14). Plus rien ne peut l'accuser ni le condamner (Romains 8:1.33.34). Le péché pardonné est jeté "au fond de la mer" (Michée 7:19).
La foi seule sauve et l'incrédulité condamne. Mais ne seront évoquées au jour du jugement que les oeuvres des hommes. "Dieu rendra à chacun selon ses oeuvres" (Romains 2:6; Apocalypse 2:23). Ils seront jugés "selon leurs oeuvres" (Apocalypse 20:12). Chacun recevra "selon le bien ou le mal qu'il aura fait, étant dans son corps" (2 Corinthiens 5:10). Les hommes sont sauvés par la foi ou condamnés par leur incrédulité, et cependant ils seront jugés selon leurs oeuvres. Les deux affirmations paraissent contradictoires et sont quelque peu difficiles à harmoniser. En fait, la séparation des brebis et des boucs aura lieu avant que ne soient évoquées les oeuvres des uns et des autres (Matthieu 25:32-34). Elle se fera donc selon un autre critère que les oeuvres, le critère de la foi ou de l'incrédulité. Les oeuvres seront évoquées simplement pour rendre le jugement divin évident. La foi et l'incrédulité du coeur ne sont pas visibles à l'oeil humain. Il importe donc que le Christ démontre l'équité de son verdict. Aussi les bonnes oeuvres des croyants ont-elles pour mission d'attester qu'ils ont vécu dans la foi et en ont porté les fruits, tandis que les mauvaises oeuvres des incrédules témoigneront qu'ils n'ont pas cru en Dieu et que son Esprit ne les a pas gouvernés. Quant au bien que font les incroyants, il ne constitue pas un réel accomplissement de la Loi divine et ne leur mérite en aucune façon le pardon. Inversement, les mauvaises oeuvres que les croyants ont pu commettre encore par faiblesse leur sont pardonnées au nom du Christ et ne seront donc même pas évoquées.
Le jugement divin poursuit ainsi plusieurs buts. Il doit tout d'abord manifester visiblement que Jésus-Christ est l'auteur du salut et celui dont Dieu a fait le Chef de l'Eglise et le Seigneur de l'univers. Il est chargé ensuite d'attester à la fois la justice et la miséricorde de Dieu. La justice, car il convient que Dieu châtie le pécheur qui l'a ignoré, méprisé voire rejeté pendant sa vie et violé sa Loi. La miséricorde, car il montrera que le pardon offert en Christ couvre les péchés, délivre et sauve éternellement des hommes qui auraient mérité eux aussi d'être jugés et frappés par la colère divine. "Il est de la justice de Dieu de rendre l'affliction à ceux qui vous affligent et de vous donner, à vous qui êtes affligés, du repos avec nous, lorsque le Seigneur apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d'une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n'obéissent pas à l'Evangile de notre Seigneur Jésus... Ainsi le nom de notre Seigneur Jésus sera glorifié en vous, et vous serez glorifiés en lui, selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus-Christ" (2 Thessaloniciens 1:6-8.10.12).
L'annonce du jugement à venir fait partie de l'enseignement qui a été confié à l'Eglise. Elle occupe dans la prédication chrétienne une place capitale. Elle démontre en effet plusieurs choses:
- la nécessité de la repentance et de la foi en Christ qui seules préservent de la colère à venir (Jean 3:36; 5:24);
- l'importance d'une vie pieuse et des oeuvres chrétiennes (Matthieu 25:31-46; Romains 2:6; 2 Corinthiens 5:10; Apocalypse 2:23; 20:12);
- la nécessité de la patience et de la persévérance dans la foi, sans se décourager par l'injustice qui règne dans le monde et dont les chrétiens sont souvent victimes: "Soyez donc patients, frères, jusqu'à l'avènement du Seigneur... Vous aussi, soyez patients, affermissez vos coeurs, car l'avènement du Seigneur est proche" (Jacques 5:7; cf. encore Psaume 73:16.17; Luc 21:28; 2 Thessaloniciens 1:5-8);
- les dangers de l'impiété et de l'incrédulité (Matthieu 10:14.15; Jean 12:48; Romains 2:5.6; Hébreux 190:26.27);
- l'importance qu'il y a à fuir le péché (Matthieu 12:36; Jean 5:29), à renoncer à tout jugement prématuré et à toute vengeance (1 Corinthiens 4:3.4; Deutéronome 32:35; Romains 12:19; Hébreux 10:30; Apocalypse 22:12) et, pour le ministre de l'Evangile, à être fidèle dans l'exercice de son ministère (1 Corinthiens 2:12-15).
Questions de révision et exercices:
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1) Quel est selon vous le rapport entre les jugements de Dieu dans l'histoire et le jugement final?
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2) Pourquoi Dieu a-t-il confié à son Fils le soin de juger les hommes?
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3) Comment concilier la doctrine biblique selon laquelle seule la foi sauve et l'affirmation que le jugement aura lieu selon les oeuvres?
7. LA CONDAMNATION ETERNELLE
La notion d'un jugement et d'un châtiment dans l'au-delà fait partie de la connaissance naturelle de Dieu. Jusqu'à l'avènement de l'athéisme, qui est un phénomène relativement récent dans l'histoire de l'humanité, les hommes croyaient en une rétribution après la mort, dans le châtiment des méchants et la récompense des bons. Cette vérité est un élément incontournable de la foi chrétienne.
L'enfer existe:
La Bible enseigne que les incrédules et les impies seront châtiés éternellement. Capernam sera, en raison de son incrédulité, "abaissée jusqu'au séjour des morts" (Matthieu 11:23). Celui-ci ne prévaudra pas contre l'Eglise du Christ (Matthieu 16:18). Le mauvais riche de l'Evangile y connut souffrances et tourments (Luc 16:23.24.28). Dans tous ces textes, le mot "hadès" aurait dû être traduit par "enfer" et non par "séjour des morts".
Mais l'Ecriture emploie encore un autre terme pour désigner ce lieu, le mot "géhenne" qui provient du nom donné à un ravin à proximité de Jérusalem, la vallée de Hinnom où on avait immolé jadis des enfants au dieu Moloc et commis d'autres atrocités. L'endroit devint symbole de péché et de malédiction, et son nom finit par désigner le lieu du châtiment éternel. Jésus parle souvent de la "géhenne" ou du "feu de la géhenne" (Matthieu 5:22.29; 18:9; Jacques 3:6), "feu qui ne s'éteint point" (Marc 9:43.47). Dieu y fait périr corps et âme (Marc 10:28; Luc 12:5).
Il est question encore des "ténèbres du dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents" (Matthieu 8:12; 22:13; 24:51), de la porte large et
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