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Sermon Hébreux 12 v 1 à 12. Diacre Frédéric Braeunig
Sermon prêché par M. Pascal Boos.
Je vous propose deux trois extraits qui me semblent représentatifs de notre texte : «... courons avec endurance l'épreuve qui nous est proposée. Gardons les yeux fixés sur Jésus. »
Autre extrait : « Supportez vos souffrances, elles servent à vous corriger. C'est en fils que Dieu vous traite. » Et un dernier : « ...une correction a pour fruit, chez ceux qui ont été formés, une vie juste, vécue dans la paix ».
Je crois que ces trois extraits sont les plus importants dans notre texte.
Ce résumé montre d'ailleurs ce qu'est l'ensemble de cette épître aux Hébreux : une épître d'encouragement. Et pour encourager, pour nous encourager, l'auteur se sert, dans le chapitre précédent, d'hommes forts dans la foi : des exemples qu'il trouve dans l'Ancien Testament. Les victoires par la foi de ces Noé, Abraham, Isaac, Joseph et autres Moïse ont été racontées dans la Bible pour nous encourager. Mais le meilleur exemple, le plus grand, qu'il puisse finalement donner, c'est Jésus lui-même. « Gardons les yeux fixés sur Jésus » dit-il. Ce Jésus qui est un modèle de persévérance comme l'auteur nous le dit au chapitre 4 : « ..., nous n'avons pas un grand-prêtre qui serait incapable de se sentir touché par nos faiblesses. Au contraire, il a été tenté en tous points comme nous le sommes, mais sans commettre de péché. » (Pause)
Fixer nos yeux vers Jésus, bien des textes de la Bible nous y encouragent, mais notre extrait de ce matin le fait de façon tout à fait originale. Il parle de la vie chrétienne comme d'une course. Alors je vous propose de suivre cette comparaison, et de nous immerger le temps de ce sermon, dans le monde du sport.
Et on pourra constater tout au long du texte que :
Les chrétiens sont des sportifs bizarres mais tous champions du monde.
D'abord la course a été remportée par un autre mais c'est à eux que revient la victoire, puis nous verrons pourquoi, malgré cette victoire certaine, les chrétiens s'entraînent quand même.
Et pour finir, le texte nous dira comment nous devons nous entraîner. (PAUSE).
I
Une course remportée par Jésus, mais la médaille est pour nous. Dans cette première partie nous verrons ce qu'est cette course, qui sont les adversaires, ce qu'on y gagne, comment le directeur de course l'a organisée, et qui est la star dans cette course.
Qu'est-ce que c'est que cette course ? « Courons avec endurance l'épreuve qui nous est proposée ». Ce n'est pas de la course à pied ou du saut en hauteur. Cette épreuve c'est le combat entre le vieil homme et le nouvel homme. L'un nous dit que ce n'est pas la peine de s'entraîner en lisant la Bible ou en priant régulièrement. Alors que l'autre veut nous consoler par la Parole de Dieu, nous donner des muscles raffermis et fortifiés par une vitamine infaillible, le Saint-Esprit. Ce Saint-Esprit seul peut donner une foi à toute épreuve, la certitude de vaincre ce combat entre nouvel homme et vieil homme, et la force pour mener une vie sainte.
Quels sont les adversaires ? Le vieil homme et le nouvel homme. Je vous propose de nous rappeler qui ils sont avec le petit catéchisme. Qu'est-ce que le vieil homme ? Le vieil homme est la nature pécheresse qui depuis la chute d'Adam nous est transmise à notre naissance. Qu'est-ce que le nouvel homme ? Le nouvel homme est la nouvelle vie spirituelle, que le Saint-Esprit crée en nous par le baptême. Cette course, c'est donc la course entre ses deux hommes. Et il faut s'entraîner pour que le nouvel homme reste toujours loin devant.
Que peut-on gagner dans cette course ? Pas la gloire éphémère d'avoir terminé devant un copain, mais la gloire éternelle. Pas de médaille, mais une joie éternelle qui couronnera notre tête comme le dit Esaïe. Pas de crampes ou de courbatures mais un Dieu qui essuiera toute larme de nos yeux, comme c'est écrit dans l'Apocalypse. La ligne d'arrivée de cette course, c'est la vie éternelle pour ceux qui auront cru en Jésus. Jésus justement qui nous dit dans Matthieu : « Votre récompense sera grande dans les cieux. »
Oui les chrétiens sont des sportifs pas ordinaires dans une course très spéciale. Mais tout ça, c'est compréhensible quand on sait qu'en plus Dieu, le directeur de course, veut que tout le monde gagne. Et pour que tout le monde gagne, il s'est donné les moyens d'y arriver. Il a envoyé son propre Fils pour qu'il lutte jusqu'à la mort ; et il a vaincu.
Nous arrivons au dernier point de cette première partie : qui est la star dans cette course ?
Vous le savez dans le monde du sport il y a des stars qui sont littéralement adorés par les fans. Federer, Riberri, ou les nageurs de l'équipe de France, tous ces héros d'un jour, d'une victoire, sont régulièrement à la télé. Nous, par la force des choses, en regardant la télé, on garde les yeux fixés sur Federer, sur Riberri et les autres. (Pause).
Fixer les regards. C'est exactement ce que nous demande de faire l'auteur de la lettre aux Hébreux, mais fixer les regards sur le Fils de Dieu, pas vers de simples hommes. Fixer le regard vers celui qui a triomphé de la mort et de la puissance du diable. Le trophée qu'il a acquis, c'est notre justice et notre sainteté aux yeux de Dieu. Ce trophée le Christ ne l'a pas gardé pour lui, il n'en avait pas besoin, il l'a donné aux hommes, à tous les hommes qui croient en lui.
Heureusement que cet athlète complet et parfait, sans péché, a combattu pour nous. Lui seul pouvait aller au bout de cette course. Nous autres éclopés, chargés de nos fautes, nous n'aurions rien pu faire ni rien mériter. Jésus a gagné la course pour nous, louons Dieu pour cette victoire sur la mort ! Cette victoire-là mériterait bien plus les premières pages des journaux que les matchs de foot. Fixons peut-être un peu moins les stars du petit écran pour fixer plus Jésus, dans son écran de lumière qu'est la Bible. (PAUSE).
II
Nous autres chrétiens, nous sommes des sportifs bizarres. Notre course a été remportée par un autre, par Jésus, mais c'est à nous que revient la victoire du salut. Nous sommes tous champions du monde de justice et de sainteté sans avoir rien fait pour.
Nous sommes des sportifs d'autant plus bizarres que notre entraîneur céleste, Dieu, nous demande de nous entraîner malgré notre victoire assurée.
Dieu veut que nous nous entraînions malgré tout. Dans cette deuxième partie, nous verrons pourquoi le chrétien doit s'entraîner. Notre texte nous donne 4 raisons.
Une chose est certaine : Dieu ne nous demande pas de nous entraîner pour essayer de mériter quelque chose, pour essayer de courir après notre salut. Jésus a gagné pour nous, par grâce et entièrement. Saint-Paul le rappelle aux Romains : « Si c'est par grâce ce n'est plus par les œuvres, autrement la grâce n'est plus une grâce. Tous ceux qui croient en Jésus, sont sur la première place du podium, d'office. Et c'est un grand podium, il y a de la place pour tous. Alors pourquoi s'entraîner ?
Première raison : verset 3 de notre texte, « ...pour que vous ne vous laissiez pas abattre par le découragement. » L'auteur parle ici à des chrétiens qui ont à subir des persécutions, qui sont tentés de revenir au judaïsme. Ce ne sont peut-être pas exactement nos problèmes, mais nous, nous en avons d'autres, qui risquent aussi de nous décourager.
Ne plus voir l'amour de Dieu pour nous, considérer que tout ce que nous possédons est normal, se désintéresser des activités de l'Eglise, le culte en particulier. Plus que le découragement, c'est peut-être l'indifférence et la tiédeur qui nous guette. C'est vrai le péché ne nous condamne plus, mais il est encore en nous. Chaque jour nous avons besoin de forces nouvelles pour notre combat avec le mal et la tentation. Alors entraînons-nous en gardant les yeux fixés sur Jésus.
Pourquoi s'entraîner, deuxième raison : verset 7 « Supportez vos souffrances : elles servent à vous corriger. » Nous devons nous entraîner pour être fort dans les épreuves. Des épreuves qui viennent de Dieu, oui. « Mon fils, ne prends pas à la légère la correction du Seigneur et ne te décourage pas lorsqu'il te reprend ».
Ses épreuves veulent nous faire grandir dans la foi, nous montrer que nous avons besoin d'entraîner tous les jours notre connaissance de la Parole de Dieu, notre vie de prière et de repentance. Alors entraînons-nous en gardant les yeux fixés sur Jésus.
Pourquoi s'entraîner, troisième raison de notre texte : « pour vivre une vie juste, vécue dans la paix, » verset 11. Nous devons nous entraîner tout simplement parce que Dieu veut que nous obéissions à ses commandements. Ses commandements permettent d'avoir la paix dans son cœur, notre Père nous le promet. La paix est un don précieux pour les enfants de Dieu, c'est la tranquillité, le repos, le calme intérieur de celui qui a la certitude, d'être sauvé et d'être en accord avec la volonté de Dieu. Que Dieu nous donne à tous cette paix, n gardant les yeux fixés sur Jésus.
Une dernière raison nous pousse à nous entraîner, elle se trouve dans le verset suivant notre extrait : « Faites tous vos efforts pour être en paix avec tout le monde, et pour mener une vie de plus en plus sainte, sans laquelle nul ne verra le Seigneur. » Oui Dieu menace celui qui vit dans le péché, il ne verra pas le Seigneur. Il le menace pour qu'il voie le mal qu'il fait et pour qu'il s'en repente. Alors à tout homme repentant, Dieu accorde le pardon, toujours, complètement. La vie de plus en plus sainte que nous pouvons vivre ensuite permet donc de témoigner de notre foi. Plus nous serons saints, plus nous rayonnerons autour de nous l'amour de Dieu pour tous les hommes. Entraînons-nous, souvent, pour être des témoins de plus en plus efficaces de notre Seigneur Jésus-Christ. (PAUSE).
III
Mais comment s'entraîner efficacement ? Nous avons vu que la victoire est déjà obtenue, que nous ne pouvons en rien y collaborer mais qu'il faut s'entraîner pour ne pas se décourager et vivre de plus en plus saintement. Voyons dans cette dernière partie quelle est la meilleure technique pour être en forme dans notre foi, comment s'entraîner.
La technique préconisée est de fixer Jésus, de travailler notre endurance, et de se débarrasser du péché.
Premier exercice : Fixer Jésus. Comme un garçon qui va travailler dur à l'entraînement de tennis en ne manquant aucun match de Roger Federer, son modèle. Sauf que pour nous, le modèle, c'est Jésus et que nous, nous n'arriverons jamais à sa cheville. Lui seul pouvait combattre et vaincre la mort.
L'autre différence de taille avec notre petit joueur de tennis, c'est que la victoire de Jésus est pour nous, c'est nous qui recevons la médaille d'enfants de Dieu et la coupe de tous les saints.
Fixons Jésus, comme un modèle de foi et d'amour. C'est dans la Bible que nous le trouverons et où nous pourrons le fixer, pour toujours mieux le connaître. Parce que nous avons besoin chaque jour de forces nouvelles et c'est Jésus qui nous les donne. Nos vitamines, c'est la Parole de Dieu. Notre magnésium, c'est notre baptême. Nos barres de céréales et notre boisson tonifiante, c'est le corps et le sang de notre Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Cène. Prions le Saint-Esprit tous les jours, pour qu'il nous donne une foi en pleine forme, une foi qui ne s'essouffle pas et qui est capable de déplacer des montagnes en fixant notre modèle, Jésus : le vainqueur de la mort. (Pause).
Deuxième exercice pour s'entraîner efficacement : « courir avec endurance l'épreuve qui nous est proposée ». Un athlète qui veut être endurant travaille régulièrement. Il se fixe des objectifs de performance toujours plus importants et il s'accroche pour les réaliser. Enfin il écoute attentivement les conseils de son coach.
Pour faire grandir notre foi, avec endurance, prions, allons au culte, à la sainte Cène, aux études bibliques et lisons la Bible régulièrement. Fixons-nous des objectifs de sainteté toujours plus hauts et soyons en liaison fréquente par la prière avec notre manager, le Saint-Esprit. Lui aura toujours les bons mots pour nous motiver. Alors notre foi s'accrochera, elle ne doutera pas, ne se découragera pas et portera du fruit en abondance.
Dernier exercice que nous demande notre texte : « ...débarrassons-nous de tout fardeau, et du péché qui nous cerne si facilement de tous côtés,... ».
Je trouve que l'auteur de l'épître aux Hébreux a trouvé là une image qui illustre vraiment bien ce qu'est le péché dans notre vie de chrétien : un fardeau.
Comme un sac de pavés que l'on se mettrait sur le dos avant de courir un marathon. Se débarrasser de ce sac de pavé n'est pas facile, le verset 4 nous le rappelle : « Vous n'avez pas encore résisté jusqu'à la mort dans votre lutte contre le péché ». Mais ce verset veut aussi nous consoler en nous rappelant que Dieu est notre Père, qu'il est à nos côtés pour nous encourager. Et quand, parfois, il nous reprend, ce n'est que dans notre intérêt, pour toujours faire grandir notre foi. (PAUSE).
Les chrétiens sont des sportifs bizarres mais tous champions du monde.
D'abord la course a été remportée par un autre mais c'est à eux que revient la victoire.
En plus ils s'entraînent quand même. Mais cet entraînement a de bonnes raisons, il doit éviter que nous nous découragions et perdions la foi, il doit nous permettre, d'être fort malgré les épreuves et de vivre toujours plus saintement.
Enfin ce texte donne la recette pour s'entraîner efficacement : en fixant Jésus-Christ, en courant avec endurance, et en se débarrassant du péché.
Que Dieu nous donne d'être des coureurs de fond endurants, qui iront jusqu'à la ligne d'arrivée auprès de notre Père céleste, au nom de Jésus-Christ qui a vaincu pour nous. Amen !
« Chantez en l'honneur de l'Eternel avec reconnaissance, célébrez notre Dieu avec la harpe !
Il couvre le ciel de nuages, il prépare la pluie pour la terre, il fait pousser l'herbe sur les montagnes.
Il donne la nourriture au bétail et aux petits du corbeau quand ils crient.
Ce n'est pas la vigueur du cheval qu'il apprécie, ce n'est pas aux mollets de l'homme qu'il prend plaisir :
L'Eternel prend plaisir en ceux qui le craignent, en ceux qui s'attendent à sa bonté. »
Introït du 12e dimanche après la trinité, Ps 147.7-11
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Sermon Hébreux 12 v 1 à 12. Diacre Frédéric Braeunig
Sermon prêché par M. Pascal Boos.
Je vous propose deux trois extraits qui me semblent représentatifs de notre texte : «… courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée. Gardons les yeux fixés sur Jésus. »
Autre extrait : « Supportez vos souffrances, elles servent à vous corriger. C’est en fils que Dieu vous traite. » Et un dernier : « …une correction a pour fruit, chez ceux qui ont été formés, une vie juste, vécue dans la paix ».
Je crois que ces trois extraits sont les plus importants dans notre texte.
Ce résumé montre d’ailleurs ce qu’est l’ensemble de cette épître aux Hébreux : une épître d’encouragement. Et pour encourager, pour nous encourager, l’auteur se sert, dans le chapitre précédent, d’hommes forts dans la foi : des exemples qu’il trouve dans l’Ancien Testament. Les victoires par la foi de ces Noé, Abraham, Isaac, Joseph et autres Moïse ont été racontées dans la Bible pour nous encourager. Mais le meilleur exemple, le plus grand, qu’il puisse finalement donner, c’est Jésus lui-même. « Gardons les yeux fixés sur Jésus » dit-il. Ce Jésus qui est un modèle de persévérance comme l’auteur nous le dit au chapitre 4 : « …, nous n’avons pas un grand-prêtre qui serait incapable de se sentir touché par nos faiblesses. Au contraire, il a été tenté en tous points comme nous le sommes, mais sans commettre de péché. » (Pause)
Fixer nos yeux vers Jésus, bien des textes de la Bible nous y encouragent, mais notre extrait de ce matin le fait de façon tout à fait originale. Il parle de la vie chrétienne comme d’une course. Alors je vous propose de suivre cette comparaison, et de nous immerger le temps de ce sermon, dans le monde du sport.
Et on pourra constater tout au long du texte que :
Les chrétiens sont des sportifs bizarres mais tous champions du monde.
D’abord la course a été remportée par un autre mais c’est à eux que revient la victoire, puis nous verrons pourquoi, malgré cette victoire certaine, les chrétiens s’entraînent quand même.
Et pour finir, le texte nous dira comment nous devons nous entraîner. (PAUSE).
I
Une course remportée par Jésus, mais la médaille est pour nous. Dans cette première partie nous verrons ce qu’est cette course, qui sont les adversaires, ce qu’on y gagne, comment le directeur de course l’a organisée, et qui est la star dans cette course.
Qu’est-ce que c’est que cette course ? « Courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée ». Ce n’est pas de la course à pied ou du saut en hauteur. Cette épreuve c’est le combat entre le vieil homme et le nouvel homme. L’un nous dit que ce n’est pas la peine de s’entraîner en lisant la Bible ou en priant régulièrement. Alors que l’autre veut nous consoler par la Parole de Dieu, nous donner des muscles raffermis et fortifiés par une vitamine infaillible, le Saint-Esprit. Ce Saint-Esprit seul peut donner une foi à toute épreuve, la certitude de vaincre ce combat entre nouvel homme et vieil homme, et la force pour mener une vie sainte.
Quels sont les adversaires ? Le vieil homme et le nouvel homme. Je vous propose de nous rappeler qui ils sont avec le petit catéchisme. Qu’est-ce que le vieil homme ? Le vieil homme est la nature pécheresse qui depuis la chute d’Adam nous est transmise à notre naissance. Qu’est-ce que le nouvel homme ? Le nouvel homme est la nouvelle vie spirituelle, que le Saint-Esprit crée en nous par le baptême. Cette course, c’est donc la course entre ses deux hommes. Et il faut s’entraîner pour que le nouvel homme reste toujours loin devant.
Que peut-on gagner dans cette course ? Pas la gloire éphémère d’avoir terminé devant un copain, mais la gloire éternelle. Pas de médaille, mais une joie éternelle qui couronnera notre tête comme le dit Esaïe. Pas de crampes ou de courbatures mais un Dieu qui essuiera toute larme de nos yeux, comme c’est écrit dans l’Apocalypse. La ligne d’arrivée de cette course, c’est la vie éternelle pour ceux qui auront cru en Jésus. Jésus justement qui nous dit dans Matthieu : « Votre récompense sera grande dans les cieux. »
Oui les chrétiens sont des sportifs pas ordinaires dans une course très spéciale. Mais tout ça, c’est compréhensible quand on sait qu’en plus Dieu, le directeur de course, veut que tout le monde gagne. Et pour que tout le monde gagne, il s’est donné les moyens d’y arriver. Il a envoyé son propre Fils pour qu’il lutte jusqu’à la mort ; et il a vaincu.
Nous arrivons au dernier point de cette première partie : qui est la star dans cette course ?
Vous le savez dans le monde du sport il y a des stars qui sont littéralement adorés par les fans. Federer, Riberri, ou les nageurs de l’équipe de France, tous ces héros d’un jour, d’une victoire, sont régulièrement à la télé. Nous, par la force des choses, en regardant la télé, on garde les yeux fixés sur Federer, sur Riberri et les autres. (Pause).
Fixer les regards. C’est exactement ce que nous demande de faire l’auteur de la lettre aux Hébreux, mais fixer les regards sur le Fils de Dieu, pas vers de simples hommes. Fixer le regard vers celui qui a triomphé de la mort et de la puissance du diable. Le trophée qu’il a acquis, c’est notre justice et notre sainteté aux yeux de Dieu. Ce trophée le Christ ne l’a pas gardé pour lui, il n’en avait pas besoin, il l’a donné aux hommes, à tous les hommes qui croient en lui.
Heureusement que cet athlète complet et parfait, sans péché, a combattu pour nous. Lui seul pouvait aller au bout de cette course. Nous autres éclopés, chargés de nos fautes, nous n’aurions rien pu faire ni rien mériter. Jésus a gagné la course pour nous, louons Dieu pour cette victoire sur la mort ! Cette victoire-là mériterait bien plus les premières pages des journaux que les matchs de foot. Fixons peut-être un peu moins les stars du petit écran pour fixer plus Jésus, dans son écran de lumière qu’est la Bible. (PAUSE).
II
Nous autres chrétiens, nous sommes des sportifs bizarres. Notre course a été remportée par un autre, par Jésus, mais c’est à nous que revient la victoire du salut. Nous sommes tous champions du monde de justice et de sainteté sans avoir rien fait pour.
Nous sommes des sportifs d’autant plus bizarres que notre entraîneur céleste, Dieu, nous demande de nous entraîner malgré notre victoire assurée.
Dieu veut que nous nous entraînions malgré tout. Dans cette deuxième partie, nous verrons pourquoi le chrétien doit s‘entraîner. Notre texte nous donne 4 raisons.
Une chose est certaine : Dieu ne nous demande pas de nous entraîner pour essayer de mériter quelque chose, pour essayer de courir après notre salut. Jésus a gagné pour nous, par grâce et entièrement. Saint-Paul le rappelle aux Romains : « Si c’est par grâce ce n’est plus par les œuvres, autrement la grâce n’est plus une grâce. Tous ceux qui croient en Jésus, sont sur la première place du podium, d’office. Et c’est un grand podium, il y a de la place pour tous. Alors pourquoi s’entraîner ?
Première raison : verset 3 de notre texte, « …pour que vous ne vous laissiez pas abattre par le découragement. » L’auteur parle ici à des chrétiens qui ont à subir des persécutions, qui sont tentés de revenir au judaïsme. Ce ne sont peut-être pas exactement nos problèmes, mais nous, nous en avons d’autres, qui risquent aussi de nous décourager.
Ne plus voir l’amour de Dieu pour nous, considérer que tout ce que nous possédons est normal, se désintéresser des activités de l’Eglise, le culte en particulier. Plus que le découragement, c’est peut-être l’indifférence et la tiédeur qui nous guette. C’est vrai le péché ne nous condamne plus, mais il est encore en nous. Chaque jour nous avons besoin de forces nouvelles pour notre combat avec le mal et la tentation. Alors entraînons-nous en gardant les yeux fixés sur Jésus.
Pourquoi s’entraîner, deuxième raison : verset 7 « Supportez vos souffrances : elles servent à vous corriger. » Nous devons nous entraîner pour être fort dans les épreuves. Des épreuves qui viennent de Dieu, oui. « Mon fils, ne prends pas à la légère la correction du Seigneur et ne te décourage pas lorsqu’il te reprend ».
Ses épreuves veulent nous faire grandir dans la foi, nous montrer que nous avons besoin d’entraîner tous les jours notre connaissance de la Parole de Dieu, notre vie de prière et de repentance. Alors entraînons-nous en gardant les yeux fixés sur Jésus.
Pourquoi s’entraîner, troisième raison de notre texte : « pour vivre une vie juste, vécue dans la paix, » verset 11. Nous devons nous entraîner tout simplement parce que Dieu veut que nous obéissions à ses commandements. Ses commandements permettent d’avoir la paix dans son cœur, notre Père nous le promet. La paix est un don précieux pour les enfants de Dieu, c’est la tranquillité, le repos, le calme intérieur de celui qui a la certitude, d’être sauvé et d’être en accord avec la volonté de Dieu. Que Dieu nous donne à tous cette paix, n gardant les yeux fixés sur Jésus.
Une dernière raison nous pousse à nous entraîner, elle se trouve dans le verset suivant notre extrait : « Faites tous vos efforts pour être en paix avec tout le monde, et pour mener une vie de plus en plus sainte, sans laquelle nul ne verra le Seigneur. » Oui Dieu menace celui qui vit dans le péché, il ne verra pas le Seigneur. Il le menace pour qu’il voie le mal qu’il fait et pour qu’il s’en repente. Alors à tout homme repentant, Dieu accorde le pardon, toujours, complètement. La vie de plus en plus sainte que nous pouvons vivre ensuite permet donc de témoigner de notre foi. Plus nous serons saints, plus nous rayonnerons autour de nous l’amour de Dieu pour tous les hommes. Entraînons-nous, souvent, pour être des témoins de plus en plus efficaces de notre Seigneur Jésus-Christ. (PAUSE).
III
Mais comment s’entraîner efficacement ? Nous avons vu que la victoire est déjà obtenue, que nous ne pouvons en rien y collaborer mais qu’il faut s’entraîner pour ne pas se décourager et vivre de plus en plus saintement. Voyons dans cette dernière partie quelle est la meilleure technique pour être en forme dans notre foi, comment s’entraîner.
La technique préconisée est de fixer Jésus, de travailler notre endurance, et de se débarrasser du péché.
Premier exercice : Fixer Jésus. Comme un garçon qui va travailler dur à l’entraînement de tennis en ne manquant aucun match de Roger Federer, son modèle. Sauf que pour nous, le modèle, c’est Jésus et que nous, nous n’arriverons jamais à sa cheville. Lui seul pouvait combattre et vaincre la mort.
L’autre différence de taille avec notre petit joueur de tennis, c’est que la victoire de Jésus est pour nous, c’est nous qui recevons la médaille d’enfants de Dieu et la coupe de tous les saints.
Fixons Jésus, comme un modèle de foi et d’amour. C’est dans la Bible que nous le trouverons et où nous pourrons le fixer, pour toujours mieux le connaître. Parce que nous avons besoin chaque jour de forces nouvelles et c’est Jésus qui nous les donne. Nos vitamines, c’est la Parole de Dieu. Notre magnésium, c’est notre baptême. Nos barres de céréales et notre boisson tonifiante, c’est le corps et le sang de notre Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Cène. Prions le Saint-Esprit tous les jours, pour qu’il nous donne une foi en pleine forme, une foi qui ne s’essouffle pas et qui est capable de déplacer des montagnes en fixant notre modèle, Jésus : le vainqueur de la mort. (Pause).
Deuxième exercice pour s’entraîner efficacement : « courir avec endurance l’épreuve qui nous est proposée ». Un athlète qui veut être endurant travaille régulièrement. Il se fixe des objectifs de performance toujours plus importants et il s’accroche pour les réaliser. Enfin il écoute attentivement les conseils de son coach.
Pour faire grandir notre foi, avec endurance, prions, allons au culte, à la sainte Cène, aux études bibliques et lisons la Bible régulièrement. Fixons-nous des objectifs de sainteté toujours plus hauts et soyons en liaison fréquente par la prière avec notre manager, le Saint-Esprit. Lui aura toujours les bons mots pour nous motiver. Alors notre foi s’accrochera, elle ne doutera pas, ne se découragera pas et portera du fruit en abondance.
Dernier exercice que nous demande notre texte : « …débarrassons-nous de tout fardeau, et du péché qui nous cerne si facilement de tous côtés,… ».
Je trouve que l’auteur de l’épître aux Hébreux a trouvé là une image qui illustre vraiment bien ce qu’est le péché dans notre vie de chrétien : un fardeau.
Comme un sac de pavés que l’on se mettrait sur le dos avant de courir un marathon. Se débarrasser de ce sac de pavé n’est pas facile, le verset 4 nous le rappelle : « Vous n’avez pas encore résisté jusqu’à la mort dans votre lutte contre le péché ». Mais ce verset veut aussi nous consoler en nous rappelant que Dieu est notre Père, qu’il est à nos côtés pour nous encourager. Et quand, parfois, il nous reprend, ce n’est que dans notre intérêt, pour toujours faire grandir notre foi. (PAUSE).
Les chrétiens sont des sportifs bizarres mais tous champions du monde.
D’abord la course a été remportée par un autre mais c’est à eux que revient la victoire.
En plus ils s’entraînent quand même. Mais cet entraînement a de bonnes raisons, il doit éviter que nous nous découragions et perdions la foi, il doit nous permettre, d’être fort malgré les épreuves et de vivre toujours plus saintement.
Enfin ce texte donne la recette pour s’entraîner efficacement : en fixant Jésus-Christ, en courant avec endurance, et en se débarrassant du péché.
Que Dieu nous donne d’être des coureurs de fond endurants, qui iront jusqu’à la ligne d’arrivée auprès de notre Père céleste, au nom de Jésus-Christ qui a vaincu pour nous. Amen !
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Tandis que Frédéric Bohy assurait le culte à Strasbourg, Laurence et moi avons eu la grande joie de retrouver les membres de la Mission luthérienne de Troyes, pour un office de sainte-cène. Nous avons découvert son nouveau lieu de culte, loué depuis quelques mois : deux belles salles dans la vieille ville, lumineuses et accueillantes. L'endroit est aménagé pour y organiser un repas fraternel que nous avons partagé avant une promenade au cœur de la cité. Si vous traversez la Champagne, entre Paris et l'Alsace, arrêtez-vous chez Dominique, Anne et Didier : ce sera pour eux comme pour vous un profond encouragement.
« O Dieu, notre Père, puisque tu as veillé sur nous pendant la nuit qui vient de finir,sois avec nous pendant ce jour qui commence.
Accorde-nous de l'employer à ton service : que nous pensions, parlions et agissions uniquement comme il te plaît
et que tout dans notre vie se rapporte à ta gloire et au bien de nos frères.
De même que tu fais luire ton soleil sur le monde, veuille éclairer notre cœur par la clarté de ton Esprit,
pour nous conduire dans la voie de ta sainteté. Augmente toujours en nous les dons de ta grâce,
afin que nous grandissions dans la communion de ton fils Jésus-Christ. Amen. »
Chants proposés :
Seigneur, tu nous appelles AeC 212:1-3
Cherchez d'abord le Royaume de Dieu, AeC 181:1-2
Tu me veux à ton service, AeC 427:1-3Texte : Mt 25.14-30
14 « Il en sera comme d'un homme qui, sur le point de partir en voyage, appela ses esclaves et leur confia ses biens.
15 Il donna cinq talents à l'un, deux à l'autre, et un au troisième, à chacun selon ses capacités, et il partit en voyage.
16 Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s'en alla les faire valoir et en gagna cinq autres.
17 De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres.
18 Celui qui n'en avait reçu qu'un alla faire un trou dans la terre et cacha l'argent de son maître.
19 Longtemps après, le maître de ces esclaves arrive et leur fait rendre compte.
20 Celui qui avait reçu les cinq talents vint apporter cinq autres talents et dit : "Maître, tu m'avais confié cinq talents ; en voici cinq autres que j'ai gagnés."
21 Son maître lui dit : "C'est bien ! Tu es un bon esclave, digne de confiance ! Tu as été digne de confiance pour une petite affaire, je te confierai de grandes responsabilités ; entre dans la joie de ton maître."
22 Celui qui avait reçu les deux talents vint aussi et dit : "Maître, tu m'avais confié deux talents, en voici deux autres que j'ai gagnés."
23 Son maître lui dit : "C'est bien ! Tu es un bon esclave, digne de confiance ! Tu as été digne de confiance pour une petite affaire, je te confierai de grandes responsabilité ; entre dans la joie de ton maître."
24 Celui qui n'avait reçu qu'un talent vint ensuite et dit : "Maître, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes où tu n'as pas semé, et tu récoltes où tu n'as pas répandu ;
25 j'ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre : le voici ; prends ce qui est à toi."
26 Son maître lui répondit : "Esclave mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé et que je récolte où je n'ai pas répandu ?
27 Alors tu aurais dû placer mon argent chez les banquiers, et à mon arrivée j'aurais récupéré ce qui est à moi avec un intérêt.
28 Enlevez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents."
29 - Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas on enlèvera même ce qu'il a. -
30 Et l'esclave inutile, chassez-le dans les ténèbres du dehors ; c'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents." »Heureux esclaves de Jésus-Christ !
En voilà une façon de s'adresser à nous ! Que vient-on nous parler d'esclavage ? Qui peut bien se sentir honoré d'être considéré comme un esclave ? Tout le monde veut commander, être le chef, être indépendant. Voilà ce qu'on considère comme un but, un accomplissement, la réussite dans la vie !Laissons de côté le débat à propos de ce qu'est la réussite sociale ou professionnelle. Ce n'est pas là notre sujet. Dans notre texte, Jésus parle d'autre chose. Il y parle - comme souvent - du Royaume de Dieu, de son Royaume et de ses sujets, de leur état et de leur activité.
Cette parabole, Jésus l'a racontée à ses disciples la semaine où il allait être crucifié. Ces paroles sont dites alors qu'il songe à sa mort, à son départ imminent. C'est dans ce contexte qu'il dit : « Il en sera comme d'un homme qui, sur le point de partir en voyage, appela ses esclaves » (v. 14) pour régler avec eux différentes choses importantes avant son absence qui devait se prolonger.« Longtemps après, le maître de ces esclaves arrive et leur fait rendre compte. » (v. 19) Rappelons-nous : Jésus s'adresse ici à ses disciples pour leur faire comprendre qui ils sont, comment il les a dotés et préparés pour le temps qui va s'écouler jusqu'à son retour, et ce qu'il attend d'eux en son absence.
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Des « esclaves » de Jésus-Christ, voilà ce que nous sommes, dit notre texte.
Des « esclaves » appartiennent à leur maître. Ce qu'ils sont et ce qu'ils possèdent, tout cela appartient à leur maître. Et le fruit de leur travail aussi.
Nous savons comment nous le sommes devenus, esclaves de Jésus-Christ : notre Seigneur - confessons-nous - « m'a sauvé, racheté et acquis, moi perdu et condamné, en me délivrant du péché, de la mort et de la puissance du diable ; non pas à prix d'or ou d'argent, mais par son saint et précieux sang, par ses souffrances et sa mort innocentes, afin que je lui appartienne et que je vive dans son Royaume, pour le servir [...]. » (Martin Luther ; « Petit Catéchisme »)
Cet extrait du 2ème Article de la Foi chrétienne dans le « Petit Catéchisme » de Martin Luther, nous ne le récitons pas comme n'importe quel autre texte. Et encore moins avec la tête courbée comme si nous venions d'être acquis par un nouveau maître sur le marché aux « esclaves ».Ces paroles jaillissent de notre cœur comme une louange reconnaissante, car celui qui est devenu notre Maître a vraiment payé cher pour que nous puissions lui appartenir.
Rappelons-nous : Qu'étions-nous avant de lui appartenir ? Nous n'étions pas libres ! Nous étions lourdement enchaînés et perdus pour l'éternité. Pour assouvir sa profonde haine contre Dieu, le diable voulait nous entraîner avec lui dans les peines éternelles de l'enfer.
A l'époque, nous étions exposés à la colère de Dieu, il n'y avait pas moyen d'aller vers lui et d'avoir part à sa vie ; notre existence était sans espoir, sans issue, il n'y avait pas moyen de nous libérer de notre état mortel d'esclaves de Satan, même pas d'y améliorer notre sort.
Mais Jésus est intervenu. Il nous a arrachés à la tyrannie et nous a mis en sécurité sous sa Seigneurie à lui. Certes, dans son Royaume, nous ne sommes pas non plus nos propres maîtres - de toute façon, cela, aucun être humain ne l'est ! - mais le Maître auquel nous appartenons maintenant décrit ainsi son règne : « Mon joug est bon, et ma charge légère, » (Mt 11.30), le « fardeau » dont je vous charge est si « léger » qu'au lieu de vous écraser, paradoxalement, il vous tire vers le haut, vous soulage et vous remplit de paix et de joie ! »
Nous l'avons échappé belle ! Dieu nous a fait grâce, il s'est mis en quatre pour nous mettre en sécurité auprès de lui. Nous avons maintenant un Maître qui ne nous tient pas rigueur de nos péchés, qui les a même expiés à notre place. Il nous a évité le châtiment mérité.Nous avons un Maître qui se soucie plus de notre bien-être que du sien - puisqu'il s'est sacrifié pour nous ! - un Maître qui ne nous punit pas selon nos mérites mais nous fait grâce et a veillé à ce que nous soyons...
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...des « esclaves » comblés de dons.
Cela prouve d'ailleurs qu'il nous fait confiance. Le maître de la parabole « confia ses biens. » à ses « esclaves » (v. 14). Pareillement, Jésus nous a « confié sa fortune » pour que nous la gérions sur terre.
En effet, il a fait de nous des esclaves richement dotés, pas tous pareillement, mais de façon complémentaire. « Il donna cinq talents à l'un, deux à l'autre, et un au troisième, à chacun selon ses capacités, et il partit en voyage. » (v. 15)Jésus ne donne que trois « esclaves » en exemple. Il y en a bien entendu infiniment davantage dans son Royaume. Mais trois exemples suffisent pour nous faire comprendre ce qui lui tient à cœur.
Dans son Royaume, Jésus distribue ses dons de façons diverses. Il ne s'agit pas ici du pardon, de la vie et du salut : ceux-là, il les donne sans distinction à tous ceux qui croient en lui. « Celui qui met sa foi dans le Fils a la vie éternelle » (Jn 3.36), un croyant comme l'autre. Dans ce domaine, il n'y a pas de différence entre les « esclaves » de Jésus-Christ.
Mais dans d'autres domaines il y a bel et bien des différences. Il est difficile de ne pas s'en rendre compte. Nous ne sommes pas tous pareillement riches. Les uns sont plus doués intellectuellement, d'autres plus manuellement. Les uns on un esprit plus théorique, d'autres plus pratique. Les uns sont doués pour la musique, d'autres pour le bricolage. Les dons des uns sont plus développés pour être lecteurs, voire diacres, les dons d'autres sont plutôt dans le domaine du jeu d'orgue ou d'autres instruments. Les uns ont plus de facilités pour être trésorier, d'autres pour être monitrice d'école du dimanche. Chez les uns le don d'organisation est plus développé, chez d'autres celui du témoignage. L'un a une santé à toute épreuve, un autre met à profit la maladie et porte sa communauté dans la prière.Je vais m'arrêter là, bien que le réservoir de dons de notre Seigneur soit infini : nous en avons reçus bien plus que ceux que je viens d'énumérer.
Tout cela pour dire que nous, les croyants, n'avons pas été fabriqués sur une chaîne de montage d'où chacun sortirait semblable à l'autre, comme des robots. La vie en église serait vraiment monotone si c'était le cas.Non, Dieu répartit ses dons différemment entre nous. C'est la raison pour laquelle il n'attend pas non plus la même chose de chacun de nous. Notre responsabilité consiste à être « bons » et « dignes de confiance » (v. 21 et 23), « bons et fidèles » dans la gestion des biens et des talents que Dieu nous a confiés, et non de faire des comparaisons avec les autres qui ont été dotés différemment.
Le maître de la parabole dit aux deux premiers serviteurs : « C'est bien ! Tu es un bon esclave, digne de confiance ! » (v. 21 et 23), « C'est bien, bon et fidèle serviteur ! ». Le maître fait le même compliment aux deux. Pourtant, le deuxième n'a « gagné » que « deux talents » (v. 22), alors que le premier en a « gagné » « cinq » (v. 20), donc plus du double ! Mais il avait aussi reçu différemment.Dieu n'attend pas de nous de faire l'impossible. S'il attend quelque chose de notre part, il nous en a aussi rendus capables. La seule question que chacun de nous devrait se poser à ce sujet est la suivante :
« Qu'est-ce que je fais avec les dons que Dieu m'a donnés ?
Est-ce que j'y reconnais des "biens" reçus de Dieu, qui ne m'appartiennent pas en propre et que je dois faire prospérer dans son Royaume ?
Ou suis-je un "esclave mauvais et paresseux" (v. 26), "mauvais et paresseux" dans l'emploi des dons reçus au service de la paroisse et l'Eglise, dans la famille et au travail ou quel que soit l'endroit où le Seigneur m'a placé dans la vie ? »
Ce qui frappe dans la parabole, c'est que Jésus n'oppose pas ici le « fidèle serviteur » à quelqu'un qui a dilapidé les dons reçus de Dieu. Il veut nous faire comprendre quelque chose que nous avons parfois du mal à saisir. Nous avons du mal à voir quelque chose de « mauvais » dans le comportement du troisième esclave. Comment peut-on l'appeler « mauvais » ? N'a-t-il pas rendu à son maître ce qu'il avait reçu ?En raisonnant ainsi, on oublie quelque chose de fondamental : les dons de Dieu ne sont pas des dons inertes. Dieu les a pourvus d'une capacité de rendement qu'il serait coupable d'ignorer et de ne pas utiliser.
Le troisième "esclave" représente ceux qui, extérieurement, font partie de l'Eglise, mais qui restent inactifs, qui n'utilisent pas les dons reçus de Dieu pour participer à l'édification du Royaume de Dieu.
Peut-être que beaucoup de chrétiens n'en sont pas conscients, mais, dans sa grâce, notre Seigneur a fait de nous...------ 3 ------
...des « esclaves » capables de rendement.
Il nous suffit d'utiliser les dons qu'il nous a faits pour sa seule gloire. Ce qui est important, ce n'est pas la nature de mes dons - il est donc complètement déplacé de jalouser les autres - ; ce qui est important, c'est que je ne « cache » (v. 18) pas les dons que le Seigneur m'a faits, mais que je les utilise.
Ce qui est important, c'est que tu fasses confiance au Seigneur : s'il t'a confié certains dons, c'est qu'ils sont utiles et propices à ton épanouissement comme au déploiement du Royaume de Dieu.
Voyez-vous, croire en Jésus-Christ, ce n'est pas seulement la condition nécessaire pour être pardonné, racheté et sauvé. Celui qui ne croit pas que Dieu répartit les dons correctement, celui qui ne croit pas que les dons qu'il a reçus peuvent contribuer au développement harmonieux du Royaume de Dieu, celui-là est disqualifié.
C'est vrai, il arrive que nous connaissions des échecs dans la mise en œuvre de nos dons, en tout cas des échecs apparents. Que cela ne nous décourage pas ! Il n'appartient à personne de porter un jugement sur le niveau de réussite à avoir. Ce jugement appartient au Seigneur seul, lorsqu'il reviendra de son voyage, au Jugement Dernier, lorsqu'il « fera rendre des comptes » (v. 19).
Et là, nous pourrions avoir des surprises : le travail patient et dévoué de l'un, apparemment effacé, se trouvera peut-être avoir eu plus de rendement que les actions d'éclat d'un autre.
Que chacun de nous se demande donc : Ai-je déjà découvert les dons et les talents que le Seigneur m'a accordés dans sa grâce ?
Ai-je proposé à ma paroisse de m'impliquer « pour l'utilité commune » (1 Co 12.7) avec ces dons du Seigneur, ou suis-je « paresseux » dans leur application ?
Suis-je reconnaissant à mon pasteur de me conseiller sur la façon dont je puis m'impliquer dans la vie paroissiale pour la gloire de mon Seigneur ?
Suis-je « bons » et « digne de confiance », « bon et fidèle » dans l'usage de mes dons et talents, ou ne peut-on pas me faire confiance ?
Est-ce que je sers mon Eglise, ma famille, mon patron, par gratitude envers Jésus-Christ, mon Seigneur, ou l'inverse ? Autrement dit : Est-ce que je fais dépendre mon activité chrétienne des miettes que me laissent mes autres activités ? Ou Christ, à qui je dois tant, a-t-il la première place sur le podium de mon cœur ?Vous savez : dans une parabole, notre Seigneur n'entre pas dans tous les détails de la vie. Il ne peut qu'y esquisser des vérités importantes. Ainsi, il parle du moment où il confie les talents, puis de son retour pour le Jugement Dernier « longtemps après » (v. 19). Dans cette parabole il ne parle pas du temps de grâce qui s'écoule pour chacun de nous entre ces deux extrêmes.
Mais si nous devions avoir commencé notre temps de grâce comme « le troisième » - ou si, avec le temps, nous devions être devenus « paresseux » comme lui - n'oublions jamais que ce temps est encore et toujours un temps de grâce : si nous nous repentons, si nous demandons pardon à notre Seigneur, sa grâce est assez vaste pour nous pardonner.Avec ce « long temps » de notre vie ici-bas, il nous offre amplement l'occasion de nous « amender », comme nous le disons dans la liturgie, bref, de nous améliorer, de changer de cap, pour ne pas être « jetés » comme des « esclaves inutiles dans les ténèbres du dehors » (v. 30).
Voyez-vous : c'est vraiment une situation singulière que d'être « esclave de Jésus-Christ » (Col 4.12) ! Il nous a « rachetés à un grand prix » (1 Co 6.20). Quant à nous, avec notre changement de Maître, nous sommes vraiment heureux. Il nous a confié de bonnes choses ; nous n'avons qu'à les utiliser, ils porteront alors du fruit car le Seigneur les bénit.
Et le plus inattendu, le plus merveilleux vient à la fin : Comme nous sommes ses « esclaves », tout ce que nous avons, tout ce que nous produisons, lui appartient ; il ne nous doit rien. Et pourtant, que dira-t-il à la fin ? « On donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance » (v. 29) !
Celui qui a porté des fruits parce qu'il a utilisé les dons reçus, celui-là recevra encore des bénédictions complémentaires.
Qu'attendons-nous donc pour utiliser les dons qu'il nous a confiés, pour les utiliser à la gloire de notre Sauveur ?Amen.
Jean Thiébaut HaessigEt que la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, garde vos cœurs et vos esprits pour la vie éternelle ! Amen !
Nous nous lèverons pour entonner le chant n°427 : Tu me veux à ton service.
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11e Trinité - Luc 12.32-40
Frères et soeurs, vous le savez, la Bible n'en fait pas mystère, beaucoup d'hommes et de femmes ne seront pas sauvés. Ils n'entreront pas au ciel parce qu'ils seront restés toute leur vie hostiles à Dieu et indifférents à ses invitations répétées. Mais un autre drame peut arriver, peut-être pire encore que le premier. C'est que parmi ces gens il y ait des disciples qui n'ont pas su garder la foi. Après avoir cru en Jésus, ils se sont détournés de lui. Ils ont perdu le bénéfice des merveilleuses promesses de la vie éternelle.
Heureusement, l'Esprit veille. Continuellement, l'Ecriture nous exhorte à demeurer vigilants. Mais le danger du reniement est réel. Ici, il est comparé à des serviteurs endormis, au lieu de veiller. Or la somnolence, l'oubli, le sommeil de la foi ont toujours des conséquences tragiques.
Ce matin, écoutons Jésus nous dire avec le plus grand sérieux : Pour être sûrs d'entrer au ciel, ne laissez rien ni personne vous enchaîner et soyez vigilants !
I
Ne laissez rien ni personne vous enchaîner.
Le Seigneur pose d'abord une puissante garantie : « N'aie pas peur, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume ». (v.32)
Ces mots tranchent fortement avec notre réalité. Les chrétiens ont de tout temps été minoritaires. Et les minorités sont souvent opprimées. C'est particulièrement vrai quand il s'agit d'un petit groupe de croyants fidèles. Ils se réjouissent de la grâce de Dieu en Jésus-Christ ; ils vivent selon sa volonté et parlent de l'évangile autour d'eux. Ils ont à coeur de partager leur foi dans un monde qui, majoritairement, ne leur rend qu'indifférence ou mépris. L'actualité récente nous a même rappelé que certains le payaient encore de leur vie.
Et comme si cela ne suffisait pas, les disciples de Jésus ne perdent rien des difficultés de la vie : ils souffrent de maladies, subissent les catastrophes climatiques, connaissent le chômage et la pauvreté.
Alors, en contraste avec ce qui frappe les regards et mine le moral, Jésus offre en dépôt le plus enviable des trésors : son royaume. « Votre Père -dit-il -a trouvé bon de vous donner le royaume ». Dieu vous réintègre dans son ciel. Il vous offre gratuitement la vie éternelle. Mon sang versé sur la croix, dit Jésus, vous en ouvre les portes.
Cette réalité doit s'imposer aux difficultés du quotidien. Le royaume, nous dit Jésus, vous le possédez dès maintenant. Vous le connaissez parce que l'Esprit habite en vous. Vous le vivez déjà dans l'Eglise qui est le corps de Christ. Beaucoup s'entêtent, c'est vrai, à en ignorer l'existence et je ne suis pas certain que leur mettre ce royaume sous le nez changerait grand-chose à leur incrédulité. Car vous l'avez entendu : « la foi, c'est la ferme assurance des choses qu'on espère, la démonstration de celles qu'on ne voit pas ». Tout est grâce dans ce royaume, y compris le miracle qui nous y fait pénétrer. Alors répétons-le, ce royaume nous est acquis, mais force est d'accepter aussi que nous n'en voyons pas encore toute la beauté ; nous le saluons de loin, comme le dit joliment la lettre aux Hébreux... (Hb 11.13)
Nous savons pourtant ce qu'il promet : dans ce royaume, plus d'ennemis ni de malheurs ; plus de maladie ni de mort. Finie la peur du lendemain, la crainte de manquer. L'apocalypse nous le décrit brillant de lumières, étincelants comme le sont des diamants ou de l'or. Et encore, que sont les mots pour traduire l'éclat de ce royaume !
N'aie pas peur, petit troupeau : ta réalité n'est pas celle que les gens voient. Tu te crois pauvre ? Tu es riche ! Tu crois être seul ou faible ? Tu as pour Père le tout-puissant.
L'incrédulité, nous l'avons dit, prive l'homme de cette réalité. Mais Jésus ne s'adresse pas à des incroyants dans notre passage. C'est le « petit troupeau » qu'il met en garde pour lui
2
rappeler que là où est son trésor, là aussi sera son coeur (v.34). Qu'est-ce qui peut nous enchaîner à nouveau au point de perdre cette liberté si chèrement acquise par notre Seigneur ? A quelle puissance d'égarement songe-t-il qui soit plus attrayante que ses promesses ?
Jésus ne le dit pas explicitement. En d'autres circonstances, il soulignera qu'il sera plus difficile à un riche d'entrer dans le royaume qu'à un chameau de passer par le shah d'une aiguille. Ici, le Seigneur s'exprime en contrepoint : « Vendez ce que vous possédez et faites don de l'argent. Faites-vous des bourses qui ne s'usent pas, un trésor inépuisable dans le ciel, où le voleur n'approche pas et où la mite ne détruit pas. » (v.33).
A l'évidence, et sans tordre le sens de ce texte, l'argent peut être un piège. Sinon pourquoi nous recommanderait-il de nous en décharger ?
Essayons de comprendre.
A tout bout de champs, les banques vous relancent pour vous proposer des placements mirifiques, sûrs, rémunérateurs : épargnes logement, assurances-vie, actions, Sicav, etc. D'autres placent leur argent dans la pierre, achète un ou plusieurs appartements, louent et revendent avec bénéfice. Capitaliser devient même une mesure de prudence élémentaire dans cette société où le système de retraite par répartition paraît avoir vécu.
Mais Jésus semble dire : je vous offre un meilleur investissement : soyez riches pour le ciel ! La bourse remplie d'espérance ne s'use pas et le trésor de la foi n'intéresse pas le voleur ! La mite peut dévorer votre pull en cashmere ou en alpaga, mais que peut-elle faire sur la robe de votre baptême, lorsque vous avez été revêtus de Christ ? (Gal 3.27).
Comprenez que ce n'est pas la juste rétribution d'une vie de travail contre laquelle Jésus nous met en garde. Après tout, l'Esprit dit dans l'Ecriture que même le pasteur mérite un salaire et la paresse est fermement condamnée ; en termes très durs : que celui qui ne travaille pas ne mange pas non plus. Depuis cette épouvantable tragédie au jardin d'Eden, qui nous coûta le royaume sur la terre, c'est avec peine que nous tirons du sol notre nourriture et la sueur précède le pain que nous mangeons.
Jésus dit simplement : l'argent procure une telle jouissance qu'il te pousse à en désirer beaucoup. Tu oublieras alors que tu possèdes tout - tout ce dont ton âme a besoin - pour cultiver une insatisfaction constante des besoins du corps. Cela absorbera ton énergie au détriment de tes parents ou de tes enfants, de ta vie de couple, de ta vie d'église. Ton coeur va changer de place, dit Jésus. Il était autrefois comblé par ma présence, le voici enchaîné à la dictature du travailler plus pour gagner plus. Le plus pernicieux est que l'on se croit sage. Et l'on méprise ceux qui nous paraissent telle la cigale de la fable, mais qui, en réalité, appliquent cette autre promesse du Seigneur : ne vous souciez pas du lendemain ; votre Père sait de quoi vous avez besoin. Des cigales qui, soit dit en passant, expriment proportionnellement leur amour de Dieu et du prochain avec infiniment plus de conviction que les fourmis ; n'importe quel trésorier paroissial vous le dira. L'Ecriture nous le rappelle : « Ne te fatigue pas à acquérir la richesse, n'y applique pas ton intelligence. » (Pr 23.4). Une fatigue, parce que l'on doute de la providence divine. Posséder rassure. C'est tellement humain ! Jésus répond : « Vendez ce que vous possédez ».
Autrement dit, ne perdez pas de vue le royaume et pratiquez la bienfaisance.
A l'époque, il y avait sans doute beaucoup plus de misère qu'aujourd'hui : le RSA n'existait pas. Les pauvres ne survivaient que par les aumônes. Or, nous dit Jésus, chaque aumône que tu fais laisse une trace dans mon royaume, en vertu du principe qu'il énonce dans la scène du Jugement : Tout ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.
3
Chers amis, toute participation à une action humanitaire ; tout don à une oeuvre de charité ; toute implication dans une collecte en faveur de gens dans la détresse mais aussi la prise en charge d'un parent pauvre, d'un enfant malheureux - les exemples sont hélas très nombreux - constitue un investissement au ciel quand cela vient de la foi et d'un esprit d'amour fraternel. Les dons pour l'Eglise en font partie, bien entendu ; car quelle plus grande bienfaisance peut-il y avoir quand son but est de sauver des âmes, par le soutien que l'on apporte à sa paroisse et à la mission ?
Vendez ce que vous possédez ! Mais avec coeur, librement et joyeusement, sans contrainte, en commençant peut-être par le superflu ! Détachez vos esprits de ce qui retient votre course vers le royaume, des richesses, des biens matériels qui accaparent vos pensées, puisque Dieu lui-même a fait la promesse de veiller à votre pain quotidien. Vous ne pouvez aimer Dieu et Mammon, dit Jésus ; c'est l'un ou l'autre. On n'emmène pas un tas de pierres au ciel. Mes dons montrent que je prends la promesse de la vie éternelle au sérieux ; ils montrent " que j'y crois " ; ils montrent mon intérêt pour ce royaume. C'est donc vraiment une façon de s'y installer dès aujourd'hui, pour y être demain.
II
Ne laissez rien ni personne vous enchaîner, dit Jésus. Il ajoute : soyez vigilants !
Toujours pour que nous ne passions pas stupidement à côté du royaume céleste, Jésus nous demande d'être prêts à son retour.
Que veut dire : être prêt ? C'est croire en lui, bien sûr ; mais d'une foi constante que rien ne prendra en défaut. Car attention : beaucoup vivent dans l'illusion de telle ou telle religion, même la religion des oeuvres. Jésus veut trouver une foi véritable, fondée sur la parole, sur la grâce de Dieu ; une foi vivante et agissante.
C'est pourquoi « mettez une ceinture à votre taille et tenez vos lampes allumées », demande-t-il comme l'Eternel aux Hébreux avant le départ pour la terre promise. A cette époque, pour marcher, courir, travailler, il fallait remonter le vêtement et le retenir avec une ceinture. L'expression est donc synonyme de : " Soyez prêts à partir, à marcher ou à travailler ".
Les lampes allumées qui brillent dans l'obscurité, ajoutent à cet état de veille et de disponibilité : à tous moments, il faut être disponible pour accueillir Jésus et entrer avec lui dans le royaume des cieux.
« Soyez comme des hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin de lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera. Heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera éveillés ! Je vous le dit en vérité, il mettra sa ceinture, les fera prendre place à table et s'approchera pour les servir. Qu'il arrive au milieu ou vers la fin de la nuit, heureux sont ces serviteurs, s'il les trouve éveillés ! » (v. 36-38)
Jésus est ce maître absent pour quelques temps. A l'Ascension, il est allé rejoindre son Père et notre Père, d'où il reviendra pour juger les vivants et les morts. Quand ? Lui seul le sait ! Mais nous devrons être là pour l'accueillir. D'où cet ordre de vigilance, puisque nous ne savons "ni le jour ni l'heure".
Là encore, la promesse de grâce émaille le commandement. " Heureux ", dit Jésus, ceux qu'il trouvera éveillés : il s'approchera pour les servir.
D'emblée, ce maître paraît excessivement bon. Il fait quelque-chose d'improbable : il inverse les rôles et devient lui-même serviteur. Pour des gens qui n'ont pourtant rien fait de spécial : uniquement leur travail en ouvrant les portes et en allumant les lumières.
Mais regardez ce que fait le Seigneur : il passe lui-même une ceinture - et vous savez maintenant ce que cela signifie. Il invite ceux qu'il a trouvé éveillés : " Je vous en prie, mes amis, prenez place autour de la grande table du festin ; maintenant, c'est moi qui vous sert ".
4
Le plus étonnant, c'est qu'il parvient à faire ce travail à lui tout seul : le repas, le service à table pour ses 10, 20, peut-être 50 serviteurs... Cela me rappelle la promesse du psaume 23 : « Tu dresses une table devant moi, tu verses de l'huile sur ma tête et tu fais déborder ma coupe. Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront tous les jours de ma vie et je reviendrai dans la maison de l'Eternel jusqu'à la fin de mes jours. »
Christ serviteur ! N'a-t-il pas à deux reprises multiplié pains et poissons pour nourrir de grandes foules ? N'a-t-il pas lavé les pieds de ses disciples peu de temps avant sa passion ? N'a-t-il pas accepté d'être obéissant à Dieu " jusqu'à la mort, même la mort de la croix ? " Eh bien, nous retrouverons ce Jésus au ciel ; ce qui n'enlèvera rien à sa dignité, à sa royauté ni à sa majesté divine.
Je me souviens aussi qu'avant son arrestation, il disait à ses disciples : « Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père » (Mt 26.29). Serviteurs et maître à la même table ! Je suis impatient, personnellement, de partager cette coupe avec mon Seigneur, après avoir combattu le bon combat et gardé la foi !
N'est-ce pas là un puissant encouragement à la vigilance ? A mettre sa ceinture le dimanche matin, sa robe ou son pantalon pour aller au culte ? A éteindre l'ordinateur ou la télévision pour ouvrir sa Bible ? A grandir dans la sanctification par la prière et l'adoration ? A retrousser ses manches en travaillant pour Eglise, ne serait-ce que pour des travaux d'entretien ou de nettoyage ? A s'armer de courage pour parler de Jésus à des connaissances ; à mener une vie pieuse, conforme aux commandements ?
« Vous le savez bien, reprend Jésus, si le maître de la maison connaissait l'heure à laquelle le voleur doit venir, il resterait éveillé et ne laisserait pas percer les murs de sa maison. Vous donc aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l'homme viendra à l'heure où vous n'y penserez pas. » (v. 39-40).
Dans la parabole précédente, c'était des serviteurs qui attendaient leur maître. On peut les imaginer motivés par la crainte, mais aussi par le désir de ne pas décevoir ce maître qu'ils servent depuis tant d'années. Mais ici, c'est une attente fiévreuse, inquiète, angoissée : celle d'un propriétaire qui redoute un cambriolage. Il s'agit de protéger notre bien le plus précieux : le dépôt du royaume que nous avons reçu des mains mêmes de Dieu. Cette foi que Satan cherchera à nous ravir par tous les moyens, comme il a tenté de le faire avec Jésus en lui faisant miroiter puissance, richesse et tous les honneurs de la terre. Il faut donc veiller année après année, jour après jour, nuit et jour. C'est une question de mort ou de vie. Vous le savez, nous ne sommes pas des sentinelles désarmées. Pour monter cette garde, nous avons l'épée de la parole, à deux tranchants : la meilleure ; le casque du salut, la cuirasse de la foi...
Avez-vous remarqué comme le fait de bailler est contagieux ? Et il faut que je m'empresse de finir car je suis sûr que si quelqu'un baillait dans la salle, plusieurs se mettraient à l'imiter. Mais voyez-vous, frères et soeurs, en dépit de toute leur agitation, des millions de gens dorment dans ce monde. Et le sommeil de ce monde lui aussi est contagieux. C'est pour cela que Jésus insiste tellement : le Fils de l'homme viendra à l'heure où vous n'y penserez pas. Notez cela : il reviendra à un moment où même les croyants y penseront le moins. Puissions-nous être prêts pour ce grand appel !
Amen.
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Avant-propos
Les textes ci-dessous sont des extraits du cours de dogmatique sur la Création que j'ai enseigné à Châtenay-Malabry dans les années 1980. Ils analysent le récit biblique de la création (Genèse 1 et 2), en dégagent le riche et merveilleux enseignement, puis le confrontent aux théories scientifiques concernant l'origine de l'univers, du système solaire, de la vie et plus particulièrement de l'homme. Il s'agit essentiellement de l'évolutionnisme tel que le concevait Charles Darwin et tel qu'il est présenté dans le monde scientifique actuel, sachant que le darwinisme proprement dit est une théorie dont les savants d'aujourd'hui ont rejeté le principe fondamental selon lequel les êtres vivants évoluent parce qu'ils doivent s'adapter à leur environnement. Mais ils n'ont pas pour autant rejeté l'évolutionnisme proprement dit, c'est-à-dire la conviction qu'après un big-bang originel, la vie a fini par surgir toute seule il y a de cela plusieurs milliards d'années, qu'elle a évolué et s'est diversifiée pour constituer la flore et la faune actuelles. Y a-t-il une autre alternative que souscrire à l'évolutionnisme quand, pour reprendre l'expression de Laplace, on fait abstraction de « l'hypothèse Dieu » ?
Souscrire à l'évolutionnisme, c'est accepter l'idée que le hasard (et lui seul, dans l'esprit de la plupart des scientifiques) a généré d'innombrables mutations permettant le surgissement des espèces actuelles. L'évolutionnisme est la seule explication qu'on pense pouvoir donner à l'univers et à tout ce qui le peuple, quand on fait abstraction de ce que Laplace, s'entretenant avec Napoléon Bonaparte, appelait « l'hypothèse Dieu ». Pourtant, il est mathématiquement parlant insoutenable. Même en attribuant à l'univers des milliards et des milliards d'années, on ne pourra jamais expliquer que des mutations dues au seul hasard aient pu faire surgir l'immense cosmos, et dans le cosmos cette merveille d'harmonie et de beauté qu'est la terre, et sur cette terre une flore et une faune d'une richesse et d'une splendeur à vous couper le souffle. Ce qui ne signifie pas pour autant que l'univers n'est âgé que de 6, 8 ou 10.000 ans, comme l'affirment certains « créationnistes américains » qui estiment qu'il n'existe qu'une lecture de la Bible, la leur !
Voici le plan de cet extrait de cours :
J'esquisse ici, avec mes moyens, modestes en théologie et insignifiants en sciences (quoique résultant de très nombreuses lectures en la matière), une confrontation entre ce que la Bible révèle de la création du monde et ce que les scientifiques en disent. Je rends tout particulièrement attentif au chapitre intitulé « Les Impasses de l'Évolutionnisme » qui s'efforce de montrer qu'il faut beaucoup de « foi » pour être évolutionniste, plus en tout cas qu'il n'en faut pour croire que l'univers tout entier est l'œuvre d'un Créateur tout-puissant.
Le temps m'a manqué pour procéder à une mise à jour de ce cours en tenant compte des ouvrages qui ont pu paraître ces 30 dernières années. Le concept d'« intelligent design » est d'une facture relativement récente et ne paraît donc pas dans ces lignes. Je n'entre pas non plus dans un débat avec un mouvement qui depuis un certain temps fait beaucoup parler de lui. Il été a initié aux Etats-Unis par des milieux chrétiens fondamentalistes avec lesquels je ne m'identifie pas personnellement, et cela pour de nombreuses raisons qui dépassent de loin le cadre de la création. Il me semble aussi qu'il dessert la cause de l'Evangile beaucoup plus qu'il ne la défend et ne la promeut à travers le monde.
W. Kreiss
LA
CRÉATION
La création n'est pas révélée dans l'Ecriture Sainte comme une solution philosophique au problème des origines du monde, mais dans sa signification religieuse. Elle est révélation de la relation entre Dieu et l'homme: Dieu est à l'origine de toutes choses. Tout lui appartient et lui est soumis.
Contrairement à la philosophie grecque qui affirmait l'éternité de la matière, l'Eglise chrétienne a de tout temps confessé la création « ex nihilo », c'est-à-dire à partir de rien, non pas par un processus d'émanation (panthéisme), mais comme un libre acte de Dieu. C'était l'enseignement de Justin Martyr, Irénée, Tertullien, Clément d'Alexandrie, Origène, etc. Ces deux derniers Pères pensaient même qu'elle était un acte unique et indivisible, et que le récit des six jours était une pièce littéraire scindant cet acte en éléments successifs selon leur importance ou leur lien logique. Saint Augustin pensait, lui aussi, que le récit de la création était conçu en fonction de l'intelligence limitée de l'homme.
D'une façon générale, le récit biblique était reçu comme une relation authentique des faits, jusqu'à l'avènement du panthéisme et du matérialisme, où de nombreux théologiens s'efforcèrent de l'harmoniser avec le dogme scientifique de l'évolutionnisme.
La création du monde par Dieu est une doctrine constamment révélée dans la Bible, 1) dans le récit de la création (Gen 1 et 2), 2) dans les textes qui proclament la toute‑puissance de Dieu dans la création de l'univers (Es 40:26‑28; Am 4:13), 3) dans ceux qui exaltent Dieu au‑dessus du monde créé (Ps 90:2; 102:26.27; Act 17:24), 4) dans les passages qui confessent la sagesse de Dieu dans la création du monde (Es 40:12‑14; Jér 10:12‑16; Jn 1:3), 5) dans les textes qui font de la création un témoignage rendu à la souveraineté de Dieu (Es 43:7; Rom 1:25), 6) dans ceux qui présentent la création comme une oeuvre fondamentale de Dieu (1 Cor 11:9; Col 1:16), enfin 7) dans ceux qui proclament Dieu Créateur (Néh 9:6; Es 42:5; 45:18; Col 1:16; Apoc 4:11; 10:6; Ps 104).
La création est l'œuvre de Dieu:
"Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre" (Gen 1:1).
"Qui a mesuré les eaux dans le creux de sa main, pris les dimensions des cieux avec la paume et ramassé la poussière de la terre dans un tiers de mesure? Qui a pesé les montagnes au crochet et les collines à la balance?" (Es 40:12).
"Ainsi parle l'Eternel, ton Rédempteur, celui qui t'a formé dès ta naissance: Moi, l'Eternel, j'ai fait toutes ces choses, seul j'ai déployé les cieux, seul j'ai étendu la terre" (Es 44:24).
"C'est moi qui ai fait la terre et qui sur elle ai créé l'homme. C'est moi, ce sont mes mains qui ont déployé les cieux, et c'est moi qui ai disposé toute leur armée" (Es 45:12).
Elle le distingue des idoles:
"Tous les dieux des peuples sont des idoles, mais l'Eternel a fait les cieux" (Ps 96:15).
"Eternel des armées, Dieu d'Israël, assis sur les chérubins! C'est toi qui es seul Dieu de tous les royaumes de la terre, c'est toi qui as fait les cieux et la terre" (Es 37:16).
"Les dieux qui n'ont point fait les cieux et la terre disparaîtront de la terre et de dessous les cieux. Il a créé les cieux par sa puissance, il a fondé le monde par sa sagesse, il a étendu les cieux par son intelligence" (Jér 10:11.12).
Elle est l'œuvre à la fois du Père, du Fils et du Saint-Esprit :
"Il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses (en grec : ex hou ta panta) et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus‑Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes (1 Cor 8:6).
"Eternel des armées, Dieu d'Israël, assis sur les chérubins! C'est toi qui es seul Dieu de tous les royaumes de la terre, c'est toi qui as fait les cieux et la terre" (Es 37:16).
"O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller? Qui lui a donné le premier, pour qu'il ait à recevoir en retour? C'est de lui, par lui et pour lui que sont toutes choses. A lui la gloire dans tous les siècles! Amen!" (Rom 11:33‑36).
"Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle" (Jn 1:1‑3).
"Il est l'image du Dieu invisible, le premier‑né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles... Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses et toutes choses subsistent par lui" (Col 1:15‑17).
"Il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus‑Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous (1 Cor 8:6).
"Il a dit au Fils...: Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, et les cieux sont l'ouvrage de tes mains. Ils périront, mais tu subsistes. Ils vieilliront tous comme un vêtement, tu les rouleras comme un manteau et ils seront changés. Mais toi, tu restes le même, et tes années ne finiront point" (Héb 1:10.11).
"L'Esprit de Dieu m'a créé, et le souffle du Tout‑Puissant m'anime" (Job 33:4).
Elle est "creatio ex nihilo", création à partir du néant :
"Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre" (Gen 1:1).
"Les cieux ont été faits par la parole de l'Eternel, et toute leur armée par le souffle de sa bouche... Il dit, et la chose arrive. Il ordonne, et elle existe" (Ps 33:6.9).
"C'est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été formé par la parole de Dieu, en sorte que ce qu'on voit n'a pas été fait de choses" (Héb 11:3).
"Abraham est notre père devant celui auquel il a cru, Dieu, qui donne la vie aux morts et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient" (Rom 4:17).
"Qu'ils louent le nom de l'Eternel! Car il a commandé, et ils ont été créés" (Ps 148:5).
LE BUT DE LA CRÉATION
Dieu n'a pas créé le monde pour lui‑même, car il se suffit à lui‑même et n'a besoin de rien. Certains en ont conclu qu'il l'a créé pour le bonheur de l'homme, pour qu'il puisse y vivre et être heureux. Sans aucun doute. On pourrait cependant demander: Est‑ce un bonheur pour l'homme de vivre? Oui, en tout cas cela l'était avant la chute. Si Dieu a créé le monde tel qu'il est et a déversé sur lui ses bénédictions, c'est bien pour rendre heureux l'homme qui est appelé à vivre ici‑bas. Il veut le bonheur de ses créatures et veut être loué et remercié par elles (Es 43:7; 60:21; 61:3; Ez 36:21.22; 39:7; Lc 2:14; Rom 9:17; 11:36; 1 Cor 15:28; Eph 1:5.6.9.12.14; 3:9.10; Col 1:16). Si le but suprême de la création du monde a été la manifestation de sa gloire, les buts intermédiaires en ont été le bonheur de ses créatures, leurs louanges et leur gratitude.
THÉORIES CONCERNANT LES
ORIGINES DU MONDE
Trois théories ont vu le jour dans les milieux non chrétiens:
1) La théorie dualiste:
Elle postule deux principes, Dieu et la matière, distincts l'un de l'autre et coéternels. Dieu n'est donc pas le Créateur du monde, mais son architecte, celui qui a organisé la matière éternelle. Elle est par définition éternelle, car la matière n'a pas pu être tirée du néant. Cette matière est par ailleurs considérée comme mauvaise, subordonnée à Dieu et l'instrument de sa volonté (Platon, Aristote, gnose, manichéisme). Le mal est conçu généralement comme un principe éternel.
2) La théorie de l'émanation:
Le monde est l'émanation nécessaire de l'Etre divin. Dieu et le monde sont essentiellement un, celui‑ci étant la manifestation phénoménologique de celui‑là (panthéisme). Selon cette théorie, tous les objets sont des modes d'existence perceptible d'une essence auto‑existante, inconsciente et impersonnelle, appelée Dieu, Nature ou l'Absolu. Elle nie l'infinité et la transcendance de Dieu, en l'identifiant au monde. Elle le prive aussi de sa volonté souveraine, en faisant du monde créé l'émanation nécessaire de son être, une nécessité inhérente à son être. Il faut se demander enfin si le panthéisme ne prive pas les créatures rationnelles de leur indépendance relative, de leur liberté et donc de leur responsabilité morale, et si inversement elle ne compromet pas la sainteté de Dieu, en le rendant responsable de tout ce qui se produit ici‑bas, du bien et du mal.
3) La théorie de l'évolution:
L'année 2009 est l'« année Darwin ». A cette occasion, le journal allemand Die Zeit fit paraître le 31 décembre 2008 un article intitulé « Merci, Darwin ! », suivi d'un long exposé sur la théorie de l'évolution. Ce merci concerne le naturaliste anglais Charles Darwin (1809-1882) qui naquit il y a 200 ans et publia en 1859 un ouvrage considéré comme révolutionnaire, De l'Origine des Espèces. Avant lui, le philosophe Emmanuel Kant (1724-1804) avait déjà déclaré avec une assurance et un orgueil dont il aurait sans doute honte aujourd'hui : « Donnez-moi de la matière, et j'en ferai un monde. » Quant au mathématicien et astronome français Laplace (1749-1827), interrogé par Napoléon sur les mystères de l'univers, il lui exposa ses découvertes. A l'empereur qui lui demanda : « Et Dieu dans tout cela ? », il répondit : « Sire, je n'ai pas besoin de l'hypothèse Dieu ! » Ces savants, fondateurs de l'athéisme scientifique, cherchèrent une explication purement scientifique des origines de l'univers et de la vie, une explication faisant abstraction de Dieu. Mais tandis que Darwin formulait ses hypothèses avec modération et modestie, les tenants actuels de l'évolutionnisme s'expriment avec une assurance déconcertante qui frise le dogmatisme, et présentent ce qui n'est en réalité qu'une théorie fondée sur un ensemble d'hypothèses, comme des réalités incontestables qu'il n'est plus question de remettre en question. Quant à leurs collègues qui ne partagent pas leurs vues, ils sont réduits au silence et ont bien du mal à se faire entendre.
Jusqu'au jour où Darwin se rendit sur les îles Galapagos dans l'océan Pacifique (1835), on faisait confiance au philosophe grec Aristote qui estimait que les espèces étaient immuables. Darwin constata que les becs des pinsons qui vivaient sur ces îles avaient différentes formes et en conclut que les espèces peuvent s'adapter à leur milieu et subir ainsi des modifications dans leur anatomie. Il en conclut que toutes les formes de vie existantes ont un tronc commun, qu'elles sont issues d'une forme originelle et se sont diversifiées en s'adaptant progressivement à leur environnement. Quant à l'homme, il n'occupe pas dans la création une place à part, que lui aurait destinée le Créateur, mais est issu du monde animal dont il constitue le produit ultime. Le monde actuel est donc, avec tous les êtres qui l'occupent, y compris les 6.000.000.000 d'hommes qui le peuplent, le résultat d'une évolution progressive de la matière qui, elle, est éternelle ou bien a été créée.
a) L'évolutionnisme areligieux:
C'est la thèse selon laquelle la vie a jailli de la matière éternelle par une sorte de génération spontanée. Il y a à l'origine de l'univers, tel qu'il existe aujourd'hui, une énergie qui ne peut être qu'aveugle, le hasard.
Un hasard qui fait bien les choses! Comment une matière ou énergie aveugle peut‑elle donner naissance à un univers aussi harmonieux, et en particulier à la vie, la personnalité, l'esthétique et l'intelligence de l'homme?
D'autre part, si la matière est éternelle, elle est infinie. Cette infinité est‑elle compatible avec le fait qu'elle est composée d'éléments (atomes, électrons) et qu'elle est constamment sujette au changement?
b) L'évolutionnisme théiste:
C'est un compromis qu'on s'est efforcé de trouver entre l'évolutionnisme et le témoignage de l'Ecriture Sainte. Il y a à l'origine de l'univers une cause première qui opère selon les lois immuables de la nature et, parfois, par une intervention miraculeuse (par exemple, lors de la naissance de la matière, ensuite quand surgit la vie, puis la vie consciente, rationnelle et morale).
Solution de secours incompatible avec l'enseignement de la Bible! Aucune lecture de Gen 1 qui laisse parler le texte ne permet de concilier la Bible et cette théorie. C'est une solution de secours qui fait appel à Dieu pour aider la nature. Elle ne satisfait ni le chrétien biblique ni le savant évolutionniste.
Nous reviendrons plus loin sur la théorie de l'évolutionnisme et signalerons quelques-unes des innombrables questions qu'il soulève et auxquelles il n'apporte pas de réponse. En tout cas, aucune réponse convaincante et donc satisfaisante.
LA CRÉATION DANS LE DÉTAIL
D'autres nations de l'Antiquité avaient leurs récits de la création, récits présentant des ressemblances avec Gen 1 et 2, mais aussi de profondes divergences (dualisme, polythéisme, représentations mythologiques faisant du monde le résultat d'une lutte entre les dieux, etc.). Face à tous ces récits, celui de la Bible s'impose par sa sobriété et sa simplicité.
Le récit biblique ne parle pas du monde invisible, comme les récits païens, mais uniquement du monde matériel dans lequel nous vivons. C'est la première révélation de Dieu, qui définit la place de l'homme dans l'oeuvre de la création. D'où vient‑il? Question controversée, dont l'intérêt fut ravivé par la découverte d'un récit babylonien de la création qu'on peut résumer ainsi: Plusieurs dieux ont été engendrés, dont Mardouk est le chef. Il triompha du dragon Tiamat et devint le créateur du monde. Beaucoup de théologiens ont affirmé que Gen 1 et 2 était tiré du récit babylonien. Citons, par exemple, Gérard Siegwalt: "Genèse 1 est indubitablement influencé par le mythe babylonien de la création. Dans sa forme actuelle, le récit date de la période de l'exil, quand Israël était en captivité à Babylone, au 6° siècle avant J.‑C. Ce fait explique l'influence particulière du mythe babylonien de la création sur notre récit. Mais celui‑ci contient des éléments beaucoup plus anciens, aussi bien d'ordre mythique que prophétique. Genèse 1 est le résultat de la méditation sans doute plusieurs fois séculaire de nombreuses générations de prêtres en Israël sur le mystère du monde et de l'homme, à la lumière à la fois des intuitions religieuses, sapientiales et donc d'ordre mythique qui sont communes à toute l'humanité, sous des expressions variées, et d'une manière spécifique de la révélation faite à Israël par l'élection, autrement dit par l'alliance s'exprimant par le don de la loi" [1].
Nombreux sont les théologiens qui soutiennent que Gen 1 et 2 est tiré de ce récit babylonien de la création. Pourquoi pas l'inverse? Pourquoi le récit babylonien ne serait‑il pas une reproduction corrompue de la tradition orale relative à la création du monde et qui fut consignée dans la Bible, un peu comme la tradition d'un déluge commune à beaucoup de civilisations depuis l'Amérique du Sud jusqu'en Asie peut être le récit défiguré par la transmission orale de la catastrophe universelle relatée par la Genèse?
a) Les différentes interprétations proposées de Genèse 1:
Le premier chapitre de la Genèse constitue un champ de bataille où s'affrontent l'enseignement de l'Eglise chrétienne sur l'origine du monde et de l'humanité et la connaissance scientifique. L'ancienne question de Tertullien: "Quel rapport y a‑t‑il entre Jérusalem et Athènes?" y trouve une formulation nouvelle: "Quel rapport y a‑t‑il entre Genèse 1 et la science?" Il y a d'un côté ceux qui constatent un haut degré de compatibilité entre les dernières découvertes et affirmations de la science et l'interprétation littérale de ce texte, et, de l'autre, tous ceux qui estiment que toute tentative de concilier le récit biblique de la création et les thèses de la science telles que la paléontologie et les lois de la thermodynamique procède d'une approche erronée de ce texte. D'où notamment la question: "Quelle fut la durée des jours de la création?" à laquelle on a donné des réponses diverses. Yôm peut‑il désigner dans Genèse 1 autre chose qu'un jour sidéral, surtout si la réalité désignée par ce terme est présentée comme composée d'un soir et d'un matin? L'onus probandi, le devoir d'en fournir la preuve, en incombe à ceux qui le prétendent. Mais n'anticipons pas.
Il existe globalement sept types d'interprétation de Gen 1:
1) Interprétation mythique:
Cf. ci‑dessus, la citation de G. Siegwalt.
Qu'est‑ce qu'un mythe? Le mot grec muthos n'apparaît que dans les derniers livres du Nouveau Testament. L'apôtre Paul recommande à Timothée de ne pas se tourner vers les mythes (1 Tim 1:4), prédit que les jours viendront où les hommes préféreront les mythes à la vérité (2 Tim 4:4) et demande à Tite de réprimander ceux qui se passionnent pour les mythes dont le propre à est détourner de la vérité (Tite 1:14). De son côté, l'apôtre Pierre rappelle à ses lecteurs que si l'Evangile est un message crédible, c'est parce que les apôtres ont été les témoins oculaires du Christ, et non parce qu'il se fonderait sur quelque mythe. Dans tous ces textes, le mythe est le contraire de la vérité. Ce qui est mythique n'est pas vrai, et inversement, ce qui est vrai n'est pas du domaine du mythe. Affirmer que le déluge ou la résurrection de Jésus sont des mythes revient donc à dire que ce sont des récits fictifs, imaginaires, relatant non pas des faits historiques, mais des histoires inventées dans le but d'illustrer une réalité d'ordre spirituel. Cela revient à dire que si le déluge et la résurrection de Jésus sont théologiquement vrais, ils ne le sont pas sur le plan de l'histoire. Ce sont des récits non historiques qui n'ont de valeur que parce qu'ils véhiculent des vérités théologiques ou kérygmatiques.
Si les premiers chapitres de la Genèse sont si souvent considérés comme mythiques, c'est parce qu'ils sont dits représenter une conception du monde prescientifique ou non scientifique. Fort de cette certitude, on taxe de mythe tout ce qui est présenté comme l'oeuvre d'un être surnaturel, mais que la science définit comme l'opération de lois et de forces impersonnelles. Le mythe est donc non seulement une expression imagée de la vérité, mais aussi une expression scientifiquement fausse, en tout cas invérifiable et, pour cette raison, scientifiquement inadéquate. R. Bultmann a donné du mythe cette définition devenue classique: "La mythologie est l'utilisation d'images pour exprimer les réalités transcendant ce monde en des termes empruntés à ce monde, et le divin en des termes humains" (Kerygma et Mythos, p. 10, n. 2). Il en a conclu que pour comprendre beaucoup de textes de la Bible, l'homme moderne devait les démythologiser. Démythologiser, et non dékérygmatiser! Mais il est permis de se demander si les tenants d'une telle herméneutique parviennent à faire l'un sans l'autre, à démythologiser sans dékérygmatiser. Quelle est l'évidence théologique d'un texte biblique qu'on interprète avec la présupposition herméneutique suivante: La vérité historique d'un texte importe peu, aussi longtemps qu'on retient son enseignement véritable?
La définition du mythe retenue par la théologie moderne est problématique pour trois raisons. Premièrement, elle est tellement large qu'elle fait de toute affirmation théiste un mythe. Deuxièmement, elle laisse entendre que tout ce que la Bible dit de Dieu reflète une conception du monde naïve que la science a réfutée. Enfin, une telle définition ne procède pas d'une étude ee la mythologie, mais de l'opposition entre le mythe et la science. Ce n'est pas par une étude approfondie des mythes de la littérature antique que Bultmann a débouché sur la définition du mythe proposée par lui. Sa définition est beaucoup plus rationaliste et philosophique que phénoménologique.
Le texte de Gen 1 est dit constituer une représentation des origines de l'univers qui reproduit les croyances du monde de l'époque, tout en les épurant de leur polythéisme. Il est à prendre et à interpréter comme tel.
Mieux qu'un long discours, nous reproduirons des extraits de deux récits de la création issus des civilisations anciennes qui montreront le fossé infranchissable qui les sépare du récit biblique. Tout d'abord un texte tiré du Mystère d'Atrahasis: "Lorsque les dieux étaient (encore) hommes, ils assumaient le travail et supportaient le labeur. Grand était le labeur des dieux, lourd leur travail, et longue leur détresse... Ils appelèrent et interrogèrent la déesse, la sage‑femme des dieux, la sage Mami: "C'est toi, ô Génitrice, qui de l'humanité (seras) la créatrice. Crée l'être humain pour qu'il porte le joug, pour qu'il porte le joug de la tâche imposée par Enlil, pour que l'homme assure le dur travail des dieux" [2].
Puis un extrait du récit babylonien de la création, le poème intitulé Enuma Elish, découvert dans les ruines de la bibliothèque d'Assurbanipal (669‑627) à Ninive, auquel se joignirent d'autres fragments mis à jour à Erec, Kish et Assur. Ce récit dit entre autres: "Lorsqu'en haut le ciel n'était pas (encore) nommé, qu'en bas la terre n'avait pas de nom, que le primordial Apsou, de qui naîtront les dieux, la génitrice Tiamat, qui les enfantera tous, mêlaient en un seul tout leurs eaux, qu'agglomérées n'étaient les pâtures, ni visibles les cannaies, alors que des dieux aucun n'avait (encore) paru, n'était nommé d'un nom ni pourvu d'un destin, (alors) de leur sein des dieux furent créés... Apsou, prenant la parole, d'une voix aiguë dit à Tiamat: Leur conduite est pénible pour moi. Le jour je suis sans repos, la nuit, sans sommeil. Je veux détruire, anéantir leurs agissements, pour que règne le silence, et que nous, nous dormions" [3].
Mais Mardouk triomphe de Tiamat, la tue et de son cadavre crée le ciel et la terre: "S'étant apaisé, le Seigneur, de Tiamat, contemple le cadavre. Il veut diriger le monstre, en créer de belles choses. En deux il le fendit, comme un poisson séché, en disposa une moitié dont il plafonna les cieux, traça la limite, mit en place des gardes, et leur donna mission d'empêcher ses eaux de sortir... Je veux faire un réseau de sang, former une ossature et dresser un être humain et que son nom soit l'Homme! Je veux créer (cet) être humain, (cet) Homme, pour que, chargé du service des dieux, ceux‑ci soient en paix... On enchaîna Kingou. Devant Ea on le maintient, on lui inflige le châtiment. De son sang Ea créa l'humanité, lui imposa le service des dieux et libéra les dieux"[4].
Certes, il existe des points de ressemblance: l'existence d'un chaos primitif, la division des eaux au‑dessus et au‑dessous du firmament, la création de l'univers décrite sur sept tablettes (cf. les sept jours de la création) et même, pour l'épopée d'Enuma Elish, la création des luminaires le 4° jour et de l'homme le 6° jour.
Mais les divergences sont énormes: un ordre souvent différent, et surtout une conception religieuse aux antipodes de celle de la Bible. Les conceptions mythologiques (dieux d'un niveau peu élevé, combat entre ces dieux) tranchent sur le monothéisme sublime de Gen 1 et 2 et sur la toute‑puissance d'un Dieu qui crée le monde par sa parole souveraine. Les mythes païens sont en fait beaucoup plus des théogonies que des cosmogonies. Ils décrivent la naissance des dieux beaucoup plus que la création de l'univers, de la terre et du monde. Pour la Bible, Dieu existe antérieurement à tout élément créé. Le poème babylonien, au contraire, s'ouvre sur l'évocation d'un océan primitif où les eaux douces (Apsou) et salées (Tiamat), semblables à deux monstres, se mêlent, union d'où naîtront les dieux. Pour la Bible, Dieu est unique. Tout est ordre et sérénité. Dans le texte babylonien, on assiste à la production de toute une génération de dieux issus de l'union d'Apsou et de Tiamat. Dieux jeunes et turbulents qui perturbèrent le repos des dieux anciens et se révoltèrent contre Apsou. Apsou résolut donc de les anéantir. Le dieu Ea, ayant découvert son plan, le tua et engendra par la suite Mardouk, le dieu de Babylone. Tiamat se décida alors à agir et à venger la mort de son conjoint. Elle prépara la guerre, engendra des serpents géants dont le sang était tout entier venin, et créa des monstres pour qu'ils luttent contre les dieux révoltés, en leur donnant pour chef Kingu. Mais en vain. Ea répondit à la menace de Tiamat, en ordonnant à Mardouk de la renverser. Tiamat (le chaos) et Mardouk (dieu de la lumière) menèrent un violent combat dont Mardouk sortit vainqueur. Il triompha de Tiamat grâce à une formule magique et à une plante qui neutralisèrent le poison des monstres formés par Tiamat. Puis il la tua et, de son cadavre, créa le ciel, la terre, les airs et les eaux souterraines dont il fit le lieu de résidence des dieux. Il désigna la lune pour dominer la nuit et indiquer les mois et les jours de l'année. Du sang du Kingu, capitaine de l'armée de Tiamat, il fit l'homme qu'il contraignit à servir les dieux. Par sa victoire, Mardouk fut promu de sa position de divinité principale de Babylone à celle de chef de tous les dieux.
Dans la Bible, l'acte créateur est immédiat. Il résulte de la volonté exprimée par Dieu. Dans le récit babylonien, on assiste au contraire à un pénible enfantement du monde, à base de violence et de sang. Mardouk assigne un lieu de résidence aux dieux. La création de l'homme se fait à partir du sang d'un des dieux vaincus que les vainqueurs vont exécuter. Les dieux se réunissent donc en assemblée pour désigner une victime. Ce sera un certain Kingou qu'on enchaîne et tue pour fabriquer l'homme à partir de son sang.
En fait, le thème de la création ne saurait laisser indifférente une religion quelle qu'elle soit. Aussi bien toutes les religions connues possèdent‑elles des mythes de la création, tant en Babylonie qu'en Egypte, et même dans les religions actuelles d'Asie et d'Afrique. Les anciens Hébreux vivaient, eux, dans un monde baigné de polythéisme, un monde qui avait ses propres mythes de création véhiculant des valeurs religieuses polythéistes. Ils étaient donc en danger, au milieu de ces civilisations par ailleurs plus avancées qu'eux sur le plan matériel. Aussi fallait‑il que Dieu donne à son peuple un récit des origines conforme à ses desseins, un récit à la fois simple et compréhensible pour son peuple, un texte qui soit un contrepoids à l'enseignement polythéiste et décadent des anciennes religions ambiantes.
Le mythe n'est pas une explication scientifique ou pré‑scientifique. Il est le résultat d'une puissance d'imagination issue de l'homme et traduisant ses fantasmes et ses terreurs, exprimant les forces inconnues qui régissent sa vie. Il fabrique des dieux à l'image de l'homme. L'élément relaté se place dans un temps radicalement différent. Il n'a pas sa place dans l'histoire. Ses acteurs (dieux, héros, titans, astres, éléments, etc.) luttent entre eux. Cette lutte représente le combat que se livrent les forces de la nature. Ainsi se constitue ce qu'on pourrait appeler un véritable univers mythique fait de personnages qui accomplissent des oeuvres gigantesques (travaux d'Hercule, d'Atlas, vol du feu par Prométhée). C'est grâce à eux que les sociétés, les villes, les institutions ont pu être fondées, que le feu a été donné à l'homme, que la terre est devenue fertile et que la femme a pu être fécondée par l'homme. La fonction du mythe est d'expliquer le réel à partir du divin et à travers l'intervention d'un ensemble de personnages surhumains qui créent, fondent ou personnifient les aspects les plus importants de la vie humaine.
Le récit biblique de la création est tout sauf cela. Il situe la création non dans un autre temps, mais avant le temps. Le Dieu de la Bible est éternel, hors du temps. Mais en créant le monde, il crée le temps. D'autre part, la création n'a eu selon la Bible qu'un acteur: Dieu. Enfin, la fécondation mythique n'a pas besoin d'être actualisée dans le temps par des rites et des liturgies comme la prostitution sacrée. Aucune action humaine n'est nécessaire à l'acte créateur de Dieu. Rien ne le prolonge ni ne l'actualise. Dieu seul crée, par l'effet de sa volonté, et sa création est dès lors achevée. Le monergisme divin s'applique non seulement à la rédemption, mais aussi à la création du monde, et les quelques similitudes entre le récit biblique et le mythe babylonien n'autorisent en aucune façon à faire procéder celui‑là de celui‑ci.
La Bible rejette radicalement toute forme de mythologie. Yahvé seul est Dieu et il agit seul. Les "monstres marins" (Gen 1:21), loin d'être à l'origine du monde, ne sont que des créatures. Les dieux chthoniens (océan, ciel, terre) et les divinités astrales (soleil, lune, étoiles) ne sont que des objets fabriqués par Dieu, des créatures qui ne sont ni des dieux, ni des incarnations de divinités, ni des objets régis par elles. En Egypte, le dieu‑soleil, Râ ou Ré, était l'un des plus grands dieux du panthéon, surpassé seulement par Osiris, le dieu des morts. Même la religion babylonienne, davantage centrée sur la lune, lui assigne une place de choix. Appelé Shamash, il était l'objet d'une grande faveur, car il avait pour fonction de protéger les voyageurs, de mettre en lumière les fautes des hommes au jour du jugement, et surtout il était le dieu des devins. Un lien étroit existait ainsi entre le soleil et la divination. Le désir d'interroger l'avenir, si fondamental dans toutes les religions anciennes, se retrouve de nos jours, si on en juge par l'incroyable faveur dont jouissent, même à notre époque scientifique, les cartomanciennes, devins, voyantes et astrologues. La plus célèbre de nos voyantes ne s'appelle‑t‑elle pas Madame Soleil? Le récit de la Bible, quant à lui, ôte au soleil toute vertu divine en ne lui laissant que le rôle de simple agent subalterne, choisi par Dieu pour éclairer la terre. Il ne sait rien et ne révèle rien. Il n'est qu'un objet lumineux créé par Dieu pour éclairer la terre, rythmer les jours et les saisons. C'est tout!
La lune, vénérée en Mésopotamie sous le nom de Sin, n'est elle aussi qu'un objet lumineux, placé dans le ciel pour éclairer la nuit. Dieu est le Créateur de l'univers, le fondateur des lois. C'est lui, et non le soleil ou la lune, qui fixe le cours des planètes, qui régit le passé, le présent et l'avenir, qui veille sur la destinée des hommes. Le soleil et la lune ont si peu de pouvoir qu'ils ne sont même pas nommés. Le récit de la création se contente de parler du grand et du petit luminaire (Gen 1:14‑17). Quant aux étoiles, en qui tant d'hommes de nos jours ont la stupéfiante naïveté de mettre leur confiance, le texte dit tout simplement: "Il fit aussi les étoiles" (Gen 1:17). Petite phrase lapidaire, presque une parenthèse.
Tout ce que Dieu avait fait était très bon, et aucune créature ne portait en elle des germes de fatalité conduisant au mal et au malheur, à la destruction et à la mort. On ne peut donc pas attribuer le mal à Dieu ni à quelque lacune originelle dans la création. Au contraire, dans les religions anciennes le mal vient des dieux souvent malfaisants, qui trichent, se haïssent et se querellent. Ou bien il résulte d'une faille dans la création, d'une oeuvre incomplète ou imparfaite. Dans les mythes babyloniens, les dieux sont par ailleurs accablés de peines et de fardeaux et créent l'homme pour s'en décharger. Ils ont besoin de l'homme pour ne plus souffrir. Cf. à ce sujet, ci‑dessus, les textes d'Enuma Elish et du Mystère d'Atrahasis. Le Dieu de la Bible, lui, n'a nullement besoin de créer. Il le fait par une libre décision et par amour, en courant un risque terrible: celui de voir sa créature libre se détourner de lui. Il le crée dans une liberté absolue, parce qu'il veut communiquer avec des êtres libres. Il veut les faire participer à ce qu'il est. Voilà pourquoi, connaissant par avance leur chute, il prend le risque de les créer. Et il leur donne de l'autorité sur le monde, leur remet la direction de la création, d'une création en parfait état de fonctionnement.
Les divinités de l'Orient ancien se sont réservé l'immortalité. Pour les hommes, la mort est le lot commun voulu des dieux. C'est ce qu'affirme la fameuse épopée de Gilgamesh, ce roi semi‑légendaire du XXVII° siècle avant Jésus‑Christ, à la recherche constante de l'immortalité: "O Gilgamesh, pourquoi cours‑tu de tous côtés? La vie que tu cherches, tu ne la trouveras pas! Lorsque les dieux créèrent l'humanité, ils placèrent la mort pour l'humanité, ils retinrent la vie entre leurs mains" [5]. Ici, la mort est voulue par les dieux. Elle fait partie de leur plan. Selon la Bible, au contraire, Dieu n'a pas créé la mort. Il voulait l'homme immortel. Et lorsque ce dernier tomba dans le péché, il lui promit la victoire et l'immortalité et lui donna un Rédempteur!
On le voit, les différences sont trop nombreuses et les contradictions insurmontables. Les païens se sont toujours fait des dieux à leur image, projetant sur eux leurs rêves, leurs fantasmes et leurs peurs, tandis que selon la Bible c'est Dieu qui créa l'homme à son image.
2) L'interprétation de la haute critique:
Il s'agit de la critique des sources de Graf/Wellhausen, distinguant entre différents documents (Yahviste, Elohiste, Deutéronomiste et Code Sacerdotal) compilés par des rédacteurs anonymes. A la différence de Gen 2 et 3 attribués au Yahviste, Gen 1 est considéré comme faisant partie du Code Sacerdotal, document littéraire issu des milieux sacerdotaux pendant ou après l'Exil. La critique des formes a par ailleurs procédé à l'analyse des différents genres littéraires des textes bibliques et considère Gen 1 comme une confession de foi de l'époque dite sacerdotale. C'est le point de vue de théologiens tels que Gerhard von Rad (La Genèse, p. 43), Frank Michaëli (Le Livre de la Genèse, Ch. 1‑11, p. 15) et d'autres encore. Frank Michaëli, par exemple, voit dans notre texte "le témoignage d'une foi au seul Dieu créateur et souverain du monde et de l'histoire. Ce témoignage, sorte de confession de foi, s'exprime non dans des formules intellectuelles, mais dans des textes profondément religieux, où l'adoration trouvait son expression dans le culte et la liturgie. Nous devons donc nous placer sur le même plan que les anciens écrivains, si nous voulons saisir leur pensée et en découvrir la valeur éternelle" (o.p., p. 15).
Cette explication ne me paraît pas non plus satisfaisante. Je laisse ouverte pour l'instant la question de savoir si Gen 1 peut être assimilé à une confession de foi en la toute‑puissance souveraine de Dieu, seul Créateur du monde, y compris du soleil, de la lune, des étoiles et des astres qui ne sont que des créatures et que l'homme n'a ni à craindre ni à vénérer. Tout texte de la Bible, quel que soit sa raison d'être dans l'Ecriture, n'est‑il pas aussi et toujours confession de foi? Mais je ne peux pas attribuer Gen 1 à une école de prêtres de l'époque exilique ou postexilique. Ce chapitre figure dans un livre que le Judaïsme, le Christ et les apôtres ont toujours considéré comme l'oeuvre du plus grand prophète d'Israël, Moïse.
3) Interprétation restitutionniste:
Due à l'Ecossais Thomas Chalmer qui la proposa en 1814, on la trouve sous la plume de théologiens tels que Fr. Delitzsch, Wisemann, Buckland. La Bible dite de Scofield (1° édition en 1909) lui a donné une large diffusion dans les milieux dispensationalistes. Connue sous le nom de restitutionnisme ou de théorie de l'intervalle (gap theory) ou de la parenthèse, elle distingue entre une création première (Gen 1:1) et une création seconde (Gen 1:3‑31). Une longue période se serait écoulée entre les deux, faite d'un changement catastrophique dû à la chute des anges (Fr. Delitzsch), changement dont le résultat fut le tohu‑bohu de Gen 1:2. Mais Dieu décida un jour de réhabiliter et de réparer le monde, pour en faire l'habitat de l'home. C'est ce qui est relaté Gen 1:3.
On notera cependant que le texte ne dit pas que la terre devint informe et vide, mais qu'elle l'était (wehâ'ârèts hâyethâh thohû wabohû). D'autre part, le waw de coordination qui introduit le V.2 n'autorise guère à faire durer le tohu‑bohu les milliards d'années que représentent les temps cosmiques ni même les millions d'années des ères géologiques. On a cru cette théorie confirmée par des textes tels que Es 42:1; Jér 4:23‑26; Job 9:4‑7; 2 Pi 2:4, mais aucun d'eux n'affirme que la chute des anges a réduit la terre à un chaos ni que Dieu l'a réorganisée avant de créer l'homme. L'Ecriture dit aussi que le monde et tout ce qu'il contient fut créé en six jours (Gen 2:1; Ex 20:11), et rien n'autorise à retrancher Gen 1:1.2 du récit de l'hexaemeron pour en faire l'affirmation d'une "première création". Il semble bien que ces deux versets fassent partie d'un tout.
4) Interprétation révélationniste:
Elle soutient que Moïse reçut la révélation concernant la création du monde sur une période de six jours. Selon ce point de vue, les six jours de Gen 1 étaient des jours dans la vie de Moïse et non des jours de création. "La création a été "révélée" en six jours et non "accomplie" en six jours", écrit Bernard Ramm, partisan de cette explication (The Christian View of Science and Scripture, Grand Rapids 1954, p. 222). Cependant, ce n'est pas ce que dit Gen 1, et par ailleurs cette interprétation se heurte à Ex 20:11 qui affirme bel et bien qu'"en six jours l'Eternel a fait les cieux, la terre et le mer et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour".
5) Interprétation concordiste:
Selon cette exégèse, défendue traditionnellement par de nombreux théologiens évangéliques, le mot "jour" désigne en fait des périodes ou ères géologiques. Certains Pères déjà pensaient que Dieu avait créé le monde en un acte unique, que Gen 1 en constitue un cadre littéraire symbolique disséquant cet acte unique en plusieurs éléments, pour rendre la création de l'univers intelligible à l'esprit limité de l'homme. C'était le cas de Clément d'Alexandrie, d'Origène [6], d'Athanase [7] et d'Augustin.
Cette interprétation fut reprise dans les milieux conservateurs des temps modernes [8] et s'emploie à concilier les affirmations de Gen 1 avec les données de la science, notamment en ce qui concerne les périodes géologiques. C'est ainsi qu'elle s'efforce de montrer que les jours de la création (yôm) peuvent fort bien désigner ces différentes ères. C'est postuler que yôm en hébreu puisse désigner autre chose qu'un jour sidéral. On invoque pour cela les faits suivants:
1) Le soleil ne fut pas créé avant le 4° jour; il n'a donc pas pu y avoir de jour sidéral avant ce jour‑là. Cependant, du fait qu'il y avait déjà alternance du jour et de la nuit avant la création du soleil, Dieu pouvait donner aux trois premiers jours la même durée qu'aux autres.
2) Le mot yôm peut avoir plusieurs sens en hébreu. Il désigne tantôt le jour par opposition à la nuit (Gen 8:22; 29:7; Ps 139:12), tantôt l'ensemble du jour et de la nuit rythmé par le lever et le coucher du soleil (Gen 1:5.8.13.19.23.31; Ex 12:6.18), tantôt une époque donnée (Prov 25:13: "le jour", i.e. "le temps de la moisson"; Eccl 7:14: "Au jour du bonheur, sois heureux"; Abd 12: "Ne repais pas ta vue du jour de ton frère, du jour de son malheur"). Yôm est pris parfois dans le sens élargi d'une durée mal définie, quelquefois très étendue, par exemple Gen 2:4: "Au jour où le Seigneur Dieu fit (beyôm hasôth yahweh 'èlohîm) la terre et les cieux", ou Jér 39:17: "En ce jour‑là (bayyôm‑hahu'), je te délivrerai, dit l'Eternel, et tu ne seras pas livré entre les mains des hommes que tu crains".
C'est vrai pour la plupart des langues. "Un jour, tout sera bien, voilà notre espérance" disait par exemple Voltaire. D'autre part, yôm entre avec différentes prépositions dans la construction de conjonctions ou d'adverbes de temps aux sens divers (beyôm: le jour où, i.e. quand; bayyôm: pendant le jour, le même jour, tout de suite; kayyôm: en ce jour, i.e. maintenant; mîyyôm: à partir du moment où, depuis, etc.). Tout cela peut se vérifier dans d'autres langues de l'époque, notamment l'ougarite et l'araméen. Il n'en est pas moins vrai aussi que le sens du mot yôm est précisé dans le récit de la création, qu'un cadre est tracé à ce terme par l'alternance d'un soir et d'un matin et qu'il faut donc donner à ce terme dans le récit de la création le sens que l'auteur a voulu lui donner.
3) Les jours de la création sont des jours divins, des jours archétypes dont les jours de l'homme ne sont que des copies ectypes. Mille ans sont aux yeux de Dieu comme un jour (Ps 90:4; 2 Pi 3:8). Mais c'est confondre le temps et l'éternité. "Mille ans" égale non pas 1000 x 365 jours, mais l'éternité. Dieu est au‑dessus et hors du temps. C'est ce qu'affirment en fait Ps 90:4 et 2 Pi 3:8. Les seuls jours qu'il a créés semblent être les jours sidéraux de ce monde, et le mot yôm ne désigne jamais dans la Bible pour les hommes que nous sommes une période de mille ans. D'ailleurs a‑t‑on le droit de déduire de l'affirmation de l'éternité de Dieu qu'un jour défini par la succession d'un soir et d'un matin peut durer aussi bien 24 heures qu'une ère géologique?
4) Le 7° jour, jour du repos de Dieu, dure jusqu'à présent et n'a pas de fin. Ce n'est pas exact. L'idée que Dieu commence la création à un moment donné, puis qu'il l'achève après six jours, ne s'applique pas à Dieu tel qu'il est en lui‑même, mais au résultat temporaire de son activité créatrice. Dieu est immuable, toujours à l'action dans ce qu'on appelle la creatio secunda seu continua, et donc jamais en repos. Ce dont il "se reposa", ce fut la création première qui prit bel et bien fin au soir du 6° jour. Le texte laisse entendre que le sabbat de la semaine de la création fut égal aux autres jours. On pourrait objecter enfin que Dieu a institué le sabbat comme un jour sidéral de repos (Ex 20:11) et que, pour cette raison, rien n'autorise à donner au septième jour de Gen 1 une durée autre qu'aux six premiers.
On comprend pourquoi la plupart des exégètes n'ont pas de sympathie pour cette approche du récit de la création. Le catholique J. Chaine écrit: "On crut trouver une harmonie entre le premier chapitre de la Genèse et les découvertes de la géologie et de la paléontologie. Moïse parlait comme les savants. Les six jours, malgré leurs soirs et leurs matins, devinrent des périodes. Ce fut une grave erreur" [9]. De même le protestant Frank Michaëli: "Quant à donner au mot jour une signification pseudoscientifique correspondant à une période ou à une ère géologique, c'est lui attribuer un sens moderne qu'il n'a certainement pas dans la langue biblique" [10].
Le souci du concordisme est de montrer qu'il n'y a pas de contradiction entre la Bible et la science. C'est ainsi qu'on vit des théologiens s'extasier sur l'étonnante conformité du récit des origines aux données nouvelles de la géologie et de la paléontologie. Et on en arriva à calquer la semaine de la Bible sur les ères géologiques de la science. "Jour" en vint à signifier "période géologique". On fit observer à quel point la Bible et la science concordaient merveilleusement. La science disait‑elle que la terre était d'abord entièrement recouverte d'eau? La Bible aussi. Que la lumière était un facteur essentiel à l'éclosion de la vie sur terre? La Bible aussi. Et de souligner combien l'Ecriture respecte le schéma évolutionniste, puisqu'elle énonce, dans l'ordre de leur prétendue apparition sur terre, les genres minéral, végétal, animal. De plus, les animaux marins sont cités d'abord. Preuve, pensait‑on, que la Bible ne se trompe pas. La science évolutionniste enseignait que l'homme est la fine pointe, le point culminant de l'évolution, l'aboutissement de lentes transformations poursuivies pendant des millions d'années. Or la Bible ne dit‑elle pas que l'homme fut créé le sixième jour? En fait, Gen 1 n'est‑il pas une sorte de récit scientifique simplifié à l'extrême, mais e
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« Dieu notre Père, remplis-nous d'amour pour toi et pour les frères que tu nous donnes ;
préserve-nous de la tiédeur et permets que nous trouvions notre joie à te servir et à servir notre prochain,
au nom de Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur ! Amen. »
Introït du 6e après la Trinité
Jean 5, 1-18
Nous voici ce matin en pleine guérison miraculeuse. Jésus a les paroles, mais aussi les gestes qui sauvent. Il dit au paralytique : Lève-toi, marche ! Et l'homme rentre chez lui en oubliant ses béquilles !
Mais attention au dérapage ! L'Eglise peut vite se transformer en cabinet médical et le culte en centre de consultation. Frères et soeurs, laisser croire que Jésus a donné à l'Eglise un pouvoir égal au sien est une publicité mensongère. Bien sûr, l'Esprit fait toujours des miracles où et quand il veut. Mais son but premier concerne le pouvoir du péché et notre guérison parfaite dans le royaume des cieux. C'est la leçon de ce texte. Voyons-le à l'oeuvre :
- avec le paralysé.
- avec ses compatriotes.
I
Il y a quelque-chose d'agaçant dans ce récit. Un infirme est couché là, au bord du bassin. Et cela dure depuis des années. Sa vie ne vaut plus rien. Elle est entretenue par des rêves impossibles. L'origine de sa paralysie nous est révélée par Jésus lui-même : Va, et ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire.
C'est l'un des rares récits où Jésus lie directement la maladie à une faute commise. Cet homme a joué gravement avec sa santé, autrefois, du temps de sa belle jeunesse, au point d'en payer le prix fort : il en est resté infirme. C'est ainsi que des vies sont amputées ou détruites par des pratiques imprudentes ou immorales ; on s'expose bien souvent au malheur par ignorance ou dénis de la loi divine. Je pense aux drogues, aux excès d'alcool, à une sexualité qui fait tout à l'envers. Cela me rappelle cet avertissement dans l'Ecclésiaste, chapitre 12 : « Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse, marche dans les voies de ton coeur et selon les regards de tes yeux ; mais sache que pour tout cela Dieu t'appellera en jugement ». Pour certains, malheureusement, l'addition se paie déjà sur cette terre...
A la punition de notre infirme s'ajoute un supplice de Tantale. La guérison est là, à portée de piscine, chaque fois qu'un ange - parait-il - agite l'eau. Mais le malheureux n'est jamais assez rapide. Ca aussi, c'est agaçant. Comme si la miséricorde divine lui passait régulièrement sous le nez. Dans cette situation, vous avez vraiment l'impression que les fautes du passé vous marquent à vie, vous disqualifient. Alors bien sûr on rumine, on broie du noir, on culpabilise.
Tel était sans doute l'état d'esprit du paralysé de la piscine de Bethesda.
Et puis un jour passe un inconnu qui lui dit brusquement : Veux-tu être guéri ? Question totalement superflue, à la limite de la provocation. Comment peut-on demander à un infirme s'il veut retrouver ses jambes ? Mais Jésus la pose exprès. Il attend l'aveu d'une situation sans issue, à moins que Dieu n'intervienne.
Voyez-vous, la vraie repentance c'est reconnaître que sans Dieu, personne ne peut rien pour nous face au drame du péché. C'est cela, le vrai abaissement que l'Esprit veut entendre dans nos confessions. Tant qu'il n'y a pas cette désespérance avouée, la foi est impossible. Jésus ne peut pas entrer chez nous pour nous appliquer le remède de sa grâce, et le Consolateur reste inaccessible. Voilà pourquoi Jésus dit si souvent dans l'Evangile : Celui qui s'abaissera sera élevé.
Voyons maintenant la guérison. Comme toujours elle est simple. Aucun tralala. Pas d'orchestre ni de gospels ; pas d'effets spéciaux. Quelques mots donnés sur le ton de l'ordre : Lève-toi, prends ta paillasse et marche. Il est comme çà, notre Seigneur. Cette simple parole engage tout : la santé du malade, la puissance extraordinaire qui jaillit des mots du Maître, et la foi qui doit se lever et marcher, c'est-à-dire se lancer à fond dans la confiance, sans regarder en arrière et sans discuter.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le paralysé ne veut pas en rater une miette. Il tient la chance de sa vie. Déjà il se lève et... miracle, il marche et saute sur ses jambes comme un adolescent. Il prend sa paillasse, soeur de misère, et rentre chez lui la tête pleine d'un feu d'artifice, je veux dire pleine de réflexions éclatantes comme un soleil. En effet, si le Dieu du ciel lui a accordé un miracle pareil, c'est que l'amour est descendu sur sa vie et sur son passé ! Cet homme réalise qu'il a une place dans le coeur de l'amour divin. Ce n'est pas possible autrement. La grâce surabonde, c'est sûr.
2
Tel était sans doute l'état d'esprit du miraculé tandis qu'il se rendait au temple !
Ce récit concerne nos affaires. Chacun connaît son coeur et ses propres infirmités. Il y a des pensées, des penchants que l'on porte en soi comme une maladie. Et la loi divine nous montre notre paralysie. Pour nous aussi, la guérison est inaccessible si Dieu lui-même n'intervient. Et voilà que Jésus vient à nous. Dans l'Evangile, il nous dit : Mon ami, veux-tu être guéri ? Si nous sommes vraiment conscients de notre détresse, nous lui répondrons : Seigneur, à qui irions-nous ? Il n'y a que toi. C'est alors que le Seigneur nous dit dans l'absolution : Lève-toi, prends ta pauvre vie, et marche car tu es pardonné et guéri. Regarde là-bas, sur la croix : c'est moi. Je t'ai racheté à un grand prix.
Ne l'oublie plus jamais. Bienheureux ceux qui prennent ces paroles au sérieux. Ils sont debout et marchent vers le royaume des cieux !
Peu de temps après, Jésus rencontre notre ex-infirme au temple. Il lui dit : Voici, tu as été guéri. Ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire. Voulez-vous savoir pourquoi Jésus a tenu à lui mettre les points sur les i ? Pour que cet homme ne confonde pas le sens de sa guérison. Bien-sûr, il a retrouvé ses jambes. Mais Jésus pense surtout à sa guérison spirituelle, celle qui triomphe de la mort éternelle. Celle-là est bien supérieure aux jambes qui courent, car maintenant, ces jambes peuvent courir vers le Paradis. Et ça c'est génial. Alors désormais, mon ami, fais attention où tu mets les pieds ! Profite de ton salut, et attention au péché. Il fait toujours très mal.
II
Voyez la bonté du Sauveur ! Quand un malheureux crie, il accourt et délivre ! C'est la première leçon de ce récit. Mais Jésus veut aussi sérieusement la guérison de... ses ennemis ! Voyons cela de près.
Des Juifs, donc ses compatriotes, rencontrent le miraculé en train de porter joyeusement sa paillasse. Manque de chance, c'est un jour de sabbat. Ils lui disent : tu fais quelque-chose de défendu. C'est clair, nous avons affaire à des maniaques, des paralysés du sabbat. Ce sont de grands malades qui se croient bien portants, tellement bien portants qu'ils font la leçon au guéri du Seigneur.
Nous avons dit qu'ils sont paralysés du sabbat. Pourquoi ? Parce qu'ils en ont fait un commandement absurde, vidé de sa beauté spirituelle, et ficelé par leurs traditions pointilleuses. En effet, que dit le sabbat ? Il faut poser la truelle ou fermer l'ordinateur pour se donner le temps du repos et l'occasion de soigner son âme. Non pas en faisant son marché ou ses courses, mais en retrouvant celui qui nourrit de grâce par sa parole et les sacrements. C'est tout.
Donc, le sabbat, c'est la pause de l'âme qui se refait des forces et une belle santé auprès de son Dieu. Malheureusement, les pharisiens ont poussé le commandement jusqu'à l'absurde. Ils l'ont vidé de son contenu pour ne garder que l'enveloppe. Pour eux, toute activité leur paraît sacrilège. Même la traite des animaux domestiques, même les oeufs pondus un jour de sabbat. Comme si le jour du Seigneur ordonnait la paralysie générale de la société : pas de soins aux bébés ni aux personnes âgées, pas de services d'urgences aux accidentés, pas de solidarité dans une catastrophe, pas de pompiers ni d'infirmières.
C'est vrai que le jour du repos est sacré, mais il l'est dans nos vies et nos coeurs quand nous faisons tout pour que la Parole et les sacrements puissent nous faire du bien à la maison et au culte. C'est cela le vrai sens du sabbat. Celui qui méprise le culte, la prédication, la communion, la prière, les chants et la confession, celui-là a un sérieux problème de sabbat.
Vous comprenez maintenant pourquoi les Juifs, lorsqu'ils rencontrent l'ex-paralysé, ne voient que la paillasse et non le miraculé ? Pour eux, le grand scandale c'est la paillasse portée. Ils ne voient même pas, derrière la paillasse, le miraculé qui saute comme un cabri et qui chante la gloire de Dieu.
Ce texte nous révèle nécessairement un grave problème. Il y a souvent en l'homme un aveuglement tel qu'il passe à côté de l'essentiel. Vous comprenez maintenant pourquoi l'Evangile dit : Malgré tant de miracles, ils ne croyaient point. Et savez-vous quelle est l'origine de ce blocage ? Non pas le miracle en soi. Le blocage se situe au niveau de l'impénitence, qui est la pire forme de l'orgueil. Lorsqu'une société se convainc que l'homme n'est pas responsable de ses torts, qu'il n'y a ni bien ni mal ou encore que chacun peut finalement se mériter une part du ciel, alors l'Evangile ne trouve aucune racine, quand bien même il serait accompagné de tous les miracles. Au contraire, il suscite, comme dans ce
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récit, non seulement le mépris, mais encore la haine. L'apôtre Jean écrit que lorsque les Juifs apprirent que l'auteur du miracle était Jésus de Nazareth, ils se concertèrent pour le faire mourir.
Chaque miracle opéré sous leurs yeux par le Seigneur était comme un flash divin pour les tirer de leurs ténèbres. Et chaque guérison effectuée le jour du sabbat annonçait la formidable guérison apportée par le Messie. C'est lui qui a le pouvoir de nous donner le repos spirituel, en éradiquant le péché, la mort et la puissance du diable. C'est lui qui est l'auteur d'un beau sabbat éternel.
Hélas, les adversaires de Jésus ne comprendront rien à rien, ou plutôt ils s'endurciront contre l'Evangile de Dieu (Marc 1.14). Et ça, c'est à en pleurer.
Plus tard, Jésus leur dira : Mon Père agit jusqu'à présent ; moi aussi j'agis. A cause de cela - rapporte la Bible - les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir, non seulement parce qu'il violait le sabbat, mais parce qu'il appelait Dieu son propre Père, se faisant lui-même égal à Dieu. Cette dernière remarque est révélatrice : ils ont fort bien compris le message du Seigneur, tant sa portée pédagogique que spirituelle. Mais ils ne veulent pas du Christ parce qu'ils n'ont pas besoin de médecin.
Mes amis, ce récit superbe nous montre l'activité d'amour du Fils de Dieu envers les pécheurs, y compris envers ses pires adversaires. Le message de Jésus a pris racine dans le coeur du paralysé repentant. En revanche, il n'a trouvé que l3a haine dans le coeur des prêtres et des Pharisiens impénitents.
Faut-il le dire ? L'incrédulité est le plus détestable de tous les péchés. Il est responsable de tant de déchéances morales et spirituelles. On voit combien la force d'amour du Christ est nécessaire pour nous arracher à une misère si grande. Un chrétien se plaignait de sentir encore dans sa vie la morsure du péché malgré tant d'années de piété et de foi. Il se désolait d'être obligé d'avouer avec Paul : misérable que je suis, qui me délivrera de cette mort ?
Mais il est bon qu'il en soit ainsi, car Jésus ne peut relever que ceux qui sont abaissés. Heureux les spirituellement pauvres, car ils seront consolés. Les vrais malheureux de notre récit ce sont ceux qui, ce jour-là passèrent à côté de la vraie vie.
Bénissons le Seigneur de ce qu'un jour il est venu vers nous, pour se pencher sur notre misère et pour nous dire : lève-toi, laisse-là ta misère et rentre chez toi purifié. Puisse le souvenir de cette guérison nous pousser au temple pour louer, bénir et glorifier le Christ, notre bienfaiteur. Amen !
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