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« Il y a dans nos Bibles des textes aux styles infiniment variés,
comme si le Saint-Esprit essayait de nous parler en poussant différentes portes :
celle de l'entendement, de l'intelligence ou de l'émotion.
Ainsi quelle déclaration bouleversante donnée par Esaïe à Jérusalem :
"Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite ? N'a-t-elle pas compassion du fils qui est sorti de son ventre ?
Même si elle l'oubliait, moi je ne t'oublierai jamais. Vois ! je t'ai gravée sur mes mains. Tes murailles sont constamment devant moi." (Es 49.15-16)
Quelle force encore dans ce passage où Jésus décrit l'affection qu'il porte à son peuple comme une poule qui rassemble sa couvée sous ses ailes !
Et pourtant, malgré ces appels affectueux, Dieu essuie bien des refus.
En ce deuxième dimanche du Carême, suivons un drame en trois actes :
Beaucoup lui disent : Va-t'en ! Jésus répond : Non, je n'ai pas fini. Et il ajoute : Venez avant qu'il ne soit trop tard ! »
2°Carême, Lc 13.31-35
Frères et sœurs, il y a dans nos Bibles des textes aux styles infiniment variés, comme si le Saint-Esprit essayait de nous parler en poussant différentes portes : celle de l'entendement, de l'intelligence ou de l'émotion.
Ainsi quelle déclaration bouleversante donnée par Esaïe à Jérusalem : "Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite ? N'a-t-elle pas compassion du fils qui est sorti de son ventre ? Même si elle l'oubliait, moi je ne t'oublierai jamais. Vois ! je t'ai gravée sur mes mains. Tes murailles sont constamment devant moi." (Es 49.15-16) Quelle force encore dans ce passage où Jésus décrit l'affection qu'il porte à son peuple comme une poule qui rassemble sa couvée sous ses ailes ! Et pourtant, malgré ces appels affectueux, Dieu essuie bien des refus.
En ce deuxième dimanche du Carême, suivons un drame en trois actes :
Beaucoup lui disent : Va-t'en ! Jésus répond : Non, je n'ai pas fini. Et il ajoute : Venez avant qu'il ne soit trop tard !
I
Le dialogue de ce matin, entre Jésus et les pharisiens, fait suite à un enseignement sur l'entrée dans le royaume. Vous y trouvez en particulier cette parole terrible du Seigneur : "Certains parmi les derniers seront les premiers, et d'autres parmi les premiers seront les derniers. "
Alors quelques-uns lui transmettent cet avertissement qui semble amical :"Va-t'en, pars d'ici, car Hérode veut te faire mourir"...
Ça c'est le "Va-t'en" d'Hérode Antipas. Son père déjà, avait cherché à tuer l'enfant de Bethlehem en massacrant tous les petits garçons.
Hérode est l'image de ces grands : princes, rois et empereurs qui ont chassé Jésus de leurs royaumes en persécutant les chrétiens. Beaucoup ont ainsi souillé leur règne par le sang des martyrs.
Jésus n'est pas dupe. Le "Va-t'en" des pharisiens ne sent pas bon. Ce n'est pas pour le protéger qu'ils l'avertissent. C'est pour le faire partir. Voilà pourquoi il leur parlera de Jérusalem qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés.
Ils ne sont pas meilleurs qu'Hérode. Sous des apparences de bienveillance, ils lui disent "Va-t'en" ! Ce qui signifie :"Tu nous embêtes, hors de notre vue". Plus tard ils le feront crucifier tant il les gênait dans leur piété.
Les habitants de Nazareth aussi l'avait chassé en lui disant :"Va faire tes miracles ailleurs !" Et les éleveurs de Gadara le supplieront de quitter leur territoire. Des "Va-t'en" comme ça, Jésus en entendra beaucoup, et souvent sous couvert de bons sentiments.
Combien de gens aujourd'hui éprouvent de la sympathie pour le Christ, mais pour rien au monde ils ne le laisseraient prendre possession de leur vie et de leur cœur ? Beaucoup se disent religieux mais ils sont encore une terre aride pour l'Evangile, c'est-à-dire qui ne produit pas de fruits. Tous ceux qui disent "Mon Dieu ! ou Seigneur !" n'ont pas tous envie de connaître le Seigneur.
Les plus nombreux à lui dire "Va-t'en" sont ceux qui le considèrent comme un intrus parce qu'il se mêle de sonder leur cœur et leur âme, comme le dit l'Ecriture : "Ils ne veulent pas venir à la lumière de peur que leurs œuvres soient dévoilées".
"Va-t'en !" lui disent aussi les justes et les méritants : nous sommes de bons voisins, de bons parents, honnêtes et laborieux, hospitaliers, nous sommes capables de gagner le respect de Dieu par nos propres moyens. Même des chrétiens finissent par lui dire "Va-t'en", on n'a pas le temps de t'écouter. Chaque chose en son temps : ne sais-tu pas, Dieu, qu'il n'y a que sept jours dans la semaine ?
Vous voyez, il n'y a pas beaucoup de gens qui disent à Jésus : Reste avec nous, la nuit s'avance, le jour décline ; toi tu as les paroles de la vie éternelle.
II
Deuxième acte. Jésus répond aux pharisiens :
"Allez dire à ce renard : Voici, je chasse les démons et je fais des guérisons aujourd'hui et demain, et le troisième jour j'aurai fini. Mais il faut que je poursuive ma route aujourd'hui, demain et le jour suivant, car il ne convient pas qu'un prophète meure ailleurs qu'à Jérusalem".
Au "Va-t'en" des pharisiens, il oppose donc un "Non, je n'ai pas fini".
Voyez, Jésus n'est pas dupe. Il traite Hérode de renard. Non pas le ..."Fantastic Mr Fox" que vous irez peut-être voir avec vos enfants au cinéma, gentil et débrouillard. Il est plutôt question ici de toutes les nuisances d'un homme malfaisant et cruel. Hérode qui vient d'ordonner l'exécution de Jean Baptiste et qui humiliera son Messie, avant de le livrer à Pilate.
Jésus lui fait savoir qu'il ne craint personne, et surtout pas les tyrans de ce monde. Il agira aujourd'hui, demain et après-demain parce qu'il a un plan important à respecter : aller jusqu'à la mort afin que tout soit accompli. Le salut du monde en dépend. Même Satan, l'ennemi spirituel n°1, ne parviendra pas à l'arrêter.
Du coup, Jésus nous donne un formidable témoignage d'obéissance à son Père. L'humanité sera sauvée, n'en déplaise aux autorités religieuses et politiques en place. Il ira jusqu'au bout de sa mission.
Résumons : aux menaces d'Hérode et au "Va-t'en" des pharisiens, Jésus oppose sa volonté de donner sa vie en rançon. Il est le grand prophète qui doit mourir à Jérusalem, à cause de la haine et du mépris de ceux qui avaient pourtant été préparés pour l'accueillir.
Mes amis, cette détermination doit nous réconforter ! Jésus nous a sauvés au prix de sa vie. C'est un encouragement pour tous les pécheurs timides et effrayés, en bute aux obstacles du monde, à l'opposition des plus puissants qu'eux. Jésus veut réellement porter secours aux malheureux. Il fait ça comme personne, son action est absolument parfaite. Encore faut-il ne pas se barricader. Nous nous fabriquons souvent nous-mêmes nos propres prisons. Mais on peut aussi créer sa propre liberté. Voici un Sauveur qui nous dit : je frappe à ta porte ; si tu m'ouvres, alors j'entrerai chez toi et je resterai auprès de toi pour toujours.
III
Troisième acte ; le Seigneur lance un appel émouvant : "Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu ! Voici que votre maison sera laissée déserte. Je vous le dis, vous ne me verrez plus jusqu'à ce que vienne le temps où vous direz : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !"
Frères et sœurs, le Christ vient d'affirmer sa totale soumission à notre sauvetage. Il sera un rédempteur consciencieux jusqu'au moindre détail. En ce qui le concerne, son oeuvre sera excellente. Aucun pécheur de ce monde ne pourra lui dire :"Seigneur, ta rédemption n'est pas complète, ton sacrifice est imparfait, le chemin du salut est confus, personne ne sait comment on est sauvé !"
Mais le drame se joue ailleurs. Il est dans cet appel émouvant : "Combien de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu !"
Jésus ne pratique pas la langue de bois ; il met Jérusalem en cause. Elle a été l'enfant choyé du Seigneur. Dieu lui a donné ses meilleurs prophètes. Il s'est présenté à elle comme à sa bien-aimée. Il lui a dit des mots d'amour tendres et bien choisis, des mots qui donnent le frisson. Sous ses yeux, il a multiplié les miracles et les exploits, démontrant la profondeur de ses sentiments.
En toutes circonstances, Dieu fut à ses côtés, patient devant ses colères, fidèle malgré ses trahisons. Il lui a tout sacrifié. Il l'a tant aimé qu'il lui fera don de sa vie. Lui, le pur et le juste, il se laissera traiter comme un coupable, malmener comme un assassin.
Le temps qui précède Pâques nous rappelle combien l'Eternel fut sérieux dans ses engagements pour Israël et irréprochable dans son amour.
Mais Jérusalem ne voudra rien entendre, rien reconnaître, rien voir. Elle restera insensible. Elle fera la sourde oreille. Face à la douceur de son Dieu, elle n'aura que du mépris. Souvent elle préférera les amours trompeurs des amants de passage. Elle ira encore plus loin : elle menacera les prophètes et les envoyés du Seigneur. Elle les tuera, dit Jésus. Et quand l'époux viendra en personne, plein de force, de beauté et d'amour, elle le persécutera avec une haine incroyable, elle le rejettera et le livrera aux Romains pour qu'il soit crucifié. Ses représentants religieux diront même : "Que son sang retombe sur nous et nos enfants !"
Mes amis, c'est ce drame que Jésus expose dans notre texte : "Combien de fois ai-je voulu et vous n'avez pas voulu !"
Mais j'entends déjà les commentaires : Pasteur ! En quoi cela nous concerne ?! Qu'avons-nous à voir avec les Juifs ? Mais faut-il être Juifs pour demander aujourd'hui : "Que fait Dieu en faveur de ce monde ? Où est sa justice ? Où sont les signes de l'intérêt qu'il porte à l'humanité souffrante ? Que fait-il de bien et de fort pour nous attirer à lui ?"
Faut-il être Juif pour avancer des excuses et des objections comme : "le message du salut n'est pas clair. Le langage de la grâce n'est pas lumineux. Voyez la confusion des doctrines, la division des églises. N'avons-nous pas raison de dire : Dieu n'est pas sérieux quand il prétend sauver l'humanité ?"
A tous ces gens bien de chez nous, Jésus répond : "Regardez-moi ! Mon œuvre de grâce n'est-elle pas exposée avec clarté dans les Evangiles ? Ma parole est-elle introuvable dans ce monde ? Mon sang versé n'est-il pas un témoignage ? Faut-il parcourir des chemins compliqués pour me rencontrer et me connaître ? Faut-il consentir des sacrifices énormes pour profiter de mon amour ? N'y a-t-il que les grands savants de ce monde qui puissent me connaître ? Qui dénature le message de la Bible ? Qui rejette ma grâce au profit des mérites des hommes ? Qui empêche la Bible de se répandre dans les maisons et les cœurs ? "
Voyez aussi comme sont les gens. Ils préfèrent compulser chaque semaine les horoscopes dans Femina, plutôt que de trouver dans l'Evangile les paroles de vie. Que surgisse quelque prophète dénigrant la Bible ou l'associant à des histoires totalement farfelues, ils l'écoutent comme un sage. Ils préfèrent les discours complaisants qui arrangent leur conscience, oublient leurs serments de confirmands, de jeunes mariés et se plaignent quand Dieu leur envoie un berger qui se fait trop pressant. On ne lapide plus les ministres de l'Evangile - on vit dans un pays civilisé, tout de même !- mais il y a bien d'autres façons de jeter la pierre à quelqu'un, ou de lui dire "Va-t'en"...
Toute notre histoire est marquée par cette opposition farouche à la présence de Dieu parmi les hommes. Et pour un converti, combien de cœurs endurcis ? Pour l'accueil d'un nouveau membre, combien de lettres, de courriels, de message sans réponse, de visites infructueuses. Je vais arrêter là dans mon plaidoyer, il suffit de regarder autour de nous pour vérifier que l'incrédulité de Jérusalem est toujours d'actualité ; que l'appel à la repentance demeure la première mission d'une Eglise. En réalité, notre passage souligne ici un grave péché, le plus grand de tous : le refus obstiné de la grâce offerte en Jésus-Christ.
C'est pourquoi le Seigneur prononce une douloureuse prophétie sur la ville sainte : "Votre maison sera laissée déserte." Jérusalem sera abandonnée. Dieu se détournera d'elle. Il étendra son royaume sur d'autres villes et d'autres peuples. Lui-même quittera Jérusalem. Il n'y reviendra que pour connaître le supplice et la mort. Ce sera l'ultime preuve d'amour. J'ai voulu... vous n'avez pas voulu.
Frères et sœurs, nous savons que lorsque le Seigneur se détourne d'un peuple, cela veut dire qu'il cesse de le bénir. Nous savons aussi qu'en dehors du temps de grâce, il ne reste que le temps du jugement.
Jésus fait entendre un dernier avertissement : bien-sûr, tu as la liberté de refuser l'amour que je viens t'offrir. Tu peux même mordre la main du pardon que je te tends. Mais sache que tu signes toi-même ta condamnation.
Ce récit ne peut laisser insensible un enfant de Dieu. Il nous montre d'abord que le Seigneur veut vraiment nous sauver, chacun, très sérieusement, qu'il y met beaucoup d'imagination et une volonté entêtée. Il fera même tout pour que nous soyons persévérants dans la foi.
Mais ce récit nous place aussi en face du prix de l'appel. Ne lui faisons pas obstacle ! Respectons les rendez-vous du dimanche, avec la parole et les sacrements ! Prions pour notre salut et celui de nos enfants ! Prions pour que l'appel du Seigneur Jésus soit entendu dans les maisons et dans les cœurs ! Prions pour que nous ne soyons pas rattrapés par la tiédeur, de peur que nous ne devenions un jour insensibles et froids !
Puissions-nous ne jamais nous trouver du côté de ceux qui disent au Seigneur : "Va-t'en", j'ai d'autres choses à faire pour l'instant. Amen !
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Lire : Esaïe 1, 10-20
ADIEU LA CHAIR
"Alors Elie s'approcha de tout le peuple et dit : Jusqu'à quand sauterez-vous d'un pied sur l'autre ? Si c'est le SEIGNEUR (YHWH) qui est Dieu, suivez-le ! Si c'est le Baal, suivez-le ! Le peuple ne lui répondit rien." (1 Rois 18, 21)
L'hiver, les fêtes de Carnaval battent leur plein. Carnaval vient du latin "carni vale" et signifie : "au revoir à la chair." En effet, traditionnellement, on s'abstient de viande ou du moins de "gras" pendant le temps de jeûne qu'est le Carême, comme on le fait aussi le vendredi, en référence au Vendredi Saint, jour de la mort du Christ. Il faut donc bien profiter de la viande grasse avant ces sept semaines de "maigre."
Mais ça saute aux yeux qu'à Carnaval, c'est « toute la chair » qui s'exprime, tous les désirs charnels et pas seulement le goût de la bonne viande ! La réputation torride du carnaval de Rio n'est plus à faire, et ceux qui sont allés au Mardi Gras de la Nouvelle-Orléans peuvent témoigner que même si la fête s'arrête pile le Mercredi à 0h00, avant, les parties de jambe-en-l'air le disputent allègrement aux dégustations de Jambalaya !
Notre Dieu n'est pas un triste sire, là n'est pas la question. Mais il nous interpelle : comment pouvez-vous vous livrer volontairement à tous les excès parce que vous allez vous en priver quelque temps ? Ne me faites pas croire que vos fêtes sont le prélude de votre repentance ! Je n'aime pas le mal que vous commettez durant vos réjouissances !
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Luc 13:1-8 ser 65bis 2010 13741
Voici venu le temps du Carême, destiné à préparer les fidèles à l'évocation de la Passion du Christ et à les appeler à la repentance. Pour certains, ce temps consistait autrefois à jeûner : on faisait ‘maigre' après avoir plus ou moins fait bombance pendant ‘sept jours gras' dont le ‘mardi gras' était le dernier'. Tout cela n'était pas bien sérieux ! D'autant que plus que le corps, c'est le cœur qui a besoin de jeûner.
Dans nos milieux, les fidèles étaient jadis invités à renoncer à certaines distractions (théâtre, cinéma, etc.) pour se consacrer davantage à la méditation de la Parole. Nous avions même des cultes du Carême, un soir par semaine, comme c'est encore le cas dans certaines de nos paroisses.
Bien évidemment, l'appel à la repentance ne doit pas seulement se faire durant ces quelques semaines du Carême, mais toute l'année.
Ce n'en est pas moins une bonne tradition que celle qui consiste à insister sur la repentance plus particulièrement durant le temps qui précède le Vendredi Saint.
C'est ce que je vous propose de faire avec ce passage. Mais je vous préviens : les paroles du Seigneur sont plutôt sévères. Mais vous savez que Jésus n'a en vue que notre bonheur éternel.
EcoutonsSon pressant appel à la repentance
1. Repentez-vous, sinon vous périrez tous !
2. Portez les fruits de la repentance, sinon l'arbre sera coupé!1. Repentez-vous, sinon vous périrez !
Tout comme Jean-Baptiste avant lui, le Seigneur a fréquemment exhorté ses auditeurs à se repentir, c'est-à-dire à rentrer en eux-mêmes pour reconnaître leurs péchés, les regretter et se tourner vers le Sauveur.
C'est ce qu'il fait également dans la première partie de notre texte :
Deux événements dramatiques lui permettent d'aborder ce point.
* Le premier est un acte de brutalité sanglante perpétré par Ponce Pilate, - celui-là même qui va faire crucifier Jésus :
Quelques personnes qui se trouvaient là racontaient à Jésus ce qui était arrivé à des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices.
Imaginez à la première page de votre quotidien ce titre :
MASSACRE AU TEMPLE DE JERUSALEM : PONCE PILATE A FAIT DONNER LA TROUPE DANS L'ENCEINTE MEME DU TEMPLE POUR Y FAIRE MASSACRER DES GALILEENS : LEUR SANG S'EST MELE A CELUI DES ANIMAUX SACRIFIES.
‘Quelle horreur ! Quel sacrilège ! Seigneur, que dis-tu de cela ?'
A en juger d'après la réponse de Jésus, ces personnes ne s'attendaient pas tellement à ce qu'il stigmatise la brutalité de Pilate, mais plutôt à ce qu'il condamne les malheureuses victimes avec ce genre de commentaire : ‘Si cela leur est arrivé, c'est parce qu'ils ont commis des péchés particulièrement graves'.
Car Jésus leur demande :
Croyez-vous que ces Galiléens aient été de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu'ils ont souffert de la sorte ?
Il arrive fréquemment que les gens considèrent qu'à l'origine d'un malheur, il y a un péché particulier. Ainsi, en présence d'un aveugle-né, les disciples eux-mêmes avaient une fois demandé à Jésus :
Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ?
Et lorsque Jésus eut guéri l'aveugle, ce dernier se fit insulter par les pharisiens parce qu'il prit la défense de son bienfaiteur : Tu es né tout entier dans le péché ! sous-entendu : c'est pour cela que tu étais aveugle !
Dans l'Ancien Testament, les amis de Job s'acharnaient à trouver l'explication de ses souffrances dans un péché grave que selon eux, il refusait de confesser.
Croyez-vous que ces Galiléens aient été de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu'ils ont souffert de la sorte ? Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également.
Jésus ne dit pas que ces Galiléens n'étaient pas des pécheurs : il dit qu'ils n'étaient pas pires que les autres. Le drame qui les a frappés était sans rapport avec des péchés particuliers, mais il l'était avec le péché en général. En effet, depuis que le péché est entré dans le monde, tout va de travers : la mort y a fait son entrée, ainsi que toutes sortes violences et de malheurs ; le plus grand étant la mort éternelle.
Pour que la mort cesse d'être un grand malheur, il est urgent que l'homme se repente : tel est l'enseignement solennel de Jésus dans ce passage.
Je ne sais pas si la réponse a plu aux interlocuteurs quand Jésus a fait allusion à leurs péchés. Car tandis qu'on voit volontiers les péchés des autres, on a plus de mal à voir les siens. On noircit volontiers l'autre dans l'espoir de se blanchir soi-même et je crois bien que c'était l'intention de ces gens-là.
Mais cela ne marche pas avec Dieu :
Si vous ne vous repentez, vous périrez tous également !
Abstenez-vous de jugez les autres et regardez-vous vous-mêmes ! Soyez attristés et effrayés par vos propres péchés ; puis tournez-vous avec foi vers le Sauveur que je suis, afin de recevoir le pardon ! Dépêchez-vous : c'est urgent !Pour enfoncer le clou, le Seigneur cite lui-même un autre exemple :
Ces 18 personnes sur qui est tombée la tour de Siloé et qu'elle a tuées, croyez-vous qu'elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également !
La tour de Siloé était située près de la piscine ou du réservoir du même nom quelque part au nord-est de Jérusalem. En s'écroulant, elle a causé la mort de 18 personnes. Là, Pilate n'y était pour rien. Alors, était-ce un châtiment divin pour des péchés particuliers ?
Même réponse que tout à l'heure : ‘Ne concluez pas de cet accident dramatique que les victimes étaient de plus grands pécheurs que les autres ou que vous-mêmes ! Voyez-y plutôt un pressant avertissement qui s'adresse à tous et repentez-vous !'
Il est possible que lorsque Jésus dit : ‘Sinon, vous périrez tous également !', il pense plus particulièrement au terrible châtiment qui s'abattra en l'an 70 - donc quelque 40 ans plus tard - sur Jérusalem qui malgré tous les avertissements ne s'est pas repenti : le général romain Titus assiégera la ville et la détruira, causant des centaines de milliers de mort par l'épée, la famine, le feu, etc.
Mais ‘périr', il faut aussi l'entendre au sens de la mort éternelle.
Chers amis, des appels à la repentance et à la foi, ce n'est pas la première fois que nous en entendons. Manifestement, nous les avons écoutés ; sinon nous ne serions pas là ce matin pour le culte. Pourtant, Jésus renouvelle son appel. Etait-ce vraiment nécessaire ?
Evidemment ! Puisque Jésus l'a fait.
La repentance est un processus continuel. On ne se repent pas une fois pour toutes. Il est nécessaire de rentrer toujours à nouveau en soi pour discerner la profondeur de la corruption de la nature et du cœur humains.
De plus, - en dépit de notre volonté renouvelée et des forces que nous confère l'Evangile - nous péchons encore tous les jours par faiblesse, par inadvertance, souvent même sans nous en rendre compte. Or un péché de faiblesse est aussi un péché et il ne s'agit pas de le minimiser, surtout s'il a tendance à se répéter ou à s'installer. Il peut même conduire - pensez au roi David avec son adultère - à des chutes graves.
De plus, vous savez que ce ne sont pas seulement les actes mauvais qui condamnables devant Dieu, mais également les mauvaises pensées, les sentiments impurs, les pulsions pernicieuses, les méchantes paroles.
C'est vrai : depuis que nous connaissons Jésus et son pardon ; depuis que l'Evangile a transformés nos cœurs ; depuis que nous avons été renouvelés par le Saint Esprit, notre façon de vivre n'a plus rien à voir avec ce qu'elle a pu être auparavant. Mais cela ne nous dispense pas de confesser que nous sommes pécheurs de nature et de nous repentir des péchés que nous commettons encore. N'est-ce pas pour cela que tout à l'heure encore, dans le Notre Père, vous allez prier : Pardonne-nous nos offenses !Il nous faut maintenant aussi évoquer la question des événements dramatiques de la vie et en tirer des enseignements : massacre des Galiléens ; tour de Siloé qui écrase des passants...
Nous aussi avons en mémoire un certain nombre drames :
* Nous étions ici même pour fêter Noël il y a quelques années, quand boum ! retentit un bruit sourd en ville : celui d'une explosion de gaz rue de la Martre faisant un certain nombre de victimes.
* Vous vous souvenez sans doute aussi du crash d'un Airbus à Habsheim, avec des morts. Et évidemment, plus récemment - et entre autres - de celui de la ligne Rio-Paris qui s'est abîmé en mer.
* Et comment ne pas évoquer le récent et terrible tremblements de terre qui a frappé Haïti ?Je pense que de nos jours, il ne viendrait à l'idée de personne de dire que ces victimes étaient plus coupables devant Dieu que d'autres.
Il n'empêche : ‘Pourquoi eux ?'
Que dire ? Sinon que depuis le péché d'Adam et d'Eve, la mort sévit dans le monde et frappe sous les formes les plus diverses : les uns meurent de mort naturelle ; d'autres suite à des violences perpétrées par des hommes ; d'autres suite à des catastrophes naturelles ou à des accidents...
Plutôt que de nous interroger sur le ‘pourquoi ?', considérons ces drames comme de sérieux avertissements et de pressants appels à la repentance. Le caractère inopiné, particulièrement brutal de certains événements, avec un grand nombre de victimes, donne encore plus de résonance à l'appel de Jésus : ‘Il est urgent de se repentir !'
Gardons-nous de vouloir expliquer ces malheurs par des péchés particuliers. Il est vrai que le roi David a été puni pour son adultère ; qu'un certain roi Hérode est mort rongé par les vers parce qu'il a outragé Dieu. Tout comme il est vrai aussi que ce n'est pas tout à fait le hasard si un alcoolique décède des suites d'une cirrhose.
Mais la réponse de Jésus montre qu'il ne faut pas généraliser.
D'ailleurs à Haïti tout particulièrement, d'innombrables croyants ont péri sous les décombres ; j'en veux pour preuve tous ces rescapés qui ont rendu d'étonnants témoignages en parlant de Dieu, de leur foi, de la Bible malgré le malheur qui les a frappés.
Pour chacun d'entre nous, il est donc consolant de savoir que lorsque Dieu permet parfois que nous soyons éprouvés, il n'y a pas lieu de culpabiliser : l'épreuve est salutaire et elle purifie notre foi.
Le monde entend-il les appels à la repentance, en particulier quand se produisent des tremblements de terre, dont Jésus a parlé comme de signes - parmi d'autres - qui annoncent la Fin du monde ? Puisse le monde entendre les avertissements des Ecritures, surtout quand ils sont relayés par des événements dramatiques qui jouent en quelque sorte le rôle d'amplificateur des paroles du Christ !2. Portez des fruits de la repentance
La 2e partie du texte est une parabole. Jésus y poursuit son appel en insistant sur la nécessaire sincérité de la repentance.
Rappelons que la repentance est le regret, la tristesse et même la douleur d'avoir offensé Dieu ; la repentance est une haine... du péché.
Au sens large, comme ici, la repentance inclut aussi la foi et l'amour de Dieu. C'est une ‘conversion', un mouvement intérieur par lequel l'homme se détourne du mal pour se tourner vers Dieu, donc vers le bien.
Il est évident qu'une telle démarche, qui résulte de l'action de la Parole, se traduit par une vie nouvelle. Quand on hait le péché, on ne veut plus le commettre. En clair, la repentance produit des fruits ; et ces fruits, Dieu veut en voir.
Pour que ce soit bien clair, le Seigneur dit cette parabole :
Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint pour y chercher du fruit, et il n'en trouva point. Alors il dit au vigneron : voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier et je n'en trouve pas. Coupe-le : pourquoi occupe-t-il la terre inutilement ?
Jésus vise une fois de plus le peuple d'Israël, en grande partie incroyant, qu'il compare à un figuier stérile.
Dans votre jardin, en dehors des arbustes décoratifs, vous avez peut-être aussi des fruitiers : un cerisier par exemple ; de lui, vous attendez plus que de belles feuilles : vous voulez des cerises. S'il n'en porte pas, cela vous contrarie.
Le figuier de la parabole (Israël) a des feuilles, mais pas de fruits. Cela ne plaît pas au propriétaire (Dieu) qui envisage de le couper. Heureusement, le jardinier (Jésus) obtient un sursis : il promet de continuer de s'occuper de l'arbre, de bêcher, de fumer la terre, etc. Si malgré ses efforts, l'arbre ne porte pas de fruits, il sera coupé.
Israël est malheureusement resté sourd à tous les appels. On connaît en les conséquences dramatiques. L'avertissement vaut pour tous les peuples... et pour tous les hommes : Dieu veut pouvoir récolter de bons fruits dans sa plantation. Est-ce bien clair ?D'un figuier, on attend des figues ; d'un pommier des pommes ; d'un cerisier des cerises.
Quels sont au juste les « fruits de la repentance », ou les « fruits de la foi », encore appelés les « fruits de l'Esprit » ?
Lorsque la foule interrogea Jean-Baptiste sur ce point, il répondit : ‘Partagez les vêtements que vous avez en double ou votre nourriture avec ceux qui n'ont rien ; si vous êtes péagers, n'en profitez pas pour voler les gens ; si vous êtes soldats, contentez-vous de votre solde'. Comme exemples de fruits, il a donc cité des gestes simples de la vie quotidienne, d'amour, de partage, d'honnêteté.
Tandis qu'un cerisier ne porte que des cerises et un pommier que des pommes, la repentance et la foi produisent par contre une variété quasi infinie de fruits.
Voici quelques exemples : dans son Epître aux Galates (5,22), Paul énumère la liste suivante : l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi. Ce sont là des fruits ‘intérieurs', mais qui ne manquent pas de se traduire dans la vie quotidienne.
Voici d'autres exemples (aux Romains, 12, 9) :
Soyez pleins d'affection les uns pour les autres... Ayez du zèle et non de la paresse... Bénissez et ne maudissez pas... N'aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne soyez point sages à vos propres yeux. Ne rendez à personne le mal pour le mal... Ne vous vengez pas... Si ton ennemi a faim, donne lui à manger...
- Dans l'Epître aux Ephésiens :
Renoncez au mensonge... Que le soleil ne se couche pas sur votre colère... Que celui qui dérobait ne dérobe plus... Qu'il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise, mais quelque bonne parole qui serve à l'édification
- Ces fruits de la repentance concernent tous les domaines de la vie : Fuyez l'impudicité ! ou encore : Que le mariage soit honoré de tous !
On pourrait passer des heures à citer des exemples de bons fruits en examinant en détail chacun des dix commandements.
Or, tout comme l'arboriculteur aime que la production augmente et que les fruits soient toujours de meilleure qualité, Dieu aussi s'attend à voir des œuvres de plus en plus belles et nombreuses : Marchez de progrès en progrès ! dit l'apôtre.Peut-être trouverons-nous que certaines exigences sont difficiles à remplir :
- Aimer ses ennemis
- Pardonner les offenses.
Et que sais-je encore ?
- Lutter contre de fâcheux travers de caractère
- Combattre un vice qui vous colle à la peau : on aimerait l'arracher, mais on a du mal.
Alors n'oublions pas le divin jardinier : lui qui déjà a travaillé en nous veut continuer de le faire. Il nous a plantés sur le terrain fertile de l'Evangile : il veut maintenant continuer de bêcher. Pour cela, allons à l'Eglise, écoutons la Parole de Dieu, ouvrons la Bible ; recevons ses enseignements ; mettons les en pratique ! C'est ainsi que le jardinier retourne la terre de notre coeur, en arrache les mauvaises herbes, fertilise le sol, apporte des engrais. Il renouvelle notre volonté et instille dans nos cœurs l'amour divin en vue de fruits de plus en plus beaux et nombreux.
Nous sommes l'ouvrage (de Dieu), dit Paul (Eph. 2, 10) ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d'avance, pour que nous les pratiquions.Temps du Carême, temps de la repentance !
Mettons-le à profit pour rentrer en nous-mêmes, faire silence dans nos coeurs loin du vacarme et de l'insouciance du monde pour mieux entendre l'appel à la repentance, à la foi et à la vie nouvelle.
Que personne ne dise : ‘Rien ne presse !' Mais si, cela presse ! La tour s'écroule, la voiture fauche des passants, le tremblement de terre dévaste la ville ; la mort frappe : ce sont des signes qui doivent nous interpeller !
Chers amis ! Les paroles de ce texte - je vous avais prévenus - sont plutôt sévères. Mais elles le sont pour notre bien. Remercions le Seigneur de sa grâce et de la patiente avec laquelle il ne cesse de travailler dans nos cœurs pour notre salut éternel ! Amen
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Quinquagésime, 1Co 13.1-13 (Saint-Valentin)
Frères et sœurs, avez-vous déjà écouté attentivement ce cantique ? Vous me direz peut-être : Pasteur ! On l'entend presque à tous les mariages, on le connait par cœur ! Et souvent si mal prononcé - par la cousine ou le copain d'enfance - que l'on se dit : Oh non ! Pas encore "1 Corinthiens 13" ! C'est en effet le poème passe-partout des cérémonies nuptiales, l'un des textes proposés aux jeunes couples au cours de leur préparation.
Mais ce matin, je vous invite à mettre de côté ce sentiment mitigé et à écouter vraiment ce que
I
Si ce cantique est souvent choisi par les futurs mariés, c'est qu'il commence par une vérité touchante : sans amour, on n'est rien du tout - chantait Edith Piaf ; sans amour, rien n'est vraiment grand ni durable. Même les plus beaux discours sur l'amour ne sont rien s'ils ne sont pas suivis de faits. Par exemple : avoir pitié des malheureux est un beau sentiment, mais que vaut cette pitié si elle ne s'exprime pas par la bienfaisance ? Devant Dieu, nous sommes comme un livre ouvert ; par conséquent, il sait quand une action est vraiment belle et quand elle ne l'est qu'en apparence.
Mais quel est cet amour que l'apôtre place en tête de toutes les vertus ? Je pense pouvoir affirmer qu'une fois sur deux, les jeunes couples voient dans ce poème un hymne à l'amour romantique : le sentiment qui lie deux êtres entre eux. Ils seraient probablement décontenancés d'apprendre que la Bible ne connaît pas d'autre amour que celui-ci : "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée, et tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements - dit Jésus - dépendent toute la loi et les prophètes" (Mt 22.37).
Bien entendu, de nombreux sentiments nous caractérisent : la passion, l'altruisme, la philanthropie, l'empathie, le patriotisme... Pourtant, Jésus affirme que sans l'amour qu'il nous donne, on n'est rien du tout. Dieu veut être aimé pour lui-même et il veut que tout ce que nous faisons soit motivé par cet amour.
L'Ecriture dit aussi : "Sans la foi, il est impossible d'être agréable à Dieu" (Hb 11.6). Et c'est vrai : personne ne peut vraiment aimer ni servir le Christ aussi longtemps que son cœur n'a pas été touché et transformé par sa grâce.
Il en va de cet amour comme dans un couple. Si l'homme n'aime pas sa femme, rien n'est vrai : ni les promesses, ni le mariage, ni les étreintes, ni les cadeaux car il y manque le cœur. Et là où le cœur est absent, il manque l'essentiel.
Paul écrit : "Si je parle les langues des hommes, et même celles des anges, mais que je n'ai pas l'amour, je suis un cuivre qui résonne ou une cymbale qui retentit" (v.1). Pour le comprendre, pensons à qui il s'adresse. L'apôtre s'en prend ici à la spécialité des Corinthiens : le parler en langues. C'est un don magnifique, mais tout dépend de ce qu'on en fait. Si j'affirme qu'il est indispensable, et qu'il manque donc quelque-chose à ceux qui ne le possèdent pas - cette pratique rassemblerait-elle mille personnes au sein d'une même assemblée - ce n'est qu'un son creux, un tintamarre qui agace les oreilles de Dieu. Il en est ainsi de tous nos talents. Si nous les utilisons pour nous vanter, ils deviennent vite un sujet de rivalité.
Paul tient vraiment à réveiller les Corinthiens ; il ajoute : "Si j'ai le don de prophétie, la compréhension de tous les mystères et toute la connaissance, si j'ai même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes, mais que je n'ai pas l'amour, je ne suis rien" (v.2). L'apôtre pousse vraiment l'argument à l'extrême. Quoi de plus beau, en effet, que des chrétiens assidus aux études bibliques et efficaces dans leur témoignage ? Quoi de plus entraînant qu'une foi enthousiaste, voire héroïque ? Mais si ces dons sont accompagnés de suffisance et de divisions, où est l'amour de Dieu ?
Un jour, les disciples étaient revenus bredouille d'une expédition missionnaire. Ils n'avaient pas réussi à chasser les démons... Jésus leur reprocha d'avoir voulu exploiter ce pouvoir, beaucoup plus pour montrer leur supériorité aux pharisiens que pour la gloire de Dieu et le bien-être des possédés. Là encore, si ma conscience n'est pas pure, où est l'amour de Dieu ? Je pers toute efficacité.
Paul va plus loin et écrit : "Et si je distribue tous mes biens aux pauvres, si même je livre mon corps aux flammes, mais que je n'ai pas l'amour, cela ne me sert de rien" (V.3). Frères et sœurs, quel beau geste que la charité ! Et quel acte encore plus bouleversant que de sacrifier sa vie pour en sauver d'autres - tout cela frappe nos regards et notre imagination ! Mais il faut entendre le sens réel de ces mots : sans amour, fruit de la foi, cela ne compte pour rien.
Ne croyons surtout pas que l'apôtre exagère ; c'est l'Esprit qui parle ici. Combien de gens croient couvrir leurs péchés en aimant Dieu jusqu'aux limites de l'impossible pour gagner ses faveurs ? Pourtant, depuis la chute, personne ne peut mériter son salut. Dieu seul peut nous sauver quand sa grâce touche notre cœur et fait de nous des enfants qui commencent vraiment à l'aimer.
II
Ecoutons maintenant ce que l'apôtre nous dit des dons spirituels et de l'amour quand ils se manifestent. Tandis que les Corinthiens cherchaient à briller par des dons exceptionnels, Paul leur explique que l'amour, le vrai, celui que Dieu attend de nous portent des fruits beaucoup plus discrets !
Notre société montre souvent qu'à force de chercher les coups d'éclats, on en vient à oublier les gestes simples, ceux qui sont à portée de main ou de cœur. Paul ne parle plus ici de brûler son corps, ni de donner tous ses euros aux pauvres. Il en revient aux fondements de l'amour, ce qui est à la portée de tout croyant, quels que soient ses dons dans l'Eglise. Ecoutons-le...
"L'amour est patient" (v.4). La patience ne devrait-elle pas guider toutes nos relations humaines ? Pour supporter les faiblesses des faibles. Pour relever ceux qui ne cesse de trébucher. Pour ne pas démolir, non plus, par un mouvement d'impatience, celui qui commence à se relever. Pour admettre aussi que Dieu est plus patient que nous, alors qu'on voudrait souvent que cela aille plus vite !
"L'amour est plein de bonté" ajoute l'apôtre. Il recherche constamment le bien, le bonheur spirituel et matériel de mon prochain. "L'amour n'est pas envieux". Il apprend le contentement et combat de toutes ses forces la convoitise, qui est la racine de tous les péchés. "L'amour ne se vante pas" ; alors : que personne ne se place au-dessus des autres ! Et quand ma main gauche fait du bien, que ma main droite ne sonne pas du clairon ! "L'amour [en effet] ne s'enfle pas d'orgueil". Il est possible que tu sois brillant, que le Seigneur t'ait confié de nombreux talents ; mais souviens-toi : ce que tu fais, tu le dois au Seigneur devant lequel tu n'es qu'un serviteur inutile.
L'amour, fruit de la foi, " ne fait rien de malhonnête" (v.5). Ainsi les affaires du croyant doivent être propres, claires et loyales. Bien plus : "l'amour ne cherche pas son intérêt". Il ne dit pas : qu'est-ce que je gagne à faire le bien ? Il ne dit pas non plus : qui me paiera en retour et de combien ? Contre nos coups de colère, l'apôtre souligne que "l'amour ne s'irrite pas, il ne soupçonne pas le mal". Est-ce cela veut dire qu'il laisse tout passer ? Non ! Car "L'amour ne se réjouit pas de l'injustice, mais il se réjouit de la vérité" (v.6). Le chrétien ne peut donc laisser l'innocent maltraité et le coupable innocenté. Il ne peut pas non plus admettre que le mal soit appelé un bien.
En toutes circonstances, il recherche ce qui est conforme à la volonté de Dieu. Il se réjouit surtout de voir l'Evangile gagner des cœurs, triompher du monde et de l'incrédulité.
Y a-t-il donc un domaine où les dons spirituels et l'amour n'aient rien à nous apprendre ? Non, car l'amour, conclut Paul, " pardonne tout, croit tout, espère tout et supporte tout". C'est un exploit autrement plus difficile, finalement, que l'Esprit nous propose. Un programme exigeant pour les enfants et leurs parents, les jeunes et leurs aînés, les célibataires et ceux qui vivent en couple...
Frères et sœurs, il n'aura échappé à personne, je pense, que c'est aujourd'hui la saint-Valentin. Alors inviter son conjoint au restaurant, lui offrir un cadeau, lui témoigner une gentille attention, c'est très bien. Mais les chrétiens y trouveront surtout une occasion à saisir pour inviter leur tendre moitié à entendre l'amour qui peut se vivre dans la durée, l'amour qui peut nous rendre heureux et nous faire grandir, car il trouve sa source en Dieu. C'est ce qu'a fait Clarisse, hier soir, en disant à son Francki : "Tu veux me faire un cadeau pour la saint-Valentin ? Alors accompagne-moi au culte ! " Et Franck était là...
Ceux qui ont la chance de partager leur foi au sein du couple en ont-ils moins besoin ? Je ne crois pas, puisque depuis la chute, l'amour nous fait tellement défaut. Il est donc essentiel que nous demandions à Dieu, si du moins nous le considérons comme notre Père bien-aimé, de nous donner l'amour, et que chaque jour nous nous le demandions, comme on demande aussi le pain et tout ce qui est nécessaire à l'entretien de la vie.
Trop de couples, forts de leurs sentiments tout jeunes et tout frais, entrent dans le mariage comme des maîtres de l'amour, si bien qu'ils pensent à tout : à la fête, à la voiture, à l'appartement, au mobilier, au confort, à l'argent, mais ils ne songent pas à l'amour, puisqu'il est si naturel de s'aimer. Et pourtant, l'amour est le bien suprême dans un couple. C'est à lui qu'il faut songer en premier, en le plaçant entre les mains de Dieu. Il faut si peu de chose pour qu'il s'écroule : une bouderie, un entêtement, une parole ou une attitude malheureuse, et déjà viennent la suspicion, l'accusation, le reproche, les paroles dures, les propos vexants, et surtout quelque-chose d'horrible : c'est toujours l'autre qui est moche.
Mes amis, mendiez l'amour auprès de votre Dieu, car rien n'est plus fragile, rien n'est plus difficile ! Depuis que le péché règne, nous ne sommes pas des maîtres en amour, mais de petites choses fragiles, instables, douées de sentiments bien pauvres et bien petits. S'il est vrai que Dieu a voulu le mariage et dans le mariage l'amour, s'il est vrai que Jésus a dit : "Que l'homme ne sépare pas ce que Dieu a uni", alors nous pouvons être certains qu'il veut donner à nos couples beaucoup d'amour. Et quand Dieu donne l'amour, soyez sûrs qu'il y a tous les dons spirituels énumérés dans notre épître : patience, bonté, pardon réciproque, affection tendre et solide, des sentiments renouvelés et durables, l'émerveillement de vivre avec l'autre, le respect de l'être cher, un cœur chargé d'émotion, une attention touchante. Dans cet amour-là, il y a une intimité remarquable, une complicité merveilleuse. Là on regarde la vie dans la même direction et là on a envie de se battre, ensemble, pour le bonheur du foyer et des enfants.
III
L'Esprit nous parle des dons spirituels et de l'amour. Il nous a dit ce qu'il arrive quand ils sont absents et quand ils se manifestent. Mais pour combien de temps ? C'est la dernière révélation de ce cantique.
"Les prophéties disparaîtront, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra. En effet, nous connaissons partiellement et nous prophétisons partiellement, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra. Lorsque j'étais enfant, dit Paul, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j'ai mis fin à ce qui était de l'enfant. Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, de manière peu claire, mais alors nous verrons face à face ; aujourd'hui je connais partiellement, mais alors je connaîtrai complètement, tout comme j'ai été connu. Maintenant donc ces trois choses restent : la foi, l'espérance, l'amour ; mais la plus grande des trois, c'est l'amour" (v. 8-13).
Quelle déclaration impressionnante ! Elle nous révèle dans quel but Dieu nous a sauvés : pour qu'un jour nous connaissions le parfait amour.
Dans cette vie, le Seigneur a planté en nous sa parole ; elle produit la foi et nous en fait porter les fruits. Tant que nous sommes sur la terre, nous grandissons spirituellement par tous les moyens que le Père céleste a mis en place : l'Evangile prêché comme ce matin, mais aussi partagé dans les foyers, par le baptême et la cène institués pour le pardon de nos péchés. Pourtant, Paul n'hésite pas à qualifier ce mode de connaissance d'imparfait : nous voyons au moyen d'un miroir, ce n'est pas toujours très clair ! Comprenez que, dans l'antiquité, les miroirs étaient faits d'une plaque de métal poli : ils n'avaient donc pas la qualité de ceux que nous utilisons tous les jours. Et force est de constater que bien des énigmes demeurent. Nous croyons ce que nous ne voyons pas encore et toute notre perception est soumise à nos propres limites.
Mais un jour, nous prendrons pleinement possession de la vie éternelle et nous verrons Dieu, dans sa majesté. Nous aurons une connaissance parfaite, directe si l'on peut dire. Là haut, croire et voir : ce sera la même chose ! La Bible aura achevé son rôle, car nous connaîtrons Dieu sans intermédiaire. "Dieu sera tout en tous", dit l'Ecriture et je comprendrai comme j'ai été moi-même compris.
Le saint Esprit nous aide à saisir ce profond mystère par une comparaison : la plupart d'entres-nous ont des enfants ; nous avons été enfant nous-mêmes et savons le temps qu'il faut bien souvent pour recevoir les valeurs qui font de nous des adultes. Eh bien, la même évolution concerne la vie spirituelle sur terre et celle que nous vivrons au ciel. La connaissance et la foi sont définies comme partielles, et ce qui est partiel disparaîtra. Mais l'amour, dit Paul, fruit de la foi, ne meurt jamais. Il arrivera même à son épanouissement et durera éternellement.
Ainsi en est-t-il de l'amour, par rapport à la foi et à l'espérance. Voyez que nous sommes à quelques années lumières de la façon romantique dont il est entendu par beaucoup de jeunes mariés et leur famille. Car il est question ici du but ultime que Dieu poursuit en nous. Nous étions, par nature sans amour. Il nous a sauvés par amour et nous destine au plus merveilleux : l'aimer éternellement en sa présence.
Mes amis ! Voulez-vous savoir ce que vous ferez au ciel ? Vous produirez constamment des œuvres d'amour. Etre aimés et aimer, ce sera notre bonheur suprême.
Seigneur, accorde-nous un jour, pour l'amour de ton Fils, de vivre pleinement cette merveilleuse aventure de l'amour parfait ! Donne‑nous surtout de la prendre au sérieux dès maintenant, par une foi vivante et aimante.
Amen !
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