-
pentecôte
PENTECÔTE - Jean 15.26 - 27 « Viens, ô Créateur de nos âmes, Esprit-saint, Dieu de vérité ! Remplis nos coeurs des pures flammes, de ton ardente charité ! Visite-nous, Dieu de lumière, Esprit de consolation, Don du Très-Haut, feu salutaire, Amour et divine onction !» Ls 128 Frères et soeurs, que s'est-il passé à la première Pentecôte, pour que cela nous concernent encore, si longtemps après ? Un bruit comme celui d'un vent violent ? Des langues qui semblent de feu ? Ou peut-être la faculté de parler en d'autres langues ? Ce matin, regardons au-delà de ces manifestations charis-matiques ; comprenons le véritable sens de cet épisode et sa conséquence dans nos vies et celles de nos familles. La Pentecôte, en effet, est le moment ou l'Eglise s'est mise en mouvement. Cela a com-mencé avec le témoignage du « Paraclet ». Et cela continue avec notre témoignage !
I
Le Para... quoi ? Le Paraclet ! C'est le nom que Jésus donne au Saint-Esprit - dans ce passage et en d'autres endroits. « Quand sera venu le Paraclet que je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de vérité qui vient du Père...» (v.26a). Certaines versions traduisent ce mot par consolateur, d'autres par défen-seur, ailleurs encore par avocat, mais aucun de ces titres ne couvre tout à fait la richesse de l'original grec. Paraclet désigne littéralement celui qui est appelé à nos côtés, appelé pour porter assistance. Au chapitre précédent, Jésus avait déjà employé ce terme : «Je prierai le Père et il vous donnera un au-tre Paraclet afin qu'il reste éternellement avec vous : l'Esprit de vérité » (Jn 14.16-17)
Un autre Paraclet, un autre défenseur dans ma Bible en français ; Jésus étant le premier à nous porter secours, le premier à nous défendre ! L'ancienne version Segond traduit ici par consolateur. C'est un au-tre aspect de la même vérité : Jésus nous a consolés en nous arrachant à la damnation éternelle, en ex-piant nos péchés, en nous réconciliant avec Dieu. Et Segond savait qu'il ne couvrait pas tous les aspects de la langue grecque en traduisant par consola-teur. Alors, dans un autre passage, il traduit le même mot par avocat. Chez Jean, par exemple : « Si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste » (1 Jn 2.1). Autrement dit : un avocat est appelé à nos côtés pour qu'il nous fasse gagner le procès devant le tribunal de Dieu. Et cela quels que soient nos revenus ; l'assistance est gratuite et Dieu ne prévoit aucune coupe sombre dans le budget de cette assistance juridique. Mes amis, pouvons-nous espérer meilleur avocat que Jésus ? N'a-t-il pas tout accompli à notre place ? Qui accusera les élus de Dieu, demande l'Ecritu-re ? C'est Dieu qui justifie ! Jésus sait de quoi il parle quand il nous défend. Il maîtrise le dossier à la per-fection. Il peut présenter la preuve de notre rachat : son corps livré pour nous, le sang qu'il a répandu pour le pardon de nos péchés, pour notre acquittement éternel.
Le Saint-Esprit est l'autre consolateur. Il attire notre attention sur ce que Jésus a fait pour nous. C'est ain-si qu'il « rend témoignage » de Jésus et nous console (v.26). L'Esprit est donc appelé Paraclet parce qu'il conduit au Christ ! Paul écrit : « L'Esprit aussi nous vient en aide dans notre faiblesse » et plus loin : « L'Esprit lui-même in-tercède pour nous. Et Dieu qui examine les coeurs sait quelle est la pensée de l'Esprit, parce que c'est en accord avec lui qu'il intercède en faveur des saints. » (Rm 8.26-27).
Magnifique, n'est-ce pas ? C'est la trinité tout entière qui s'engage à nous défendre et à nous consoler ! Voici donc, brièvement, notre relation avec le Saint-Esprit : il est le Paraclet envoyé par Jésus de la part du Père ; il est à nos côtés pour nous assister dans le combat de la foi, pour nous réconforter et nous af-fermir sur le chemin de la vie avec les promesses de l'Evangile. Les promesses de l'Evangile... Voilà sa puissance ! L'Esprit ne vient pas à nous sans moyens : il agit à travers « l'Evangile de Jésus-Christ » (Mc 1.1) Dans notre passage, Jésus dit que l'Esprit de la vérité lui rendra témoignage. Alors, mes amis, si l'on vous demande quelle est l'activité du Saint-Esprit dans votre Eglise, vous pouvez répondre : c'est simple ; il nous conduit à Jésus-Christ, notre Sauveur. Il nous ouvre l'Evangile et nous en dévoile les mystères. Bien plus : selon l'Evangile, le culte, c'est tout particulièrement vouloir recevoir de Dieu le pardon des péchés, la grâce et la justice. Ces trésors nous sont offerts dans les sacrements et
2
dans l'absolution, ainsi que dans les nombreuses paroles de consolation et de réconfort qui abon-dent dans l'Evangile. Dans cette vie terrestre, le Saint-Esprit commence notre sanctification et la fait progresser de jour en jour. C'est pourquoi nous croyons en celui qui nous appelle chaque jour par la Parole et qui, par cette Parole et par le pardon des péchés, nous donne la foi, l'augmente et la forti-fie.
Le monde dit : vis ta vie et profite du moment présent. Jésus répond : « C'est l'Esprit qui fait vivre, l'homme n'arrive à rien. Les paroles que je vous dis sont Esprit et vie. » (Jn 6.63) La parole d'Evan-gile est pleine de vie et rend vivant, elle met en mouvement, parce que le Saint-Esprit agit par elle sur nos coeurs. Il nous fait partager le « salut prêt à être révélé dans les derniers temps » (1P 1.5).
II
La Pentecôte est le moment ou l'Eglise de Jésus s'est mise en mouvement. Cela a commencé avec le témoignage du Paraclet. Cela continue avec notre témoignage ! « Vous aussi vous rendrez témoi-gnage » dit Jésus dans notre texte.
Cela ne devrait pas nous surprendre. Le Saint-Esprit est appelé à nos côtés, au côté de l'Eglise, pour nous assister. Il fallait s'attendre à ce qu'il nous entraîne avec lui dans une vie de témoignage, à ce qu'il nous entraîne à faire de toutes les nations des disciples, en les baptisant et leur enseignant l'Evangile du salut. Pensez à la première Pentecôte ! Cet événement montre comment le Saint-Esprit transforme des disciples reclus en témoins courageux. Les apôtres se tournent résolument vers les centaines de pèlerins présents pour leur annoncer le Christ, ce qu'il est pour eux et la manière dont ils peuvent recevoir son pardon.
Ainsi nos cultes, les études bibliques, les réunions de jeunes, les séances de catéchisme ou d'école du dimanche sont des témoignages, mais l'Esprit ne veut pas que nous gardions ces trésors pour nous-mêmes, exclusivement pour notre bien et celui de nos enfants. Il nous incite aussi à porter son message devant le monde. Posséder un beau site sur Internet ne suffit pas. A Jérusalem, les apô-tres sont allés au-devant des gens, ils reçurent pour la circonstance le don de s'adresser à eux dans leur langue maternelle. Ce fut l'un des miracles de la première Pentecôte. Aujourd'hui, tous les mis-sionnaires apprennent la langue des peuples parmi lesquels ils veulent rendre témoignage de Jésus-Christ. Le Seigneur et les apôtres nous montrent constamment l'exemple : aller à la rencontre des hommes là où ils se trouvent : dans leur langue, dans leur culture, dans leur façon de penser. Il faut compren-dre les gens si l'on veut se faire comprendre d'eux. Jésus a appelé Saul de Tarse à devenir le grand apôtre Paul : Juif ayant étudié auprès du plus grand rabbin de Jérusalem, il pouvait prêcher dans les synagogues ; intellectuel de la ville de Tarse, il comprenait aussi la façon de penser, la culture des Grecs ; il pouvait les aborder dans leur monde pour les conduire à Jésus-Christ. Il fera un jour cette confidence : « Avec les Juifs, j'ai été comme un juif afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi de Moïse, comme si j'étais sous la loi afin de gagner ceux qui sont sous la loi. J'ai été faible avec les faibles afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous afin d'en sauver quelques-uns » (1Co 9.20-22). Voilà comment l'Eglise doit veiller à rester en mouvement, dans ce mouvement perpétuel vers les incroyants, et chercher à leur rendre témoignage de leur Sauveur Jésus-Christ dans un langage qu'ils comprennent. Un frère aujourd'hui disparu disait : rien ne vaut un ouvrier pour parler de l'Evan-gile à un ouvrier, un étudiant pour parler à des étudiants, une mère de famille pour parler à une autre maman. Preuve que si l'Eglise se repose sur son pasteur pour témoigner du Seigneur Jésus, elle prive une grande partie de la population de ses bénédictions.
Ce n'est pas toujours facile, vous le savez par expérience. Quelqu'un a dit un jour : à la Pentecôte,
3
Pierre a converti 3000 personnes avec un seul sermon. Aujourd'hui, il faut souvent 3000 sermons pour convertir une seule personne ! D'ailleurs, notre Seigneur n'attend pas que nous soyons « tout à tous » comme son apôtre. Mais il a doté son Eglise de gens très différents, ou, pour le dire autre-ment : il a réparti les dons entre nous différemment ; nous avons des connaissances différentes et des centres d'intérêt différents. Nous devrions être reconnaissants à Dieu pour cette diversité de dons et d'intérêts, et ne pas rester indifférents quand, par exemple, une soeur du Bas-Rhin se propose de créer un café chrétien ; ni faire des yeux ronds quand un autre, comme Jésus, parlent aux gens de mauvaise vie ou aux pé-cheurs notoires (Mt 9.10 ; Lc 15.2) Frères et soeurs, qui sont les Parthes, les Mèdes et les Elamites aujourd'hui ? Ne sont-ils pas autour de nous : Musulmans arabes, nigériens ou turcs ? Leur culture et leur façon de penser sont souvent si différentes que nous les côtoyons sans leur adresser la parole ; nos façons de nous comporter nous braquent réciproquement et nous font dire - avec le monde d'ailleurs - qu'ils n'ont pas besoin de l'Evangile. Ce n'est qu'un exemple. Tous les Parthes et les Mèdes d'aujourd'hui n'ont pas néces-sairement la peau mate et leurs racines peuvent être très semblables, voire identiques aux nôtres.
Mais si nous sommes une Eglise qui se laisse émouvoir et conduire par le témoignage du Saint-Esprit, alors chacun d'entre nous essayera d'être témoin de Jésus-Christ parmi ses semblables, par-mi ceux dont il connaît la langue, la culture, la façon de penser, les loisirs.
Si le Saint-Esprit nous projette quelquefois dans des situations de témoignage inédites et nous obli-ge à improviser, il est aussi Dieu de sagesse et de discernement. A ce titre, il sait aussi inspirer à son Eglise ce qu'il y a de meilleur pour ses jeunes et anticiper avec intelligence leur rôle dans la so-ciété. Chaque métier est un appel, le mot allemand Beruf le reconnait bien.
En 1990, après mon ordination, quand je me suis trouvé dans l'obligation de doubler mon cursus universitaire pour subvenir à terme au besoin de ma famille, j'ai demandé au Seigneur de me diriger vers des études qui seraient un complément à ma théologie, et donc utiles à mon ministère. C'est ainsi que je suis devenu linguiste, ce qui m'a permis de parler du Seigneur à un grand nombre d'étu-diants, d'abord à la Sorbonne, puis en école préparatoire où j'enseignais.
Pardon pour cette anecdote personnelle, c'est une manière d'introduire cette dernière pensée, parti-culière et très concrète : quand nos enfants s'interrogent sur leurs études, songeons-nous seulement à placer leur choix dans la prière, à demander au Seigneur de les diriger vers un métier qui serait un tremplin pour leur foi et donc utile à son Eglise ? Quelle est la part que prend notre amour pour Dieu, pour sa parole et la mission dans le choix d'une langue étrangère - qui conditionnera aussi le choix du lycée - le choix de l'université, du futur métier de nos enfants ? Laissons-nous l'Esprit nous conduire quand nous consultons tous les conseillers d'orientation possibles sauf le plus important ? Celui qui accompagne notre fille ou notre garçon depuis son baptême et se préoccupe autant de son âme que de son esprit ?
« L'Esprit de la vérité rendra témoignage de moi - nous dit Jésus ce matin - et vous aussi, vous me rendrez témoignage ! » L'Esprit est appelé à nos côtés pour nous assister dans notre vocation de témoins et proclamer par nous l'amour de Dieu en Jésus-Christ. Il nous donne aussi des conseils inspirés pour conduire nos vies dans la reconnaissance et discerner ses orientations selon sa volon-té. Il nous pousse au besoin à faire des pas de foi, qui peuvent être autant de sauts dans l'inconnu que de coups d'audace, selon les circonstances... C'est cela, la Pentecôte : se laisser entraîner par le témoignage que le Saint-Esprit rend au Sauveur du monde, se laisser entraîner soi-même dans une vie de repentance et de foi, d'humilité et de joie quotidienne, mais aussi en entraîner d'autres par notre témoignage. Partager notre avocat, notre consolateur, notre défenseur et notre espérance dans la communion du Seigneur Jésus. Amen.
Tags : pensée
-
Commentaires