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Par lutherien le 25 Novembre 2009 à 17:41
LA CREATION, LES ANGES, LA PROVIDENCE, L'ALLIANCE
1. LA CREATION
La création du monde n'est pas révélée dans la Bible comme une explication philosophique ou scientifique de l'origine de l'univers, mais dans sa dimension religieuse. Dieu est à l'origine de toutes choses. Tout lui est soumis et tout a été conçu de manière à fournir à l'homme, couronnement de la création, un cadre de vie agréable.
La création est l'oeuvre de Dieu. Il est intéressant de noter que le verbe hébraïque traduit généralement par "créer" (Genèse 1:1.21.27; 5:1; Psaume 104:30; Esaïe 45:7.8.12; 54:16; 65:18) a toujours Dieu pour sujet. C'est Dieu qui au commencement créa les cieux et la terre (Genèse 1:1), qui "a mesuré les eaux dans le creux de sa main, pris les dimensions des cieux de sa paume et ramassé la poussière de la terre dans un tiers de mesure", pesant "les montagnes au crochet et les collines à la balance" (Esaïe 40:12). "C'est moi qui ai fait la terre, dit-il, et qui sur elle ai créé l'homme. C'est moi, ce sont mes mains qui ont déployé les cieux, et c'est moi qui ai disposé toute leur armée" (Esaïe 45:12).
La création du monde distingue Dieu des idoles qui ne savent rien faire de leurs mains (Psaume 96:5; 115:4-7; Esaïe 37:16; 44:6 ss.; Jérémie 10:11.12). Elle est à la fois l'oeuvre du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Généralement elle est attribuée au Père, mais la Bible enseigne que le Fils éternel de Dieu y a participé. "Il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes" (1 Corinthiens 8:6). "Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle" (Jean 1:1-3). Cf. encore Colossiens 1:15-17 et Hébreux 1:10.11. Quant à l'Esprit de Dieu, il "se mouvait au-dessus des eaux" (Genèse 1:2), et Job confesse que c'est lui qui l'a créé et qui l'anime (Job 33:4).
La Bible enseigne également que le monde a été créé à partir de rien. Il a suffi que Dieu parle pour qu'existe ce qu'il voulait créer (Genèse 1:3.6.9.11.14.20). "Il dit, et la chose arrive. Il ordonne, et elle existe" (Psaume 33:9). Cf. encore Psaume 148:5; Romains 4:17; Hébreux 11:3.
Le récit de la Bible est très simple dans son énoncé. Il a trouvé cependant des interprétations diverses dues à une lecture critique de ce texte ou au fait qu'on a voulu concilier ses affirmations avec les données de la science. Certains y ont vu les restes d'un ancien mythe d'origine babylonienne épuré de son paganisme. D'autres estiment que Genèse 1 ne raconte pas la création première du monde, mais sa reconstitution après que la chute des anges l'eut entraîné dans le chaos (Genèse 1:2). D'autres encore ont soutenu que le monde n'avait pas été créé en six jours, mais que sa création fut révélée en six jours à Moïse. Certains, tout en procédant à une interprétation littérale du texte, ont affirmé que le mot "jour" ne désignait pas un jour sidéral marqué par l'alternance de soleil et d'obscurité, mais une longue période identifiable à une ère géologique. Il existe encore une autre explication qui connaît un certain succès dans les milieux évangéliques. Elle affirme que Genèse 1 est une oeuvre qui ne prétend pas décrire la création dans le détail, mais la présente dans un certain cadre littéraire. Jamais il ne pourra donc y avoir de contradiction entre le récit biblique et la science.
Enfin, il y a l'interprétation littérale qui laisse s'exprimer le texte et interprète littéralement chacun de ses mots et chacune de ses phrases. C'est sans doute celle qui lui rend le plus justice. Cependant, deux choses méritent d'être soulignées. Premièrement il ne s'agit pas d'un récit historique au sens technique du terme, étant donné que son auteur n'a pas été le témoin de la création, pas plus qu'un autre du reste. Ce texte décrit des choses que personne n'a vues. Il est peut-être permis pour cette raison de l'assimiler à une sorte de prophétie tournée vers un passé lointain, celui de l'origine de toutes choses. D'autre part, Genèse 1 ne veut pas être un récit scientifique de la création. L'univers de l'infiniment grand et de l'infiniment petit est d'une complexité telle que sa création ne peut pas faire l'objet d'une description détaillée et scientifiquement adéquate. Elle sera toujours un miracle inaccessible à l'esprit humain. Pour en parler, il a fallu que Dieu simplifie à l'extrême, sinon nous n'y aurions rien compris... Le chrétien salue donc dans Genèse 1 un texte par lequel il a plu à Dieu de dire aux hommes qu'il a créé le ciel et la terre et comment il l'a fait, tout en sachant que la réalité a été beaucoup plus complexe que la description qui en est faite.
L'évolutionnisme qui affirme que la sélection naturelle a produit une chaîne évolutive des êtres humains, que les espèces actuelles sont issues d'espèces antérieures et que l'homme, descendant avec les primates d'un ancêtre commun, représente le dernier stade dans l'évolution du monde animal, est une théorie communément admise qui est loin d'être prouvée et que des scientifiques de haut niveau rejettent catégoriquement. Il est important pour le chrétien de le savoir, pour ne pas souscrire à la tentation de concilier avec le récit biblique de la création ce qui n'est en fin de compte qu'une hypothèse, au demeurant peu plausible. Il n'a pas à démontrer que la Bible dit vrai, comme il n'a pas besoin de se laisser ébranler dans la foi par ce qu'il entend dire autour de lui et qu'on ne pourra sans doute jamais prouver.
Le récit de la Bible est un texte admirable qui affirme que Dieu était là avant toutes choses, qu'il a créé le ciel et la terre et tout ce qu'ils contiennent avec une aisance ahurissante, un sens du beau et une sagesse qui forcent l'adoration. Lui seul doit être vénéré. Le soleil, la lune et les astres n'ont pas de pouvoir occulte et ne sont pas régis par des divinités. Il est donc inutile de les craindre. Le Seigneur au contraire, qui a tout fait à merveille et donné à l'homme, pour preuve de son amour, un cadre de vie magnifique, attend ses louanges et veut être béni et glorifié.
Le récit biblique de la création nous dit aussi que la nature, oeuvre de Dieu, veut être respectée. Le Seigneur ne l'a pas donnée à l'homme, mais n'a fait que la mettre à sa disposition, non pour qu'il l'exploite indûment, mais pour qu'il la gère avec sagesse, sachant que tout abus se retournera contre lui, et qu'il partage les fruits de la terre. Partant de là, il existe ce qu'on peut appeler une écologie chrétienne.
Questions de révision et exercices:
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1) Que nous apprend le récit de la création au sujet de Dieu et quels sentiments inspire-t-il au croyant?
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2) Que répondre à celui qui vous fait part du trouble que lui inspire ce que la science dit des origines du monde et de l'homme?
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3) Dites en quelques phrases ce que vous inspire le thème: "Foi chrétienne et écologie".
2. LES ANGES
L'existence des anges, comme celle de Dieu, ne se démontre pas, et la Bible ne le fait pas. Par contre, elle l'affirme et les montre à l'action. La doctrine des anges est donc un article de foi.
Nous apprenons tout d'abord que les anges ont été créés par Dieu: "Louez-le, vous tous ses anges! Louez-le, vous toutes ses armées!... Qu'ils louent le nom de l'Eternel, car il a commandé, et ils ont été créés" (Psaume 142:2.5). Ils font partie des choses "invisibles", des "trônes", des "dignités", "dominations" et "autorités" créées par Dieu (Colossiens 1:16).
Nous apprenons par ailleurs que les anges sont des créatures spirituelles, qui n'ont pas de corps. La Bible les appelle des "esprits" (Matthieu 78:16; 12:45; Luc 7:21; 8:2). Les démons sont des "esprits méchants dans les lieux célestes" (Ephésiens 6:12). Quant aux bons anges, ils sont des "esprits au service de Dieu" (Hébreux 1:14).
Ils sont puissants. C'est pour cela qu'ils sont appelés trônes, dignités, dominations et autorités (Colossiens 1:16). Les bons anges mettent leur puissance au service de Dieu qu'ils adorent et des croyants qu'ils protègent, tandis que les mauvais l'utilisent au service du mal, pour détruire l'oeuvre du Seigneur.
Les anges sont très nombreux. La Bible parle d'armées célestes, de légions et de myriades (Deutéronome 32:2; Psaume 17; Psaume 68; Matthieu 26:53; Marc 5:9.15). Les bons anges portent des titres divers: anges, fils de Dieu (Job 1:6; 2:1; Psaume 29:1; 89:6), trônes, dignités, dominations, autorités, principautés (Ephésiens 1:21; 3:10; Colossiens 1:16; 2:10; 1 Pierre 3:22). Certains sont appelés des chérubins (Genèse 3:24; 2 Samuel 6:2; Psaume 18:11), d'autres des séraphins (Esaïe 6:2.6). Il est aussi question d'un archange (1 Thessaloniciens 4:16; Jude 9). Certains anges portent des noms, comme Gabriel (Daniel 8:16; 9:21; Luc 1:19.26) ou Michel (Daniel 10:13.21; Jude 9; Apocalypse 12:7). Il semble donc qu'iI y ait une sorte de hiérarchie angélique, dont nous ignorons cependant les structures.
Tous les anges ont bien sûr été créés bons (Genèse 1:31). Certains le sont restés, tandis que d'autres se sont révoltés contre Dieu et sont déchus. La Bible dit qu'ils n'ont pas "gardé leur dignité" et qu'ayant "abandonné leur propre demeure", ils sont "enchaînés éternellement par les ténèbres" (Jude 6).
Les bons anges louent Dieu jour et nuit (Job 38:7; Psaume 103:20; 148:2). Ils sont aussi au service des croyants: "Ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut?" (Hébreux 1:14). Ils se réjouissent chaque fois qu'un pécheur se repent (Luc 15:10), gardent, protègent et délivrent les croyants (Psaume 34:8; 91:11; Actes 5:17-20), en particulier les petits (Matthieu 18:10). Ils soutiennent les enfants de Dieu dans leur dernier combat et les conduisent auprès du Seigneur (Luc 16:22). A certaines époques de l'histoire du peuple de Dieu, notamment au temps des patriarches, puis quand le Christ vint sur terre, les anges étaient chargés de missions particulières, servaient d'intermédiaires entre Dieu et les croyants et annonçaient des événements importants. L'époque de la révélation divine étant révolue, ces fonctions extraordinaires ont cessé.
Les mauvais anges, nous l'avons vu, sont des esprits qui se sont révoltés contre Dieu (Jude 6; 2 Pierre 2:4) et s'acharnent à lutter contre lui. Satan, leur chef, est à l'origine de la chute. C'est lui qui tenta et détourna les hommes de Dieu, les faisant sombrer dans le péché et la mort. C'est lui qui voulut détourner le Christ du chemin de l'obéissance, pour l'empêcher de racheter les hommes. C'est lui encore qui "rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera" (1 Pierre 5:8). La Bible l'appelle pour cette raison Apollyon, le destructeur (Apocalypse 9:11), et le diable, ce qui signifie l'accusateur (Apocalypse 12:10). Il n'a qu'un désir: anéantir l'oeuvre de Dieu, l'empêcher de sauver les hommes, tenter les croyants pour les faire déchoir, les accuser pour obtenir leur condamnation. Mais le Fils de Dieu a paru afin de détruire les oeuvres du diable" (1 Jean 3:8). C'est par la foi en lui que les croyants le vaincront, à condition de veiller et de vaquer à la prière.
On parle peu des anges, de nos jours. C'est sans doute dû au rationalisme ambiant dans lequel vivent les chrétiens et qui nie l'existence d'un monde invisible. Et pourtant, notre époque, qui se veut si clairvoyante et si sobre dans ses croyances, connaît un réveil des pratiques occultes, un regain du surnaturel. Les pratiques divinatoires, le spiritisme, les phénomènes parapsychologiques, les cultes étranges y compris sataniques connaissent un regain de faveur. Au nom de la raison on croit devoir dire non à toute forme de religion révélée, mais on est capable tout à la fois de faire preuve d'une terrible crédulité et de s'adonner aux pratiques les plus insolites et les plus irrationnelles.
Quelqu'un a dit un jour qu'on ne peut pas rendre de meilleur service au diable qu'en ne parlant pas de lui. C'est justement face à ces pratiques occultes et dangereuses que l'Eglise doit rappeler ce que l'Ecriture dit des anges, bons et mauvais. Les chrétiens ont le droit de se savoir entourés d'anges et de s'en réjouir, comme il leur faut prendre au sérieux les avertissements de la Parole de Dieu concernant Satan et les démons.
Questions de révision et exercices:
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1) Pourquoi certains anges sont-ils devenus mauvais?
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2) Enoncez aussi complètement que possible les fonctions des bons et des mauvais anges.
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3) Comment à votre avis les chrétiens luttent-ils victorieusement contre Satan et les mauvais anges?
3. LA PROVIDENCE
La providence est le gouvernement du monde exercé par Dieu. En effet, le Seigneur qui a créé l'univers maintient et dirige toutes choses. C'est une doctrine riche en consolation. Le croyant ne se sait pas seulement une créature de Dieu, mais il sait aussi que le Seigneur tient toutes choses dans ses mains, qu'il le protège et qu'il gouverne le monde de manière à accomplir son plan de salut.
L'épicurisme ancien prétendait que le monde était gouverné par le hasard, le stoïcisme le disait régi par le destin. Le christianisme confesse qu'il l'est par Dieu. Le déisme soutient qu'en créant le monde, Dieu lui a imprimé des propriétés et des lois par lesquelles il est régi, puis qu'il s'est retiré, le livrant à lui-même. C'est une fausse doctrine, car elle trace un fossé entre le monde et Dieu et ignore que le Seigneur agit en personne dans l'univers qui est son oeuvre. Quant au panthéisme, il confond Dieu et le monde, faisant du monde une émanation de Dieu et déclarant les deux indissociables. C'est ignorer que le monde en tant que création est distinct de Dieu. La Bible enseigne que Dieu s'occupe de sa création tout en restant distinct d'elle. Il est présent en elle et la fait vivre.
Les objets de la providence divine:
Qui est objet de la providence divine? Qui est concerné par elle? L'univers tout entier, puisque "l'Eternel a son trône dans les cieux et son règne domine sur toutes choses" (Psaume 103:19) et qu'il est celui "qui opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté" (Ephésiens 1:11). Le livre de Job décrit cette providence de manière admirable: "Dieu tonne de sa voix d'une manière merveilleuse; il fait de grandes choses que nous ne comprenons pas. Il dit à la neige: Tombe sur la terre! Il le dit à la pluie, même aux plus fortes pluies. Il met un sceau sur la main de tous les hommes, afin que tous se reconnaissent comme ses créatures. L'animal sauvage se retire dans une caverne et se couche dans sa tanière. L'ouragan vient du midi, et le froid des vents du nord. Par son souffle Dieu produit la glace, il réduit l'espace où se répandaient les eaux. Il charge de vapeurs les nuages, il les disperse étincelants" (Job 37:5-10). C'est lui qui "fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons" et qui fait "pleuvoir sur les justes et sur les injustes" (Matthieu 5:45), qui fait germer les plantes et donne ainsi à manger au bétail et aux hommes (Psaume 104:14.21.28). Pas un seul oiseau ne tombe à terre sans sa volonté (Matthieu 10:29). Il gouverne les nations, les fait naître et les anéantit (Psaume 66:7; Job 12:23; Actes 17:26).
Il préside aussi à la destinée de chaque individu. Et cela dès le sein de sa mère: "Quand je n'étais qu'une masse informe, tes yeux me voyaient, et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m'étaient destinés, avant qu'aucun d'eux existât" (Psaume 139:16; Jérémie 1:5; Galates 1:15.). Il élève l'un et abaisse l'autre (Psaume 75:6-8), renverse les puissants de leurs trônes et secourt les humbles (Luc 1:52). Même les événements apparemment accidentels et insignifiants de la vie sont entre ses mains, au point que les cheveux de notre tête sont tous comptés (Matthieu 10:30; Proverbes 16:33). Aussi Dieu protège-t-il les justes: "Le secours me vient de l'Eternel qui a fait les cieux et la terre. Il ne permettra pas que ton pied chancelle. Celui qui te garde ne sommeillera point" (Psaume 121:2.3; 4:8; 63:8). Il pourvoit aux besoins des siens (Genèse 22:8.14; Philippiens 4:19) et exauce leurs prières: "Demandez et l'on vous donnera! Cherchez et vous trouverez! Frappez et l'on vous ouvrira! Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l'on ouvre à celui qui frappe" (Matthieu 7:7; Psaume 65:2.3; Luc 18:7.8). Quant aux impies, le Seigneur les châtie en son temps, au plus tard au jour du jugement (Psaume 7:12.13; 11:6).
De quoi est faite la providence divine?
Dire que Dieu gouverne le monde, c'est affirmer tout d'abord qu'il le préserve, qu'il le maintient en existence, qu'il garde et protège ses créatures. On appelle cela la préservation. "Il soutient toutes choses par sa parole puissante" (Hébreux 1:3). Tout subsiste en lui en qui nous avons "la vie, le mouvement et l'être" (Colossiens 1:17; Actes 17:28). "Il gardera les pas de ses bien-aimés" (1 Samuel 2:9). "Si l'Eternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain. Si l'Eternel ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain" (Psaume 127:1). Cf. encore Genèse 28:15; Exode 14:30; Psaume 31:20.21; 107:9; 145:14.15. Aussi l'homme est-il encouragé et invité à l'invoquer avec confiance. Le Seigneur prendra soin de lui (Psaume 32:6; 1 Pierre 3:12).
Pour gouverner le monde, Dieu se sert généralement de causes secondes, des lois qui régissent l'univers et des moyens divers qu'il utilise pour accomplir sa volonté. Il y a ainsi coopération entre Dieu et les instruments choisis par lui. Il s'est servi de Joseph vendu par ses frères pour sauver la vie à sa famille et secourir "un peuple nombreux" (Genèse 45:5; 50:19.20). Il utilise les aliments qu'il fait pousser pour nourrir ses créatures, le savoir du médecin et la vertu des médicaments pour guérir les malades. Il se sert des rois et des grands de ce monde (Proverbes 21:1), donne la victoire à son peuple (Josué 11:6) ou utilise l'armée assyrienne pour le châtier (Esaïe 10:5-7). Il s'est servi de Judas pour livrer Jésus-Christ entre les mains des Juifs et de Ponce Pilate pour le faire mourir sur la croix (Actes 2:22.23.36). Ainsi, toutes les bonnes choses de ce monde sont des bénédictions du Seigneur et aucun mal ne se fait sans sa volonté. On appelle gouvernement l'activité par laquelle il dirige toutes choses de manière à réaliser ses desseins et accomplir sa volonté. La providence a en effet une finalité: elle doit glorifier son nom et sauver son peuple. Le jour vient où tout genou fléchira dans les cieux, sur la terre et sous la terre et où toute langue confessera que Jésus est Seigneur à la gloire de Dieu le Père (Philippiens 2:10.11).
La providence divine soulève de graves problèmes qui ont de tout temps intrigué, voire tourmenté les hommes. Pourquoi, si Dieu tient tout dans ses mains, y a-t-il tant de mal et de méchanceté dans ce monde? Pourquoi les méchants sont-ils épargnés et les justes souffrent-ils? Dieu veut-il vraiment les guerres, la cruauté et la violence, les catastrophes et les famines? Et s'il ne les veut pas, pourquoi ne les empêche-t-il pas?
Ce sont des questions douloureuses, auxquelles nous ne pouvons donner que des éléments de réponses. En effet, il ne nous a pas révélé tous ses desseins, et même s'il l'avait fait, nous serions trop petits pour comprendre tout ce qu'il fait. Voici ce qu'on peut dire en se fondant sur l'Ecriture Sainte:
- Dieu dans son amour et sa bonté ne prend pas plaisir au mal. Il ne le veut donc pas. Il n'accepte pas que les hommes s'entre-tuent et se fassent du mal, mais il tolère cependant qu'ils le fassent.
- A la racine de tout mal dans ce monde il y a le péché dont Dieu n'est pas l'auteur, mais que l'homme a fait entrer dans le monde (Romains 5:12.18).
- Dieu agit. Il peut et veut souvent empêcher les hommes de faire le mal (Genèse 20:1-18; Luc 22:31-34). Mais il lui arrive aussi de le permettre pour en faire sortir du bien (Genèse 45:5; 50:19.20).
- Satan fait tout pour empêcher Dieu d'accomplir son oeuvre (1 Thessaloniciens 2:18). Il séduit et tente les chrétiens et sème la division (Apocalypse 12:7; 16:14; 20:10; Daniel 10:13). Mais il ne peut rien faire sans la volonté du Seigneur (Job 1:6-12; 2:1-8) qui le tient en laisse et trace des limites à son action, en attendant le jour où il le jugera définitivement. Si paradoxal que ce soit, Dieu ne veut pas le mal et pourtant le tolère. Il le hait, mais accepte qu'il ait lieu. D'une façon que les hommes ne comprennent pas toujours et qui leur est souvent très mystérieuse, il sait l'utiliser pour que sa volonté se fasse.
Providence et miracles:
Dieu, nous l'avons vu, gouverne le monde en recourant aux causes secondes. Il utilise les lois qu'il a établies et mises en place. Mais il lui arrive aussi de permettre que des choses se réalisent sans que nous puissions les expliquer par les lois de la nature. On dit alors qu'il fait des miracles. C'est ainsi que Jésus a guéri des malades et ressuscité des morts en prononçant simplement un mot. Le rationalisme et les théologiens libéraux ont voulu montrer que ce n'étaient pas de vrais miracles, mais que ces choses pouvaient s'expliquer. Ou bien ils ont affirmé que certains textes de la Bible racontaient réellement des miracles, parce que les gens de l'époque croyaient en la réalité de prodiges, mais qu'ils étaient en cela tributaires de leur époque, qu'il fallait les démystifier. Ces récits, dit-on, sont influencés par la manière de penser de l'époque. Ce qui signifie que nous ne sommes pas tenus de croire en l'inspiration et l'inerrance de la Bible, quand elle relate des miracles.
Ce qui rend la foi aux miracles difficile, c'est le fait qu'ils semblent contraires aux lois de la nature lesquelles sont pour nous intangibles. La théologie répond à cela que le Seigneur n'est pas lié aux lois qu'il a mises en place. En fait, quand il accomplit des miracles, il n'agit pas contre les lois de la nature, mais sans elles. Les miracles sont au-dessus de la nature et la transcendent. Il n'y a pas violation des lois naturelles, comme si Dieu refusait de faire ce qu'il serait tenu de faire, mais activité divine sans recours à elles pour une manifestation supérieure de sa volonté.
Les miracles racontés par la Bible obéissent à une finalité. Ils ont leur raison d'être. Ce ne sont pas de simples exhibitions de pouvoir. La chute dans le péché et la volonté de salut de Dieu les rendent parfois nécessaires. Ils sont signes de puissance, mais aussi de bonté, signes de la rédemption, préfigurations et symboles de la délivrance finale. Aussi est-ce manifestement à certaines époques précises qu'il a plu à Dieu de recourir à eux pour réaliser son plan.
Questions de révision et exercices:
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1) Quelle est, en ce qui concerne la doctrine de la providence, la différence entre la Bible, le déisme et le panthéisme?
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2) Quelles sont les grandes leçons que nous sommes appelés à tirer de la doctrine biblique de la providence?
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3) Que peut-on dire en se fondant sur la Bible concernant le problème du mal?
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4) Combien de morts Jésus a-t-il ressuscités quand il était sur la terre?
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5) Qu'est-ce qu'un miracle et quelle est sa raison d'être?
4. L'ALLIANCE
La notion d'alliance est courante chez les hommes, sous toutes les latitudes, à toutes les époques et dans toutes les civilisations. Tout homme sait de quoi il s'agit. C'est un pacte conclu entre plusieurs partenaires où chacun prend des engagements auxquels il est lié. Dieu s'est donc servi de ce concept pour révéler son plan de salut. L'alliance est ainsi une donnée fondamentale de la révélation biblique. A la différence des alliances que contractent des individus ou des nations, celle que Dieu conclut avec les croyants est, sinon à sens unique, du moins telle que Dieu est celui qui prend l'initiative du contrat, formule des promesses aux termes desquelles il s'engage à déverser toutes ses bénédictions sur ceux auxquels il se lie et à les sauver. Il attend d'eux, en retour, qu'ils se consacrent entièrement à lui, fassent sa volonté et le servent d'un coeur sincère.
L'alliance de grâce:
L'alliance de Dieu est une alliance unique qui a pour fondement la grâce. Elle se résume dans l'affirmation que le Seigneur du ciel et de la terre devient le Dieu personnel de celui auquel il se lie: "Ce sera une alliance perpétuelle en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi" (Genèse 17:7). Elle fut révélée pour la première fois au moment de la chute, quand Dieu s'engagea à accorder aux hommes la victoire sur les forces du mal: "Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité. Celle-ci t'écrasera la tête et tu lui blesseras le talon" (Genèse 3:15). Au lendemain du déluge, il promit de ne plus châtier l'humanité par un cataclysme de ce genre (Genèse 8:21.22).
Les choses se précisèrent, quand Dieu choisit Abraham pour en faire l'ancêtre de son peuple. Il lui promit de faire de lui, qui n'avait pas encore de fils, un grand peuple. La promesse se fit de plus en plus précise, jusqu'à ce qu'il lui annonçât qu'en sa postérité seraient un jour bénies toutes les nations de la terre (Genèse 12:1-3; 13:14-16; 15:4-6). Aux termes de cette alliance, le Seigneur promit au patriarche qu'il donnerait à sa postérité le pays de Canaan où lui-même ne possédait qu'un lopin de terre (Genèse 15:18-21). L'alliance fut scellée par un signe, la circoncision (Genèse 17:9-12). Nous avons dans ces textes la première annonce de la venue du Messie. En effet, la postérité dans laquelle toutes les nations de la terre allaient être bénies n'était pas seulement le peuple d'Israël, source de bénédictions pour les païens, mais le Christ, postérité d'Abraham par excellence (Galates 3:16) et auteur du salut pour tous les hommes.
Quand au bout de nombreuses années de servitude en Egypte, Yahvé décida de délivrer son peuple et de le faire entrer dans le pays promis, il renouvela en faveur d'Israël l'alliance qu'il avait conclue avec son ancêtre: "Si vous écoutez ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m'appartiendrez entre tous les peuples, car toute la terre est à moi. Vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte" (Exode 19:5.6). Il promit de les protéger, de ne pas les abandonner, mais de toujours se souvenir de son alliance (Lévitique 26:44), promulgua une charte, les dix Commandements, et leur demanda en échange l'obéissance et la sainteté, gages de leur fidélité.
Par la suite, il choisit David, l'établit sur le trône d'Israël, lui promit non seulement un descendant direct, mais aussi un Fils en qui sa royauté deviendrait éternelle (2 Samuel 7:11-16). Ce Fils est Jésus-Christ, né d'une vierge issue de la lignée de David et légalement adopté par Joseph, lui aussi descendant du grand roi. L'ange annonça à Marie: "Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur lui donnera le trône de David, son père. Il régnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin" (Luc 1:32.33).
C'est donc en Jésus-Christ que s'est accomplie la promesse faite aux pères. Le Fils de Dieu devint homme, quand les temps furent accomplis, un véritable Juif qui est devenu par sa vie sainte et juste, sa mort rédemptrice et sa résurrection victorieuse, source de bénédictions et de salut pour les hommes du monde entier. Il n'existe donc qu'une alliance, qui est toujours alliance de grâce et qui a pour fondement le Messie promis et venu en son temps.
Alliance ancienne et alliance nouvelle:
Il arrive que la Bible parle d'une "alliance nouvelle" (Jérémie 31:31), de la "nouvelle alliance" dans le sang du Christ (Luc 22:20; Hébreux 12:24). C'est, bien sûr, par opposition à l'alliance dont avaient parlé les prophètes. En réalité, c'est toujours la même alliance, mais dans une dispensation et un régime nouveau. Fondamentalement elle est restée la même, mais il n'y a plus de circoncision, de sabbat, de sacrifices, de distinction entre aliments purs et impurs, de fêtes et de rites prescrits par la loi. Aussi les croyants de l'ancienne alliance ont-ils été sauvés de la même façon que ceux de l'alliance nouvelle (Actes 10:43). La Loi et les prophètes ont annoncé le même Christ que l'Evangile (Romains 3:21.22), celui qu'Abraham a salué de loin (Jean 8:56). Quant aux païens convertis à lui, ils sont par la foi postérité d'Abraham (Galates 3:29). Tout était préfiguration dans l'Ancien Testament, "ombre des choses à venir" (Colossiens 2:16.17). Jésus est venu tout accomplir. C'est pourquoi le culte avec ses sacrifices, ses rites et toutes les lois qui le régissaient n'avait plus de raison d'être. Il avait joué son rôle. Désormais il n'était plus lié à Jérusalem, car on allait adorer Dieu en esprit et en vérité (Jean 4:21-24). C'est la dispensation nouvelle et dernière de l'ancienne alliance. Dieu en effet n'abroge pas ce qu'il a décrété, ne renie ou ne modifie pas ses promesses.
Sacrifices et sacrements:
Moïse avait, à la demande de Dieu, institué dans l'ancienne alliance un certain nombre de sacrifices qui devaient préfigurer celui du Christ. Il y avait tout d'abord l'holocauste journalier (Lévitique 1). Comme son nom l'indique, l'animal était, après qu'on eut recueilli son sang pour en asperger l'autel, entièrement brûlé, geste qui exprimait la consécration totale de la victime à Dieu, image du Christ qui s'est entièrement consumé dans l'accomplissement de sa mission, et du croyant prêt à le suivre dans cet acte de consécration et d'abandon obéissant.
Il y avait ensuite les sacrifices d'expiation (Lévitique 4) et les sacrifices de culpabilité (Lévitique 5). Dans les deux cas on immolait un taureau, un bouc, une chèvre ou tout simplement une tourterelle ou un pigeon. Une partie du sang était répandue devant Dieu et sur les cornes de l'autel des parfums, et le reste versé au pied de l'autel des holocaustes pour expier les péchés du sacrificateur et du peuple. Le sacrifice d'expiation visait les fautes commises envers Dieu, le sacrifice de culpabilité celles qui affectaient le prochain.
Les sacrifices d'actions de grâces (Lévitique 3) étaient apportés en reconnaissance de bénédictions inattendues, pour s'acquitter d'un voeu ou tout simplement exprimer à Dieu son amour, sa reconnaissance et son adoration. Les victimes étaient les mêmes que pour les sacrifices précédents, à l'exception des oiseaux. Leur sang était répandu, leur graisse brûlée sur l'autel, tandis que la poitrine et l'épaule étaient données aux sacrificateurs et le reste consommé par l'offrant et sa famille.
Dans tous ces sacrifices, les gestes étaient les mêmes:
- Le donateur présentait la victime au prêtre (Lévitique 1:3; 3:1; 4:3; 5:15). Celle-ci devait être, comme les textes le précisent, sans défaut ni tache, symbolisant l'agneau "sans défaut et sans tache" qu'allait être le Christ (1 Pierre 1:18.19; Hébreux 9:14).
- Puis le donateur lui imposait les mains (Lévitique 1:4; 3:2; 16:20), geste qui symbolisait le transfert sur l'animal des péchés de l'homme ou du peuple. L'animal, pur en soi, devenait par imputation des péchés impur et coupable et devait donc mourir.
- Ensuite on immolait la victime. La mort est le salaire du péché (Romains 6:23). Le pécheur doit donc mourir. Mais l'animal, chargé de ses péchés, meurt à sa place. C'est exactement ce qui advint à Jésus. A noter que la victime n'était pas égorgée par le sacrificateur, mais par l'offrant (Lévitique 1:5.111; 3:2.8.13; 4:24). Façon de dire que l'humanité est à l'origine de la mort du Christ, que ce sont les hommes ses frères qui l'ont fait mourir.
- Enfin, le sang de la victime était répandu sur l'autel (Lévitique 1:11; 3:2; 5:9), devant l'autel (Lévitique 5:9) ou "devant l'Eternel, en face du voile du sanctuaire" (Lévitique 4:6). Il symbolisait celui que le Christ verserait sur l'autel divin de la croix et présenterait à Dieu comme rançon ou prix de la rédemption.
- En faisant incinérer la victime, comme dans le cas de l'holocauste (Lévitique 1:7-17), le croyant confessait à Dieu et en public qu'il appartenait tout entier au Seigneur à qui il devait une obéissance totale.
L'Ecriture enseigne clairement que ces sacrifices n'avaient pas en eux-mêmes le pouvoir d'expier les péchés du peuple. En cela ils différaient radicalement des sacrifices des païens. L'épître aux Hébreux est formelle à ce sujet. Elle affirme qu'ils "ne pouvaient pas rendre parfait sous le rapport de la conscience" celui qui les apportait, qu'ils avaient donc un caractère provisoire (Hébreux 9:9.10), que le sang des taureaux et des boucs procurait la pureté de la chair et non celle du coeur, qu'il purifiait donc rituellement (Hébreux 9:13), que ces immolations ne pouvaient en fait "ôter les péchés" (Hébreux 10:11). Il fallait pour cela un sacrifice supérieur et parfait, celui du Christ (Hébreux 9:14) dont toutes ces oblations n'étaient que "l'ombre des biens à venir" (Hébreux 10:1). Dans l'ancienne comme dans la nouvelle alliance, c'est la foi en les promesses de grâce de Dieu et donc en Jésus-Christ qui procure le pardon et purifie les coeurs. Aussi ces sacrifices n'apportaient-ils le pardon et n'apaisaient-ils la conscience que s'ils avaient lieu dans la foi en le Messie promis.
Dieu avait institué pour Israël des signes de son alliance. C'était tout d'abord la circoncision, "signe d'alliance entre moi et vous " (Genèse 17:11), selon l'apôtre Paul le "sceau de la justice" qu'Abraham avait obtenue par la foi quand il était incirconcis (Romains 4:11). Elle était pour lui le signe visible que Dieu l'avait justifié par la foi en ses promesses. Ce n'était pas seulement un signe de reconnaissance ethnique, car elle existait dans tout le Moyen Orient de l'époque. En la prescrivant à Abraham et à ses descendants, Dieu lui avait donné un contenu nouveau. Elle devait attester à tous ceux sur qui elle était pratiquée qu'ils faisaient partie de son peuple, qu'ils étaient donc au bénéfice des promesses de l'alliance.
En même temps, la circoncision était le signe visible d'une circoncision invisible, intérieure, "d'une circoncision que la main n'a pas faite, mais de la circoncision de Christ" qui consiste dans la repentance et le renoncement à la chair (Colossiens 2:11). On peut donc, comme c'est le cas des Juifs incroyants, être circoncis dans la chair, sans l'être dans le coeur, et inversement l'être dans le coeur sans l'être dans la chair, comme le sont les païens qui se sont convertis à Dieu (Romains 2:28.29; Philippiens 2:2.3).
La circoncision annonçait ainsi le Baptême, porteur du pardon et du salut et signe de l'alliance conclue par Dieu. Reçu dans la foi, ce sacrement est le gage de la circoncision du coeur qui n'est pas faite par la main de l'homme, mais l'oeuvre de Dieu. Il atteste donc que le croyant a été enseveli avec le Christ en sa mort pour vivre avec lui d'une vie nouvelle (Colossiens 2:11-13).
Dieu avait institué aussi le rituel de l'agneau pascal, ainsi appelé parce que les Hébreux mangèrent, la nuit de l'Exode, un agneau apprêté avec des herbes amères, souvenir des souffrances qu'ils avaient connues en Egypte (Exode 12:1-18). Une première célébration de la Pâque eut lieu au désert (Nombres 9:1-5), puis elle devint une fête annuelle, rappelant la délivrance miséricordieuse que Yahvé avait accordée à son peuple, ainsi que le début de la moisson. Elle préfigurait en même temps la Sainte Cène, le repas que le Christ institua la veille de sa mort pour la commémorer et célébrer ainsi la rédemption offerte. C'est manifestement la raison pour laquelle Jésus-Christ l'institua au moment où il mangeait avec les disciples l'agneau pascal et quelques heures avant de mourir. Ainsi l'Exode, commémoré par la Pâque, est la préfiguration de la grande délivrance que le Messie est venu apporter aux siens et qu'ils célèbrent dans l'action de grâces en communiant à son corps et à son sang.
Questions de révision et exercices:
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1) Brosser en quelques traits l'histoire de l'alliance que Dieu a conclue dans l'Ancien Testament.
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2) Qu'est-ce que l'alliance? A quoi Dieu s'engage-t-il? Que promet-il aux siens? Qu'est-ce qu'elle représente pour eux?
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3) Quelle est la différence entre les sacrifices que Dieu prescrivit à son peuple et ceux des païens?
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4) En quoi ces sacrifices préfiguraient-ils celui du Christ?
votre commentaire -
Par lutherien le 23 Novembre 2009 à 15:27
DIEU: LA SAINTE TRINITE
"Le Père, le Fils et le Saint-Esprit, trois personnes distinctes en une seule essence et nature divine, sont un seul Dieu qui a créé le ciel et la terre" (Articles de Smalcalde, I, 1).
Tous les chrétiens croient en l'existence de Dieu, d'un Dieu unique. Les juifs aussi, ainsi que les musulmans. Il faut être athée pour prétendre qu'il n'existe pas, ou agnostique pour dire qu'il existe peut-être, mais que ce n'est pas sûr et que de toutes façons on ne peut rien dire à son sujet.
Dieu existe. Le déisme affirme qu'ayant créé le monde, il le laisse vivre et se développer selon les lois qu'il lui a données, agissant comme un horloger qui, ayant fabriqué une montre, en remonte le mécanisme et la laisse faire. Dieu n'a donc pas de contacts avec le monde. Le panthéisme, quant à lui, prétend le contraire, affirme qu'il se confond avec le monde qui émane de lui. Dieu est tout et tout est Dieu. Chaque créature est une parcelle de son être. Quant aux grandes religions monothéistes que représentent le christianisme, le judaïsme et l'islam, elles sont des religions théistes: elles affirment que Dieu est à la fois distinct de ce monde et qu'il agit en lui. Il est une personne douée de sentiments avec laquelle on peut entrer en relation, à qui on peut notamment adresser des prières et demander d'agir, qu'on peut invoquer et adorer. Christianisme, judaïsme et islam sont d'autre part des religions monothéistes. Elles affirment l'existence d'un Dieu unique. Elles ne démontrent pas son existence, mais la confessent, précisant que Dieu se révèle de deux façons, dans la nature et dans un livre sacré, la Bible pour le christianisme, l'Ancien Testament pour le judaïsme et le Coran pour l'islam. Et pourtant, comme nous allons le voir, le Dieu des chrétiens n'est pas le même que celui des juifs ou des musulmans. Ils croient en effet en un Dieu trinitaire, adorent un Dieu unique, mais qui est Père, Fils et Saint-Esprit.
Dieu est un être majestueux que l'homme ne peut pas approcher. La Bible dit qu'il "habite une lumière inaccessible" (1 Timothée 6:16), si bien que l'homme ne peut pas pénétrer ses pensées: "Prétends-tu sonder les pensées de Dieu, parvenir à la connaissance parfaite du Tout-Puissant?" (Job 11:7). "A qui voulez-vous comparer Dieu? Et quelle image ferez-vous son égale?" (Esaïe 40:18). Et pourtant il peut être connu de l'homme. S'adressant à son Père dans la prière dite sacerdotale, Jésus lui dit: "La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ... J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m'as donnés du milieu du monde" (Jean 17:3.6). Nous connaissons le Seigneur dans la mesure où il se fait connaître et se révèle à nous. Comme cette révélation, bien que suffisante pour le salut, est partielle, notre connaissance l'est aussi, ce qui fait dire à l'apôtre Paul: "Nous connaissons en partie... Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face. Aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j'ai été connu" (1 Corinthiens 13:9.12).
Il existe une double révélation de Dieu. L'une est générale en ce que tous les hommes y ont accès, et naturelle en ce qu'elle a lieu dans le domaine de la nature. L'autre, au contraire, est dite spéciale et surnaturelle. Surnaturelle, parce qu'il a fallu pour cela une intervention particulière de Dieu qui a décidé d'adresser la parole aux hommes en se servant de prophètes, de son Fils Jésus et d'apôtres. Spéciale, parce qu'elle ne touche que ceux qui lisent la Bible ou entendent l'Evangile.
1. DIEU SE REVELE DANS LA NATURE
La connaissance naturelle de Dieu est la conviction innée à la raison humaine qu'il existe un Dieu souverain qui a créé le monde et le gouverne avec sagesse, toute-puissance et justice. Elle se fonde sur la contemplation de ses oeuvres et sur la voix de la conscience.
Le témoignage de la création:
L'apôtre Paul dit des païens de son époque, mais c'est vrai de ceux de tous les temps: "La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui retiennent injustement la vérité captive, car ce qu'on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, Dieu le leur ayant fait connaître. En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient comme à l'oeil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié dans leurs pensées, et leur coeur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres" (Romains 1:18-21). C'est un constat terrible. L'apôtre accuse les païens de s'être détournés de la foi en un Dieu unique pour sombrer dans le polythéisme. En cela ils sont inexcusables, parce que le Créateur souverain de l'univers s'est révélé à eux. S'ils avaient eu des yeux pour contempler les merveilles de l'univers, leur coeur aurait été rempli d'adoration et ils ne se seraient pas inventé une foule d'idoles. En effet, "les cieux racontent la gloire de Dieu et l'étendue manifeste l'oeuvre de ses mains" (Psaume 19:1). La nature est un livre qui proclame la grandeur du Créateur.
D'autre part, Dieu gouverne le monde avec sagesse et bonté. Il renouvelle chaque jour, en faveur des hommes et des bêtes, les miracles de la création, "en vous faisant du bien, en vous dispensant du ciel les pluies et les saisons fertiles, en vous donnant la nourriture en abondance et en remplissant vos coeurs de joie" (Actes 14:17). "Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes" (Matthieu 5:45). "Il n'est pas loin de chacun de nous, car en lui nous avons la vie, le mouvement et l'être" (Actes 17:26-28).
Au commencement de toutes choses il avait créé le monde à partir de rien, par un seul effet de sa volonté. Il continue de créer et gouverne le monde, mais il se sert maintenant de ce qu'on appelle les "causes secondes". Il s'est servi de nos parents pour nous donner la vie, il se sert d'un grain de blé et du travail du cultivateur pour faire croître un épi, de la science des médecins et du pouvoir de certaines substances naturelles ou chimiques pour guérir les malades. On dit par contre qu'il y a miracle, quand il agit sans les causes secondes et contrairement aux lois de la nature.
Le témoignage de la conscience:
Enfin, Dieu nous parle par la conscience. Saint Paul constate que les païens "qui n'ont point la loi, font naturellement ce que prescrit la loi" et en conclut qu'ils sont "une loi pour eux-mêmes. Ils montrent que l'oeuvre de la loi est écrite dans leurs coeurs, leur conscience en rendant témoignage et leurs pensées s'accusant et se défendant tour à tour" (Romains 2:14.15). Il existe donc une connaissance naturelle de la volonté de Dieu, en ce sens que tout homme sait par nature qu'il ne faut pas voler, tuer, frauder, commettre adultère ou vivre dans le mensonge et la fausseté. Il n'a pas besoin qu'on le lui enseigne, car sa conscience le lui dit et son entourage le lui rappelle au besoin. C'est pourquoi il existe ce qu'on appelle la justice civile: un homme est capable de lui-même d'être un mari attentionné, un père responsable, un citoyen intègre et honnête. Il en a les moyens et n'a pas besoin pour cela d'être un croyant, d'avoir été régénéré par le Saint-Esprit.
Nous nous empressons d'ajouter que la voix de la conscience peut se faire de plus en plus faible, jusqu'à s'éteindre. Elle peut aussi se tromper, disculper l'homme quand il agit mal. L'homme peut aussi refuser de l'écouter, bien qu'elle soit claire et distincte. Enfin, il peut s'imaginer qu'il satisfait à toutes les exigences de la justice divine, qu'il est donc en règle avec le Seigneur et capable de faire son salut. Tout cela parce que le péché règne dans le monde et dans le coeur de chaque individu. C'est dire que la connaissance que l'homme a de Dieu en écoutant la voix de sa conscience, comme celle qui lui vient de la nature, est bien imparfaite et tout à fait insuffisante. Elle ne permet pas d'entrer en communion avec le Seigneur et de vivre en relation avec lui, car elle ne nous dit pas ce qu'il pense de nous et quelles sont ses intentions à notre égard. Elle ne nous dit surtout pas comment Dieu réagit quand il voit l'homme dans son péché. Il faut pour cela une autre révélation divine dont nous parlerons plus loin.
Questions de révisions et exercices:
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1) Qu'est-ce que le déisme, le panthéisme et le théisme?
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2) Commentez Romains 1:18-21 avec vos propres mots.
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3) Comment définir la conscience et son rôle? Quel est le lien entre Dieu et elle?
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4) Pourquoi la connaissance naturelle de Dieu ne vous paraît-elle pas suffisante pour trouver le chemin du salut?
Les "preuves" de l'existence de Dieu:
On a souvent parlé de "preuves" de l'existence de Dieu, mais c'est un terme qu'il vaudrait sans doute mieux ne pas employer. L'existence de Dieu en effet ne se prouve pas. Quelqu'un a dit un jour: "La foi ne se prouve pas, elle s'éprouve. Elle n'a pas besoin de preuves, mais d'épreuves". D'ailleurs si ces preuves en étaient vraiment, il n'y aurait pas d'athées dans le monde. Or il y en a, même si les vrais athées sont sans doute moins nombreux qu'on ne le pense. Ni la nature, ni la conscience, ni même la Bible ne démontrent que Dieu est là. Par contre, elles l'attestent. La création et la nature montrent Dieu en quelque sorte du doigt et proclament sa puissance. Mais le Dieu qu'elles montrent est en fait le Dieu caché, comme disait Luther, et non le Dieu révélé. Un Dieu qui ne dévoile que certaines de ses facettes. Un Dieu souvent bien déroutant aussi dans la façon dont il gouverne le monde et en qui l'homme n'ose guère croire, dont il nie en tout cas bien souvent la puissance, la justice et la bonté.
La foi chrétienne ne se fonde donc pas sur les "preuves" de l'existence de Dieu, mais sur sa révélation dans la Bible et sur elle seule. Elle n'a pas besoin d'autre chose. Cependant, comme nous l'avons vu, Dieu lui-même nous invite dans sa Parole à voir dans la nature des témoignages de son existence. Ces "preuves" sont donc là pour nous confirmer dans notre conviction qu'il existe un Dieu dans le ciel qui est à l'origine de toutes choses et qui gouverne l'univers. Grâce à elles aussi, les chrétiens dans leur témoignage et les missionnaires en particulier n'ont pas à démontrer à ceux qui les écoutent que Dieu existe, car la plupart d'entre eux le croient, même s'ils ont à son sujet de fausses notions. C'était même le cas dans l'Antiquité. Des penseurs comme Xénophon, Cicéron, Sénèque croyaient en l'existence d'un Dieu unique, sans avoir jamais eu de Bible en main.
On distingue les preuves suivantes:
- La preuve historique ou ethnologique qui constate que la foi en une cause première, en une divinité, est universelle, qu'on la rencontre sous toutes les latitudes et dans toutes les nations, et qui en conclut qu'il existe vraiment.
- La preuve cosmologique, selon laquelle chaque chose en ce monde a une origine. Il n'y a pas de montre sans horloger et donc pas d'univers sans Créateur.
- La preuve téléologique, d'un mot grec qui signifie fin, but. Elle argumente avec la conviction que le monde a été créé de façon harmonieuse et que tout y poursuit un but. Cf. par exemple l'équilibre biologique. Ce ne peut être le produit du hasard, mais il faut pour cela une intelligence suprême.
- La preuve ontologique qui opère de la façon suivante: L'homme a l'intuition d'un être absolument parfait. Il faut donc que cet être existe.
- La preuve morale: L'homme le plus déchu est encore sous l'influence de la loi. C'est donc qu'il est soumis à un être supérieur qui la lui a inscrite dans le coeur. D'autre part, il y a beaucoup d'injustices dans ce monde, des méchants qui triomphent et à qui tout réussit, et des gens honnêtes et bons qui souffrent. Il faut donc qu'un jour les balances soient rééquilibrées, qu'il y ait un Dieu pour juger le monde avec justice.
Après avoir été discréditées par de nombreux philosophes, ces "preuves" de l'existence de Dieu trouvent de nos jours un regain de faveur, ce qui semble indiquer qu'elles ne sont pas entièrement dénuées de valeur. Pour le croyant, cependant, elles sont des témoignages beaucoup plus que des preuves. Elles montrent en particulier que la foi en un Dieu n'est pas aussi irrationnelle que cela, qu'il faut au contraire "beaucoup de foi pour être athée", qu'il est sans doute plus déraisonnable de nier l'existence de Dieu que de croire en lui.
Questions de révision et exercices:
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1) Que penser des preuves de l'existence de Dieu?
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2) La Bible dit: "L'insensé dit en son coeur: Il n'y a pas de Dieu" (Psaume 14:11). Qu'est-ce qui vous paraît le plus insensé: croire en Dieu ou, comme le font les athées, nier son existence? Justifiez votre réponse.
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3) Citez le maximum de "preuves" de l'existence de Dieu que vous ayez retenues et indiquez comment elles argumentent.
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4) Quelles "preuves" évoquent les deux textes suivants: Psaume 19:1-7; Romains 2:14.15?
2. DIEU SE REVELE DANS LA BIBLE
Le christianisme est monothéiste. Cela signifie que le chrétien croit par définition en un seul Dieu. Mais celui-ci se manifeste et le chrétien l'adore en trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Dieu est un:
L'Ecriture Sainte révèle qu'il y a un seul Dieu. C'est la doctrine de l'unicité de Dieu, un thème qui revient très souvent dans l'Ancien Testaament. Le Seigneur en effet s'était révélé à Israël comme un Dieu jaloux, qui ne voulait pas partager son honneur avec les idoles: "Ecoute, Israël! L'Eternel, notre Dieu, est le seul Eternel" (Deutéronome 6:4). L'apôtre Paul fait écho à cette phrase, quand il écrit: "Nous savons qu'il n'y a point d'idole dans le monde et qu'il n'y a qu'un seul Dieu" (1 Corinthiens 8:4). Cf. encore, dans l'Ancien Testament, les textes qui dénoncent le culte des idoles et montrent qu'il est insensé de vénérer des images taillées représentant des dieux qui n'existent pas (Esaïe 41:1-10; Jérémie 10:1-16).
C'est pourquoi le 1° Commandement demande qu'on n'ait pas d'autre Dieu que Yahvé. C'est lui, et lui seul, qu'il faut aimer de tout son coeur, de toute son âme et de toutes ses pensées. Quand l'apôtre Paul faisait de la mission parmi les païens de son temps, il leur disait: "Vous apportant une bonne nouvelle, nous vous exhortons à renoncer à ces choses vaines, pour vous tourner vers le Dieu vivant qui a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s'y trouve" (Actes 14:15). Il existe encore d'autres religions monothéistes que le christianisme. C'est le cas du judaïsme et de l'islam. Mais le Dieu qu'on y vénère, bien qu'il ait des points communs avec celui du christianisme, n'est pas le Père de notre Seigneur Jésus-Christ. Ces religions ne sont donc pas des chemins vers le ciel, puisqu'il n'y a pas de salut en dehors de Jésus-Christ (Jean 14:6; Actes 4:12).
Dieu est trine:
Il est un, mais il existe en trois personnes. La Trinité, à défaut d'être clairement révélée dans l'Ancien Testament, y est évoquée de façon mystérieuse et voilée. C'est ainsi, par exemple, que le nom hébreu 'èlohîm, qui signifie Dieu, est un pluriel, tandis que le verbe qu'il gouverne est toujours au singulier. C'est le cas chaque fois que le terme est employé. Chose étrange aussi, il arrive que Dieu parle de lui-même à la première personne du pluriel, quand il dit par exemple: "Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance" (Genèse 1:26). "Voici l'homme est devenu comme l'un de nous" (Genèse 3:22). "Allons, descendons et confondons leur langage" (Genèse 11:7). Ce sont là sans doute autant d'allusions à l'existence de plusieurs personnes en Dieu.
On pourrait citer aussi tous les textes qui présentent le Messie à venir comme Dieu et en font une personne distincte du Père: "L'Eternel m'a dit: Tu es mon fils, je t'ai engendré aujourd'hui" (Psaume 2:7). "Tu aimes la justice et tu hais l'iniquité. C'est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint d'une huile de joie" (Psaume 45:8). "Parole de l'Eternel à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied" (Psaume 110:1). "Voici une vierge deviendra enceinte, elle enfantera un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel" (Esaïe 7:14). "Un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination reposera sur son épaule. On l'appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix" (Esaïe 9:5).
Par ailleurs il est souvent question dans la Genèse de l'Ange de l'Eternel (il vaudrait mieux traduire: "l'Envoyé" de l'Eternel) qui parle de lui comme s'il était Dieu, si bien que les théologiens ont traditionnellement vu en lui une évocation du Messie (Genèse 16:7-13; 21:17-19; 31:11-13).
Tout cela est bien mystérieux. Ce sont des allusions plus qu'autre chose, mais elles sont là, et ce qui reste dans l'Ancien Testament couvert d'un voile, devient dans le Nouveau une révélation claire et nette. Il existe par exemple ce qu'on appelle des formules trines ou trinitaires, telles que: "Allez, faites de toutes les nations de disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit" (Matthieu 28:18). "Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous" (2 Corinthiens 13:13). La Trinité s'est révélée lors du baptême du Christ (Matthieu 3:16.17). Elle est évoquée encore dans les textes suivants: Luc 1:35; Jean 15:26; 1 Corinthiens 12:4-7; 15:26; 1 Pierre 1:1.2, etc.
On n'oubliera pas tous les textes qui affirment la divinité du Christ ou qui lui attribuent des propriétés et des oeuvres divines. En effet, si Jésus-Christ est vrai Dieu et que Dieu est un, il est de la même essence que lui, tout en étant distinct de lui. Parmi les textes les plus importants, nous citerons les suivants, tout en renvoyant au chapitre correspondant dans la christologie: "Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu" (Jean 1:1). "Ce n'est point pour une bonne oeuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, et parce que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu" (Jean 10:33). "Thomas lui répondit: Mon Seigneur et mon Dieu!" (Jean 20:28). "En lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité" (Colossiens 2:9). "C'est lui qui est le Dieu véritable et la vie éternelle" (1 Jean 5:20). Cf. encore Jean 1:18; 5:18; Romains 9:4.5; Philippiens 2:5.6. 1 Timothée 3:16; Hébreux 1:8.9.
La divinité du Saint-Esprit, moins abondamment évoquée dans l'Ecriture, est attestée par les textes qui parlent du croyant comme d'un temple du Saint-Esprit ou d'une habitation de Dieu (1 Corinthiens 3:16; 6:19; Ephésiens 2:21.22). Dire que le croyant est un temple du Saint-Esprit, c'est dire que celui-ci habite en lui tel Dieu dans son sanctuaire. Mentir au Saint-Esprit, c'est mentir à Dieu, dit encore l'apôtre Pierre (Actes 5:3.4). D'autre part, les formules trinitaires telles que Matthieu 28:19 juxtaposent Père, Fils et Saint-Esprit, leur attribuant la même essence divine. Enfin, la Bible confère au Saint-Esprit des attributs divins comme l'éternité (Hébreux 9:14), l'omniscience (1 Corinthiens 2:10), le droit à notre vénération (1 Corinthiens 6:19; Ephésiens 4:30; Marc 3:29). Ce sont là autant de façons, directes ou indirectes, d'affirmer que le Saint-Esprit est Dieu.
Dieu est donc à la fois un et trine. Un, parce qu'il n'y a qu'un Dieu, et trine, parce qu'il se manifeste et existe en trois personnes. Ce ne sont pas de simples façons différentes de se révéler, mais des personnes distinctes. Seul le Fils s'est incarné et est mort sur la croix. La Bible dit aussi que le Fils adressa des prières à son Père et que celui-ci l'exauça. Ou bien Jésus dit à ses disciples qu'il allait leur envoyer le Consolateur, l'Esprit Saint qui leur rappellerait tout ce qu'il leur avait enseigné. Père, Fils et Saint-Esprit agissent de façon indépendante. La raison humaine voudrait en conclure qu'étant tous les trois Dieu, ils sont trois Dieux. Mais il n'en est rien. Ce mystère ne s'explique pas. La théologie se contente de dire qu'ils ont tous les trois la même essence ou substance divine. Dieu existe tout entier en chacun d'eux. Elle parle aussi d'identité d'essence, d'homoousie: les trois personnes participant à la même essence divine, le Fils est consubstantiel au Père et au Saint-Esprit, et le Saint-Esprit consubstantiel au Père et au Fils.
Père, Fils et Saint-Esprit diffèrent cependant entre eux de la manière suivante: le Fils a été engendré par le Père de toute éternité: "Je publierai le décret: L'Eternel m'a dit: Tu es mon Fils! Je t'ai engendré aujourd'hui" (Psaume 2:7), un texte qu'Hébreux 1:5 applique directement au Christ. L'expression "engendrer" affirme qu'il existe entre eux les relations qui unissent un Père à son Fils. D'autre part, le Saint-Esprit est dit procéder du Père et du Fils (Jean 15:26). Et pourtant, le Fils et le Saint-Esprit son co-éternels au Père! C'est toujours le même mystère que nous ne pouvons pas élucider, mais que les chrétiens adorent humblement.
Ce mystère a soulevé des questions et des oppositions qui ont laissé des traces dans l'histoire de l'Eglise, et fait naître de fausses doctrines dont certaines sont encore professées de nos jours. Certains Pères de l'Eglise, par exemple, ont enseigné ce qu'on appelle le subordinatianisme. Ils disaient que le Fils est Dieu dans un sens second, et le Saint-Esprit au troisième sens du terme, autrement dit que le Fils est dans sa divinité inférieur au Père, et le Saint-Esprit inférieur au Fils. C'est une erreur. On est Dieu ou on ne l'est pas. Il n'existe pas plusieurs degrés de divinité. Si la Bible dit que Jésus-Christ était soumis à son Père, c'est pour deux raisons qui n'affectent pas sa divinité: premièrement, parce que Jésus n'est pas seulement Dieu, mais aussi homme, et ensuite parce qu'il s'est laissé confier une mission et que, dans le cadre de cette mission, il fallait qu'il accomplisse la volonté de son Père.
D'autres théologiens, et c'est encore plus grave, ont enseigné le modalisme. Selon cette doctrine, Père, Fils et Saint-Esprit ne sont pas trois personnes distinctes, mais trois façons différentes de se manifester. Il n'existe donc qu'une personne divine, mais elle se révèle et se comporte tantôt en Père, tantôt comme Fils et tantôt comme Saint-Esprit. Et si Dieu s'est comporté à un moment donné comme Fils, celui-ci ne s'est pas réellement et définitivement incarné. Il s'est contenté de se comporter en homme ou d'avoir les apparences d'un homme. C'est une autre fausse doctrine qu'on appelle le docétisme.
Une autre erreur est entrée dans l'histoire des dogmes sous le nom de monarchianisme dynamique. Elle consiste à enseigner que Jésus était un simple homme, mais un homme en qui Dieu a agi de façon tellement extraordinaire qu'on a pu à juste titre l'appeler Dieu. Le Saint-Esprit de même n'est pas une personne, mais une force émanant de Dieu qui agit dans tous les croyants, d'une façon plus forte encore chez les prophètes, et d'une manière toute particulière et unique en son genre en Jésus-Christ.
Enfin, un prêtre du nom d'Arius (256-336) donna son nom à l'hérésie qu'on appelle l'arianisme selon laquelle Jésus, bien qu'il soit appelé Fils de Dieu, n'était pas vrai Dieu ni éternel. Il fut un temps où il n'existait pas, mais Dieu le créa avant de créer le ciel et la terre. Cet être mi-divin et mi-angélique prit un corps humain (mais n'avait pas d'âme humaine!) et racheta les hommes non pas en mourant à leur place, mais en leur montrant comment, en tant qu'êtres libres, ils pouvaient choisir le bien et devenir ainsi à leur tour fils de Dieu.
Ce sont là autant de doctrines qui s'efforcent de préserver l'unicité de Dieu, mais aux dépens de la trinité. Autant de façons différentes de dire que Jésus-Christ et le Saint-Esprit ne sont pas véritablement Dieu. Elles doivent donc être combattues avec ténacité par la Parole de Dieu, car la doctrine de la Trinité, même si le terme ne figure pas dans la Bible, est un article fondamental de la foi chrétienne sans lequel personne ne peut être sauvé.
Questions de révision et exercices:
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1) Trouvez dans le Nouveau Testament le passage où Jésus cite Psaume 110:1 et expliquez la conclusion qu'il en tire.
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2) Quelle est l'utilisation que le Nouveau Testament fait de la prophétie d'Esaïe 7:14?
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3) Comment prouver que le Saint-Esprit est Dieu?
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4) Comment démontrer que le Saint-Esprit n'est pas une simple puissance, mais une personne?
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5) Définissez le terme "Trinité" et expliquez ce que vous répondriez à celui qui vous objecte qu'il ne se trouve pas dans la Bible.
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6) Vous sentez-vous en mesure de vous défendre, Bible en main, contre les Témoins de Jéhovah qui nient à la fois la Trinité et la divinité de Jésus-Christ? Sinon étudiez soigneusement cette leçon et vérifiez qu'elle reproduit fidèlement l'enseignement de l'Ecriture Sainte.
3. LES NOMS ET ATTRIBUTS DE DIEU
Les noms de Dieu:
Dieu porte dans la Bible un certain nombre de noms qui nous aident à mieux comprendre qui il est. Le plus courant en hébreu est le terme 'èlohîm, qui provient, pense-t-on, d'un verbe exprimant chez les nomades le geste du jeune chameau qui, à l'approche de l'orage, va se réfugier auprès de sa mère et se frotter contre elle. Dieu est notre refuge, celui qui nous protège en tout temps.
Il s'appelle encore hèl'jôn, qui signifie le Très-Haut, celui qui est élevé au-dessus de toutes choses, terme qui exprime sa souveraineté et sa gloire (Nombres 24:16; Psaume 7:18; 46:5; Esaïe 14:14).
Ou bien 'él schaday, le Tout-Puissant (Genèse 49:25; Nombres 24:4.16; Ruth 1:20.21; Psaume 68:15). Il est le Créateur souverain de toutes choses, celui à qui tout appartient et qui gouverne l'univers avec majesté et puissance.
Il s'appelle encore 'adonây, Seigneur, titre dérivé d'un verbe qui signifie juger, gouverner.
Le titre divin le plus important et le plus caractéristique est sans doute celui de yahwéh, qui signifie "celui qui est". "Je suis celui qui suis", avait-il répondu à Moïse qui lui demandait qui il était (Exode 3:14). Le terme affirme que Dieu est de tout temps, que personne ne lui a donné la vie, qu'il est le même hier, aujourd'hui et éternellement, immuable et fidèle. Donc, et c'est le sens profond du mot, le Dieu de l'alliance qui ne renie pas ses promesses, mais reste fidèle à ses engagements, celui à qui on peut faire confiance. En un mot, le Dieu Sauveur. Yahvé est le nom propre de Dieu. Il est seul à le porter (Exode 15:3; Psaume 83:19; Osée 12:6; Esaïe 42:8).
Les attributs de Dieu:
Dieu possède des attributs ou qualités qui lui sont propres. Il est seul à les posséder ou bien, si les hommes les possèdent également, il les détient à un degré infiniment supérieur. Ils atteignent chez lui la perfection. On distingue généralement entre les attributs qui le caractérisent tel qu'il est en lui-même et ceux qui le décrivent dans ses relations avec le monde et surtout les hommes.
Dieu est la vie. Il possède la vie en lui-même. Personne ne la lui a donnée et personne ne la lui prendra. "Je suis celui qui suis", avait-il dit à Moïse (Exode 3:14). "Le Père a la vie en lui-même" (Jean 5:26). "Dieu seul possède l'immortalité" (1 Timothée 6:16). "C'est lui qui est le Dieu véritable et la vie éternelle" (1 Jean 5:20). Aussi est-il le seul à pouvoir donner la vie.
Dieu est infini. Il n'a pas de limite, mais possède et fait tout à la perfection. C'est une autre façon de dire qu'il est sublime; "L'Eternel est grand et très digne de louange, et sa grandeur est insondable" (Psaume 145:3). "Prétends-tu sonder les pensées de Dieu, parvenir à la connaissance parfaite du Tout-Puissant? Elle est aussi haute que les cieux. Que feras-tu? Plus profonde que le séjour des morts. Que sauras-tu?" (Job 11:7.8). Aussi mérite-t-il respect et crainte, vénération et honneur.
Il est unique, comme nous l'avons vu ci-dessus. "Ecoute, Israël! L'Eternel, notre Dieu, est le seul Eternel" (Deutéronome 6:4). "Nous savons qu'il n'y a point d'idole dans le monde et qu'il n'y a qu'un seul Dieu" (1 Corinthiens 8:4). Cf. encore, dans l'Ancien Testament, les textes qui dénoncent le culte des idoles et montrent qu'il est insensé de vénérer des images taillées représentant des dieux qui n'existent pas (Esaïe 41:1-10; Jérémie 10:1-16). Il veut donc seul être adoré, comme il l'affirme dans le 1° Commandement.
Dieu est éternel et immuable: "C'est le Dieu d'éternité, l'Eternel, qui a créé les extrémités de la terre" (Esaïe 40:28). "Avant que les montagnes fussent nées et que tu eusses créé la terre et le monde, d'éternité en éternité tu es Dieu" (Psaume 90:2). "Tu restes le même et tes années ne finiront point" (Psaume 102:28). "Quand les montagnes s'éloigneraient, quand les collines chancelleraient, mon amour ne s'éloignera pas de toi et mon alliance de paix ne chancellera point" (Esaïe 54:10). "Dieu n'est point un homme pour mentir, ni fils d'homme pour se repentir. Ce qu'il a dit, ne le fera-t-il pas? Ce qu'il a déclaré, ne l'exécutera-t-il pas?" (Nombres 23:19; cf. encore Psaume 33:11; 90:2.4; 102:26.27; Proverbes 19:21; Esaïe 54:10; Romains 16:25.26, etc.). Son immutabilité est garante de sa fidélité à ses engagements. Cela signifie qu'il châtie les impies, comme il l'a déclaré, et bénit conformément à ses promesses, protège, secourt et sauve ceux qui mettent en lui leur confiance. Les croyants fondent sur elle la certitude qu'il les entend et les exauce.
Dieu est omniprésent. Il est partout à la fois, et rien ne lui échappe: "Quelqu'un se tiendra-t-il dans un lieu caché, sans que je le voie? dit l'Eternel. Ne remplis-je pas, moi, les cieux et la terre? dit l'Eternel" (Jérémie 23:24). "Où irais-je loin de ton esprit, et où fuirais-je loin de ta face? Si je monte aux cieux, tu y es. Si je me couche au séjour des morts, t'y voilà. Si je prends les ailes de l'aurore et que j'aille habiter à l'extrémité de la mer, là aussi ta main me conduira et ta droite me saisira" (Psaume 139:7-10; cf. encore 1 Rois 8:27; Matthieu 28:20; Actes 7:48-50; 17:24.27). Il n'y a pas d'endroit en cet univers où le Seigneur ne soit pas et où on puisse échapper à son regard. C'est un avertissement pour le pécheur, mais aussi une source de consolation pour le chrétien souffrant, en détresse ou en danger et qui espère en son secours.
Dieu est omniscient, ce qui signifie qu'il sait tout. "L'Eternel est un Dieu qui sait tout et par lui sont pesées toutes les actions" (1 Samuel 2:3). "Dieu connaît les coeurs" (Actes 15:8). "Dieu est plus grand que notre coeur et il connaît toutes choses" (1 Jean 3:20).Il connaît donc aussi notre avenir et le tient dans ses mains. Pourquoi, dès lors, avoir peur du lendemain? Il connaît également les coeurs contrits et tout ce qui fait souffrir les siens. Aussi sait-il de quelles forces ils ont besoin et subvient-il à leurs faiblesses.
Dieu est sage. Il est "seul sage" (Romains 16:27). Ses jugements "sont insondables et ses voies incompréhensibles" (Romains 11:33). "Que tes oeuvres sont en grand nombre, ô Eternel! Tu les as toutes faites avec sagesse" (Psaume 104:24). S'il est sage, il sait ce qui contribue à notre bonheur. Il sait que faire pour nous délivrer et nous sauver.
Il est encore amour. La Bible ne dit pas simplement qu'il aime ou qu'il a de l'amour dans le coeur, mais qu'il est amour (1 Jean 4:8), ce qui revient à dire qu'il aime d'une façon parfaite, au point qu'il se confond avec l'amour. La Bible ne se lasse pas d'en parler. Sa miséricorde et sa grâce, ce sentiment que son amour lui inspire quand il voit les hommes dans leur misère, sont au centre de l'Evangile. Celui-ci est admirablement résumé dans cette phrase du Christ: "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle" (Jean 3:16). Comment dire en une phrase les leçons, les encouragements, les consolations, mais aussi les appels à la foi et à l'obéissance que nous pouvons tirer de son amour?
Mais il est aussi saint et juste. "Saint, saint, saint est l'Eternel. Toute la terre est pleine de sa gloire" (Esaïe 6:3). L'expression signifie dans un premier temps qu'il est tout à fait à part, entièrement différent des hommes, sublime et parfait en toutes choses. Parfait aussi en ce sens qu'il déteste le mal et hait l'iniquité. Dire qu'il est juste, c'est affirmer qu'il ne peut pas laisser le péché impuni. Il a promis de le punir et le punit donc, tôt ou tard. Inversement, il a promis de secourir et de délivrer les siens, de les bénir et de les sauver. "L'Eternel est juste, il aime la justice" (Psaume 11:7). Il est donc de la justice de Dieu de pardonner à tous ceux qui se confient en lui et de leur accorder au nom du Christ la vie éternelle. C'est pourquoi la Bible dit que "l'Evangile est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit..., parce qu'en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi, selon qu'il est écrit: Le juste vivra par la foi" (Romains 1:16.17). Cf. encore Deutéronome 32:4; Psaume 92:16; Esaïe 46:13; 51:5; 59:17; Romains 3:25.26; 2 Thessaloniciens 1:5.6, etc.
Dieu est encore véridique. Il ne ment pas, dit la vérité et n'oublie pas ses promesses. Il est donc crédible, ce qu'affirme aussi sa fidélité. "Que Dieu, au contraire, soit reconnu pour vrai et tout homme pour menteur" (Romains 3:4). "Il est impossible que Dieu mente" (Hébreux 6:18). Si Dieu est véridique, sa Parole est la vérité, comme la Bible ne cesse de le répéter: "Seigneur, tes paroles sont vérité" (2 Samuel 7:28). "Le fondement de ta parole est la vérité" (Psaume 119:160). "Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes véritablement mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira" (Jean 8:31.32). La Bible n'induit pas en erreur. Tout ce qu'elle dit est vrai. Elle mérite notre confiance.
Enfin, Dieu est omnipotent ou tout-puissant. Il lui suffit de parler, pour que sa volonté se fasse: "Il dit, et la chose arrive. Il ordonne, et elle existe" (Psaume 33:9). "Notre Dieu est au ciel, il fait tout ce qu'il veut" (Psaume 115:3). "Rien n'est impossible à Dieu" (Luc 1:37). La toute-puissance de Dieu ou du Christ est pour le croyant source de confiance. Le Seigneur veut non seulement son bien temporel et éternel, mais il est aussi parfaitement capable de le lui procurer. Sa volonté n'est pas seulement bonne, mais il est aussi en tout temps en mesure de l'accomplir. Et cela dans les situations les plus désespérées.
Questions de révision et exercices:
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1) Que signifie "Yahvé"?
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2) Quelles sont les différents attributs ou qualités de Dieu sur lesquels vous fondez la certitude
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- que les impies ne resteront pas impunis,
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- que les croyants seront sauvés,
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- que leurs prières sont exaucées en tout temps,
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- que leurs prières ne sont pas toujours exaucées de la façon dont ils le souhaitent?
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3) Pourquoi la Parole de Dieu est-elle fiable?
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4) Quelle différence y a-t-il selon vous entre
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- éternité et immutabilité,
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- amour et grâce,
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- vérité et fidélité,
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- sainteté et justice?
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Par lutherien le 22 Novembre 2009 à 14:29
LA DOCTRINE DE L'ECRITURE SAINTE
"Nous croyons, enseignons et confessons que les livres prophétiques et apostoliques de l'Ancien et du Nouveau Testament constituent la seule règle ou norme selon laquelle toutes les doctrines et tous les docteurs doivent être appréciés et jugés... Nous maintenons rigoureusement la différence qui sépare les écrits sacrés de l'Ancien et du Nouveau Testament d'avec les autres écrits. La Sainte Ecriture reste la seule règle et la seule norme. Elle seule a l'autorité de juger. Elle est comme la pierre de touche à laquelle il faut éprouver toutes les doctrines pour reconnaître si elles sont bonnes ou mauvaises, vraies ou fausses. Quant aux Symboles et aux autres écrits dont nous avons fait mention, ils n'ont point, comme l'Ecriture Sainte, l'autorité de juger. Ils ne sont que des témoignages et des déclarations de foi. Ils montrent comment, aux différentes époques, l'Ecriture Sainte a été comprise et interprétée et comment les doctrines contraires à l'Ecriture ont été rejetées et condamnées" (Formule de Concorde, Epitome, Sommaire, 1.7.8).
1. LA REVELATION
L'homme ne peut connaître Dieu que s'il se révèle à lui et il ne sait de lui que ce qu'il veut bien lui dire. Faute de connaître cette révélation, il se fait des dieux à son image. L'Evangile nous enseigne "des choses que l'oeil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues et qui ne sont point montées au coeur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. Dieu nous les a révélées par l'Esprit" (1 Corinthiens 2:9.10).
La notion de révélation:
Pour se révéler, Dieu agit et parle. La création et le gouvernement de ce monde nous disent qu'il est là, tout-puissant, juste, sage et bon, qu'il agit et tient toutes choses dans ses mains et que rien ne se fait ici-bas sans sa volonté. Quant à sa Parole, elle nous enseigne qu'il s'est abaissé jusqu'à l'homme, s'incarnant en la personne de son Fils et révélant au monde son plan de salut. Tandis que les religions de ce monde, toutes inventées par l'homme, sont autant de sentiers sur lesquels ceux-ci s'efforcent de chercher Dieu, le christianisme est le chemin sur lequel Dieu lui-même est venu les trouver. Il est non pas tâtonnement humain (Actes 17:27), mais religion divinement révélée.
Révéler signifie étymologiquement "soulever le voile", découvrir quelque chose, c'est-à-dire ôter la couverture qui le cache. C'est le sens précis du mot grec dont provient l'expression "apocalypse". Dieu se révèle quand il retire le voile qui couvre un mystère. C'est ainsi que Jésus dit: "Je te loue, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et de ce que tu les as révélées aux enfants... Personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père. Personne non plus ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler" (Matthieu 11:25.27). L'apôtre Paul écrit de même: "C'est par révélation que j'ai eu connaissance du mystère sur lequel je viens d'écrire en peu de mots... Il n'a pas été manifesté aux fils des hommes dans les autres générations, comme il a été révélé maintenant par l'Esprit aux saints apôtres et prophètes du Christ" (Ephésiens 3:3.5).
Il existe encore un autre terme que le Nouveau Testament aime bien employer pour parler de révélation. C'est un verbe qui signifie littéralement mettre en lumière, mettre en évidence, manifester. On le rencontre par exemple dans le texte suivant: "A celui qui peut vous affermir selon mon Evangile et la prédication de Jésus-Christ, conformément à la révélation du mystère caché pendant des siècles, mais manifesté maintenant par les écrits des prophètes, à Dieu, seul sage, soit la gloire aux siècles des siècles, par Jésus-Christ" (Romains 16:25-27).
Petit aperçu historique:
L'apôtre Paul écrit aux Ephésiens: "Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire" (Ephésiens 2:20). Quant à Luther, il définit l'Eglise chrétienne comme l'ensemble des "saints croyants, les brebis qui entendent la voix de leur Berger" (Articles de Smalcalde, III, Article XII). C'est donc sur l'Ecriture Sainte que Dieu bâtit son Eglise. C'est en elle que retentit de nos jours la voix du bon Berger qui appelle, guide, paît et sauve ses brebis.
Au début, il en était autrement. Pendant des siècles, Dieu s'était révélé oralement, parlant à Adam et Eve, puis aux patriarches, et utilisant pour cela le dialogue direct, les songes, les visions et les théophanies. Les pères de famille étaient les "prophètes" de l'époque, titre que la Bible donne explicitement à Abraham (Genèse 20:7). Puis, quand il se constitua un peuple, Dieu lui donna un prophète en la personne de Moïse qui consigna par écrit tout ce qu'il lui révélait. Moïse est l'auteur du Pentateuque. Ensuite, ce fut le défilé de tous les autres prophètes d'Israël. Certains, intrépides messagers de Dieu, tels que Samuel, Nathan, Elie et Elisée, n'ont pas consigné leur message par écrit. On les appelle parfois les prophètes antérieurs. Les prophètes dits postérieurs ont rédigé leurs oracles (ou du moins certains d'entre eux) par écrit. Ils l'ont fait à la demande de Dieu (Esaïe 30:8; Jérémie 36:2). Tous ces hommes ont été la "bouche" de Dieu qui parlait par eux (Esaïe 1:10; 8:1; Jérémie 2:1; 3:6; Amos 2:1; 3:1; 5:16).
Viennent ensuite les sages et les poètes inspirés, auteurs de livres de l'Ancien Testament qu'on appelle parfois, par opposition au Pentateuque et aux livres prophétiques, les "écrits" ou "hagiographes" (saints écrits).
Mais la voix des hommes de Dieu s'était tue depuis la mort de Malachie, dernier prophète. Pendant plus de quatre siècles il n'y eut plus de révélation divine. Longue période d'attente où fleurirent les livres dits apocryphes ou pseudépigraphes. C'étaient des "faux", généralement à caractère apocalyptique, qui circulaient sous le nom de tel ou tel prophète ou patriarche, mais que le peuple d'Israël ne reçut pas comme des livres inspirés.
Puis Dieu, "après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, dans ces derniers temps nous a parlé par le Fils" (Hébreux 1:1.2). Quand les temps furent accomplis, il envoya son Fils dans le monde, lui donna l'Esprit sans mesure (Jean 3:34) et parla par lui, révélant au monde l'Evangile du salut. Jésus annonça avec autorité divine ce qu'il savait de son Père. Il n'avait pas besoin pour cela d'une inspiration divine, étant dans le sein de son Père (Jean 3:31-34; 5:17-24.33-47; 8:12-29).
Il s'entoura de disciples, témoins directs de tout ce qu'il faisait et prêchait. Et quand, ayant accompli sa mission, fut venu pour lui le moment de remonter au ciel, il les envoya dans le monde, après leur avoir promis que le Saint-Esprit viendrait sur eux pour leur rappeler tout ce qu'il leur avait enseigné (Matthieu 10:16-23; Jean 14:15-26; 16:1-15). Ainsi, c'est sur la parole des prophètes d'Israël, annonciateurs des choses à venir, et celle des apôtres, témoins mandatés par lui, que le Christ bâtit son Eglise. C'est par elle qu'il se révèle au monde jusqu'à son retour et la fin de toutes choses.
Questions de révision et exercices:
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1) De quelles façons différentes Dieu s'est-il révélé aux hommes depuis la création du monde?
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2) Donnez une définition aussi complète que possible des mots "prophète" et "apôtre".
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3) Pensez-vous que Dieu ne se révèle plus que dans la Bible? Justifiez votre réponse.
2. LA SOURCE ET NORME DE LA DOCTRINE CHRETIENNE
L'Eglise luthérienne enseigne que l'Ecriture Sainte ou la Bible est l'unique source et norme de la doctrine chrétienne. Les mots "source" et "norme" se complètent. En disant que la Bible est source de la doctrine chrétienne, nous voulons confesser que tout l'enseignement de l'Eglise doit être puisé en elle. C'est elle qui nous dit ce que nous devons croire, enseigner et confesser.
L'Ancien Testament ne connaît pas les mots "Bible" ou "Ecriture Sainte". Il parle de la loi de Dieu, du livre de la loi ou du témoignage, affirme que Dieu instruit par sa loi (Psaume 94:12), demande qu'on pratique "tout ce qui est écrit dans le livre de la loi de Moïse", sans s'en détourner à droite ou à gauche (Josué 23:6), interdit de rejeter "la parole de l'Eternel" (1 Samuel 15:23), exige qu'on retourne "à la loi et au témoignage" (Esaïe 8:20), interdit d'ajouter quelque chose aux commandements de l'Eternel ou d'en retrancher quoi que ce soit (Deutéronome 4:2). Il est bien évident que la loi, le témoignage ou la Parole de Dieu dont il est question dans ces textes sont une loi, une Parole de Dieu et un témoignage écrits, sinon comment pourrait-on les connaître, se laisser instruire par eux et s'y conformer?
Dans le Nouveau Testament, l'apôtre Paul rappelle à Timothée que depuis son enfance il connaît "les saintes lettres" qui peuvent le rendre "sage à salut par la foi en Jésus-Christ", précisant que toute l'Ecriture est inspirée de Dieu et pour cela "utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice" (2 Timothée 3:15-17). L'apôtre Pierre déclare: "Nous tenons pour d'autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention" (2 Pierre 1:19). "Tout ce qui a été écrit d'avance, dit Paul, l'a été pour notre instruction" (Romains 15:4). Quant à ceux qui veulent savoir ce qu'ils doivent faire pour être sauvés, "ils ont Moïse et les prophètes. Qu'ils les écoutent" (Luc 16:29). Rappelons aussi le texte déjà cité qui affirme que l'Eglise est édifiée "sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire" (Ephésiens 2:20). C'est clair: les écrits des prophètes et des apôtres constituent la source de son enseignement et de sa foi. A noter que le dernier livre de la Bible, l'Apocalypse, reprend l'interdiction formulée par le premier prophète d'Israël, Moïse, et rappelle à l'Eglise qu'elle doit s'en tenir à ce qui est écrit, que nul n'a le droit d'y ajouter ou d'en retrancher quoi que ce soit (Apocalypse 22:18).
Si la Bible est la source de l'enseignement de l'Eglise, elle en est aussi la norme. Cela signifie que toute doctrine doit être mesurée à elle. Elle décide de ce qui est vrai ou faux. L'attitude de Jésus est tout à fait caractéristique et exemplaire. Chaque fois que ses interlocuteurs lui posent une question de doctrine ou de morale, très souvent pour lui tendre un piège, il les renvoie à la Bible d'Israël, c'est-à-dire à l'Ancien Testament, aux écrits de Moïse et des prophètes. Il justifie par exemple l'interdiction du divorce en disant aux pharisiens: "N'avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, fit l'homme et la femme et qu'il dit: C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair?" (Matthieu 19:4). Les chrétiens de Bérée "examinaient chaque jour les Ecritures, pour savoir si ce qu'on leur disait était exact" (Actes 17:11). Saint Paul déclare qu'il prêche l'Evangile "sans s'écarter en rien de ce que les prophètes et Moïse ont déclaré devoir arriver" (Actes 26:22). Il fait de l'Evangile qu'il annonce le critère, la norme de tout enseignement: "Si nous-mêmes, si un ange du ciel annonçait un autre Evangile que celui que nous vous avons annoncé, qu'il soit anathème!" (Galates 1:8).
Faisant écho à ces textes, la Confession d'Augsbourg rappelle qu'il n'est pas nécessaire qu'il y ait dans l'Eglise des cérémonies uniformes, car elles sont "instituées par les hommes", mais qu'il faut par contre "un accord unanime dans la prédication de l'Evangile et l'administration des sacrements conformément à la Parole de Dieu" (Article VII). Cf. aussi ci-dessus la citation de la Formule de Concorde.
C'est une doctrine très importante, car d'elle va dépendre tout le reste. Il est capital pour l'Eglise de savoir ce qu'elle doit croire, enseigner et confesser, et à quoi elle doit se référer quand il y a controverse. On appelle cela le "principe formel" de la Réforme. Si l'Ecriture Sainte n'est pas seule source et norme de foi et d'enseignement, la porte est ouverte à toutes les doctrines et opinions possibles et imaginables.
L'Eglise luthérienne rejette donc deux thèses de l'Eglise catholique. Tout d'abord la thèse selon laquelle la tradition est, ensemble avec la Bible, source et norme de doctrine, qu'il faut pour cela la recevoir et la vénérer "avec un égal sentiment de piété et une égale révérence" (Concile de Trente), qu'elle porte elle aussi "la Parole de Dieu confiée par le Christ Seigneur et par l'Esprit Saint aux apôtres, et la transmet intégralement à leurs successeurs" (Concile de Vatican II).
Nous rejetons également la thèse du magistère selon laquelle l'Eglise catholique est, en la personne de son clergé, le seul interprète légitime de la Bible, thèse qui précise que les évêques en tant que successeurs des apôtres sont infaillibles quand ils se réunissent en conciles, et que le pape l'est en tant que vicaire du Christ et successeur de Pierre, prince des apôtres, quand, agissant en chef de l'Eglise, il promulgue une doctrine. C'est une thèse contre laquelle Luther s'est farouchement dressé et qu'à sa suite, le protestantisme rejette comme fausse.
Face aux différents mouvements charismatiques qui soutiennent que Dieu continue de donner des révélations à son peuple, l'Eglise luthérienne, sans pour autant nier que Dieu puisse donner à l'un ou l'autre de ses enfants une révélation particulière, affirme qu'il n'existe pas de nouvelle révélation qu'il donnerait à son peuple et qui serait normative pour sa foi. Tout ce que le Seigneur a voulu faire savoir à son peuple pour le guider dans la vérité et la piété, il le lui a dit une fois pour toutes par les prophètes et les apôtres, témoins de son Fils.
Questions de révision et exercices:
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1) Pourquoi pensez-vous que Jésus-Christ et les apôtres se réfèrent constamment à l'Ancien Testament?
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2) Montrez à l'aide de quelques citations que la Bible est seule source et norme de la doctrine chrétienne.
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3) Connaissez-vous des doctrines catholiques qui n'ont aucun fondement biblique et qui ont pour seule source la tradition?
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4) Pourquoi Dieu ne donnerait-il plus à l'Eglise des révélations nouvelles?
3. L'INSPIRATION DE LA BIBLE
Petit tableau de la Bible:
La Bible est la Parole inspirée de Dieu. Avant de voir ce que cela signifie précisément, nous allons l'interroger, pour lui demander comment elle se comprend elle-même. Nous allons aussi l'observer, la feuilleter, pour voir comment elle se présente à nous. Ce faisant, on est tout d'abord frappé par son aspect humain. Elle est composée de deux grandes parties, 39 livres pour l'Ancien Testament et 27 pour le Nouveau Testament, soit au total 66 livres.
Ceux-ci ont été écrits dans des langues humaines: l'hébreu pour l'Ancien Testament (avec quelques textes en araméen, une langue cousine de l'hébreu) et le grec pour le Nouveau Testament. Ils ont pour auteurs des hommes dont nous connaissons généralement les noms. Certains ont cependant des auteurs anonymes.
On trouve par ailleurs dans la Bible les styles les plus divers inventés par les hommes pour communiquer: récits historiques, textes législatifs, discours doctrinaux, paraboles, allégories, proverbes et dictons, poèmes, discours apocalyptiques, etc. D'autre part, chaque livre porte la marque de son auteur (style, vocabulaire). La poésie d'Esaïe, par exemple, n'est pas la même que celle de Jérémie, le style de Jean est très différent de celui de Paul, Jésus ne s'exprime pas de la même façon que Moïse. Le style peut être simple, facile à comprendre, avec un vocabulaire très populaire et des illustrations tirées de la vie de tous les jours. Il peut au contraire être didactique, professoral et parfois même difficile à comprendre.
Certains auteurs, inspirés par le Saint-Esprit, racontent ce qu'ils ont vu et entendu. D'autres au contraire parlent de choses nouvelles, qu'ils ne connaissent pas, révèlent de profonds mystères ou dévoilent l'avenir.
Tout cela donne à la Bible un aspect éminemment humain. Elle a été écrite par des hommes vivant à des époques différentes et provenant d'horizons divers, du berger jusqu'au docteur de la loi. Mais dans tout cela on découvre une profonde harmonie. La diversité est au service d'une grande unité. C'est l'histoire d'un Dieu d'amour, infiniment juste et saint, mais aussi plein de miséricorde, qui a conçu de toute éternité un merveilleux plan de salut et décidé de l'exécuter dans le temps. Pour ce faire, il s'est choisi un peuple du milieu des nations, s'est révélé à lui, lui a promis la venue d'un Rédempteur. Malgré les infidélités de ce peuple, en dépit de ses trahisons et de ses reniements qui ont suscité bien des châtiments de sa part, il est resté fidèle à ses promesses. Quand les temps furent accomplis, son Fils s'est incarné et a mené à bien l'oeuvre du salut, mourant et ressuscitant selon les Ecritures. Ce salut, ses premiers témoins, les apôtres, l'ont apporté au monde de l'époque et il est proclamé de nos jours dans d'innombrables langues, en attendant le retour glorieux du Christ qui jugera les vivants et les morts, créera de nouveaux cieux et une nouvelle terre et délivrera son peuple. On peut dire que Jésus-Christ est au centre de toute la Bible. Saint Augustin disait que le Nouveau Testament est contenu dans l'Ancien et que l'Ancien s'accomplit dans le Nouveau.
L'accomplissement de nombreuses prédictions, la destinée d'Israël, seul peuple de l'Antiquité ayant survécu jusqu'à nos jours, le fait que la Bible ait été traduite en d'innombrables langues, que de nombreux martyrs aient tenu ferme et confessé le Christ au milieu d'indicibles souffrances, le fait que des hommes de toutes nations et de toutes civilisations professent la foi en Christ, tout cela confirme que l'Ecriture Sainte n'est pas simplement parole d'hommes, mais dans ce qu'elle a de plus humain, révélation de Dieu.
Ajoutons encore que le christianisme est une religion unique en son genre. Il y en a des centaines dans le monde, mais en fait il y a le christianisme et toutes les autres. Toutes les religions de ce monde expriment les tâtonnements de l'homme à la recherche de Dieu, des efforts accomplis pour se rapprocher de lui et accéder à ses grâces. Ce sont des religions de la loi ou des oeuvres. Elles diffèrent dans leur code moral, dans leurs exigences, dans les rites qu'elles prescrivent, dans ce qu'elles mettent en place pour entrer en communion avec Dieu. Le christianisme, au contraire, est la seule religion au monde qui révèle que Dieu est allé trouver l'homme, qu'il a franchi l'abîme et comblé le fossé le séparant de lui et qu'il lui offre de sa propre initiative rédemption et salut. Il suffit à l'homme de croire en cette bonne nouvelle. C'est ce qu'on appelle l'Evangile, un message unique en son genre, qu'on ne trouve que dans la Bible et dont l'Eglise chrétienne est seule porteur. Le christianisme est la religion du salut par la foi, sans les oeuvres de la loi.
Questions de révision et exercices:
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1) Indiquez de mémoire le nombre de livres qu'il y a dans l'Ancien et le Nouveau Testaments.
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2) Indiquez quelques livres de la Bible dont les auteurs sont inconnus.
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3) Montrez en quoi la Bible est à la fois un livre éminemment humain et, comme le disait Luther, le "livre de Dieu".
L'Ancien Testament:
L'Ancien Testament est composé selon Luc 24:44 de la "loi de Moïse", des "prophètes" et des "psaumes", ce dernier terme englobant tous les autres livres. Il est tout entier inspiré, quoique l'inspiration n'ait pas toujours eu lieu de la même façon. Ce sont les prophètes qui ont le plus conscience d'être les porte-parole inspirés du Seigneur. Ils le montrent notamment quand ils introduisent leurs discours avec des formules telles que les suivantes: "oracle de l'Eternel", "parole de l'Eternel", "dit l'Eternel" (Genèse 22:16; Psaume 110:1; Esaïe 3:15; 14:22.23; Amos 6:8.14; 9:13), "ainsi parle l'Eternel" (Exode 9:1; Esaïe 7:7; Jérémie 2:5), "l'Eternel a dit" (Genèse 12:4; 17:23; Deutéronome 1:21; Esaïe 1:2.20; 16:14), "la parole de l'Eternel fut adressée à..." (Jérémie 1:2; Ezéchiel 1:3; 2:1; Osée 1:1; Joël 1:1; Amos 1:3; Abdias 1:1; Michée 1:1), "la main de l'Eternel fut sur..." (Ezéchiel 1:3; 3:22; 8:1), "la parole de l'Eternel fut adressée par la main de..." (Aggée 1:1; 2:1.10; Malachie 1:1). A quoi on peut ajouter encore quelques autres formules du même genre (Exode 33:11; Nombres 24:4; Esaïe 1:1; 2:1; Jérémie 1:9; Ezéchiel 12:27; 13:16, etc.).
Jésus rend à l'Ancien Testament un témoignage extrêmement clair. Il est tout à fait évident qu'il est pour lui Parole de Dieu, source et norme de la vérité, qu'il tranche sans appel en matière de doctrine. Il le cite, affirmant que les prédictions des prophètes devaient s'accomplir (Matthieu 21:42; 26:52.54; Luc 4:21; 24:47; Jean 5:45.46), constate que ses adversaires "sondent les Ecritures" (Jean 5:39), mais aussi qu'ils ne les comprennent pas (Matthieu 22:29), et affirme leur autorité souveraine. Même quand il ne s'agit que d'une seule expression, "l'Ecriture ne peut être anéantie" (Jean 10:35). Quand on lui pose une question de doctrine, il renvoie à l'enseignement de l'Ancien Testament (Matthieu 22:31.32.43.44).
Pour Jésus, la Bible des Juifs est à ce point revêtue d'autorité divine que quiconque en supprimera le moindre commandement sera appelé le plus petit dans le Royaume des cieux (Matthieu 5:19). Pas un seul iota ni trait de lettre ne disparaîtra jusqu'à ce que tout soit arrivé (Matthieu 5:18).
Cette attitude du Christ est aussi celle de ses apôtres. L'Ancien Testament leur est Parole de Dieu, source et norme de doctrine. Ils manient eux aussi la preuve scripturaire, démontrent que leur enseignement est conforme à la révélation divine dans l'Ancien Testament et qu'en Jésus se sont accomplies les prédictions des prophètes (Marc 1:2; Actes 8:35; 17:3; Romains 1:17; 3:4.10; 4:17; 1 Corinthiens 1:19; 2:9; 15:3.4.45; Galates 3:10.13; 4:22.27). Pour eux, Dieu et l'Ecriture sont des sujets interchangeables. Ils attribuent à la Bible des paroles prononcées par Dieu lui-même (Romains 9:17; Galates 3:8). "Dieu dit" ou: "Il dit" est synonyme de "Esaïe dit" ou: "il est écrit" (Hébreux 1:5.13; Romains 15:9-12).
L'apôtre Paul, exhortant le jeune Timothée à persévérer dans les "saintes lettres" qu'il a apprises et qui peuvent "le rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ", précise que "toute l'Ecriture est inspirée de Dieu" et de ce fait "utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice" (2 Timothée 3:14-17). Au lieu de "toute l'Ecriture" on peut aussi traduire par: "toute Ecriture", cette traduction différente ne changeant rien au sens des paroles. Le même apôtre déclare qu'il annonce l'Evangile "non avec des discours qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit" (1 Corinthiens 2:13). Dieu donc ne lui révèle pas seulement les vérités qu'il doit proclamer, mais lui fournit les mots, les phrases dont il a besoin pour cela, si bien que Paul non seulement prêche la Parole de Dieu, mais le fait aussi de la façon voulue par Dieu.
L'apôtre Pierre veut fortifier la foi de ses lecteurs. Pour ce faire, il leur écrit: "Nous tenons pour d'autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour vienne à paraître et que l'étoile du matin se lève dans vos coeurs, sachant d'abord vous-mêmes qu'aucune prophétie ne peut être l'objet d'une interprétation particulière, car ce n'est pas par une volonté humaine qu'aucune prophétie a jamais été apportée, mais c'est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu" (2 Pierre 1:19-21). Le discours des prophètes ne relève donc pas d'une initiative personnelle, mais ils parlaient et écrivaient "poussés par le Saint-Esprit". L'expression est encore plus forte que cela. Il faudrait traduire en effet par "portés, transportés par le Saint-Esprit". Le même apôtre affirme que les prophètes ont été amenés à annoncer des choses dont eux-mêmes ne comprenaient pas la portée, ce qui montre bien qu'ils bénéficiaient de révélations et qu'ils parlaient sous l'inspiration de Dieu (1 Pierre 1:10-12).
Dieu est pour les apôtres l'auteur des oracles de l'Ancien Testament. C'est lui qui a parlé par les prophètes (Luc 1:69.70; Actes 3:18; Hébreux 1:1.2; 2:3.11.12; Galates 3:16; Ephésiens 4:8). Ou bien c'est le Saint-Esprit: "Hommes frères, il fallait que s'accomplît ce que le Saint-Esprit, dans l'Ecriture, a annoncé d'avance par la bouche de David" (Actes 1:16; cf. encore Actes 28:25; 1 Timothée 4:1; Hébreux 3:7; 10:15.17). Il est donc tout à fait indéniable que pour le Christ et les apôtres, comme du reste pour le peuple d'Israël, les livres canoniques de l'Ancien Testament sont Parole de Dieu, revêtus d'une autorité intangible.
Le Nouveau Testament:
Ce qui est vrai des prophètes l'est aussi des apôtres et du Nouveau Testament. Jésus avait promis aux disciples qu'il leur enverrait le Saint-Esprit de la part du Père: "Il vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit" (Jean 14:25.26), "vous conduira dans toute la vérité et vous annoncera les choses à venir" (Jean 16:13). Aussi ne devaient-ils pas s'inquiéter de ce qu'ils diraient en comparaissant devant les tribunaux: "Ce que vous aurez à dire vous sera donné à l'heure même, car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous" (Matthieu 10:19). Les apôtres ne se contentent donc pas de se référer aux prophètes, mais affirment aussi leur propre autorité. Dieu parle par eux comme il a parlé jadis par les prophètes. Ils enseignent les commandements du Seigneur (1 Corinthiens 14:37; 2 Thessaloniciens 2:15; 3:6; 2 Pierre 3:2). Leur parole est Parole de Dieu: "Nous rendons continuellement grâces à Dieu de ce qu'en recevant la parole de Dieu que nous vous avons fait entendre, vous l'avez reçue non comme la parole des hommes, mais, ainsi qu'elle l'est véritablement, comme la parole de Dieu qui agit en vous qui croyez" (1 Thessaloniciens 2:13). Lorsque Pierre, exhortant ses lecteurs à la persévérance, dit de l'apôtre Paul: "C'est ce qu'il fait dans toutes les lettres où il parle de ces choses, dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des autres Ecritures, pour leur propre ruine" (2 Pierre 3:16), il met ses épîtres au même rang que "les autres Ecritures", leur attribuant la même autorité dans l'Eglise.
Dieu qui a parlé par les prophètes s'est révélé aussi aux apôtres et a parlé par eux. Voilà pourquoi l'Eglise est édifiée sur "le fondement des apôtres et des prophètes" dont Jésus-Christ est la pierre angulaire (Ephésiens 2:20). De part et d'autre, le message est fondamentalement le même et l'autorité l'est aussi.
Nous conclurons en disant que l'Ecriture Sainte est tout entière inspirée par Dieu. Cette inspiration a eu lieu de diverses manières, mais toujours de telle sorte que prophètes et apôtres ont dit ce que Dieu voulait qu'ils disent et de la façon dont il le voulait. On appelle cela l'inspiration plénière. La Bible est ainsi en toutes choses Parole de Dieu.
Questions de révision et exercices:
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1) Comment Jésus et les apôtres attestent-ils que l'Ancien Testament est Parole de Dieu?
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2) Quelle est la différence entre révélation et inspiration?
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3) Que peut-on dire de l'inspiration de la Bible?
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4) Commentez avec vos propres mots 2 Timothée 3:15-17.
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5) Est-ce qu'en disant que la Bible est dans chacune de ses affirmations, voire chacun de ses mots, Parole de Dieu on fait de l'inspiration une dictée? En d'autres termes, Dieu a-t-il selon vous dicté sa Parole aux prophètes et aux apôtres comme un chef d'entreprise dicte une lettre à sa secrétaire? Essayez de justifier votre réponse.
Le témoignage intérieur du Saint-Esprit:
Bien des textes de la Bible affirment son origine divine et son inspiration. De plus, des constatations comme l'accomplissement de ses prédictions ou le fait que depuis vingt siècles elle est le livre de chevet d'innombrables hommes appartenant à des cultures et des peuples divers, viennent confirmer cela. Cependant aucune argumentation de l'extérieur ne peut démontrer à un homme que Dieu se révèle dans l'Ecriture. Dire à un incroyant que la Bible est Parole de Dieu parce qu'elle prétend l'être ne lui suffit pas. Il appellera cela une pétition de principe.
La certitude qu'elle est Parole de Dieu vient en dernière analyse du témoignage qu'elle se rend à elle-même, quand elle s'impose comme telle. C'est ce qu'on appelle l'autotémoignage de l'Ecriture Sainte ou le témoignage intérieur du Saint-Esprit qui a lieu par la Parole. Quand le Saint-Esprit en effet ouvre le coeur d'un homme au message de la Loi et de l'Evangile révélé dans la Bible et y suscite la repentance et la foi, la Bible démontre d'elle-même qu'elle est Parole de Dieu. L'apôtre écrit: "Ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse humaine, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance, afin que votre foi soit fondée non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu" (1 Corinthiens 2:4.5). L'Esprit Saint est, selon la parole de Jésus, le Consolateur qui vient du Père, lui rend témoignage (Jean 15:26) et conduit dans la vérité (Jean 16:13). L'Evangile est prêché non seulement en paroles, "mais avec puissance, avec l'Esprit Saint et une pleine persuasion" (1 Thessaloniciens 1:5). L'apôtre Jean parle de l'onction du Saint-Esprit qui "enseigne toutes choses" (1 Jean 2:27). Cf. encore Jean 7:17; Romains 8:16.17; 1 Jean 5:5.6.8-11.
Les Confessions de foi de l'Eglise luthérienne:
En 1580, l'Eglise luthérienne a voulu, au terme d'une période de conflits théologiques, affirmer solennellement qu'elle avait retrouvé son unité doctrinale et donner une confession publique de sa foi. Elle le fit en publiant ce qu'on appelle le Livre de Concorde composé de deux parties:
- Les Symboles dits oecuméniques, c'est-à-dire confessant la foi de l'Eglise de tous les temps:
- le Symbole des apôtres,
- le Symbole de Nicée,
- le Symbole d'Athanase.
- Les Confessions de foi propres au luthéranisme:
- la Confession d'Augsbourg dite Inaltérée (1530),
- l'Apologie de la Confession d'Augsbourg (1531),
- le Petit et le Grand Catéchismes (1529),
- les Articles de Smalcalde (1537),
- la Formule de Concorde (1577).
L'Eglise luthérienne attribue à ces Confessions de foi une autorité réelle. Non qu'elles soient inspirées par le Saint-Esprit, mais parce qu'elles reproduisent fidèlement l'enseignement de l'Ecriture Sainte. Leur autorité n'est ni supérieure ni même égale à celle de la Bible, mais lui est subordonnée. On dit qu'elles sont la "norme normée" de la doctrine. Elles formulent les grandes vérités de l'Ecriture Sainte telles qu'elles ont été redécouvertes et confessées par la Réformation luthérienne, et constituent un rempart contre les fausses doctrines. C'est la raison pour laquelle au IV° siècle déjà, l'Eglise avait dû se protéger contre de fausses doctrines en adoptant par exemple le Symbole de Nicée.
En souscrivant aux Symboles dits oecuméniques, l'Eglise luthérienne voulait et veut encore proclamer publiquement que la Réforme n'a pas apporté de doctrines nouvelles, mais qu'elle était simplement un retour à ce que l'Eglise ancienne croyait et confessait. Quant aux Confessions spécifiquement luthériennes, elles ont été rédigées parce qu'on voulait savoir ce que les "Luthériens" croyaient (Confession d'Augsbourg), qu'il fallait faire grandir dans la connaissance les jeunes Eglises issues de la Réforme (Catéchismes) ou qu'elles durent défendre leur doctrine contre des attaques venant d'ailleurs (Apologie, Articles de Smalcalde, Formule de Concorde).
Dans toute Eglise évangélique luthérienne attachée à l'enseignement de la Bible et à l'héritage de la Réforme, les pasteurs prêtent, le jour de leur ordination, un serment de fidélité à ces Confessions, et c'est en se référant à elles qu'on y dénonce et combat toute fausse doctrine.
Questions de révision et exercices:
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1) Peut-on à votre avis prouver aux incroyants que la Bible est la Parole de Dieu?
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2) Qu'appelle-t-on le témoignage intérieur du Saint-Esprit?
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3) Quelles sont la valeur et l'importance des Confessions de foi?
4. LES ATTRIBUTS OU PROPRIETES DE L'ECRITURE SAINTE
La Bible possède un certain nombre d'attributs ou de propriétés qui découlent de son inspiration divine et sont étroitement liés au but que Dieu lui assigne, "rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ" (2 Timothée 3:15).
Nous croyons tout d'abord en son autorité divine. Cf. les textes ci-dessus, dans le chapitre "Source et norme de la doctrine chrétienne".
Convaincus de cette autorité, nous confessons son infaillibilité ou inerrance. Cela signifie non seulement que la Bible peut effectivement atteindre l'objectif que Dieu lui a fixé, rendre les hommes "sages à salut par la foi en Jésus-Christ", mais aussi qu'elle ne contient pas d'erreurs. Si elle est Parole de Dieu et que les prophètes et les apôtres disent ce que Dieu a voulu qu'ils disent et de la façon voulue par lui, elle ne peut rien dire de faux: "La parole de l'Eternel est droite et toutes ses oeuvres s'accomplissent avec fidélité" (Psaume 33:4). "Le témoignage de l'Eternel est véritable" (Psaume 19:8). "Ta parole est la vérité" (Jean 17:17).
Nous croyons en l'infaillibilité ou inerrance de la Bible, bien que les prophètes et les apôtres aient été des enfants de leur siècle et loin de tout savoir. L'Ecriture n'est pas une révélation complète de Dieu, du monde et du salut, mais une révélation partielle, suffisante cependant non pas pour répondre à toutes les questions des hommes, mais pour leur montrer le chemin du salut et les appeler à la foi en Christ. L'homme est par nature orgueilleux et veut s'ériger en juge de la Bible. Il y cherche volontiers des inexactitudes, des erreurs et des contradictions, mais on a bien souvent pu constater que ce qu'on croyait être une erreur ou une contradiction n'en était pas une. Quand cette démonstration n'est pas possible, et elle ne l'est pas toujours, nous croyons qu'une solution existe, même si elle nous échappe pour l'instant.
Il est évident que l'Ecriture n'est pas un manuel de cosmologie, de géologie, d'ethnologie, de géographie, d'histoire ou de botanique. Elle ne fait pas de la science, quand elle décrit l'origine du monde ou les espèces animales ou végétales, et présente souvent les choses telles que les hommes les voient, affirmant par exemple que le soleil se lève et se couche et qu'il tourne autour de la terre, ou que le grain de blé meurt en terre avant de porter du fruit. Bien que ses affirmations ne correspondent pas toujours à la réalité scientifique, elle est véridique et infaillible ou inerrante en toutes choses.
Nous croyons aussi en son efficacité divine, ce qui signifie qu'elle est capable de faire ce pour quoi Dieu l'a donnée. Elle contient deux grands messages, la Loi et l'Evangile. La Loi révèle à l'homme ses péchés, l'accuse et le condamne, brisant ainsi son coeur: "C'est par la loi que vient la connaissance du péché" (Romains 3:20). "Je n'ai connu le péché que par la loi... Ainsi le commandement qui conduit à la vie se trouva pour moi conduire à la mort" (Romains 7:7.10). Quant à l'Evangile, il est "puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit" (Romains 1:16). Nous avons été régénérés "non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu" (1 Pierre 1:23). Cf. encore Esaïe 55:10.11; Romains 10:17; 1 Corinthiens 1:18; 2:3-5; 2 Corinthiens 4:6; Ephésiens 1:13. La Bible utilise une image éloquente quand elle dit que "la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'une épée à deux tranchants", qu'elle partage âme et esprit, jointures et moelles, jugeant les sentiments et les pensées du coeur (Hébreux 4:12.13).
On parle aussi de la perfection divine de l'Ecriture Sainte. C'est l'attribut en vertu duquel elle se suffit à elle-même pour atteindre le but qui lui est assigné. Elle n'a pas besoin d'être complétée par une tradition ou par des révélations particulières, ou d'être interprétée par un magistère infaillible. La connaissance qu'elle suscite est partielle: "Je connais en partie", dit l'apôtre Paul (1 Corinthiens 13:12). Mais elle est suffisante pour le salut. Elle peut "rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ" et est "utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre" (2 Timothée 3:15-17).
Nous confessons enfin sa clarté. La Bible rend témoignage du Christ (Jean 5:39), elle est "une lampe qui brille dans un lieu obscur" (2 Pierre 1:19), une lampe à nos pieds et une lumière sur notre sentier (Psaume 119:105). Elle rend sage l'ignorant (Psaume 19:8). Jésus pouvait dire à ses disciples: "Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes véritablement mes disciples. Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira" (Jean 8:31.32). Il pouvait aussi prier pour eux en disant à son Père: "Sanctifie-les par ta vérité, ta parole est la vérité" (Jean 17:17). Il est bien évident que ce qui est dit de la Parole du Christ ou de Dieu s'applique à l'Ecriture Sainte, puisque c'est là seulement que la Parole divine parvient à nous.
5. LE CANON DE L'ECRITURE SAINTE
On appelle canon biblique l'ensemble des livres que l'Eglise chrétienne a reçus comme Parole de Dieu et qui composent l'Ecriture Sainte. Les trente-neuf livres de l'Ancien Testament sont ceux que le Judaïsme avait de tout temps reçus comme canoniques. Ce sont les suivants:
- le Pentateuque ou recueil des cinq livres de Moïse appelé encore Loi (en hébreu "Thorah"): Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome;
- les prophètes antérieurs (Josué, Juges, 1 Samuel, 2 Samuel, 1 Rois, 2 Rois) et les prophètes postérieurs (Esaïe, Jérémie, Ezéchiel et le recueil des douze petits prophètes: Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habakuk, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie);
- les écrits: Ruth, 1 et 2 Chroniques, Esdras, Néhémie, Esther, Job, Psaumes, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des cantiques, Lamentations de Jérémie, Daniel.
A la différence de l'Eglise catholique, le protestantisme ne reconnaît pas comme canoniques les livres dits apocryphes ou deutérocanoniques qui figurent dans l'ancienne traduction grecque de l'Ancien Testament, mais que le Judaïsme n'a jamais acceptés (Esther grec, Judith, Tobit, 1 et 2 Maccabées, Sagesse, Siracide, Baruch, Daniel grec). Tous ces livres d'ailleurs ont été écrits en grec et non en hébreu.
Le canon du Nouveau Testament attesté par un certain nombre de catalogues, de listes des livres inspirés que l'Eglise chrétienne a reçus des apôtres ou de leurs disciples, est composé des écrits suivants:
- les évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean;
- les Actes des apôtres de Luc qui sont la suite de son évangile;
- treize épîtres de l'apôtre Paul (Romains, 1 et 2 Corinthiens, Galates, Ephésiens, Philippiens, Colossiens, 1 et 2 Thessaloniciens, 1 et 2 Timothée, Tite, Philémon), l'épître aux Hébreux et sept épîtres dites catholiques car adressées à différentes Eglises de l'époque (Jacques, 1 et 2 Pierre, 1, 2 et 3 Jean, Jude);
- l'Apocalypse de Jean.
Le caractère canonique de certains de ces livres a fait l'objet de quelques contestations ici et là, en Orient ou en Occident, pendant un certain temps. On les appelle pour cela les "antilégomènes" (Hébreux, Apocalypse, Jacques, 2 Pierre, Jude, 2 et 3 Jean). Grâce aux témoignages des Eglises locales et des Pères de l'époque, ces doutes furent surmontés et il y a depuis unanimité dans toute la chrétienté sur le canon du Nouveau Testament.
Questions de révision et exercices:
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1) Qu'est-ce que l'infaillibilité ou l'inerrance de l'Ecriture? Quelle est son étendue?
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2) Commentez Esaïe 55:10.11, en montrant l'intérêt et l'importance de ce texte.
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3) Quelles erreurs rejetons-nous en disant que l'Ecriture Sainte est suffisante, parfaite et claire?
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4) Sur quoi se fonde notre certitude que les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament qui nous sont parvenus proviennent d'auteurs inspirés par Dieu?
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5) Qu'est-ce qu'un livre apocryphe?
votre commentaire - Les Symboles dits oecuméniques, c'est-à-dire confessant la foi de l'Eglise de tous les temps:
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Par lutherien le 22 Novembre 2009 à 13:54
Petite Dogmatique Luthérienne...
A quoi bon une dogmatique? Le Petit Larousse appelle "dogmatique" un "exposé systématique des vérités de la foi". C'est bien de cela qu'il s'agit. On distingue communément entre la théologie biblique ou exégétique, la théologie systématique ou dogmatique, la théologie historique et la théologie pastorale. La théologie biblique ou exégétique est l'étude des règles d'interprétation de la Bible et l'explication de ses textes. On appelle théologie historique l'étude de l'histoire de l'Eglise et de ses dogmes, et théologie pastorale la discipline qui concerne l'exercice, sous toutes ses facettes, du ministère pastoral. Quant à la théologie systématique ou dogmatique, elle est bel et bien l'exposé systématique des grandes vérités de la foi telles qu'elles sont révélées dans l'Ecriture Sainte, l'étude du lien qui les unit les unes aux autres et des fausses doctrines qui ont surgi au cours de l'histoire de l'Eglise.
Pourquoi une petite dogmatique? Parce que le présent ouvrage ne va qu'à l'essentiel. Les dogmatiques ont habituellement plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de pages, et sont destinées à ceux qui doivent acquérir, pour l'exercice du ministère pastoral, une connaissance aussi complète que possible des doctrines de la Bible. J'en profite pour signaler qu'une telle dogmatique existe sur ordinateur au Centre d'Etudes Théologiques et qu'elle est accessible à tous ceux qui veulent se plonger dans ce genre de travail.
Le présent manuel se veut plus modeste. Il est une présentation succincte des vérités de la foi chrétienne destinée à tous ceux qui veulent soit tout simplement approfondir leur connaissance de l'Ecriture Sainte et de ses doctrines, soit suivre, en vue d'un ministère dans l'Eglise, une formation plus rapide que celle exigée des pasteurs. C'est dans cette double optique que j'ai fait ce travail.
Pourquoi une dogmatique luthérienne? Le lecteur l'aura deviné: parce que l'auteur est un théologien luthérien qui désire par le présent travail servir l'Eglise luthérienne. Où cela? En France et partout où ce manuel pourra être utile, partout où des Eglises évangéliques luthériennes d'expression française ont besoin de ce genre d'ouvrage, pour l'édification de leurs fidèles et pour la formation de leurs serviteurs. J'ai bien dit "Eglises évangéliques luthériennes". Cette Petite Dogmatique Luthérienne veut en effet reproduire fidèlement l'enseignement de la Réformation luthérienne. Hostile à toute critique de la Bible, convaincue de son inspiration et de son autorité divines, elle la cite abondamment et s'efforce de fonder sur elle chacune de ses affirmations. Il lui arrive aussi, en particulier quand il est question de doctrines controversées, de citer Luther et les Confessions luthériennes. Le tout est subdivisé en un certain nombre de leçons, qui sont toutes suivies de questions de révision et d'exercices permettant au lecteur de faire le point de ses connaissances et l'invitant à formuler ses convictions de façon personnelle.
Je souhaite bonne chance à tous ceux qui vont lire ces lignes. Puissent-ils découvrir ou, s'ils les connaissent déjà, mieux comprendre les richesses de l'Ecriture Sainte et du "bon dépôt" qu'avec l'aide de la grâce divine un certain moine augustin redécouvrit au XVI° siècle! Que le Saint-Esprit les accompagne dans leur lecture, qu'il les guide, les éclaire et remplisse leurs coeurs de joie et de certitude.
Châtenay-Malabry, novembre 1992
W. Kreiss
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