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« Je suis le chemin, la vérité et la vie »
« Je suis le chemin, la vérité et la vie » Jean 14
Jubilate - 3e après Pâques. Jean 14. 1-7
Frères et sœurs, j'espère que vous êtes de meilleurs disciples que Thomas. Jésus venait de dire : «Croyez en moi. Je vais vous préparer une place. Je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi». Mais Thomas ne comprends pas. Alors Jésus précise : «Je suis le chemin, la vérité et la vie. On ne vient au Père qu'en passant par moi». Et vous ?
Comprenez-vous les paroles de Jésus quand il dit : je suis le chemin, la vérité et la vie ? Ou en êtes-vous encore, avec Thomas, à poser la question : Seigneur, je ne sais pas où tu vas, comment pourrais-je en connaître le chemin ?
I
Première déclaration de Jésus : je suis le chemin. C'est court, c'est net, c'est précis. Un chemin est une trace visible au sol, praticable, conduisant d'un endroit à un autre. L'endroit vers lequel Jésus veut nous conduire, c'est le Paradis. Et il dit : pour y aller, passez par moi !
Les hommes, de leur côté, ont ouvert de nombreuses voies vers une vie meilleure. Ils sont à l'origine de magnifiques innovations technologiques pour alléger le travail et augmenter les richesses. Ils ont trouvé des vaccins et des médicaments pour vaincre quantité de maladies de sorte que l'espérance de vie a presque doublé au cours du 20e siècle. Ils ont mis leurs talents au service du confort et des loisirs pour la rendre encore plus passionnante. Ils ont mis en place des systèmes mutualistes et des services sociaux pour se protéger des coups durs et venir en aide aux plus défavorisés...
Parallèlement, le patrimoine de l'humanité nous livre un très grand nombre de contes et de légendes sur la quête de l'immortalité. Sciences occultes, ésotérisme, pacte avec le diable, combien de rêves depuis le mythe de Faust pour obtenir le bien suprême : la vie éternelle ? L'homme est indéniablement amateur de spirituel et de philosophie, mais il s'égare sur des pistes aléatoires qui le conduisent à des impasses. Paul dit que l'homme cherche Dieu en tâtonnant. Sans le secours de l'Esprit, il est comme un touriste dans un pays étranger sans guide, sans carte routière, sans argent ni connaissance de la langue locale. A moins d'une rencontre qui le sauvera, sa situation est désespérée.
Jésus est le chemin parce qu'il est venu arracher les hommes à leur détresse spirituelle. Il s'est fait homme. Il a pris sur lui leurs péchés et sa mort leur donne la vie. Sa résurrection éclaire l'horizon. Son ascension atteste que le chemin vers le ciel est ouvert, la voie tracée, l'accès facile.
« Tous les chemins mènent à Rome », dit-on. Selon Jésus, un seul mène au ciel ! Donc, si quelqu'un vous dit : « On va au ciel comme on va à Rome », ce qui revient à dire : « Toutes les religions se valent », pensez aux paroles de Jésus.
Ecoutez cet avertissement (Mt 24.23) : « Si quelqu'un vous dit: Le Messie est ici, ou : Il est là, ne le croyez pas, car de prétendus messies et de prétendus prophètes surgiront ; ils feront de grands prodiges et des signes miraculeux au point de tromper, si c'était possible, même ceux qui ont été choisis. »
Pourtant, les pasteurs ont toujours souffert de la désertion des brebis. Paul écrit aux Galates : « Je m'étonne que vous vous détourniez si vite de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ pour passer à un autre évangile. Ce n'est pas qu'il y ait un autre évangile, mais il y a des gens qui vous troublent et qui veulent déformer l'Evangile de Christ. Mais si quelqu'un - même nous ou même un ange venu du ciel - vous annonçait un évangile différent de celui que nous vous avons prêché, qu'il soit maudit » !
Jésus se présente au monde comme le seul intermédiaire entre Dieu et les hommes et l'unique auteur de leur salut. Alors si nous voulons avancer vers le ciel, nous devons suivre le Christ : il montre le chemin. Bien plus : il personnifie le chemin. Le guide de la randonnée s'appelle l'Evangile et le saint Esprit l'ouvre à tous ceux qui cherchent la vérité.
II
Alors justement, Jésus dit : je suis la vérité.
Voilà une affirmation capitale ! A quoi bon la foi sans fondements solides ? Aucune consolation n'est possible sans promesses divines. L'Eglise ne peut pas s'épanouir si elle n'est pas certaine du Christ et de sa doctrine.
C'est tellement vrai que huit siècles avant sa venue, Esaïe déclare (54) : « Même si les montagnes s'éloignaient, même si les collines étaient ébranlées, mon amour ne s'éloignera pas de toi et mon alliance de paix ne sera pas ébranlée, dit l'Eternel qui a compassion de toi ».
Mais quelle est la réalité aujourd'hui ? Souvent, j'entends dire : il y a la foi et il y a la religion. La foi, c'est croire que Dieu existe. Ça peut être une affaire strictement personnelle ; tellement personnelle que l'on peut se dire non-pratiquant. La religion, c'est pour beaucoup adorer Dieu selon telle ou telle tradition. Sans compter tous ceux qui composent leur religion comme on élabore un plat, en associant des produits d'origines diverses. Les gens appliquent toutes ces distinctions séduisantes au judaïsme, au christianisme, à l'islam et à une infinité d'autres pratiques. Jésus, de son côté, déclare calmement qu'il est la Vérité. Sa personne, son oeuvre et son enseignement sont uniques et définitifs. Quel contraste !
Pourquoi cette exigence de vérité ? Parce qu'il veut que nous soyons sûrs du chemin sur lequel nous marchons. Du reste, en disant : Je suis la Vérité, Jésus nous rappelle que la Bible a été contrôlée et garantie par le Saint Esprit. C'est une belle réponse à ceux qui disent : Comment pouvons-nous être sûrs d'un texte écrit par des hommes ?
La science émet souvent des hypothèses de travail pour tenter d'expliquer les choses. Christ n'est pas une hypothèse de foi parmi les opinions des hommes. Il est la vérité révélée par Dieu lui-même !
Même au sein du christianisme, ce que l'on entend beaucoup maintenant, c'est : « Oh, vous savez, telle église ou telle autre, qu'importe la doctrine pourvu qu'on croie en Dieu. » Jésus ne dit jamais : qu'importe la doctrine. Lui ne fait de distinction entre foi et religion. Il affirme que son message est assez clair pour être reçu et vécu tel quel.
C'est pourquoi il ordonne à l'Eglise : « Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit » et non pas « enseigner-leur à observer tout ce qui vous paraît juste, ou ce qui vous passe par la tête » !
La notion de vérité est permanente dans la Bible. Déjà dans l'Ancien Testament, le psalmiste demande à Dieu (Ps 25) : « Conduis-moi dans ta vérité». Jésus dit : «je vous ai enseigné la vérité que j'ai entendue de Dieu... (Et) Je suis venu pour rendre témoignage à la vérité... (Ou encore) Père, sanctifie-les par ta vérité ». Saint Jean introduit son témoignage par cette parole : « La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ ».
L'apôtre dit clairement : tout l'enseignement et les œuvres de Jésus sont fiables à cent pour cent. Cela implique nécessairement la fidélité, la certitude et la conviction. Quand Pierre dit : « Seigneur, à qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle », il est profondément convaincu que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant et que sa doctrine surpasse toutes les autres.
Le monde dit qu'en matière de foi, on est sûr de rien. Eh bien c'est faux, et c'est même profondément affligeant ! Dieu n'a pas donné une loi sujette à l'erreur, à l'incertitude ou aux amendements - comme en politique. Il n'y a pas de « mise à jour » en théologie comme pour nos programmes informatiques ! Christ est venu nous révéler l'exacte vérité sur la vie et le salut. Cette révélation est contenue dans la Bible et chacune de ses pages engage l'homme tout entier.
Toute l'Ecriture est désormais une démonstration de puissance et de vérité.
L'Eglise qui dirait: «la doctrine doit être en constant ajustement avec les aspirations du moment» abandonne nécessairement ses confessions de foi pour un terrain dangereux : celui de la subjectivité et du relativisme. On considère en effet que l'Evangile sera plus crédible s'il plaît au monde et colle avec la raison.
Cela explique aussi pourquoi Paul nous incite à la prudence. On a raison d'être méfiant, surtout en matière de religion. Il y a tant de faux docteurs ! Il y a tant de philosophies séduisantes et dangereuses !
Du reste, toute l'histoire de l'Eglise est salie par des querelles de doctrines. Au sujet du diable, Jésus dit : « Il est menteur et le père du mensonge... quand il parle, il parle de son propre fond. Il ne se tient pas dans la vérité ». Au sujet des faux prophètes, Jésus dit : «Tenez-les à distance ! Ils viennent à vous en vêtement de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs ». Certains savent donc parfaitement exploiter cette faiblesse de « l'homme naturel, dont Paul dit qu'il n'accueille pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu ».
Si nous voulons voir clair sur le chemin, si nous voulons marcher sur du solide, si nous-mêmes voulons être une lampe qui brille dans le monde, nous devons nous attacher au Christ, car sa parole est vérité.
C'est pourquoi un berger digne de sa vocation ne promène pas en chaire un regard intrigué sur les évangiles en demandant, comme Pilate : Qu'est-ce que la vérité ? Il console plutôt les âmes qui lui sont confiées en disant : Seigneur, tu es vraiment digne d'être écouté avec la plus grande attention, parce que ta parole est la vérité.
III
Je suis le chemin et la vérité, dit Jésus. Il affirme aussi être la vie. Ni plus, ni moins. Quelle extraordinaire prétention ! Pourtant, nous ne devrions pas être surpris : cette troisième affirmation est l'aboutissement des deux autres : le chemin et la vérité n'ont qu'un but : conduire à la vie. Cette vie qui est le bien suprême du matin de Pâques.
Malheureusement, même les croyants peuvent perdre de vue cette conclusion logique. J'en veux pour preuve un sondage récent du quotidien La Croix, sondage qui révèle que 28% des chrétiens ne croient pas en la vie éternelle !
On peut alors se demander sur quel chemin sont ces gens ! Ce qu'ils attendent du Christ et de la foi chrétienne... Rien, sans doute, si ce n'est une forme de morale limitée à cette vie terrestre.
Frères et soeurs, bien des gens qui nous côtoient dans notre famille, au collège, au lycée et au travail empruntent volontairement un chemin qui n'est pas celui de l'Evangile. L'affirmation qui s'impose est qu'ils sont privés de l'essentiel : le pardon et la vie. C'est insupportable ! Mais cette affirmation aussi fait partie de la vérité.
Par opposition à un destin de mort, Jésus proclame qu'il est la vie. Et il te rappelle que toute sa mission poursuit ce but. Il s'est donné en sacrifice pour que tous les hommes aient la vie en abondance. Son message prend ainsi une dimension universelle !
Alors c'est bien de militer contre la guerre, la torture, l'avortement, le chômage, la pollution et tous les régimes qui asservissent l'homme, mais à quoi sert-il que le monde protège la vie s'il perd son âme, dirait Jésus aujourd'hui.
Si nous voulons trouver une vraie qualité de vie, celle qui nous délivre de la pollution du péché et partager cette espérance avec nos proches, nous devons écouter Jésus et le suivre ; il a les mots qui pardonnent, qui nous ressuscitent pour une vie de témoignage par l'Esprit qui nous habite. Sa présence à nos côtés bénit notre vie dès maintenant et jusqu'à la mort.
Jésus est un chemin infiniment précieux. Son message exige la plus grande attention et le plus grand partage, parce que c'est le message de la vie éternelle.
Rappelez-vous la question de Thomas : Seigneur, je ne sais pas où tu vas, comment puis-je en connaître le chemin ? J'espère vous avoir donné ce matin quelques éléments de réponse. Sachez toujours expliquer pourquoi Jésus est le chemin, la vérité et la vie. Avec douceur et respect, mais aussi en toute clarté, comme nous y autorise l'Evangile. Soyez vous-mêmes sur ce chemin et marchez vers la vie éternelle !
Amen !
Tags : pensée
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